Chapitre 4

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Pdv de Safiétou

Deux semaines se sont écoulées depuis le décès de mon oncle. Je n'ai jamais pensé qu'il pouvait me manquer autant. Même s'il a été désagréable et même cruel avec moi, je l'aimais quand même et je ne m'en rends compte que maintenant. Qu'il repose en paix.

Son départ a empiré ma situation. Ma tante est devenue pire que le diable. Même si la religion lui exige d'être plus calme et pieuse pour le repos de l'âme de son défunt mari, elle ne rate aucune occasion pour me menacer de me jeter dehors avec son éternel regard foudroyant. Et si elle le faisait un jour, que vais-je devenir? Je ne connais personne. Les autres membres de ma famille m'ont rejetée comme une malpropre. Mon Dieu, je vous supplie de me soutenir dans toutes mes épreuves. C'en est trop en ce moment et je pense que je n'ai plus ma place dans cette maison.

Adama a déménagé. Apparemment, son père a décroché une très grande promotion et elle vie maintennat dans un des quartiers les plus huppés de Dakar. Cela me fait un peu peur parfois car elle est loin de moi maintenant. Elle aura d'autres amies riches, présentables et fréquentables. J'ai surtout peur qu'elle m'oublie. Avant de partir, elle m'a remise une somme de cinquante mille francs pour que je puisse satisfaire mes besoins en attendant qu'on se revoit. Elle était la seule personne avec qui je passais le plus clair de mon temps et ce, depuis des années. Elle est ma seule amie car, à cause de mes cousines et de ma tante, on ne m'apprécie pas tant que ça dans notre quartier. C'est comme si je suis un être inférieur à leurs yeux, une sorte d'être vivant répugnant... J'ai une belle vie non?

Sans vous mentir, des idées noires, pas très catholiques me traversent l'esprit parfois et j'aimerais bien les appliquer pour m'en sortit à tout jamais. Cest dur. Je ne souhaite ma vie à personne, très sincèrement.

Assise sur un petit banc en bois dans la cuisine, je mange tranquillement un sandwich que je me suis payée avec l'argent que mon amie m'a remise. Ces temps ci, la vie est très belle de mon côté car je mange bien. Y en a sûrement certains qui se disent "Mais c'est normal de manger". A tous ceux qui me lisent, je vous jure que pour moi, manger à ma faim est un luxe, un privilège, un cadeau du Ciel. Ce n'est pas quelque chose que j'ai tous les jours.

Coumba, ma cousine, me trouve dans la cuisine entrain de savourer ce moment. Après m'avoir longuement fixée avec mépris, elle fiasque sans que je ne lui accorde la moindre importance.

- Hé, m'apostrophe-t-elle comme à son habitude. Ma mère veut te parler.

Elle s'en va immédiatement suite à ces mots. Je me lève à mon tour, dépose le reste du sandwich sur une assiette, refais mon pagne puis me dirige vers la chambre de ma tante Wouly.

Toc-Toc-Toc

- Tu peux entrer, fait la voix de ma tante.

J'enlève mes sandales au pas de la porte, prends un grand coup d'air avant d'entrer. Mon cœur bat déjà la chamade car à chaque fois qu'elle m'appelle, c'est toujours pour m'insulter ou me reprocher des choses sans importances.

- Tu m'as appelée Tata? Je lui demande en me mettant devant elle.

- Oui, assieds-toi.

Je prends place par terre, sur le tapis taché de poudre de maquillage alors que je ne l'ai nettoyé que ce matin. Coumba est entrain de limer ses ongles, incorrectement assise sur une chaise et Soda est de l'autre côté du lit, entrain de s'épiler les sourcils.

- Safiétou, commence ma tante. Tu sais, c'est ton oncle Badara qui t'as amenée dans cette maison sans me consulter mais je n'ai rien dit. Il a fait tout pour toi, pour ton bien être comme si tu étais sa propre fille. Nous vivions tous grâce à sa maigre pension. Il n'est plus aujourd'hui et tu sais très bien que moi, je ne peux pas faire ce qu'il faisait pour toi.

Obligés De Se Marier (I)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant