36. Distance

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Alec

C'était beaucoup plus compliqué que prévu de me contenir. Je n'y parvenais pas. Et les mots de Killian ne faisaient qu'attiser ma rage.

Son explication était logique, son trouble s'appuyait sur la peur de l'abandon et s'il se sentait rejeté ou abandonné, il se détruisait via des schémas qui lui étaient propres. L'alcool, la drogue, le sexe. Ok, j'avais compris ça.

Alors devais-je conclure que tout était de ma faute ? Que mon départ avait été la source de son comportement ? J'étais parti et il n'avait pas supporté d'être laissé ainsi. Alors oui, c'était de ma faute. Et réaliser ce fait me fit péter un câble.

— Quatre mecs en une nuit, putain ! hurlai-je.

Le visage de Killian s'affaissa sous les traits de la honte, il blêmit radicalement, mais je n'arrivais plus à me retenir, j'avais besoin de libérer la colère.

— Ce n'était pas important pour moi, je n'ai pas conscientisé ce que je faisais, dit-il faiblement.

— Pas important pour toi ? Le fait que tu aies baisé quatre personnes différentes en une nuit est important pour moi ! À chaque fois qu'il y aura une dispute, un conflit entre nous tu vas tomber dans un schéma irrationnel où l'alcool et le sexe seront ta putain de solution !

— Non ! Je...

— Est-ce que je suis condamné à accepter la tromperie pour être avec toi ? le coupai-je en grondant.

— Non ! s'exclama-t-il, aux bords des larmes. Je veux... je vais changer.

C'était beaucoup trop difficile de le regarder dans les yeux alors je me tournai vers la fenêtre de mon salon, observant la ville s'étaler à perte de vue. Les petits points lumineux ressemblaient à des petites étoiles dans le ciel et d'habitude j'aimais bien cette vision, mais pas aujourd'hui, pas ce soir.

Ma respiration devenait dangereusement rapide et mes mains tremblaient.

— Je dois m'éloigner, décidai-je, les dents serrées avant de me diriger vers la sortie.

Je ne pris même pas la peine de revêtir une veste, j'avais besoin de m'échapper. Une fois dans la rue, l'air frais me fouetta le visage et remplit mes poumons avec bonheur. Mes jambes se mirent en mouvement, prenant une direction au hasard.

Près de vingt minutes plus tard, le hasard ne le fut plus du tout. J'avisai l'immeuble et les fenêtres basses où une faible lumière s'échappait. Sans réfléchir davantage, je sonnai et entrai dans le bâtiment. La jolie brune m'accueillit avec un sourire chaleureux et m'invita à pénétrer à l'intérieur tout en me proposant un café, que j'acceptais.

Très vite, je m'assis sur l'un des fauteuils bas et mon coeur affolé se calma peu à peu. Je ne parlais pas, écoutant simplement ceux qui étaient également venus ce soir-là et qui voulaient déverser leur angoisse.

Ces réunions étaient ouvertes vingt-quatre heures sur vingt-quatre et les gens qui les géraient se relayaient régulièrement. La jeune brune me retrouva à la fin de prise de parole et me poussa à parler, mais en privé. Son visage rond et ses yeux chocolat m'inspirèrent confiance alors je marmonnais du bout des lèvres mon conflit interne. Son oreille attentive fut appréciable et je me rendis compte que je manquais cruellement d'amis ici, sur Paris. À Malibu, j'avais Devon ou Elena. Ma soeur également. Ils auraient pu me conseiller sur ce qui se passait. Mais ils n'étaient pas là.

Deux semaines s'écoulèrent et je revenais chaque soir à la même heure pour retrouver cette fille et trouver des réponses. Me confier m'aidait chaque jour un peu plus alors que la distance entre Killian et moi se creusait.

Alter EgoWhere stories live. Discover now