On ne saura jamais

Chap 37 : pdv Inspecteur August J. (passé)

   Il se souvient encore parfaitement de cet instant où il s'était retrouvé devant le domicile de Jill et de Gall.

Ce soir-là, il était resté immobile devant leur porte d'entrée, la tête vide et le regard hagard. Son collègue muet était resté prostré à ses côtés, tout aussi choqué que lui. Décidément, il n'y en avait pas un pour rattraper l'autre.

Comment annoncer à des parents que l'enquête piétinait depuis trop longtemps, qu'elle ne menait nulle part, que les recherches allaient être stoppées dès le lendemain ?

Comment leur expliquer qu'ils laissaient tomber ? Qu'ils baissaient les bras ? Comment pouvait-il dire cela à des parents inconsolables ? 

Ils ne faisaient que respecter les procédures, mais comment l'expliquer à des parents démunis ?

August finit par sonner, des crampes au ventre, une boule dans la gorge. Il n'avait auparavant jamais ressenti une telle détresse. Une seconde, il pensa avec résignation à sa plaque d'eczéma qui commençait à prendre naissance sur sa joue. 

Jill finit par ouvrir la porte. Elle resta plantée là, devant eux, perplexe.

Elle contempla en silence son collègue puis plongea son regard maussade dans celui d'August.

C'était une belle femme, mais cette terrible épreuve avait laissé des traces irréversibles sur son visage harmonieux. Ses grands yeux verts étaient cerclés de noir, quelques kilos de moins avaient tiré ses traits, asséché sa silhouette. Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. Une beauté fantomatique.

Aucun mot ne fut prononcé à cet instant et pourtant, Jill comprit automatiquement le but de leur venue.

Dans un premier temps, elle resta impassible, comme clouée au parquet. Puis, ses lèvres se mirent à trembler imperceptiblement. Son regard changea d'expression. Mélange de colère, de résignation et de profonde tristesse.

Elle se mit à sangloter doucement. La pudeur empêchèrent les policiers de l'approcher ni même de lui parler.

Jill s'effondra sur le sol de tout son poids devant les deux hommes figés.

Parfois, les mots n'étaient pas nécessaires. Un seul échange de regards avait suffi à enlever tout espoir du cœur de Jill.

Ne reverrait-elle donc jamais sa fille ?

Cela devait-il finir ainsi ? 

Tragiquement, dans l'ignorance la plus totale ?

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