Chapitre 3 : La Renarde et la Poupée

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Vif comme une ombre, Luckyz retomba farouchement contre son adversaire, son épée enflammée prête à lui trancher la tête. Mais il ne s'attendait pas à ce que le Juge Arten soit tout aussi rapide que lui. Le démon se laissa glisser au sol, esquivant l'estoc enflammée, et dans une débandade répugnante de ses membres disloqués, il s'éloigna à toute vitesse à la manière d'une effroyable araignée. Ses griffes, devenues de véritables serres, s'enfoncèrent sans mal dans la pierre blanche composant le mur la propriété, et il grimpa ainsi à quelques mètres de hauteur, surplombant le balcon où demeuraient ses adversaires.

« Je ne pensais pas que les Chasseurs retrouveraient aussi vite ma trace. » feula le Juge d'une voix rauque et sombre.

« J'ai eu du flair sur ce coup-là... » répondit vaguement Luckyz en haussant les épaules. « Sans la confiance de miss Rydia, nous ne serions pas face à face aujourd'hui. »

« Je suis méticuleux. Je ne laisse aucune trace. » protesta le Juge démoniaque en fronçant les sourcils.

« Mais de riches notables qui disparaissent les uns après les autres, c'est tout de même suspect. » explicita le loup noir en faisant tournoyer avec assurance son épée enflammée. Dans le processus, il manqua de se brûler le museau, et poussa un petit cri surpris. Il secoua l'épée en l'éloignant de son visage. « Saleté ! »

Zieg, qui se remettait peu à peu de l'hypnose infligée par Arten, se plaqua une patte contre le front, avant de maugréer.

« On a absolument aucune chance... »

Le renard lança un regard en direction d'Oce, qui demeurait tétanisée au sol, les yeux figés de terreur, et la bouche entrouverte. Il ne s'agissait pas de l'effet hypnotique du juge... C'était un blocage de pur effroi. Zieg poussa un soupir décontenancé, avant de se redresser avec difficulté, attirant l'attention d'Arten sur lui.

« Reste à terre, chien. Tes jambes sont engourdies ! » lança le Juge depuis sa position prédominante.

Immédiatement, l'influence de l'hypnose se fit ressentir, et le démon renard retomba à genoux en grognant, les jambes flageolantes.

« C'est bien. Tu vois que tu sais obéir... »

« Bon sang... » maugréa Zieg. « Comment peut-il avoir autant d'influence sur moi... ? »

« Hep ! » héla Luckyz à l'attention du démon dont la bave ruisselait le long du mur. « T'es pas un peu idiot, maintenant que j'y pense ? »

« Ne te pose pas la question, tu ne sais pas penser. » l'interrompit Arten en ricanant.

« Je me demandais juste... Pourquoi des mammifères d'importance, de riches notables, des gens fortunés ? Tu aurais croqué du roturier, ce serait passé inaperçu... Mais il a fallu que tu tapes dans le caviar. Pourquoi ça ? »

Le juge Arten haussa un sourcil.

« Si la possibilité s'offrait à toi de manger un succulent homard plutôt qu'un pauvre quignon de pain rassis, tu ne crois pas que tu aurais pris la même décision ? »

« Hmmm... je n'aime pas les fruits de mer, alors... moi, tu sais... » répondit le chasseur, arborant une mine entre la réflexion et le dégout. « Sans parler de cette occasion en or de se faire un buffet à volonté de ce fameux pain... avec un peu de patte-à-tartiner, pourquoi pas ? »

« ASSEZ ! Tu es trop stupide pour tenir la moindre conversation. D'ailleurs, je n'ai aucune envie de bavasser avec toi ! »

« Tu devrais faire preuve d'honnêteté, Arten. » lança Zieg d'une voix affaiblie par l'effort qu'il devait déployer pour ne serait-ce qu'entrouvrir les lèvres. « Tu as dévoré ces âmes parce qu'elles étaient corrompues jusqu'à la moelle.

Halloweek - La Légende d'HallowWhere stories live. Discover now