Halloweek - La Légende d'Hallow

Chapitre 9 : La Divine Comédie

Ni le vent glacial, ni la pluie battante, ni même les étranges éclairs cataclysmiques ou le tonnerre grondant ne semblaient en mesure d'ajouter plus de tension que celle qui croissait entre la lapine et le démon-renard. L'air, rendu électrique par l'orage mystique qui se déchainait au-dessus de Silentwind, semblait crépiter tout autour d'eux, annonciateur d'une confrontation aux enjeux dramatiques. Oce ne lâchait pas Zieg du regard, et celui-ci semblait vouloir jauger le degré de sérieux qu'affichait celle qui se dressait devant lui, ultime obstacle le séparant encore de sa vengeance.

« Tu veux sérieusement m'affronter une nouvelle fois ? » siffla Zieg entre ses crocs, tout en laissant ses longues griffes jaillir de ses doigts crispés.

«Pourquoi pas ? Après tout, tu m'as bien trahi une nouvelle fois. » répondit Oce d'un ton sérieux, en haussant les épaules. « Tu connais les règles de ce petit jeu. »

« Je n'ai pas de temps à perdre avec tes états d'âme. J'ai d'autres chats à fouetter. Du genre très gros chat. Avec des ailes. »

Oce secoua la tête, ses oreilles ruisselantes d'eau de pluie.

« Je me moque de ce qui t'amène ici. » déclara-t-elle d'un ton sec. « Tu ne passeras pas sans mon aval, de toute manière. C'est ma ville. Les démons n'y sont pas les bienvenus. »

Reynart, resté en retrait jusqu'à présent, fit un pas hésitant vers son ancienne élève, espérant pouvoir la raisonner avec quelques paroles conciliatrices.

« Oce, il est vital que nous... »

« J'ai dit que les démons n'étaient pas les bienvenus. » le coupa farouchement Oce, le regard plein de fureur. « Cela vous concerne aussi, d'après ce que j'ai compris. Alors gardez votre langue perfide entre vos dents, si vous voulez encore pouvoir vous en servir, à l'avenir... Vous en aurez besoin pour justifier votre traîtrise auprès d'Aliya. Elle a versé trop de larmes à cause de vous. »

Confronté à ses fautes, sans pouvoir y rétorquer quoique ce soit, Reynart ne put que bafouiller quelques mots qui faisaient peu de sens, inclina la tête, et fit quelques pas en arrière, vaincu.

« Laisse-le. » ordonna Zieg d'un ton sombre, n'appréciant pas de voir son ami se faire ainsi malmener. « Il n'a fait qu'obéir à mes ordres. »

« De mieux en mieux ! » objecta la lapine en éructant un rire forcé. « Tu es donc à l'origine de toutes mes déceptions. »

« Ecoute, je... »

« Assez. » l'interrompit Oce avec force. « Bats-toi. »

« Je n'ai aucune envie de me battre contre toi... » soupira le renard avec lassitude.

« Tu te défendras peut-être pour sauver ta carcasse, dans ce cas. Tu ne sais faire que ça ! »

Le démon-renard entrouvrit les lèvres pour contre-argumenter une nouvelle fois, mais la lapine estimait en avoir bien assez dit. Tandis que le ciel s'illuminait une nouvelle fois sous l'éclat étrange d'un éclair intense, elle redressa son arbalète, n'hésitant pas à tirer à bout portant. Zieg perçut certainement le sérieux de son action et se déroba de justesse, son épaule écorchée par le carreau. Comme il se baissait pour se mettre hors de portée, Oce redressa son genou recouvert de plaques métallique et frappa sèchement le renard en plein museau.

Dans un couinement, Zieg fut projeté lourdement en arrière, retombant en travers du pont-levis trempé, pour y glisser pathétiquement sur plusieurs mètres, une giclée de sang noir jaillissant de son mufle.

« J'aurais pas voulu me le prendre, celui-là... » commenta Samael, qui observait l'affrontement avec un détachement des plus flegmatiques.

« Je parie deux volailles sur Oce... » répondit Thomas Cataro en lançant un petit coup d'œil à son acolyte démoniaque.