Chapitre 39 : Le lien de sang

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« Je suis désolée de t'annoncer ça en ces circonstances actuelles mais je ne pouvais pas attendre plus longtemps, Aminata. Je t'attends depuis des années en t'envoyant des lettres. Je te cherchais partout. Tu ne répondais pas pendant plus de sept ans puis tu m'as répondu et j'en suis heureuse. Il était convenu qu'on se rencontre dans un parc avec ta sœur, mais je ne voulais pas attendre, je suis donc venue à l'enterrement de ton père. »

Je suis bouche bée face à la situation. Cette dame prétend être ma mère en m'appelant Aminata ? D'ailleurs, quand elle parle de mon père, elle fait le signe du guillemet comme pour le réduire à rien. Ça me met mal à l'aise, je ne veux pas qu'elle manque de respect à mon défunt père même si on n'a pas le même sang, les liens du cœur de nous ne sépareront pas. Je ne peux pas m'empêcher de me mettre à sa place, je ne sais pas quoi dire. Elle attend que je lui saute dans les bras, je suis gênée. Elle me ressemble beaucoup tout compte fait. On a la même peau ébène, les mêmes grands yeux marron. Suis-je réellement face à ma mère ?

« J'essaye de garder mon calme face à la situation. Malheureusement, il n'est plus là pour qu'il t'explique ce qui s'est passé. »

Je pense que j'ai du mal à réaliser ce qui est train de se passer. Ma mère est donc en vie ?

« Regarde, j'ai apporté des photos de toi quand tu étais petite. »

Je regarde et je me reconnais, je souris intérieurement. Bien que la photo soit grise et datant de quelques années, j'arrive à me distinguer sur l'image. Isaac est à côté de moi et assiste à la scène complètement ébahie.

« C'est à vous qu'on a envoyé des lettres ? »

« Oui, c'est bien ça. »

« Maman ? C'est donc toi ? »

Je ne sais pas ce qui me prend mais je lui saute dans mes bras. C'est bien elle ! Je commence enfin peu à peu à comprendre la situation, ma mère est juste à côté de moi. Elle me cherchait depuis toutes ces années. Je l'aime d'amour.

« Ma fille ! Tu ne peux pas te rendre compte à quel point tu m'as manqué. Je suis si heureuse. »

Je veux maintenant savoir ce qui s'est passé pour qu'on en arrive là. Qu'est ce qui a poussé mon père à cacher l'existante de ma mère biologique. Je suis au courant de mon adoption mais il m'expliquait que ma mère n'était plus là.

« Tu peux m'expliquer pourquoi ils t'appellent tous Zyneb ? »

« C'est mon prénom ? »

« Non ma fille. Je t'ai portée neuf mois. Je t'ai appelée Aminata pour une raison. Ce type a changé ton prénom, j'hallucine. »

Mon père cachait tellement de choses et il est parti avec ses secrets. Était-il épuisé d'avoir autant de secret en lui pour qu'il passe à l'acte ? Je sens que les jours et les mois qui vont arriver vont être remarquables.

« Il faudrait qu'on se revoie bientôt pour t'expliquer à quel point ce que ton père a fait est juste très grave. Je ne peux pas t'expliquer ici devant tout le monde. Je respecte son lieu de repos. »

Il me tarde de savoir le pourquoi du comment. On se dirige vers la sortie. Ma mère à l'air actuellement dans un état qui se situe entre la tristesse et la joie, elle essaye tant que bien que mal d'être positive.

« Du coup, depuis son décès, tu vis où ? »

« Je vis depuis peu chez le père de mon ami. »

« Oh ma fille ! Ça se passe bien ? »

« Tout se passe bien mais il y a des moments où je me sens mal. »

« Tu sais quoi ? Les prochaines vacances arrivent bientôt. Tu vas prendre tes affaires, et tu vas venir habiter chez nous. »

Déménager encore ? Je ne sais pas. J'ai envie de rester au côté d'Isaac et même revoir Ruth. D'un côté, je me mets à sa place, elle a envie de rattraper le temps perdu. Je n'ai juste pas envie qu'elle précipite tout d'un coup.

« Bon, je vais y aller. Ça a été un plaisir de te revoir depuis tant d'années, on se dit à très bientôt. »

« Pas de soucis, Maman ! »

Je lui fais un gros câlin puis un bisou sur la joue. Je la regarde au loin prendre la direction de chez elle. Je n'arrive toujours pas à croire ce qui vient de se passer.

« Tu as vu, Zyneb ? Ce qui t'arrive c'est incroyable ! Tu as malheureusement perdu ton père mais tu as retrouvé ta mère. C'est fou ce qu'elle te ressemble en plus. »

Isaac n'en croit pas ces yeux, son père aussi même s'il le montre beaucoup moins.

« J'ai vu cette rencontre de loin et il a raison, je suis si content pour toi. Tu vas pouvoir te reposer sur une épaule. »

Cette journée a été tellement riche en émotion que ça soit la mise sous terre de mon cher Papa et les retrouvailles de ma mère, je ne sais plus où donner la tête. Je suis à la fois heureuse à la fois triste.

« Allez on rentre. Il ne va pas tarder à pleuvoir. »

On se dépêche alors pour rentrer dans la voiture avant d'être complètement trempés. Je jette un dernier regard sur la tombe à mon père, avant de suivre Isaac et son père.

« Il fait bien meilleur à l'intérieur. Allez Papa ! Allons-y, je commence à avoir faim ! »

« Vous avez mis vos ceintures ? »

« Oui ! »

C'est parti pour quelques minutes dans la voiture. Isaac entame enfin la discussion.

« Comment ça fait de retrouver sa mère ? »

« Je suis tellement contente ! »

« Après quand on rentre, il faut que je te dise quelque chose. »

Isaac me chuchote dans l'oreille comme s'il ne pouvait pas le dire actuellement.

Je hoche de la tête en attendant l'arrivée à la maison. Je regarde alors sur les vitres la pluie qui coule, l'odeur de la pluie se fait ressentir bien qu'elle est fermée. Il y a des jeunes enfants qui sortent courir sous la pluie. Certains parents hurlent à leurs gamins de rentrer chez eux pour pas qu'ils tombent malades. Il fait froid mais ces enfants n'en n'ont que faire, ils veulent s'amuser. C'est ça l'insouciance, je donnerais tout pour avoir à nouveau sept ans.

« On est enfin arrivés ! »

On court alors tous très vite pour se réchauffer à la maison et éviter d'être mouillés. À peine le temps de reprendre mes esprits, Isaac me fait monter dans sa chambre pour me dire ce qui lui trotte dans la tête depuis tout à l'heure.

« Zyneb, tu te souviens au début quand on s'est rencontrés. Je t'avais dit que ton père cachait des choses. »

« Oui ? »

« Bah, je le savais depuis le début pour ta mère parce que mon père était au courant par le biais de ton père. »

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