VII

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« L'excès de jalousie rouille et détériore toute relation, tel un poison corrosif et insidieux. »

Sophia Sherine Hutt


Quelque part, sur les routes de France...

Une figure encapuchonnée talonne son étalon couleur d'ébène, le forçant à galoper plus vite dans l'optique de fausser compagnie à ses poursuivants. Des hommes de la police du roi, qui n'ont cessé depuis un bon bout de temps déjà de la traquer dès qu'ils l'ont repéré en train de quitter Paris.

La filature continue en ce moment dans une forêt, non loin du sud de la capitale. Une branche d'arbre basse écarte le capuchon de l'individu au cheval foncé, ne dévoilant nul autre que Mademoiselle des Œillets, laquelle a tout juste le temps de se baisser pour l'éviter. Il ne serait pas bienvenu qu'elle se retrouve à terre en pleine course ! Elle bifurque à droite d'un mouvement brusque des rênes dans une tentative d'égarer les gardes royaux.

Mauvaise idée. L'un d'eux se poste devant elle, lui barrant la route. Elle n'a guère plus de chance de s'échapper lorsque six autres hommes l'encerclent de toutes parts.

- Claude de Vin des Œillets, vous êtes en état d'arrestation !

L'assiégée doit se rendre à l'évidence : la situation n'est point en sa faveur. S'ils avaient été moins nombreux, elle aurait sûrement montré de la résistance en dégainant sa dague. Néanmoins pas contre six hommes lourdement armés de mousquets et de rapières aiguisées.

Claude n'a guère d'autres choix que de se rendre. Elle est reconduite au château de Versailles, où l'on ne perd pas de temps à la confiner dans une cellule à l'atmosphère pour le moins sinistre. La prisonnière peste silencieusement. Madame de Montespan allait avoir sa victoire et elle ne le saura même pas !


- Votre Majesté, nous la tenons dans les cachots.

- Excellent ! À présent, voyons si elle se montre ouverte à la coopération. Menez-moi à elle !

Précédé du chef de sa police, Louis passe la porte de la prison souterraine du palais. Un garde lui ouvre les barreaux métalliques gardant Mademoiselle des Œillets qui se met debout sitôt son visiteur face à elle.

Dire qu'elle ne s'y attendait point serait mentir à moitié, elle se doutait que le roi viendrait la voir tôt ou tard, ayant lui-même ordonné sa capture. Cependant, qu'aucun de ses geôliers ne prennent la peine d'essayer de la faire parler sous la torture et que le souverain se déplace directement le premier la plonge dans la confusion.

À moins que ce ne soit l'envie irrépressible et rapide de vouloir sauver la femme dont il est tombé amoureux ? C'est bien plausible comme raison. Ah ! Que ne ferait-on pas par amour !

Le lourd bruit du métal contre la pierre signale la fermeture de la porte de la cellule. Les deux personnes se fixent dans le blanc des yeux. Louis finit par briser le silence monacal.

- Vous me décevez, Claude. En être réduite à réaliser un méfait des plus graves... La décision a besoin d'un esprit de maître, et il est sans comparaison plus facile de faire ce qu'on est, que d'imiter ce qu'on n'est pas.*

- Je vous en conjure, je n'ai jamais eu une quelques rancune envers la comtesse de Vauboyen ! Je n'ai fait qu'exécuter les ordres !

- La plaidoirie, maintenant ? Ha ! Quelle audace ! Or, vous savez parfaitement ce que cherche la marquise de Montespan. N'était-ce pas déjà assez qu'elle se fasse elle-même presque meurtrière d'une innocente ?

L'Amour du SoleilWhere stories live. Discover now