Chapitre 22 : Seule au monde

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Je tente alors d'ouvrir la porte pour leur demander pourquoi elles sont si tristes et savoir ce qu'elles font devant chez moi. C'est assez triste. Je voudrais en savoir un peu plus mais j'oublie que la porte est fermée à clef. Je passe alors mon temps à les regarder à travers la fenêtre, jusqu'à ce qu'ils partent.

Ensuite, je monte comme une voleuse dans ma chambre qui n'est pas vraiment la mienne. Je commence à ne plus me sentir à ma place. En même temps, je ne suis pas chez moi.

Ceci dit, il y a quelque chose qui m'intrigue ici. En bas de mon matelas, il y a une boîte avec un cadenas. De base, c'est super dérangeant pour se reposer mais je me suis toujours demandé ce qu'il y a à l'intérieur. Ma curiosité prend le dessus, et puis, comme je suis toute seule en ce moment, j'ai envie de voir.

Au moment où j'essaye de trouver la bonne combinaison, j'entends les bruits des clefs, je me dépêche de remettre tout à sa place. Je ne sais pour quelle raison, je fais semblant de dormir. J'entends les bruits de pas venant en la direction de ma chambre. La porte s'ouvre. Je ne sais pas qui est dans la chambre. Je sens une présence.

Je me doute bien qu'il s'agit d'Isaac mais je ne sais pas ce qu'il fait. Il me regarde, il semble regretter son geste, je ne sais pas pourquoi, je le sens. Il décide de s'asseoir à côté de moi puis me touche ma hanche mais je sursaute en pensant qu'il allait faire quelque chose de déplacer.

« Ne me touche pas, tu es complètement malade. »

« Je suis désolé pour tout à l'heure, je ne veux pas que tu te fasses des films. »

« Je ne veux plus t'adresser la parole ! J'attends juste le retour de mon père pour enfin partir d'ici. »

« Écoute, j'ai complètement perdu la tête. »

« Tu t'en rends compte du coup que tu m'as mis ? Tu aurais apprécié que je fasse pareil ? »

« Tu sais que je ne suis pas comme ça au fond. Je suis sincèrement désolé. J'ai des sentiments pour toi, mais tu ne le vois pas. »

« Mais enfin, Isaac, ce n'est pas une raison pour me mettre un coup de poing au ventre. »

Et là, je fonds en larmes, c'est trop pour moi. Je m'en souviens encore, son regard noir, son coup, la douleur. Je n'arrive pas à le pardonner. Il essaye de me réconforter mais je ne veux pas qu'il s'approche de moi. Il me dégoûte.

« Qu'est-ce que je dois faire pour me faire pardonner ? »

J'ai l'impression qu'il ne comprend pas que ce qu'il a fait est tellement inhumain. Je ne suis pas sa chose. Il doit le comprendre.

« Je ne vais pas plus te déranger, mon père et moi on est sorti acheter des provisions pour la semaine, si tu veux en prendre, n'hésite pas ! Je suis encore désolé... »

Il ne sait pas que je me suis déjà servie, c'est super malpoli de ma part mais je ne me suis pas gênée. Je le laisse partir sans dire un mot. Je me recouche sur mon lit, je regarde le plafond. Je pense aux cours, à l'interrogatoire de demain. J'essaye aussi de comprendre pourquoi ces personnes étaient devant ma maison. Pourquoi étaient-ils aussi tristes ?

Toutes ses questions subsistent dans ma tête mais je n'ai aucune réponse. En y pensant, ma vie a toujours été comme ça, des choses inexplicables qui arrivent qu'a moi mais jamais aux autres. J'ai l'impression d'être l'ombre de moi-même. La personne en qui j'avais le plus confiance était Isaac, et il m'a tellement déçue. J'ai tellement envie de partir, de retrouver Ruth. C'était elle ma vraie amie. Je me sens tellement mal de l'avoir oubliée avec ces récentes découvertes, ça ne me rassure pas. J'aurais pu m'investir un peu plus à sa recherche mais je ne l'ai pas fait. Je me sens lâche. Je sais qu'elle ne m'aurait jamais laissée tomber.

Je me demande aussi comment va se passer l'interrogatoire de demain. Jusqu'à présent, je n'arrive pas à croire qu'ils me soupçonnent. Je me demande comment va mon père, je n'ai même pas de ces nouvelles. Personne ne peut m'emmener à l'hôpital pour le voir ?

«Zyneb, tu fais quoi ? »

Isaac débarque dans la chambre sans prévenir, il devrait d'abord toquer.

« Je ne vais pas te déranger longtemps mais mon père m'a dit de te prévenir que tu devrais te coucher tôt, demain matin on doit aller aux commissariats. »

Demain matin ? Je pensais que ça allait être l'après-midi. Je ne devrais pas me plaindre, ça va me permettre d'être moins stressée quand j'irais en cours demain matin. En y pensant, les cours ne m'ont pas manqué après un week-end mouvementé. J'aurais bien aimé me reposer, ça ne va pas être le cas demain. Je n'arrive même plus à me souvenir si on a des devoirs à faire, je suis perdue. Je fais quand même l'effort d'aller voir mon carnet et malheureusement, j'ai des choses à faire.

La motivation n'y est pas, pour la première fois, je n'ai même pas envie de travailler. Je me demande même à quoi sert l'école. Avec tous les soucis que j'ai actuellement, c'est dur psychologiquement. Je me demande ce qui pourrait arriver de pire ? Je referme mon carnet puis je m'endors encore une fois. Je devrais me reposer demain j'ai une longue journée qui m'attend. Bien que je me sois couché à l'heure, je me réveille en sursaut sous les cris du père d'Isaac.

« Purée ! Ce n'est pas vrai ! Je n'arrive pas à y croire ! »

Il me semble être sous le choc de quelque chose, je me demande ce qu'il se passe dans sa tête ! J'ai l'impression qu'il pète des câbles parfois !

Je décide de me recoucher, et de ne pas faire attention à tout ce boucan. J'espère retourner bientôt chez mon père parce que j'en peux plus.

Le lendemain matin, je suis réveillée par Isaac.

« Zyneb, il faut que je te dise un truc mais je t'en supplie ne t'effondre pas. Ça va être dur à entendre. »

M'effondrer moi ? C'est une blague ! Il va encore m'embêter avec ses histoires inutiles. Il ne comprend pas que je ne veux plus l'adresser la parole après ce qu'il m'a fait ? Je ne peux pas me le voir. Je décide de lui tourner dos. Il décide de me toucher l'épaule.

«Zyneb, c'est important. Ton père n'est plus de ce monde. »





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