Appel Inattendu

Depuis le début
                                    

-Je dois aller la rejoindre sur le champs. 

-Houla, attends deux minutes, tu ne peux pas me laisser seule comme ça, là. L'interpellai-je alors qu'il dévalait déjà les marches, prêt à partir. 

-Je ne peux quand même pas laisser cette... euh...

-Femme?

-C'est pas ce que je voulais dire, d'accord? Grogna-t-il. Je n'ai aucune idée de ses compétence en terme d'enquête, je n'ai pas envie qu'elle foute en l'air une piste, si tant est qu'on en ait bien une.

-Vale, vale, ne t'en fais pas, quelle que soit sa piste, elle ne va pas te la perde. Contacte la si ça te rassure, mais ne quitte pas ma compagnie. C'est certainement pas le moment de se relacher. 

Il me jeta un regard qui en disait long sur ce qu'il pensait de cette mission de garde du corps.

-Si ça peut te rassurer, ajoutai-je, nous allons avoir de la visite d'ici peu, et tu pourras aller gambader à la recherche d'indices sur le syndicat autant que tu voudras.

-Des visiteurs? De quel genre? Demanda-t-il, méfiant.

-Tes meilleurs amis, venus directement depuis Ar'henno nous rendre visite.

Il me regarda un moment avec un sourire amusé, attendant que je cesse ma petite blague pour lui annoncer la vraie identité de nos visiteurs. Mais, voyant que cela n'arrivait pas, son visage se décomposa peu à peu. 

-Tu déconnes là, Rosonn... je croyais qu'ils ne quittaient jamais leur foutu village?

-C'était aussi mon opinion. Pero, visiblement, Da-jee-ha a décidé de nous donner tort.

-Elle est donc là, elle aussi... soupira le Corse en s'adossant à la rambarde. Pas que sa vue me déplaise, mais disons que... je n'ai pas particulièrement envie de retomber entre leurs pattes après avoir foutu le camp de la cave où ils m'avaient enfermé. 

C'était compréhensible, mais le feu de joie que Santoni avait fait avec la marchandise confiée par l'Epaggelia aux habitants les avaient mis dans une position difficilement tenable, et il était encore difficile de dire ce qu'en seraient les conséquences. Ma fuite l'avait arrangé autant que moi, mais avec le retour des habitants d'Ar'henno sur la table, nos positions avaient changé sur le sujet.

-Attends toi à ce que je te facture comme jamais je ne t'avais facturé. Grogna-t-il en s'asseyant. 

-Je m'y attends sans la moindre peine. L'assurai-je. 

Alors que les lumières du jour avaient disparu depuis longtemps déjà, une sonnerie m'annonça l'arrivée de la délégation, et, en quelques instants, le grand appartement quasiment vide sembla plus plein qu'il ne l'avait jamais été - d'ailleurs, il ne l'avait jamais été depuis que j'avais commencé à le louer. Da-jee-he était en effet loin d'être venue seule, et tous les visages des guerriers qui l'accompagnaient m'étaient connus, bien que, comme toujours avec les suomen, leurs noms me soient difficile à retenir. Da-jee-ha semblait rayonnante au milieu de cette foule, mais également furieusement hors contexte, avec sa tunique brodée de symboles et ses pièces de cuir trempé, au milieu de ma cuisine flambant neuve et de mon salon aux canapés dernière mode. Elle n'hésita cependant pas un instant avant de me saisir dans ses bras, et je lui rendis son embrassade sans attendre. Elle jeta un coup d'oeil acéré à Santoni, assis au bar, qui lui répondit par un sourire gêné avant de se replonger dans son verre et de tenter de se faire petit. 

-Ami de toi s'être montré malin dans fuite de vous. Déclara-t-elle. 

-Le plan a été monté ensemble, mais il est celui qui a dut improviser vu mon... état, après la Mi'teerada.

SauvagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant