III

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Mille excuses de ne pas avoir pu poster le chapitre ce matin, ma matinée a été plus chargée que prévue. Le voici !

Préparez-vous bien pour ce qui va suivre.

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« Quand le malheur frappe à ta porte, prépare bien ton cœur, car il ne frappe jamais un seul coup. »

Proverbe persan


Henri ne saurait trop le répéter, depuis qu'il sait que la menace plane toujours, il vit dans une perpétuelle terreur des horribles fantaisies d'Athénaïs de Montespan. Non point en ce qui pouvait le concerner, certes, mais il redoute tout d'elle pour les autres, sa sœur la première. Quand il arrivera quelque accident, quelque événement fatal, il ne manquera point de se dire qu'il s'agit de la marquise. François et Amélie non plus ne sont pas en reste sur ce sujet.

Henri ne peut s'empêcher de frémir en songeant au monstre qu'est cette femme en son for intérieur. Son horrible, unique et ignoble malice la met au ban de l'humanité. La façon dont elle se pavanait autrefois de ses amours avec le roi, dans un ton de hâblerie qui lui était si coutumier, ne fait qu'augmenter les appréhensions de Monsieur de Montéclair, car il prévoit à la simple réminiscence de ces souvenirs la cause de drames nouveaux et plus affreux que tout le reste. Il sait jusqu'à quel degré de sublime et de désastreux désespoir peut aller la douleur d'une femme jalouse, et les propos que la marquise lui a tenu lors de sa rencontre avec elle, vaguement annonciateurs de la plus horrible catastrophe, ne cessent point d'habiter ses pensées.

Et Louis et Isabelle... Les malheureux ! S'ils avaient su que tout ne se déroulerait point comme ils se l'imaginent. Madame de Montespan est autrement terrible que l'ombre irréelle que cette dernière a envoyé dans l'unique but de faire l'infâme besogne, car ne pouvant plus agir par elle-même si loin de Paris. S'ils avaient su seulement ce dont elle est capable, surtout dans un domaine comme celui des poisons, procurés par la Voisin ! Et s'ils avaient connu le fin fond de sa pensée redoutable !


Bien qu'il fasse encore jour lors de la période estivale de l'année malgré l'heure déjà propice au soir, Mademoiselle des Œillets n'en perd pas moins sa discrétion en entrant dans le château de Vaugirard. Elle se faufile à pas de loup jusqu'à la salle à manger, là où vont les domestiques aux bras chargés de plats de nourriture, et a tout juste le temps de dissimuler sa présence derrière un lourd rideau. Pour peu, elle se serait compromise devant deux servantes déposant des assiettes sur la grande table, au bout de laquelle s'assied Madame de Langlois.

Claude se retient de ricaner. Que les serviteurs peuvent être stupides ! Mais c'est une chose décidément bien utile : l'occasion d'accomplir sa mission lui est servit en plein sur un plateau d'argent ! Il lui faut néanmoins faire vite, quelqu'un pouvant arriver à tout moment.

L'assassine sort de sa cachette, toujours dans la plus grande discrétion. Une petite dose de cantarelle suffit dans le plat de nourriture pour que la rivale de sa maîtresse meurt au bout quelques jours dans une lente et douloureuse agonie. Pouvait-on imaginer plus effroyable crime pour quitter le monde dans une apothéose d'horreur ? Préparée pour la tranquillité de sa personne, l'empoisonnement au sucre de plomb allait servir à venger les amours de l'une des plus détestables femmes qui se soient encore promenées sous les cieux !

Son déboire rempli, Claude ne perd point de temps pour quitter le château. Elle est tout de même obligée de trouver refuge derrière un meuble dans l'un des couloirs, un petit groupe arrivant au passage. Ce n'est autre qu'Isabelle et ses quatre protégés se dirigeant vers la salle à manger.

L'Amour du SoleilWhere stories live. Discover now