Chapitre 27 : La bonne version

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Quelle idiote ! C'est la voiture de fonction de son père. J'espère quand même le croiser. Je m'approche de la maison, j'ouvre la porte et je vois une ombre, il doit sûrement être rentré.

Je me dirige vers l'ombre puis je le vois devant la télévision.

« Tu es vraiment un pauvre con, Isaac ! »

« Pardon ? »

Il m'a fallu une seconde pour me rendre compte que ce n'était pas Isaac mais son père.

« Je suis vraiment désolée, je ne savais pas que... »

« Je ne te permets pas de parler comme ça de mon fils ! »

Je soupire puis je décide de m'asseoir. Tout ceci, m'apprendra à rentrer et à l'ouvrir pour rien. Mon ventre commence à gargouiller et l'envie de manger se fait de plus en plus grande. Je n'ose pas vraiment me diriger vers la cuisine, je me sens mal à l'aise après la mini-altercation. Son père se lève et se dirige vers la cuisine. Je le regarde d'un air assez affamé. Il revient avec un sandwich et du jus de fruits puis me le tend vers moi.

« Si tu as besoin de te servir, ne te gêne pas. »

Je le remercie en le souriant. Pendant le moment où j'entame mon sandwich, je sens une main sur mon épaule.

« Bon appétit ! »

Je le remercie. C'est Isaac qui était dans sa chambre. Je n'avais même pas remarqué qu'il était déjà rentré. Je termine mon repas avant d'avoir une discussion avec lui. J'essayerai d'être toute seule avec lui, il ne faut pas que son père soit à côté.

D'ailleurs en parlant de son père, il décide de mettre sur la chaîne d'information. Je suis contente ! Comme je n'ai pas vraiment accès à la télévision, je vais pouvoir enfin savoir l'avancée de l'enquête. Il décide d'augmenter le volume.

« Après la découverte de restes humains, deux filles ont été retrouvées vivantes dans un chalet. « ... » L'auteur de ces crimes n'a toujours pas été arrêté. «...» Les demoiselles ont été amenées à l'hôpital «...» »

Pauvres demoiselles, ça aurait pu m'arriver. Sur le journal télévisé, elle semblait tellement traumatisée. Les policiers n'en croyaient pas leurs yeux. L'état du chalet est déplorable, cet endroit est un taudis. Elle ne mangeait pas à leurs faims, elles faisaient leurs besoins à même le sol. Elles étaient exploitées, ça me dégoûte. J'ai envie de les serrer dans mes bras. Je me demande si Ruth ne faisait pas partie de ces filles, j'imagine ce qu'elle a dû subir, la pauvre. J'espère qu'on retrouvera cette personne et qu'on le mettra en taule, jusqu'à la fin de ses jours.

« Bon, les gosses ! Il est temps d'aller à l'école ! »

Son père éteint la télévision instantanément. Je n'ai même pas eu le temps de savoir la suite. Tant pis, j'oublie qu'ici la télévision c'est un temps limité. Je me demande quand est-ce que j'en aurai encore accès.

« Zyneb, tu es prête ? On y va ? »

Je vais profiter pour savoir ce qu'il lui ait passé par la tête tout à l'heure. Au moment où on décide de partir, son père hurle son prénom.

« Oui, j'arrive ! »

Je reste là, planté pendant au moins vingt secondes. Je me demande ce que son père a envie de lui dire. Je pensais qu'il était pressé qu'on parte ? J'étais à deux doigts de partir sans lui.

« Désolé, mon père voulait absolument me dire un truc. On peut y aller ! »

« Il ne pouvait pas attendre, sérieusement ? »

Un froid s'installe. On marche puis il s'arrête.

« Pourquoi tu es comme ça ? »

« Je te retourne la question. »

« Je ne te comprends pas. »

Je respire puis j'expire. Je continue alors de marcher. Je décide d'être plus direct.

« Tu n'as pas honte de toucher les filles ? »

« Hein ? De quoi tu parles ? »

« La dernière fois quand tu as couru après que tu as fait ton geste. »

« Quel geste ? Mais attends, j'ai couru parce que mes potes courraient. Je ne savais pas qu'une chose pareille s'était passée. Je l'apprends de ta bouche. »

On continue à marcher en direction de l'école quand il s'arrête à nouveau.

« Tu me crois vraiment capable de faire ça ? Je te jure sur ce que j'ai le plus cher que ce n'est pas moi. J'ai suivi sans savoir. »

Je ne sais pas pourquoi mais au fond de moi, je le crois et puis Isaac est assez débile, je le vois bien suivre ses potes sans savoir le pourquoi du comment. Il devrait s'éloigner de ce genre de pote répugnant.

« Je me sens tellement mal. C'est le genre de chose que je déteste en plus. Je ne suis pas ce type de gars. »

« J'espère que tu ne l'es pas. »

Il nous a fallu moins de quinze minutes avant de retourner à l'école malgré les arrêts répétitifs. Je suis déjà fatiguée alors qu'on n'a même pas encore débuté les cours de l'après-midi.

« ZYNEB ! COMMENT TU VAS ? »

« Je vais bien et toi ? »

C'est la seule camarade qui me demande si je vais bien, c'est super sympa de sa part.

« Si tu as besoin de parler ou quoi que ce soit, n'hésite pas! »

C'est assez honteux de ma part mais je ne sais même pas comment elle s'appelle. Je n'ose pas lui demander.

« Bon, Zyneb ! Je reviens, je vais voir mes potes. »

Isaac me laisse encore toute seule, il oublie qu'un de ces potes a touché une fille sans son consentement. Il passe vite à autre chose. Vivement que Ruth revienne. Je m'interdis le fait d'aller voir la camarade qui m'a proposé de venir. Je me sens hyper mal à l'aise d'aller la voir, je ne sais pas pourquoi.

« ZYNEB ! VIENS ! »

Je décide d'y aller, je traîne les pieds. J'ai l'impression de déranger mais elle me met à l'aise.

« Ton pote te laisse tomber, ce n'est pas très cool de sa part. »

Je suis d'accord avec elle, mais je ne lui montre pas.

« D'ailleurs, j'ai oublié mon carnet, tu peux me dire on finit à quelle heure ? »

Je cherche dans mon sac à dos mon carnet puis je le trouve. Je regarde à l'intérieur de mon carnet l'emploi du temps quand je tombe sur les fameuses enveloppes que j'avais trouvées dans ma boîte aux lettres. J'avais carrément oublié que j'avais placé les lettres ici, ce n'est pas du tout discret de ma part. Je dois répondre à ces personnes. J'en profite pour regarder l'adresse à qui je dois répliquer, je compte faire ça ce soir finalement. C'est avec stupéfaction, que je tombe sur une adresse postale étrangement familière.

« 04-06 Rue de la Richardière. »

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