II

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« Il n'y a rien de plus précieux en ce monde que le sentiment d'exister pour quelqu'un. »

Victor Hugo


Un rayon de soleil vient caresser la terre, l'herbe de la pelouse, les branches des arbres et les fleurs du jardin. Un rayon de soleil pénètre le cœur d'Isabelle, qui profite de l'air libre sous l'astre du jour, Mesdemoiselles de Nantes et de Tours jouant une partie de cligne-musette, le duc du Maine et le comte de Vexin assis sur la nappe. L'été appelle le bonheur ! Les oiseaux se rassemblent dans l'apothéose : d'un concert merveilleux saluant la nature la verdure frémit de joie, l'insecte dans la végétation s'étire à la vie, après un long sommeil...

Oh Soleil ! Astre de la vie, beauté éblouissante de la nature, feu inextinguible. Ses rayons bienfaiteurs, l'épanouissement qu'il procure, sa lumière et sa chaleur sont pour l'humanité présents et injures. N'est-il finalement pas un Dieu, lui qui permet la croissance, qui loin dans les cieux rythme les jours et les instants de chaque être.

- Ma mère ?

- Oui, Auguste ?

- Sais-tu quand Père viendra nous voir ? Cela fait deux jours, dit-il en réajustant sa position contre sa gouvernante.

- J'ai reçu de lui une lettre ce matin. Il nous fera l'honneur de sa présence cet après-midi même. Mais j'ignore quand il arrivera.

- Allez-vous passez du temps ensemble tous les deux ?

- C'est évident, César, répond Louis-Auguste à son frère. Comme tous les parents qui s'aiment.

- Moi, j'aime plus encore notre mère que Père ne l'aime.

Il suffit qu'une mère voit sourire son enfant pour être convaincue de la réalité d'une félicité suprême*. Isabelle sourit devant la dispute enfantine des deux frères royaux. En bientôt trois mois de vie commune, les quatre enfants n'ont eu de cesse de lui dire qu'elle est devenue leur plus belle certitude, particulièrement quand tout a faillit s'effondrer avec la tentative d'assassinat de Madame de Montespan, la femme qui les a enfanté mais n'ayant absolument rien d'une mère.

Pour eux, Isabelle est là, constante, forte, inébranlable, leur consolatrice, leur réconfort, patiente, indulgente, bienveillante et compréhensive. La meilleure des amies que l'on puisse trouver. Leur guide dans l'existence, leur courage sans zèle. Une compagne de vie si sage. La meilleure des mères que l'on puisse avoir.

Madame de Langlois émet un nouveau sourire en pensant au fait que son bien-aimé Charles lui aurait sûrement fait ce genre d'éloge s'il avait pu vivre jusqu'à l'âge adulte. Et s'il avait pu rencontrer les petits anges dont elle s'occupe en ce moment, peut-être aurait-il trouvé en eux des frères et sœurs de substitution, sa mère ne pouvant plus avoir d'enfants à moins de se remarier.

Mais chercher et prendre un nouvel époux n'a jamais été son souhait. Pas dans l'état dépressif dans lequel elle se trouvait alors. Sans compter qu'elle aurait probablement eu l'impression de trahir Jacques, lui qui a été un si bon mari. Elle se souvient d'ailleurs du sentiment de jalousie qui s'était emparé de sa meilleure amie lorsqu'elle avait fait la connaissance du comte de Vauboyen, peu après le mariage du nouveau couple. Amélie s'était quelque peu indignée de « l'injustice » de la situation, comme elle la nommait si bien, elle qui, amoureuse d'Henri, se retrouvait fiancé à un homme certes de bonne famille et de son âge, néanmoins n'atteignant pas la dignité et la rigueur morale de l'époux et du frère d'Isabelle.

Cette dernière a désormais trouvé le renouveau dans la personne de Louis. Le voilà justement qui arrive vers son amour et ses enfants.

- Père !

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