Prologue

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Alec

Je fixai l'écran plasma, figé sur le mot « pause », et mon coeur s'emballa. J'attendais le retour de la personne la plus importante de ma vie pour avouer quelque chose qui me broyait de l'intérieur. Mais ma décision était prise, je n'avais pas le choix.

J'entendis du bruit dans la cuisine puis quelques minutes plus tard, mon meilleur ami revint dans sa chambre, dans laquelle nous étions installés pour un marathon jeux vidéo.

— J'ai ramené des bières, me révéla Killian avec un sourire espiègle.

Il jeta les paquets de chips sur le lit et me tendit ma bière en reprenant sa place à mes côtés. J'observai son visage aux traits fins, entouré de boucles blondes. De beaux cheveux qui fonçaient avec l'âge... je me souvenais d'avoir été hypnotisé par leur couleur blonde presque blanche lors de notre première rencontre, à nos huit ans. Sa maman disait toujours qu'il avait des cheveux endive, je trouvais ça pas très sympa de le comparer à un légume. J'aurais plutôt comparé Killian à un ange, bien que je n'oserais jamais dire une telle chose à voix haute. L'endive, c'était bien mieux pour le charrier. J'espérais secrètement que ses mèches ne fonceraient pas trop, j'aimais bien ce blond doré. Ça s'harmonisait bien avec ses yeux bleus, toujours pétillants de vie.
Sauf dans des moments particuliers où ils viraient au gris, comme pour exprimer une tristesse et un désespoir interne censuré. Parfois, mon ami avait des périodes sombres qui ne s'expliquaient pas, mais j'étais toujours là pour lui.

J'aimais chaque nuance de bleu qu'il pouvait afficher.

La manette à la main, il était sur le point de remettre le jeu vidéo en route et je sus que je devais parler maintenant avant de ne plus avoir le courage.

— Je vais m'engager dans l'armée, lâchai-je subitement.

Killian tourna brusquement la tête vers moi, les sourcils froncés. Je savais sans qu'il n'ait à parler qu'il ne comprenait pas ce que je disais, qu'il ne pourrait pas comprendre même si j'expliquais. En revanche, il ferait semblant, il me dirait que j'avais raison et qu'il comprenait. Il mentirait pour cacher sa peine et ménager la mienne.

Mais la vérité, nous la connaissions tous les deux parce que nous nous connaissions par coeur.

— C'est le seul moyen d'échapper aux projets de mon père, je refuse de travailler pour lui.

— Pourquoi tu déménages pas ? Tu pourrais partir ailleurs, faire des études qui te plaisent, dit-il faiblement.

— Mon père ne me laissera jamais partir.

Ma voix exprima toute mon angoisse en m'imaginant quitter le foyer de mon père. Il enverrait des gens à ma recherche, me trouverait fatalement et me ramènerait quoi qu'il arrive. Je ne savais pas exactement de quoi mon paternel était capable mais ses affaires étaient étranges et illégales, de cela j'étais sûr.

Mon père, Igor, d'origine russe, était le cliché ambulant du mafieux et il me considérait comme son héritier, quoi que cela veuille dire. Dès que j'aurais dix-huit ans, il me voudrait à ses côtés.

Je ne voulais pas de cette vie, je voulais fuir sans qu'il puisse m'atteindre et pour cela, seule l'armée était une solution envisageable. J'y serai à l'abri.

Mais l'armée... intervint Killian. C'est... tu es sûr ?

— J'en suis sûr. Il ne pourra pas m'atteindre et il finira par renoncer à moi, je serai libre.

— Tu n'exagères pas un peu ?

— Non, répondis-je, d'une voix lugubre.

Killian le savait, pourtant il ne pouvait le croire. Mon père ne m'aimait pas comme un père devrait aimer un fils, de façon inconditionnelle sans attentes ou arrière pensées. Igor voulait me former pour devenir comme lui, comme si j'étais un objet fait d'argile qu'il pouvait mouler selon ses propres besoins. Je n'étais rien de plus pour lui, simplement le moyen de perpétuer son nom de famille dans cette entreprise illégale qu'il avait créée.

Alter EgoTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang