Chapitre 31

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Il y a deux ans.

Je suis assise sur un fauteuil du salon et je regarde tranquillement la télé avec mon père. C'est une journée sans cris, ce qui me fais du bien. Ma mère est heureuse depuis son dernier coup de téléphone, je ne sais pas qui c'était, mais nous voir tous comme ça me fait plaisir. Ça fait longtemps que j'attends ça.

Pendant la pub, quelqu'un toque à la porte, je me lève pour voir qui est là pour laisser mes parents à leurs occupations.

- Bonjour, est ce que Jim Grant est là jeune fille ?

- Euh oui. Papa il y a des gens pour toi. Je l'appelle.

Mon père arrive et regarde les monsieurs près de la porte, il leur sourit pour s'avoir de quoi il s'agit.

- Monsieur Grant, vous êtes en état d'arrestation pour violence conjugale sur votre femme. Nous annonce le policier.

- Ça doit être une erreur, je n'ai jamais touché à ma femme. Se justifie mon père.

- Monsieur Grant, nous avons reçu un appel de votre femme, s'il vous plaît faîtes ce qu'on vous dit et tout se passera bien.

Ma mère arrive alors, je ne la reconnais plus, bien sûr elle a changé depuis la première fois qu'elle a levé la main sur mon père mais là, ce n'est vraiment plus la même. On dirait qu'elle s'apprête à jouer un rôle.

Je comprends alors qu'ils vont vraiment m'emmener mon père. Des larmes silencieuses coulent le long de mes joues.

- Merci de vous occuper de lui, c'est vraiment dur de sortir de tout ça.

Je regarde maintenant ma mère avec dégout, elle pleure mais ce ne sont pas de vraies larmes. Ou au pire des cas, des larmes de joie, de soulagement que les voisins ne reviendront plus accompagnés de la police pour savoir d'où viennent ces cris qu'ils entendent régulièrement.

L'un des policiers pose et sert des menottes sur les mains de mon père. Je le regarde sans rien dire. Je ne dis rien alors que je connais la vérité. Je pourrais le sauver mais je ne le fais pas. Et je ne sais pas pourquoi je n'agis pas.

Je regarde les policiers emmener mon père alors que je ne lui ai pas dit au revoir. Je les regarde sans savoir que c'est le dernier jour que j'ai vu mon père. Puis je me retourne vers ma mère, qui, elle sourit fièrement de s'être débarrassé de son mari.

- Je ferais tout pour le sauver.

- Tu ne feras rien du tout.

- J'étais dans les escaliers le premier soir maman.

Et c'est à partir de ce moment que mon calvaire commence. C'est à partir de ce moment que ma vie est devenue un réel cauchemar. C'est à partir de ce moment que je n'ai jamais pu sauver mon père.

- Malia ! Malia réveille-toi !

La voix de ma cousine résonne et j'ouvre enfin les yeux. Désorienté, je regarde autour de moi et me souviens des derniers évènements. Rafe est arrivé de nulle part et a tiré sur le shérif. Il parle maintenant avec son père derrière l'avion, Sarah est à côté de moi, certainement depuis que je me suis évanouie.

- Où est John B ? Je demande.

- Il a dû partir mais il va bien je crois.

Je respire un bon coup et me met à genoux, près de la victime.

- Je suis désolé madame.

Je lui serre la main, son pou devient de plus en plus lent, mes larmes coulent sur mes joues et les siennes mais elle tente de relever la tête vers moi.

- S'il te plaît, fais quelque chose pour ton père, sauve-le et met la vraie coupable en prison. Dit-elle difficilement avant de fermer ses yeux pour toujours.

Je reste devant elle, sans émotion, devant le corps d'une femme qui avait découvert toute ma vie. Une personne  qui m'a offerte ses derniers mots. Encore une personne vers qui j'aurais pu accorder toute ma confiance et mes espoirs. Mais c'est trop tard maintenant.

Rafe me tire le bras gauche pour me relever.

- Pourquoi tu as fait ça Rafe ? Je demande en le regardant à peine.

- Je vous ai sauvé toi, papa et Sarah, je vous ai sauvé Malia.

- Tu lui as tiré dessus Rafe ! J'hurle en me détachant de lui.

Il attrape alors Sarah et l'oblige à monter dans sa voiture. Il revient me voir et me porte comme un bébé, pour que je ne puisse plus lui échapper. Rafe me place à côté de Sarah, et malgré que je me débatte, il m'attache. Il se met ensuite face au volant et démarre vers la maison Cameron.

- Elle allait arrêter papa, j'étais obligé les filles, vous me comprenez, pas vrai ? Hein ?

- Elle faisait juste son boulot. Explique Sarah.

- Ouais, mais il n'était pas question de la laisser faire. Elle allait le tuer, j'en suis sûr, elle voulait le tuer, ça se voyait.

Une larme coule sur le visage du meurtrier.

- Tu te rends compte de ce que tu as fait j'espère ?

- J'ai sauvé mon père Malia. Tu voulais que je fasse quoi ? Rester dans mon coin à la regarder poser ses menottes sur mon père ?

- Moi c'est ce que j'ai fait en tout cas. Je murmure.

Je ne saurais dire s'ils m'ont entendu puisque personne ne me répond.

Après un long silence, nous arrivons devant la maison. Alerté par le bruit du moteur, ma tante se retourne face à la voiture.

- Pourquoi vous n'êtes pas dans l'avion ? Remarque-t-elle immédiatement.

- Demande à Rafe. Je lui réponds avant de rentrer avec Sarah.

Sarah et moi, restons ensemble toute la journée, dans sa chambre, dans son lit. Nous ne faisons rien, et laissons le silence de notre désespoir nous occuper. Lorsque le soleil ne se laisse plus voir, nous décidons de nous coucher, et comme la veille nous nous endormons ensemble, en espérant que nos amis aillent bien.

Le lendemain, Ward vient nous déposer notre petit déjeuner sur le lit. On n'ose pas le remercier, maintenant que l'on sait ce qu'il a fait. Quel genre d'homme il est.

- Qu'est-ce qu'il va arriver à Rafe ? Je demande, inquiète malgré tout pour mon cousin.

- Il ne va rien lui arriver. Explique le Cameron après avoir soupiré.

- Comment ça, il ne va rien lui arriver ? Ce n'est pas possible après ce qu'il a fait hier. Conteste Sarah.

- Ecoutez les filles, quand on grandi on se forme tous une idée du bien et du mal et c'est normal, parce que quand on est jeune on a besoin de se rassurer. Mais un jour, on s'aperçoit que le monde ne fonctionne pas comme ça. Et s'il y a un domaine où c'est encore plus vrai, c'est celui de la famille. Vous devez choisir un clan, la famille ou vos amis.

J'entends ma cousine murmurer un « non », puis son père se lève. On entend un bruit de serrure se déclencher dans la porte. Je tire alors sur la poignée pour sortir de la chambre et la porte se bloque.

- Ward ouvre nous ! Ouvre-nous ! J'hurle en pleurant.

Quand je comprends qu'il ne reviendra pas, je m'assois par terre, près du lit de la Cameron.

- On a plu qu'à espérer que quelqu'un vienne nous chercher. 

Not this time - JJ MaybankWhere stories live. Discover now