Chapitre 20.

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Cela fait deux jours que je suis revenu à Rome. Au début, j'ai eu besoin de pleurer un bon coup. Surtout que le groupe n'a pas arrêté de m'envoyer des messages et m'appeler. Et ils continuent toujours d'ailleurs. Mais je ne pouvais pas leur répondre, il fallait que je rompe le contact pour notre bien.
Alors après avoir vidée toute ma tristesse, j'ai repris ma routine. J'ai l'habitude de perdre les gens que j'aime, alors à force, ça devient moins difficile.

Étonnamment, je ne suis pas suivis ou arrêtée. Peut-être que les photos n'ont pas si tournées que ça, et peut-être que personne n'a entendu beaucoup parler de cette interview. Ou tout simplement, je n'intéresse plus personne vu qu'on ne me voit plus avec eux.
En tout cas, tant mieux. Je ne l'aurais pas supporté sinon. Je suis pas de ce monde, je n'en ai pas l'habitude. Je n'aurais pas su comment réagir.

Je sors de l'université après mon cours de littérature italienne, et rebrousse le chemin pour rentrer chez moi. J'ai dû rattraper les deux jours que j'ai loupé en partant en Suède. Pour un premier voyage, je n'en garde pas de bon souvenir. Je crois que je suis destiné à rester en Italie. C'est là ou je me sens le mieux, et le plus en sécurité malgré tout.
Je sens des frissons s'emparer de moi, et un froid glacial me passer sur le corps. Je regarde autour de moi, et tombe sur une jeune fille en blouse d'hôpital. Je fronce les sourcils, et essaye de trouver vite une ruelle.

-Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?, je lui demande en me tournant vers elle, une fois à l'abri.

-J'ai besoin que vous contactiez mes parents s'il vous plaît, me répond-elle tristement.

-Je suis désolée mais ça va être compliqué, je lui dis avec une mine triste.

-Écoutez je vous demande juste d'au moins écrire une lettre en vous faisant passer pour une de mes amis, insiste-t-elle.

Elle est très maigre, et très blanche. En plus de ça, elle porte une blouse d'hôpital. Qu'est-ce qui a bien pu lui arriver ? Un cancer ? Trouble du comportement alimentaire ? Suicide ?

-Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?, je lui demande.

Elle baisse le regard, triste.

-J'étais anorexique, me répond-t-elle. J'étais complètement obsédé par mon apparence à cause des gens de l'école. Je n'étais jamais assez maigre à mon goût. Il fallait toujours que je maigrisse encore et encore, jusqu'à que je me fasse hospitaliser. Mais ils n'ont rien pu faire, ajoute-t-elle.

-Je suis vraiment désolée, quel âge tu as ?, je lui demande.

-J'ai 14 ans, me répond-t-elle me brisant le coeur.

À cette âge là, on ne devrait pas penser à tout ça. On devrait s'amuser avec ses amis et non penser à son physique, jusqu'à s'en tuer. Cette jeune fille n'a jamais connue le bonheur, et ça me fait beaucoup de peine.

-Tes parents s'en veulent beaucoup je suppose, je lui dis alors qu'une larme roule sur sa joue.

-Ils pensent que tout est de leur faute, qu'ils n'ont pas su s'occuper de moi, ne m'ont pas donné assez d'attention, m'explique-t-elle. Alors que pas du tout, ils ont toujours été parfait avec moi. J'aimerais juste leur expliquer et les rassurer, ajoute-t-elle.

Après tout, elle me demande seulement d'écrire une lettre en me faisant passer pour une amie. Je n'ai pas à leur parler directement, leur expliquer la situation et me faire passer pour une folle. Alors je pense que je peux bien faire ça pour elle. Elle mérite au moins de partir en paix après tout ce qu'elle a vécu.

-Je vais écrire ta lettre, il faudrait que tu me donnes l'adresse de tes parents, je lui dis alors qu'elle éclate en sanglot, heureuse.

J'attrape un papier, et un stylo, puis écris ce qu'elle me dicte. J'écrirais la lettre ce soir, et je la posterais demain matin. J'espère que ça permettra de soulager ces pauvres parents.

Fino alla morte. Where stories live. Discover now