Chapitre 30 - Tara ♔ : Breath.

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« There is no love to live without the despair of living. »  

Je me pince les lèvres. Au petit matin, Dorian a tenu à me faire mes exercices respiratoires, encore. Retenir mon souffle en me pinçant les lèvres permets de mieux dégager les bronches des microbes lors de l'expiration mais aussi de les garder ouvertes. Maintenant, je prends conscience que je suis condamnée. Mes efforts ne me guérissent pas, ils me stabilise, et ça a toujours été le cas.

Je suis condamnée.

Cela fait déjà plusieurs heures qu'il me tanne sur mes exercices, mais il sait autant que moi qu'ils sont presque inutile. Seul son sang est capable de soulager temporairement l'infection. Je recommence à chuter. Mon moral est à zéro depuis mon réveil, mon corps fait le yo-yo. J'ai besoin de capituler. Voyant que ma motivation me lâche, Dorian arque un sourcil.

— Tu es certaine que tout va bien ?

— Non, soupiré-je. Ce qu'on fait ne sert toujours à rien.

— Tu es toujours aussi fataliste, remarque-t-il. Garde espoir un peu, même si tout cela ne mène à rien.

Il reste ensuite silencieux, comme s'il laissait son discours en suspens.

— Écoute, reprend-il en soupirant, ça fait déjà quelques jours que je sais que la fin est proche. Mais si je peux te faire gagner quelques heures de vie humaine, je ne crache pas dessus. Et pour tout t'avouer, je préfère que tu restes debout jusqu'à mon anniversaire. Ensuite tu me détestera de la même façon que lorsque tu as su pour toutes les personnes présentent au sous-sol.

Et je ne sais toujours pas pourquoi...

— Il doit te rester une semaine, à peu de choses près. Mon anniversaire est dans trois jours, reste humaine jusqu'à là.

Ses paroles sont tellement crues. J'ai du mal à les digérer tellement sa vision de mon cas est réaliste. Bien trop réaliste pour que je puisse fermer les yeux sur ça. Face à moi, il scrute mes réactions, mais que dois-je faire en entendant ça ? Sans crier gare, ses bras m'enserrent, sa fraîcheur me transperce toujours autant.

— Continue à faire fonctionner ton diaphragme, Tara. Ensuite je te laisserai rentrer chez toi pour tes traitements. Et ce soir on fera un tour dans le sous-sol.

Sans faire plus de commentaire, j'inspire l'air pur avec mon nez, les lèvres pincées. Lorsque mes côtes sont assez gorgées d'oxygène et mon diaphragme remonté, j'expire. Mon ventre se creuse, mon organisme se soulage un peu. Encore quelques heures de kinésithérapie, même si elles semblent peu utiles. Enterrés au sous-sol, Dorian me laisse enfin tranquille vers midi. Il tient néanmoins à me raccompagner chez moi.

Une fois arrivés, je sais que Max se trouve à l'intérieur. Exceptionnellement, il ne travaille pas aujourd'hui. Est-ce qu je vais me faire remonter les bretelles comme une enfant ou pas ? J'espère que la pilule est digérée, même si les deux jours passé dans le plus grand des calmes, les surprises, ça me connaît. Lorsque j'ouvre la porte, Max se trouve assis à l'une des chaises de la table du salon. Il lit un roman. Son visage se relève, bien moins tendu que toutes les autres fois où je rentrais les lendemains d'absences.

— Bonne année, dit-il finalement à l'égard de Dorian.

Il semble étrangement calme. Est-ce un piège ? Dorian lui répond de manière pourtant très fade. Il repart et ferme le battant derrière lui. Suite au claquement de la porte, je m'approche de la table à manger.

— Tu es malade ?

— Je ne suis résigné, Tara, dit-il en souriant.

Main sur son manuscrit, il m'accueille de son autre bras. Sa paume se pose dans mon dos.

Lamia : La Nuit Du Désespoir. {TERMINÉE}Where stories live. Discover now