Sombres Affaires

Chapitre 44 : Le début de la fin

J'ai comme cette impression qu'on ne trouvera jamais le coupable.

« Tu sais pourquoi ils l'ont arrêté ? C'est pour se donner une bonne image. Il y avait des rumeurs concernant le manque de professionnalisme des policiers. On n'est pas au bout de nos surprises. »

Donc pour se faire bien voir, ils sont capables de jeter un innocent au cachot comme le proviseur ?

« Cependant, dès que possible, tu pourras venir habiter ici mais pour l'école, ça risque d'être un peu compliqué. Il faudrait que je trouve une solution. »

Quitter cette ville ne va pas me manquer, mais Isaac et Ruth, si. Il faudrait vraiment que je revoie Ruth avant de partir mais comment ? Telle est la question.

« Ça se passe bien l'école ? »

« Oui. »

« Je ne suis pas convaincue par ta réponse. »

Ma mère le sent tout de suite quand ça ne va pas. Pendant le temps où j'étais en train de la rassurer par rapport à l'école, ma sœur descend de sa chambre.

« C'est bon, vous avez fini de discuter ? C'était par rapport à quoi ? »

« Arrête d'être curieuse. »

Je me rends compte que moi et ma sœur on a le même caractère, deux vraies curieuses.

« On est tellement contents de te revoir. Je n'arrive pas à croire que tu sois face à nous. Maman a passé la moitié de sa vie à te chercher. »

D'un coup, Fatou monte dans sa chambre brusquement comme si elle devait me montrer quelque chose dans l'urgence.

« Attends, j'arrive ! »

Elle revient trente secondes après avec un magazine qui date de quelque temps.

« Regarde, c'est toi ! Tu avais fait la une de ce magazine avant. »

Je reconnais ma petite bouille, c'est étonnant. Je repense à quand mon père adoptif et le proviseur me parlaient de magazine. C'était peut-être celui-là ? Il me cachait même ça après les lettres. Je lui en veux tellement. Ça me fait de la peine de savoir qu'elle se donnait tant de mal pour me retrouver.

« Il n'y avait pas beaucoup de personnes qui nous aidaient. Il cherchait souvent à étouffer l'affaire. Il fallait que je me dirige dans chaque commissariat pour relancer le truc. »

Je me rends compte à quel point ma mère a énormément ramé.

« Je n'ai pas eu la chance de te voir grandir. Tu as maintenant seize ans, tu t'approches de la fin de ton adolescence. Ça me fait tellement mal. »

Elle se remet à pleurer, ses larmes sont communicatives. Ma sœur est au bord des larmes.

« Tu as été tellement forte. On est fière de toi. »

Je me demande alors où est mon vrai père, elle a fait ses démarches toute seule ?

« D'ailleurs, il faut que je prévienne ton père concernant ta venue. Avec ta disparition, notre mariage n'a même pas tenu. Je garde de bon contact lui. »

Ça me rassure quand même de savoir que mon véritable père est vivant. J'imaginais le pire. C'est triste de savoir que ma disparition a été la cause de leur rupture.

« Je n'ai pas cité ton véritable père mais il a été tout aussi impliqué dans les recherches que moi. »

Ça me rassure de savoir ça. Fatou me fait un gros câlin, je suis surprise mais c'est un moyen pour elle de me montrer son affection. C'est tellement agréable. En y pensant, je me rends compte que je n'ai pas pu venir avec beaucoup d'affaires, j'essaye de convaincre ma mère de retourner chez Isaac afin de prendre quelques affaires. Elle ne semble pas convaincue.

« On n'est vraiment pas obligés de retourner chez ton camarade, mais comme tu insistes, on va faire un tour. »

« Oh non ! Tu pars ? »

Ma sœur n'a pas envie que je parte mais mes affaires ne sont pas en ma possession, sinon je serais restée. J'aimerais quand même passer voir Isaac pour lui dire au revoir.

J'enfile mes chaussures, je porte mon manteau puis ma sœur me fait un gros câlin.

« Je reviens dans une heure, ou deux, ne t'inquiète pas. »

Nous quittons les lieux. Je regarde une dernière fois mon futur chez moi, mon avenir se passera donc ici. On marche en direction de la gare pour le chemin inverse.

Il y a quand même quelque chose qui m'intrigue par rapport à ce que ma mère m'a raconté. Je me demande, comment a-t-elle pu savoir toutes ses choses par rapport à mon père adoptif ?

« Tu penses à quoi ma fille ? »

« Comment tu sais tout ça par rapport à mon père adoptif ? »

« On me l'a tout simplement dit. Ça serait trop long à t'expliquer comment j'ai su tout ça. Il vaut mieux que je me taise. Le plus important, c'est que je t'ai retrouvée. Le reste peu importe. »

Ma mère ne veut rien dire. C'est comme si elle cherchait à me protéger, comme si je ne devais pas savoir la provenance de ces informations. Peu de temps après, le train arrive enfin. On prend place, c'est parti pour une heure et demie de trajet. Je regarde à travers la fenêtre la verdure des arbres s'assombrir au fil des minutes, la nuit commence à tomber.

« Heureusement que je te ramène maintenant. »

La lune fait son apparition, je vois des personnes qui commencent à bailler, j'en vois d'autres qui commencent à s'endormir. Je suis aussi épuisée par cette journée éprouvante. Ces sièges sont tellement inconfortables pour se reposer. Je me force alors à ne pas dormir.

« On est presque arrivées. »

Je commence peu à peu à reconnaître la gare de ma ville. Comme une impression d'avoir quitté cet endroit depuis une éternité. On arrive enfin, on marche en direction de la sortie de la gare. Au fond de moi, je suis contente de retrouver Isaac même si c'est la dernière fois. Il va me poser tellement de questions, j'en suis sûre.

Sur le chemin, je vois quelques personnes se diriger vers mon quartier. Ce sont des personnes que je n'ai jamais croisées ici, c'est assez étonnant mais je n'y prête pas attention. Assez étonnement, on s'approche de plus en plus et on se rend compte qu'il y a une horde de personnes qui envahit le quartier. Je me demande alors ce qui se passe.

Une silhouette reconnaissable m'intrigue, je reconnais Ruth de dos, je suis tellement contente. Je décide alors de lui demander ce qui se passe.

« Zyneb, tu vas enfin savoir son vrai visage. Regarde ! »

Je commence à réaliser ce qui se passe. Je vois une voiture de police devant une maison. Avec la foule, je n'arrive pas à voir. Je me rapproche avec ma mère puis je me rends compte que c'est Isaac qui a été menotté.