Chapitre 7 : Le Docteur et la Souveraine

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Le démon Ramic redressa la tête, affinant son regard d'un bleu azuré pour mieux distinguer les intrus qui venaient de profaner les ruines de l'église dans laquelle il avait décidé de passer le reste de son existence immortelle, isolé des autres.

« Moi... ? Un démon majeur ? » lâcha-t-il à l'accusation qui venait d'être faite concernant sa personne. « Je ne suis rien de plus qu'un damné, qui désire vivre en paix... »

Les silhouettes sombres se découpèrent plus nettement dans l'atmosphère tamisée des lieux, vaguement éclairés par la lueur blafarde du jour glacial qui perçait les ténèbres depuis les nombreuses fissures et crevasses émaillant murs et plafonds. Le toit à demi effondré laissait tomber à l'intérieur quelques pâles flocons de neige, qui conféraient à la longue salle une ambiance des plus solennels. Ramic distingua bien vite l'apparence d'une lapine et d'un renard, et ses oreilles se redressèrent d'une traite, manifestant un bonheur incontrôlable.

« Vous deux ? Vous... Vous êtes revenus ? Vous êtes finalement... ensemble... ? » demanda-t-il d'une voix tremblante, tout en resserrant ses pattes sur les petites figurines duveteuse qu'il maintenait toujours serrées contre son torse. « Vous voyez ! Je n'ai jamais perdu espoir ! J'ai toujours cru en vous ! En la force de votre amour ! »

« Je crois surtout qu'il est complètement barré... » commenta la voix cynique du renard, qui avança de quelques pas, permettant à Ramic de mieux le distinguer.

Comprenant qu'il avait fait erreur sur la personne, les yeux du kangourou s'emplirent de larmes, et ses oreilles retombèrent pathétiquement contre son front.

« Oh... ! J'ai fait erreur... Une fois de plus les réjouissances se transforment en déception... Beuuh... Je suis maudit... » bredouilla Ramic d'une voix défaitiste. « Je ne les reverrai jamais... Je ne saurais jamais s'ils ont connu le bonheur qu'ils méritaient... »

« De qui parlez-vous ? » questionna Oce en avançant de quelques pas, permettant à Ramic de clairement la distinguer, elle aussi.

« Oh ! Ça n'a plus vraiment d'importance à présent... » expliqua Ramic d'un ton désespéré. « Juste une vieille histoire qui me hante toujours. »

Le démon-kangourou se traîna doucement vers l'autel de l'église, et sortit une bouilloire fumante de sous la stèle de pierre, avant d'inviter les nouveaux arrivants à approcher pour le rejoindre. Reynart, pour sa part, demeurait en retrait, affichant l'air sombre de la méfiance.

« Mais je néglige à tous mes devoirs d'hôtes... » bredouilla le Ramic d'un ton gêné. « Je n'ai pas grand-chose, si ce n'est un peu de thé bien chaud, et avec ce froid humide, cela vous fera du bien. Une bonne tasse réchauffe toujours les cœurs... »

« Ça tombe mal, me concernant. » ironisa Zieg en écartant son écharpe, révélant le trou béant qu'il arborait désormais en guise de cœur.

Ramic grimaça et secoua la tête, l'air un peu confus.

« Ouch ! Ça a dû faire mal... » lâcha-t-il d'une voix pleine d'empathie. « Pour ma part, je ne peux plus toucher de belles choses sans les corrompre, bien malgré moi... C'est la malédiction dont on m'a affublé lorsque j'ai été déchu, et contraint à cette forme démoniaque. Quand je pense que je ne souhaitais rien d'autre que le bonheur et l'amour de mes pairs... Mais dans ces contrées, ce n'est pas vraiment ainsi qu'on voit les choses... »

« Comment ça ? Vous avez été maudit ? » s'enquit Oce, visiblement intriguée.

« C'est une longue histoire, et passablement ennuyeuse si vous voulez mon avis. » admit Ramic. « Mais si vous avez un peu de temps à perdre en ma compagnie, je vous la conterai, si vous le souhaitez... »

Halloweek - La Légende d'HallowWhere stories live. Discover now