Chapitre 10 : Je ne m'y attendais pas

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Je le regarde estomaquer. Comment mon père serait capable d'acheter une autre maison ? Mon père a déjà beaucoup de mal avec ce qu'il gagne alors où est ce qu'il aurait eu l'argent ? Je commence vraiment à en avoir marre de ses fausses suspicions. J'adore Isaac mais il commence vraiment à dépasser les bornes. Pourquoi s'intéresse-t-il autant à la vie de mon père ? Je peux comprendre qu'il soit chagriné par rapport aux différents de son père et le mien mais il n'a pas à s'en mêler.

Franchement, j'aurais dû rentrer chez moi. Ne jamais me retourner. Peut-être qu'il faudrait que je m'éloigne de lui ? Ayant eu une longue journée, je décide de ne pas m'énerver et de lui répondre assez calmement.

« Écoute, Isaac, il fait tard. Je dois y aller, à demain. »

« Mais tu ne me crois pas ? »

« À DEMAIN ! »

Je le laisse continuer son chemin tout seul. Il reste immobile pendant quelques secondes, il est a priori déçu que je ne lui prête pas attention mais il n'est finalement pas étonné. Je rentre à la maison épuisée par cette journée éprouvante. Entre les cours et Isaac qui ne lâche pas mon père, il y a de quoi se déconnecter un peu. J'attends mon père qui n'est décidément pas rentré alors je me décide à faire mes devoirs.

C'est rare que je les commence aussi tôt, dès la fin des cours. Je me dis qu'il vaut mieux que je les fasse maintenant comme ça, je suis tranquille. Tant qu'on y est, autant replonger dedans tout de suite. Un peu de blues et c'est parti. Il faut que je me détende. Je fais mes devoirs sans trop de difficulté et assez rapidement. Je passe une heure dessus. En faisant mes devoirs, j'entends les bruits de clefs devant la porte. Ça doit être Papa. Il est enfin rentré. À peine le temps de lui dire « Bonsoir », il rentre brusquement dans la cuisine avec un sac rempli d'habits qui les met directement dans la machine à laver.

Je trouve ça assez étonnant mais venant de mon père ça ne me choque pas. Mon père est quelqu'un d'assez « spécial ». Après avoir retrouvé ses esprits, il me voit enfin.

« Salut, ma bichette ! Tu as passé une bonne journée ? »

Ma bichette. Ça fait longtemps qu'il ne m'avait pas appelée ainsi.

« Oui, très bien ! »

Ayant terminé mes devoirs, il faut absolument que je parle à mon père de la disparition de Ruth. Je vais droit au but.

« Papa, dans ma classe, j'ai une amie qui me tient vraiment à cœur. Elle n'a plus donné signe de vie, depuis deux semaines. »

Je le vois serrer des dents.

« Tu parles de Ruth ? On est sur le dossier. Ne t'inquiète pas ! Je ne vais pas te mentir, voir sa mère dans cet état me brise le cœur. Pauvre fille. Sache qu'on fait de notre mieux ! »

Il s'arrête puis il me chuchote à l'oreille.

« Si on a quelque chose de nouveau, je n'ai normalement pas le droit de t'en parler mais je te tiendrais au courant ! »

Je regarde mon père avec les larmes aux yeux. J'ai vraiment de la chance d'avoir un père policier ! Je suis tellement contente, je pense à sa mère surtout ! J'espère que rien de mal ne lui ai arrivé, c'est tellement effrayant. J'ai limite envie d'aller au poste avec mon père pour voir comment ça se passe mais je n'ai pas le droit, c'est vraiment dommage. J'espère que ça fera bouger quelque chose.

Me voyant en train de rêvasser, Papa me tapote l'épaule en essayant de me remonter la morale.

« Allez arrête d'y penser ! Je vais faire à manger puis je vais mettre un bon film pour que tu puisses oublier tout ça. Tu es vraiment une bonne amie. »

Je le souris. Puis il rentre dans la cuisine pour préparer à manger. Il a raison, je devrais arrêter de penser à tout ça. Je décide de monter dans ma chambre et de lire un petit peu. J'emprunte le vinyle à mon père puis je somnole, terrassée par cette journée intensive. Une à deux heures passent jusqu'à ce que je me réveille. Il est tard, je descends vite des escaliers j'ai tellement faim et je me rends compte que Papa n'est pas là. Comme à son habitude, où a-t-il pu passer, encore ?

Je regarde sur la table et il m'a laissé un mot.

« Il fallait que j'y aille. Voici ton plat ! Bon appétit. »

Je sais que je ne dois pas me mêler de ses affaires mais ça commence à bien faire ! Je commence à saturer, un travail n'a pas à être aussi envahissant. Je me rassure en me disant qu'il doit sûrement travailler sur le dossier de Ruth. Je m'ennuie et étant curieuse, je décide de monter dans sa chambre. Ce qu'Isaac m'ait dit tout à l'heure, tourne en boucle dans ma tête. Je suis dans sa chambre et je fouille, je regarde un peu ses documents, et je trouve ses lettres d'amour déchirées.

Je pensais qu'il avait trouvé l'amour. Tout ça était qu'une boutade ? Je relativise en me disant que toutes les relations ne sont pas amenées à marcher. Je continue mes recherches quand je trouve une montre d'une valeur estimée de cinquante mille francs. Au premier regard, ce n'est rien. Mais ça m'étonne que mon père ait ce genre d'objet, ça coûte extrêmement cher et ce n'est pas son genre. Où est ce qu'il a trouvé l'argent ? Je ne sais pas si je dois croire Isaac ?

Cela dit, il n'y a rien d'accablant à part ça, le concernant, ça fait déjà deux fois que je cherche et je ne trouve rien. Je décide de redescendre et d'aller manger et aller me recoucher. Je décide de lire quelques livres et de mettre un peu de musique puis finalement, je mets sur la chaîne info.

*JE PENSE QU'ON EST EN TRAIN DE VIVRE LES PIRES MOIS DE L'ANNÉE ! SEPT DISPARITIONS EN TROIS MOIS, IL FAUT ARRÊTER LE OU LES COUPABLES ! LES POLICIERS NE FOUTENT RIEN ! QUE DES BRAS CASSÉS. [...]*

J'écoute ces consultants en train de se chamailler. Entre ceux qui disent qu'ils ne foutent rien et ceux qui disent qu'ils font de leurs mieux. Je retiens un chiffre assez alarmant, SEPT PERSONNES, c'est énorme ! Moi aussi j'ai cette impression que personne ne bouge. Mon ami Ruth en ai le triste exemple. Que se passe-t-il dans cette ville, sérieusement ? Sous ces mots, petit à petit, je retrouve le sommeil puis je m'endors à poing fermé.

Quelques minutes plus tard, j'entends une voix grave très en colère.

*ALLEZ RÉVEILLE-TOI ! IL NE FAUT PAS QU'ON RESTE ICI ! ON NE PEUT PLUS RESTER ICI*

Sombres AffairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant