Halloweek - La Légende d'Hallow

Chapitre 6 : Le Maître et l'Entremetteur

Le vent brutal qui s'était levé de manière inexplicable rabattait violemment le sable du désert en direction d'Oce, Zieg et Luckyz, qui peinaient à lutter contre lui depuis près d'une heure déjà. Les pauvres mammifères n'avaient même pas concrètement mis un pas dans le Cœur d'Hallow que cette contrée aride et inhospitalière leur faisait déjà un accueil des plus chaleureux.

« Comment le vent a-t-il pu se lever si vite ? » questionna Oce en toussant légèrement, protégeant ses yeux du sable du mieux qu'elle pouvait en faisant barrage de ses pattes. « Ça n'a aucun sens ! »

« Cette tempête n'a rien de naturel... » expliqua Zieg. « C'est certainement l'œuvre de Michael, la Calamité dont je vous ai parlé ! »

« Tu le connais personnellement, celui-là, il semblerait ! » suggéra Luckyz, tout en remontant son écharpe bleue contre son museau, afin de se protéger du sable invasif.

« Il est de la Première Génération, tout comme Samael et moi... Des Sept Calamités originelles, il me semble bien qu'il ne reste que nous trois à ce jour... Puisque la poupée House a affirmé avoir éliminé Taugrin ! »

« S'il est capable de déchaîner des tempêtes de sable de cette ampleur, je suppose qu'il ne sera pas facile d'en venir à bout... » bredouilla Oce, les yeux plissés et la mine grimaçante d'inconfort.

Zieg ne répondit rien, se contentant de détourner le regard... Si le sable n'avait rien de particulièrement irritant à ses yeux, il n'était pas forcément enjoué à l'idée de participer à la mise à mort de l'un de ses frères directs. Cependant, Michael n'avait pas hésité à le trahir, six ans auparavant, tout comme chacune des sept autres Calamités encore en vie à l'époque. Il s'était montré clément vis-à-vis de Samael, son état psychologique instable jouant à sa faveur, et lui offrant une sorte de circonstance atténuante... Mais le petit fennec démoniaque du désert n'avait pas la moindre excuse, pour sa part. Et à la vue des conditions météorologiques qu'il leur imposait à présent, il n'avait visiblement rien perdu de son côté espiègle et enquiquineur.

« Hey, les amis ! » héla Luckyz en pointant la ligne d'horizon. « Ça existe les bonhommes de neige des sables ? »

Les deux autres scrutèrent en direction du point éloigné que leur indiquait le loup noir du doigt, et distinguèrent en effet la silhouette sombre d'un mammifère dodelinant, quasiment ensevelie sous le sable. Oce ne perdit pas un instant et se précipita en direction de la victime des intempéries, se laissant glisser à ses côtés le long d'une dune balayée par les vents. Ici, les rafales tempétueuses étaient encore plus violentes et agressives. La lapine avait l'impression d'étouffer à chaque fois qu'elle s'autorisait la moindre inspiration. Elle fut bientôt rejointe par ses deux compagnons de voyage. Zieg, qui semblait moins incommodé par les conditions environnantes, défit son écharpe et l'enroula autour du visage de la lapine, afin de la mettre à l'abri du vent et du sable.

« Voilà, on est quitte maintenant vis-à-vis de ce pari stupide. » grommela le renard en détournant les yeux.

Oce lui lança un regard de gratitude mais ne répondit rien, reportant son attention sur l'alpaga au pelage argenté qui gisait dans le sable afin de s'assurer qu'il était toujours en vie.

« Il respire. » précisa la lapine. « Et à la vue de sa tenue, on dirait l'un des Chasseurs du désert ! »

« On pourrait le laisser mourir ici, dans ce cas... » grommela Zieg d'un ton cynique. « Personne ne s'en rendrait compte. »

« Luckyz, viens m'aider à le sortir de là, s'il te plaît. » déclara la lapine, ignorant totalement la remarque fielleuse du renard.

Le loup noir acquiesça, faisant preuve d'un sérieux et d'une efficacité sans précédent, et il ne leur fallut pas bien longtemps avant d'extraire le chasseur de sa prison de sable.