Chapitre 9

2.8K 150 48
                                    

Louis

Ariel et moi sommes à New York depuis seulement trois jours mais nous n'avons eu que très peu de temps rien qu'à nous. Il est vrai que cette situation m'arrange grandement et que j'ai tendance à ne pas lutter contre le sommeil le soir, lorsque nous regagnons notre suite. Nous avons chacun notre chambre alors je vais m'enfermer dans la mienne, soulagé de ne pas avoir à tenir une conversation trop longue avec mon mari.

Je sais qu'il est blessé par mon manque d'investissement dans ce séjour qui semble être important pour notre reconstruction conjugale, mais je n'y arrive pas. Je suis incapable de prétendre que je n'ai pas mal ou que je lui fais confiance à nouveau ; chaque fois qu'il jette un coup d'œil à son portable et qu'il sourit comme un imbécile, je me dis que c'est elle, qu'elle capte son attention et qu'elle parvient à le faire sourire malgré tout. La plupart du temps, ce sont les enfants qui lui envoient des photos et je me sens stupide, mais je n'arrive pas à lutter – peut-être même que je n'en ai pas envie.

Je ne sais même pas ce que nous essayons de reconstruire puisque jamais je ne pourrais être plus que ce que je ne suis déjà et c'est insuffisant.

« Louis ? »

Sa voix me ramène à la réalité. J'ai mal au ventre et ma gorge est nouée.

« Hm ?

– Ça te dirait qu'on regarde un film ? »

Je le scrute, j'hésite. Je peux toujours lui dire que je n'en ai pas envie, que je suis fatigué, que je n'aime pas cette ville et que j'ai envie de rentrer. Je sais qu'il cédera à tout, mais une fois rentrés, qu'est-ce qu'on dira aux enfants ? Qu'est-ce qu'on leur racontera lorsqu'ils se rendront compte du chaos que j'entretiens ?

« C'est rien, finit-il par dire. Je vais aller faire un tour.

– Un tour ! C'est bien ça, non ? », je réponds précipitamment.

Il se tait, il me scrute en silence et il ne sait pas comment réagir. On sait tous les deux que mes mots ont dépassé mes pensées alors il me laisse une porte de sortie.

« Tu es sûr ? On peut rester ici, ça ne me gêne pas.

– Je sais, mais on pourrait également aller marcher dans Central Park. »

Le visage d'Ariel s'illumine à tel point que mon cœur a cogne plus fort dans ma poitrine. C'est une sensation que j'avais presque oubliée et je n'ai pas envie qu'elle s'arrête alors lorsqu'il tend sa main pour que je la saisisse une fois dehors, je n'hésite pas à lier nos doigts.

Il fait froid à New York à cette période de l'année et je me demande comment Ariel fait pour ne pas être gelé avec sa petite veste, alors que je suis emmitouflé dans un manteau et camouflé par une énorme échappe. On ne discute pas alors j'estime que c'est un point de départ correct pour débuter une conversation tout à fait banale.

« Tu n'as pas froid ?

– Hein ? Oh non, non. Ça va. Pourquoi, tu as froid ? Tu veux rentrer ?, s'empresse-t-il de demander.

– Non. Mais t'as simplement une petite veste...

– Ça va. »

Un silence s'installe de nouveau et j'ai peur qu'on soit devenu des étrangers qui ne sont plus capable d'échanger trois mots sans que la conversation ne s'essouffle. J'ai peur de le perdre sur tellement de plan que je suis incapable de lui donner envie de rester.

« Tu vas me quitter ? », je demande sans être capable de retenir ma question.

Il s'arrête au milieu de l'allée pour se mettre en travers de mon chemin et me faire face.

I Swear I Lived Tome 3Where stories live. Discover now