XIX

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« Pour surmonter le désordre de certaines occurrences, on doit savoir faire preuve de résilience et de patience. »

Yves M


Le château de Saint-Élix, demeure de la famille de Pardaillan de Gondrin, témoigne de la grandeur des constructions de la Renaissance. Le logis aux façades de briques apparentes est un pavillon carré à rez-de-chaussée sur sous-sol et un étage. L'édifice est également cantonné de tours rondes à deux étages. Les sculptures et les fenêtres à meneaux signent la richesse des décors. Le parc, le jardin régulier, l'orangerie, les murs de clôture, les écuries, le bassin et le pigeonnier sont autant d'éléments qui ajoutent à la splendeur des lieux.

Le carrosse des quatre compagnons de voyage s'arrête devant l'allée principale menant à la porte du château, encadrée de haies finement taillées. Isabelle passe la tête par la fenêtre de l'habitacle pour observer les alentours.

- C'est ici, Claude ?

- Oui, comtesse. Descendons et continuons à pied jusqu'à l'entrée. Je ne crois point que les serviteur du marquis de Montespan nous refuseront l'accès.

Ce disant, le petit groupe traverse le chemin de graviers rouges, puis l'ancienne dame de compagnie frappe à la grande porte, laquelle est ouverte par un serviteur. Celui-ci s'empresse aussitôt de les faire entrer, traverser le vestibule et de les installer dans un petit salon aux tons bleus. Il ne tarde point à revenir avec le marquis de Montespan sur les talons, avant de finalement disposer.

Louis-Henri de Pardaillan de Gondrin, âgé de trente-six ans, est un homme de taille moyenne, aux membres relativement bien proportionnés et aux traits bien composés, en dépit de la grosseur dont il est atteint. Ses cheveux sont raides, presque châtain clair, ses sourcils sont de même couleur et nettement séparés l'un de l'autre. On remarque cependant sur la pâleur de son visage que la vie ne lui a guère fait de cadeau. La vie... ou sa femme. Contrairement à toutes les rumeurs qui courent sur lui, courtoisie des nobles de la cour royale, il s'avère être aimable en saluant ses hôtes.

- Mesdames, Messieurs. Je ne m'attendais point à cette visite. Que me vaut donc cet honneur ?

- Veuillez pardonner cette intrusion sans préavis, Monsieur le marquis. Il s'agit d'une affaire d'ordre privée qui concerne votre épouse, ma maîtresse.

- Cela justifie la présence des trois personnes qui vous accompagnent, j'imagine, Mademoiselle de Vin ?

- Messieurs de Hautecourt et de Montéclair sont ici pour notre sûreté à moi-même et à Madame la comtesse de Vauboyen, qui désire avoir une discussion personnelle avec la marquise.

Louis-Henri ne se fait pas prier pour dévisager la ravissante Madame de Langlois. Un brin plus belle que sa femme de part sa jeunesse, c'est une certitude. Quant à la personnalité, l'homme ne fait point de supposition outre qu'elle doit avoir de l'aplomb pour vouloir s'entretenir face à face avec Athénaïs, que personne n'osait d'ordinaire contredire par alerte de se confronter à l'esprit Mortemart de sa famille. S'en était-elle d'ailleurs servit dans le but d'offenser la comtesse ? Cela n'étonnerait guère le marquis si tel est bien le cas, étant donné l'hostilité qu'elle a possiblement pu s'apporter lors de son séjour à la cour, car être une noble courtisane de haut rang n'empêche nullement de s'attirer des ennemis. C'est même tout le contraire.

- Pardonnez-moi, Madame, mais puis-je demander de quelle façon mon épouse vous a humilié ? Voyager jusqu'aux confins du royaume de France n'est point une chose anodine.

- Il n'est point question d'abaissement ou d'affaire publique, Monsieur, sinon d'un règlement de compte entre elle et moi d'ordre privé. Je n'en dirai pas plus.

L'Amour du SoleilWhere stories live. Discover now