I Swear I Lived Tome 3

Chapitre 18

Alexandre

Quand Lila-Rose m'a demandé si elle pouvait conduire ma voiture, j'ai tout de suite su qu'on aurait des emmerdes. Et pourtant, j'ai accepté en espérant la retrouver un peu.

Je ne sais plus quoi faire ou comment m'y prendre pour la faire parler de ce qu'il se passe. J'ai l'impression qu'elle a décidé de faire comme si de rien n'était et le fait qu'elle refuse d'aller voir son père à l'hôpital nous plonge tous dans une perplexité infinie. Ça fait trois semaines que ça dure, trois semaines qu'elle est dans le déni le plus complet. Elle va en cours, elle voit ses amis bien plus que la normale et elle ne nous parle plus. Elle n'est plus timide, elle est insolente et je crois que si ça avait été en d'autres circonstances, je serais parti. Je n'aime pas cette nouvelle Lila-Rose, aux antipodes de celle dont je suis tombé amoureux. Mais je sais – du moins, je l'espère – que ce n'est qu'une phase alors je reste.

« Bon alors... Comment on fait ?, demande-t-elle en se tournant vers moi avec un sourire radieux.

– Déjà, tu mets ta ceinture. »

Elle lève les yeux au ciel en s'exécutant malgré tout. C'est là que je sais que ma Lila-Rose est toujours là, parce que malgré sa soudaine envie de se rebeller contre à peu près tout, elle a du mal à vraiment vivre dangereusement.

« Ok, monsieur le rabat-joie. Et maintenant ?

– Maintenant tu tournes le contact. T'as juste à freiner et accélérer. Tourner le volant. »

On est sur la propriété de mes parents alors les rétros et tout le reste, je crois qu'on s'en fiche un peu.

« Parfait. J'avais déjà vu des trucs avec mon frère.

– Ok. T'as qu'à faire le tour de la fontaine à l'entrée et—wow !, »

En moins de deux secondes elle a desserré le frein à main, passé la boîte de vitesse en marche et avancé comme une flèche.

« Pas aussi vite, ok ?

– Bah désolée, j'appuie, c'est tout.

– Si tu laboures l'allée de mes parents, ils vont—

– Ok, on va dehors, coupe-t-elle.

– Quoi ? Mais t'es malade, Lila-Rose !

– Oh aller, steuplait ! Comment tu veux que j'apprenne autrement ? J'aurais fait pareil avec mon père ! »

Elle se dirige déjà vers le portail, elle sait très bien qu'il s'ouvre automatiquement à l'approche d'une voiture.

« Non mais avec ton père c'est pas pareil, y a des procédures, des—

– De toute façon, il est pas là. C'est même pas sûr qu'il m'apprenne un jour. »

Je ne sais pas quoi répondre à ça et je me demande vraiment ce qui lui passe par la tête, quel son objectif final, et pourquoi est-ce que tout part dans tous les sens.

On se retrouve en plein centre-ville et, plusieurs fois, je dois donner des coups de volant pour qu'on évite les voitures trop à gauche.

« Roh mais laisse-moi conduire !

– Si tu vas sur l'autre voie, on va avoir un accident, je réplique, agacé. Il faut que le volant soit au milieu de la route.

– T'es pas agréable en ce moment, réplique-t-elle en se positionnant mieux sur la route.

– Parce que j'sais pas qui t'es ! J'approuve pas ton attitude envers ton père, ta famille, moi ou même toi-même, voilà pourquoi ! »

Je vois que ça lui met un coup mais elle persiste tout de même à faire la forte.