32. Down

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Killian

Une semaine écoulée à me morfondre dans une chambre d'hôtel. À attendre un signe d'Alec, qu'il réponde à mon message, qu'il m'appelle. J'attendais depuis des jours qu'il me réconforte après le nouveau rejet de mon père, qu'il me soutienne et chasse les émotions négatives qui nourrissaient mon mal-être. Mais je n'avais eu que trois jours de silence.

Et mon esprit chuta. Alec n'avait même pas pris la peine de m'appeler une seule fois et je compris alors que son retour en France signifiait plus qu'une simple distance géographique, c'était la naissance d'une distance émotionnelle brutale également. C'était simplement fini. Il t'a abandonné.

— Et si on rentrait ?

La voix de Steve traversa le brouillard dans lequel je me trouvais, perdu entre alcool et pensées néfastes. Un mauvais mélange.

J'avais raconté toute la scène mélodramatique à Steve qui m'avait regardé avec cette tristesse dans les yeux. Je ne m'étais pas étalé sur la douleur que je ressentais, j'avais simplement énoncé les faits tout en ingurgitant des verres. Écoutant attentivement comme il savait le faire, mon ami n'avait pas cherché à me questionner ou analyser la situation. Il était formidable. J'aurais dû tomber amoureux de lui.

Un claquement sec attira mon attention et je vis un verre apparaître sur le comptoir devant moi. À présent que j'avais évacué toutes émotions négatives par la parole, j'étais prêt à les oublier. M'amuser et mettre de côté la merde. L'alcool coulait à flot dans mes veines après des heures dans ce club et la fête pouvait enfin commencer. La chute émotionnelle s'était enclenchée.

— Combien de litres de sang on a dans le corps ? demandai-je à Steve.

— Environ cinq litres, je crois, répondit-il. Pourquoi ?

— Alors c'est le nombre d'alcool que je dois boire.

— Je ne crois pas que ce soit possible.

— Bien sûr que si, je suis déterminé. Non, le vrai problème est de savoir combien de verres faut-il que je boive pour atteindre les cinq litres ? Dois-je commander directement des bouteilles ? Cinq bouteilles donc ! conclus-je.

— Je pense que tu as déjà suffisamment bu, Killian.

J'étais assez résistant face à l'alcool et ce soir je découvrirai mon seuil de tolérance. Je boirais jusqu'à tomber raide. Et je fis part de ce plan à Steve.

— Killian... soupira mon ami.

— Tu sais, j'ai un autre plan aussi. Baiser avec le plus de personnes en une nuit !

— Si tu bois cinq litres d'alcool, tu risques de ne jamais la lever.

Steve se gratta l'arrière de la tête, visiblement nerveux. Pourtant, ses paroles étaient drôles. J'éclatai de rire et Steve se contenta de me faire un sourire forcé. Il essayait de me laisser gérer tout en gardant un œil sur moi. Je savais bien qu'il ne me laisserait pas faire de telles choses, mais il restait discret pour me donner l'illusion que j'avais le contrôle. Tout d'un coup, j'étais agacé.

— Ok, commençons maintenant.

— Quoi ?

— J'ai dû boire un litre à tout casser, je t'assure que je peux bander.

Steve me regarda avec incrédulité.

— Arrête, tu ne peux pas faire ça.

— Bien sûr que si je peux, déclarai-je durement en me levant.

— Tu vas le regretter, demain, me dit-il en m'attrapant le bras pour me retenir.

J'observai Steve et lus plus que de la nervosité ou de la désapprobation. Là, je voyais bien qu'il avait peur. Peur de ce que je comptais faire et des conséquences. Il connaissait mon mécanisme de tout ou rien émotionnel. En ce moment, ce dernier me servait d'armure, je ne comptais pas m'en débarrasser. Je ne comptais pas non plus laisser les émotions m'atteindre, sauf la joie et le plaisir. La machine était lancée et rien ne l'arrêterait. Enfin si, peut-être que si je me jetais sous une voiture...

Alter EgoWhere stories live. Discover now