Chapitre 34 : Hésitations

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Aller voir des inconnus le jour de l'enterrement de mon père ? Je ne sais pas si c'est une bonne idée. Pourquoi ne reviendrait-il pas devant chez moi comme la dernière fois au vu de tout le monde ? Ça ne me rassure pas, ça m'effraie. J'ai quand même envie de savoir le pourquoi du comment. Je prends la lettre, je la garde précieusement. Je finis par rentrer après cette fameuse découverte.

C'est une journée éprouvante qui s'achève, demain une autre commence. Je me suis promis que dès que je rentrais, je dormirais jusqu'à ce que l'aube se lève. J'ouvre la porte et je trouve Isaac affalé sur le canapé brun fissuré à moitié. D'ailleurs en y pensant, Isaac retourne au lycée lundi, je n'ai jamais été aussi ravie.

« TU ES ENFIN RENTRÉE ! COMMENT JE M'ENNUYAIS SANS TOI ! »

Quand Isaac me dit ça, il bondit du canapé. Il semble joyeux de me revoir. Je le comprends, rester deux jours devant la télévision sans voir ses copains, ça peut être compliqué.

« Tu as fait quoi aujourd'hui ? »

« Bah écoute, les cours comme d'habitude, quoi. Je suis tellement pressée et triste d'être en week-end. »

On entame une discussion qui dure une trentaine de minutes, on parle de tout et n'importe quoi. Je sens vraiment en lui une envie de se vider l'esprit.

« J'aime bien rester à la maison mais franchement deux jours sans sortir, c'est long. Papa m'empêche de sortir. »

Il est là, il regarde le plafond. Il me semble complètement déboussolé. Je le tapote l'épaule en guise de soutien.

« Tu sais Isaac, lundi, tu retournes en cours. Tu verras, ça va te faire changer les idées. Cependant quand tu reprendras l'école, ça va te manquer le fait que tu puisses dormir jusqu'à quatorze heures. »

« Tu as raison, c'est juste le fait de parler avec des personnes de mon âge qui me manquent. »

Isaac est le garçon le plus social que je connaisse. Moi à sa place, ça ne m'aurait pas vraiment dérangée.

« D'ailleurs en y pensant, tu as reçu les lettres ? »

Il me prend de court, je ne sais pas si je devrais lui en parler ? Je reste muette pendant sept secondes, précisément. Il me regarde avec ses grands yeux marron d'un air assez impatient.

« Tu as perdu ta langue ? »

Je décide de confirmer en hochant la tête.

« Mais qu'est-ce que t'attendait pour me le dire ? Ce n'est pas vrai ça ! Ils t'ont dit quoi alors ? »

Je l'explique en détail leur envie de me rencontrer. Son visage se crispe automatiquement. Il n'en croit pas ses oreilles. Je lui fais part de mes doutes mais aussi de mon envie de percer ce mystère.

« Tu as raison d'avoir peur. Je trouve ça étrange qu'ils veuillent te rencontrer. »

« Tu as vu comment c'est étonnant ? En plus, c'est le jour de l'enterrement de mon père. »

Après lui avoir dit ça, sans aucune raison, Isaac semble changer d'avis les concernant. Il semble enthousiaste à ce que je rencontre ces personnes. Cette histoire commence à l'intriguer aussi.

« Tu sais Zyneb, je t'accompagnerai pour les voir. Il ne faut pas que tu y ailles seule. »

Pour Isaac, il est finalement évident pour moi que j'aille les voir. Je n'en suis pas si sûr.

« Au début quand tu m'as dit ça, j'étais sous le choc, mais je me dis que tu auras enfin la réponse à tes questionnements. Si tu n'as pas envie, je te comprendrai à deux milles pour cent. »

Je décide de garder dans un coin de ma tête ce qu'il vient de me dire. À tout moment, je peux changer d'avis mais pour l'instant, je ne sais pas, je ne veux pas n'impliquer dans quelque chose qui se retournera sur moi. Certes, je voulais aider ces personnes mais je cherchais une réponse écrite sur la lettre, rien de plus. Je monte alors dans ma chambre pour me reposer un peu avant demain.

« Attends, tu ne viens pas manger ? Tu vas te coucher maintenant ? Il est que dix-huit heures. Tu ne veux pas regarder la télévision avec moi ? »

Mon sommeil disparaît tout d'un coup quand il m'a parlé de la télévision. Je m'empresse alors de lui demander comment on allume cette machine.

« Ça fait quasiment un mois que tu es ici et tu ne sais pas encore comment on allume une télévision ? S'il te plaît aussi, évite d'appeler ça une machine par moment. C'est tellement moche. Si tu dis ça dehors, tout le monde va se moquer de toi ! »

« Tu peux mettre sur la chaîne d'information, s'il te plaît ? »

« Tu es sérieuse ? C'est pour les vieux, en plus il n'est pas l'heure là, il est que dix-huit heures trois. »

Il décide de mettre sur une émission télévisée un peu comme d'habitude, je me demande si je devrais finalement me coucher et lire un peu.

« Je monte, je vais bouquiner. »

« Tu n'aimes pas, La Piste aux étoiles ? »

« Je n'aime pas ce genre chose, ce n'est pas intéressant. »

La Piste aux étoiles est ce type d'émission qui passe et que tout le monde apprécie. Personnellement, je ne suis pas très fan. Regarder des clowns, c'est pour les enfants. Je suis une adolescente moi ! En regardant quelques minutes de l'émission, une séance de pub annonça une émission littéraire nommée Apostrophes. Étant une grande fan de livre, cette émission est clairement faite pour moi. Vu que c'est demain, si je ne suis pas trop fatiguée je n'hésiterai pas à jeter un coup d'œil.

Je laisse Isaac regarder la télévision, je me réveillerai peut-être plus tard pour regarder le journal télévisé. Je monte enfin dans la chambre je dépose mon sac, il fait un froid glacial, j'ai encore oublié de fermer ma fenêtre, je m'empresse de le faire. Je trouve un super livre, je m'installe confortablement puis je me plonge dans cette histoire. Je m'évade pendant six minutes, puis mes paupières commencent à devenir lourdes. Je m'endors ensuite pendant une durée indéterminée. Dès lors, quelqu'un tape à ma porte, je sursaute. Ma tête est en vadrouille, la porte s'ouvre.

« Zyneb, tu peux venir m'aider à couvrir ma plaie, je commence à saigner abondamment. »

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