Chapitre 08 - Tara ♔ : Un mois s'est écoulé, une vie s'est écroulée.

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🔞 Scène citronnée.

« Ce qu'on appelle la résignation n'est autre que le désespoir confirmé. »

24 Décembre 1990 - Glasgow.

Il fait chaud. Je crois que j'avais besoin de dormir. J'ai dormi toute une nuit, sans cauchemar, sans interruption, sans rien. Juste de la chaleur. Cela ne m'était pas arrivé depuis des mois, de fermer les yeux, de défier Héra et de dormir malgré ma folie. Près d'un mois est passé, depuis qu'il s'est ouvert à moi. Je n'aurais pas dû lui demander, c'était une grave erreur qui m'a couté une vie. J'arrive à survivre, tant bien que mal, que ce soit mentalement ou physiquement.

Difficile d'ouvrir les yeux après avoir passé une nuit pareille, une réelle nuit. Je n'en reviens toujours pas d'avoir su apaiser quelques heures mon esprit tant il est sur le point d'imploser ces derniers temps. Il y a deux jours, cela faisait six mois. Si mois qu'elle est morte. Six mois que tout mon entourage lutte pour me garder en vie. Comment ne pas être bouffé par la culpabilité ?
Les volets laissent passer de fins rayons lumineux dans la pièce. Sous la couette immaculée, dans les bras de Maxwell, je me trouve sur le dos, vêtue seulement d'un haut noir à cause du chauffage mis au maximum. Dire que je transpire est un euphémisme. Je suinte mon âme.

Max grogne à moitié, le visage plongé dans le coussin. Son œil droit est à découvert contrairement au reste de son faciès. Il s'ouvre et laisse apparaitre son iris émeraude. Son bras avait enroulé mon corps contre le sien. C'est cette chaleur, qui m'a guidé toute la nuit. Il gigote et souris avec innocence avant de coller son front contre ma tempe, me chatouillant avec ses cheveux rêches. Il m'offre un baiser, puis deux et trois, sans jamais arrêter de me couvrir d'amour. Son enveloppe corporelle se soulève légèrement jusqu'à s'installer au-dessus de moi. Original pour une journée de réveillon. Cela faisait longtemps que nous n'avions rien fait, que cette intimité avait disparu, parce que j'ai haï mon corps. Je le hais toujours, aujourd'hui mon mental bien plus que mon physique.

Il me parsème à nouveau de baiser, de ma joue gauche jusqu'à mon cou fin, ma clavicule. Sa main droite se glisse sous mon tee-shirt. Elle est congelée, à en faire frissonner tout mon corps sous son contact.

- Tu es d'accord ? me chuchote-t-il avec une certaine précaution.

Je me contente de hocher la tête de bas en haut, le sourire aux lèvres malgré ma vie dramatique. Il faut bien cela pour me faire oublier mon existence. Il n'y a que ça qui puisse le faire actuellement. Satisfait, il continue allégrement son exploration, rendant ma peau granuleuse, frappée par la chair de poule. Le téton gauche durci, il le pince, ne faisant qu'accroitre cette sensation de fraicheur sur ma chair. Sa bouche revient se déposer sur moi, parcourt chaque centimètre de mon corps de sa bouche étonnamment chaude. De son autre main, il soulève le tissu sombre me couvrant, me pousse à soulever mes omoplates et à retirer avec vivacité ce haut. Ses paumes embrasent immédiatement mes deux jours lorsqu'il m'assène délicieusement de baiser, me laissant respirer entre chacun d'eux.

Il descend à nouveau sur la naissance de ma poitrine, passe sa langue sur mon sternum, puis, s'amuse à dessiner sur les dunes que forment mes seins. Les yeux fermés, et donc, plongée dans le noir, je me concentre sur tous mes autres sens. Du fait de sentir sa langue humide et rugueuse sur moi au bruit de glissement qui s'effectue inconsciemment entre nos deux êtres. Sur mon bas ventre, il s'arrête, joue avec l'élastique de ma culotte avant de la faire rouler contre mes jambes. À son tour, il se dévêtit en seulement quelques secondes lorsque je rouvre les paupières avant de s'attarder de s'attarder sur mon entrejambe frileux.
Son muscle rose entre en contact avec mon intimité, danse de bas en haut et perturbe mon taux d'hormones. Durant quelques minutes, c'est l'euphorie totale, une vague de chaleur me submerge depuis tout à l'heure sans jamais cesser jusqu'à ce qu'il se redresse. Les yeux ouverts, je l'observe, dressé sur ses genoux, sur le point de se coucher au-dessus de mon corps. De sa main droite, il atteint la table de chevet se trouvant à ma gauche avant d'ouvrir le premier tiroir et d'en sortir un préservatif. Il revient en arrière dans un mouvement lent avant d'enfiler le bout de latex. Tout se passe très rapidement, et lorsque cela fait, je ressens cette pression que je n'avais pas senti depuis bien trop longtemps pour que je m'en souvienne. Ses bras viennent se poser de chaque coté de mon visage alors que le sien se loge dans mon cou.

Entre son souffle chaud et les vagues de son corps dans le mien me donne la chair de poule et m'extasie. Ses dents viennent attraper le peu de peau restant sur ma nuque. La douleur est moindre, et ne dure qu'une demi-seconde. Je ne sens plus mes jambes. Les sentir simplement trembler pendant plusieurs minutes me lance une douce chaleur dans mes membres, une sensation étrange de plénitude que je n'avais pas croisé depuis plusieurs mois. Il termine et se laisse presque tomber comme une loque avant de rouler sur sa gauche. Son avant-bras sous ma poitrine, son front se colle à ma tempe.

Un moment se passe à rester dans cette position après qu'il avoir pris soin de retirer le préservatif et de le nouer avant de le jeter. Trois médicaments dès le matin, un réel plaisir de me forcer à les prendre devant Maxwell afin de le rassurer.
Le midi, nous nous préoccupons de préparer le déjeuner, mais aussi une bonne partie du repas de ce soir. Une heure passée dans la cuisine, et le tour est joué malgré ma respiration qui me fait encore défaut. Tout en prenant mes traitements : enzymes pancréatiques, des inhalations pour diminuer les inflammations de mes poumons et de mes sinus ainsi que des vitamines. Je trouve cela toujours aussi contraignant et chronophage, surtout en ce moment, à jouer avec ma vie comme si elle était sans importance.

Vers dix-huit heures, les parents de Max arrivent, toujours aussi bien habillés. Christina et Phil sont merveilleux, Christina par sa bienveillance et son sourire amical, et Phil parce qu'il a recousu ma vie qui ne tenait plus que sur une corde. Le paternel de Maxwell nous dépasse très largement grâce à sa taille. Chris s'avance vers moi et me prend chaleureusement dans ses bras avant de me frictionner le dos. Son enthousiasme déferle sur mon corps et me donne aussitôt du baume au cœur. Ils avancent tous les deux vers le salon illuminé artificiellement par le lustre accroché au plafond avant de s'installer sur deux des chaises. Je les observe et sourit avec idiotie, consciente qu'un jour ou l'autre, je disparaitrais de leurs vies. Max est retourné dans la cuisine surveiller la cuisson du poulet rôti, de ses pommes de terre et de ses carottes.
Phil faisait partie des personnes qui n'étaient pas d'accord avec mon désir d'avoir un enfant. Il trouvait cela dangereux, et finalement il n'avait pas tort. Néanmoins, il a toujours fait attention à ne pas me brusquer et à me soutenir tout autant que Maxwell. Je les écoute discuter à table, devant leurs assiettes vides pour le moment, mais je ne dis rien. D'une oreille, j'entends également Max trifouiller dans le four, puis dans l'évier et enfin des placards. L'odeur de la viande se répand dans tout le rez-de-chaussée, embrumant toutes les pièces d'une légère fumée. Paradoxalement, elle m'aide à mieux respirer lorsqu'elle s'immisce dans mes fragiles poumons. Plantée là, au milieu de la salle, j'ai à peine le temps de penser à autre chose qu'un corps chaud vient se greffer à moi. Maxwell m'entoure de ses bras alors que mon regard se perd à travers la fenêtre laissant entrevoir l'ambiance nocturne déjà installée depuis une bonne heure.

- Va t'assoir plutôt que d'avoir mal aux jambes, me conseille-t-il simplement, le menton posé sur mon épaule droite.

Il me laisse y aller, je m'installe à gauche de Christina sur la table ronde et continue de les écouter jusqu'à ce qu'ils terminent leur discussion.

- Bon, quoi de nouveau, les jeunes ? nous demande son père alors que Max réapparait dans l'embrasure de la porte.

Voyant que Maxwell ne répond pas de suite, je décide de prendre la parole :

- J'ai commencé à me rendre dans un bar, il y a quelques temps. J'y ai rencontré le patron.

Cold Blood Club... Je comprends à présent. Pourquoi je ne m'en suis pas rendue compte plus tôt ? Le Club des Sang-Froid... C'était pourtant si évident. J'ai arrêté d'y aller, c'était trop pour moi. Trop gros pour que je puisse digérer la chose. Malgré tout, je n'ai qu'à leur dire que l'endroit est sympathique, j'aurai préféré qu'ils ne s'attardent pas sur ce sujet débile. Pourquoi j'ai parlé de ça ? C'est peut-être que je n'étais pas prête à ne plus y mettre les pieds.

Max rapporte le plat rempli d'un jus de cuisson brun avant de le poser sur le sous-plat et de commencer à le découper à l'état de notre énorme couteau de cuisine. Je suis l'objet des yeux jusqu'à ce qu'il ait terminé et qu'il serve chacune des assiettes installées sur la table dès cet après-midi. Je touche à peine à mes couverts que quelqu'un vient frapper à la porte d'entrée. Quelqu'un qui frappe vraiment très fort.

- Je vais ouvrir, dis-je calmement en posant ma fourchette près de mon assiette.

Je me redresse, le regard rivé vers les escaliers face à l'ouverture de la salle, puis, face à la porte Une fois le battant ouvert, j'ai comme un électrochoc, un détail qui me fige tout entière. D'un ton cinglant, la seule phrase qui arrive à franchir le seuil de mes lèvres est :

- Qu'est-ce que tu fous là, Dorian ?

Lamia : La Nuit Du Désespoir. {TERMINÉE}Where stories live. Discover now