l'effet papillon ♡ hyunin

23.

L'ultime scène du tournage a enfin lieu et j'avoue que je n'arrive toujours pas à le croire que la fin approche à si grands pas. On a travaillé comme des chiens durant des mois sur ce projet et nous y voilà enfin à l'aboutissement. Comme l'a dit Hyunjin, même si je ne lui ai pas spécifiquement répondu en retour la même chose, j'étais du même avis sur le fait qu'il allait me manquer en tant que partenaire de danse. Et coach tout par ailleurs car il faut avouer que tout ce que je sais et pratique aujourd'hui est entièrement dû grâce à lui. C'était dur par moment mais c'était une expérience plutôt amusante à effectuer et je sens qu'on sera loin d'être déçus. Du moins je l'espère. Je ne dis pas douter du talent de mes partenaires mais c'est plus du mien sur lequel je m'inquiète.

Alors que je réfléchissais à tout ça avant même que qui que ce soit ne prononce le mot « action », je reprends mes esprits une fois prononcé et me concentre sur les gestes que je dois opérer avec précision. Le clip fait comprendre que l'après-midi se passe au sein d'un parc et qu'Hyunjin passe celui-ci aux côtés de ses amis pendant que je cours dans le sens contraire pour faire mes exercices ou quelque chose du genre puis lui fonce dedans, de façon bien cliché. Et pour ne pas arrêter les stéréotypes, il me rattrape dans ses bras et croise mon regard en restant plongé dans ce dernier pendant quelques secondes et la vidéo s'achève de cette façon. Avec une telle fin, on pousse le public à imaginer une suite eux-mêmes et je trouve ça plus intéressant.

Je commence à m'élancer dans le but de reproduire la scène à la perfection et tout se passe comme prévu. Lorsque mon ami parvient à me ressaisir, nous jouons nos rôles correctement en mêlant nos regards profondément mais Hyunjin décide de modifier une partie du script sans m'avoir prévenu à l'avance et approche sa physionomie à la mienne, à la limite de toucher nos lèvres jusqu'à ce que Seungmin formule le mot « coupé ». La totalité de l'équipe s'enlace en se félicitant mutuellement mais je fis tellement scotché par cette événement inattendu que j'en suis resté bloqué contre la pelouse, ce qui a poussé Hannah à me rejoindre en sautillant, réaction que je ne comprenais guère pour le moment :

— Oh mon dieu ! s'écrie-t-elle en élevant les bras au ciel. Désolé, j'étais juste en train de m'imaginer ce que ça ferait si tout ça avait été réel.
— T'es insupportable, commenté-je en soupirant suivi d'un doux sourire.
— « Nia nia, je t'aime Hyunjin ! », tente-t-elle de me recopier* en touchant mes joues rosées.

Je vérifie en vitesse que Felix n'est pas présent et par chance, il ne l'est pas car s'il avait entendu ne stresse qu'une phrase de cette conversation, cela ne m'aurait porté malheur. Je n'arrive pas à croire que demain, je risque de revoir cette stupide professeur d'anglais qui me fait constamment les yeux doux. Peut-être que j'exagère mais il faut la voir à l'œuvre et j'avoue que lorsque je ne suis pas à ses côtés, ce n'est pas flagrant et on peut laisser croire que ce ne se sont que des préjugés mais une fois à ses côtés, c'est comme si tous les doutes s'effaçaient complètement.

Mais en attendant que cette journée ne démarre, je passe la soirée dans ma chambre étant donné que je ne suis plus apte à être entouré auprès de ma famille, comme si j'étais dans l'obligation de rester confiné dans une salle, ce qui était ridicule mais je redoutais ce genre de situation excessive après tout. Je me suis assoupi assez promptement suite à cette longue journée mais c'est vers trois heures du matin que quelqu'un prend la vive décision de me réveiller alors que j'étais dans le besoin de gagner du repos, chose qui m'entraîne alors à ronchonner :

— Tu voudrais pas faire une balade ? me demande ma mère comme si de rien n'était.
— Maintenant ?
— Oui maintenant !

Elle s'empare de mes mains et me lève pendant que je continue de broncher puis dépose une fine couverture sur le haut de mes épaules tout en se dirigeant dehors. J'ai pris le temps de mettre de rapides chaussures, n'étant pas dans la capacité d'e contenir plus de force pour mettre une paire complexe. J'étais encore un peu dans les choux mais je peux vous assurer que le froid qui soufflait contre le long de ma nuque n'a pas fait long feu pour me réveiller de manière brusque. Je commence à claquer des dents, toujours à la recherche de savoir la raison pour laquelle je me retrouve ici car ma mère a pris la décision de ne même pas intervenir :

— Ok, dis quelque chose ou je rentre à la maison.
— Jeongin, me stoppe-t-elle en s'appropriant mon poignet afin d'éviter toute fuite. J'essaye de trouver les mots justes et je les cherche depuis des semaines maintenant et il est temps que je t'avoue tout ce que j'ai sur le cœur. Je veux que tu saches dans un premier temps, qu'à un aucun moment je n'ai été déçu de toi. Je n'ai pas été dégoûté non plus, j'étais juste surprise je suppose parce que j'ai toujours vécu avec ces stéréotypes d'un papa et d'une maman qui élèvent leurs enfants ensemble, ce qui de nos jours n'est plus si courant et ce n'est en aucun cas quelque chose qui me dérange. Mais c'est vrai que quand tu as annoncé ces premiers mots, je ne m'y suis tout simplement pas attendu et en y réfléchissant, j'ai détesté le fait que tu aies besoin de « l'annoncer ». Je veux dire, c'est pas comme si t'avais tué quelqu'un ou quelque chose de grave et j'aurais vraiment préféré le découvrir d'une autre façon. J'aurais favorisé l'idée de te voir entrer à la maison avec un garçon et que tu me dises tout simplement que c'était ton copain. Mais ce dont je rêve par dessus tout c'est de pouvoir retourner dans le passé et ainsi réagir d'une autre façon lorsque tu l'a dit. Alors, je sais que la scène où tu le révèles à toute la famille autour de la table ne s'effacera jamais de nos mémoires, mais je veux que tu te souviennes de la scène où toi et moi avons fait une balade pour en parler. Maintenant, fais comme si tu annonçais pour la première fois que t'étais homosexuel.
— Maman, j'aime les hommes.
— Moi aussi trésor.

Je pouffe de rire ce qui la pousse à faire de même et vient embrasser mon front en caressant précautionneusement ma chevelure tout en laissant couler des larmes avec progression le long de nos vestes, nous protégeant (peu) du froid :

— C'est la façon dont j'aurais du réagir depuis le début. Maintenant j'aimerais t'expliquer la raison pour laquelle je ne t'ai pas parlé ces dernières semaines. J'étais tout simplement fâchée, pas contre toi mais particulièrement contre moi mais aussi contre le fait que je ne serais pas en mesure de te protéger quand l'occasion se présentera. Quand tu étais enfant et que quelqu'un se moquait d'une quelconque imperfection chez toi et qu'il en faisait la remarque, je leur répliquais, « Il sera toujours aussi plus parfait que vous ». Mais lorsque des gens seront ambigües avec le fait que tu aimes des hommes et que auras entretenu ta vie d'adulte, je ne serais plus là pour dire quoi que ce soit, ça me met en rogne parce que personne ne devrait avoir à subir ça.
— Si des rencontres au cours de ma vie sont en désaccord avec mon orientation sexuelle, j'arriverais à leur faire face. Je sais que c'est difficile pour toi de faire avec mais ça c'est un combat que je dois mener seul. Mais ça n'empêche que je te suis reconnaissant de m'avoir protégé étant petit. Et merci pour tout ce que tu m'as dit.
— J'espérerais pouvoir faire mieux mais je peux pas faire grand chose d'autre et tout ce que je veux c'est retrouver mon fils.
— Tu ne l'as jamais perdu.

Elle vient me prendre dans mes bras et éclate en sanglots tout en m'offrant un tas de baisers contre mon visage puis rabâche à quel point elle m'aimait. Nous sommes finalement retournés à l'intérieur et avant de rétrocéder instantanément de son côté, elle est venue me border comme un enfant de cinq ans puis m'a finalement souhaité une bonne nuit. Cette conversation avait été tellement riche en termes de nouvelles que je ressentais le besoin d'en parler, et la première personne qui me vint à l'esprit c'était Hyunjin. Je lui extorque un tas de vocaux lui expliquant la situation et une fois terminé, je constate que j'ai reçu un message de Felix, me disant : « Hey, j'aimerais te parler demain matin, j'espère que t'en auras le temps mais, si ça ne te dérange pas, j'aimerais qu'on se rejoigne plus tôt devant le lycée pour pouvoir en parler à tête reposée. », ce qui a le don de m'infliger une insomnie désormais.