Le Labyrinthe d'Harley

Chapitre 11

Je reste sans bouger pendant un moment, jusqu'à ce que Newt se réveille. Lorsque celui-ci remarqué que j'ai les yeux ouverts, il se précipite vers moi.

«Comment tu te sens Harley ?

- Bien... je crois.

- Tu nous as fait vachement peur.

- Je suis restée inconsciente longtemps ?

- Trois jours. Minho t'as ramené du labyrinthe, inconsciente. Il nous a dit que tu t'étais fais piquer par un Griffeur. On t'as amenée à l'infirmerie et on t'as administré le sérum. Tu hurlais, c'était horrible. J'avais déjà assisté à des Transformations mais là c'était violent. Tu nous as vraiment fait peur. Qu'est-ce qu'il t'as pris d'aller dans le labyrinthe ? T'es complètement dingue ou quoi ?!

- Sans doute, je murmure le regard dans le vague.

J'essaie de me redresser mais Newt m'en empêche.

- Qu'est-ce que tu fous encore, reste allongée. Repose toi.

- Je crois que je me suis assez reposé comme ça.

Je finis par m'asseoir. Newt soupir et capitule en se s'asseyant sur une chaise. Clint entre dansla pièce.

- Harley ! T'es réveillée !

- Ouai et elle est toujours aussi têtue. Bougonne Newt. Mais Harley, tu n'as pas répondu à ma question. Pourquoi tu es allée dans le labyrinthe.

- Pour vous montrer de quoi je suis capable.

- Et bien c'est réussi. Me réponds Newt.

- Tu as l'intention de me faire la morale ? Je réplique.

- Non, ce serait une perte de temps, tu es la personne la plus têtue que je connaisse... Tu m'as fait tellement flipper que je n'arrive pas à t'en vouloir.»

Newt continue de parler mais je ne l'écoute déjà plus. Mon esprit est encore hanté par mes souvenirs. Je ne sais plus quoi penser. Je ne supporterai pas de rester enfermée au milieu de ce labyrinthe, mais même si on sortait je ne saurais pas quoi faire. Je n'ai rien n'y personne qui m'attend.

Durant la journée beaucoup de personne défile dans ma chambre : Minho, Ben, Alby. Il prennent de mes nouvelles, me demandent comment je vais, ce que j'ai vu pendant ma Transformation, mais je ne veux pas en parler, je veux oublier ce que j'ai vu. Énoncer à haute voix mes souvenirs, ce serait les rendre trop réels. Newt, lui, reste presque toute la journée. Clint, quant à lui, passe régulièrement pour changer mon pansement. Une vilaine et profonde entaille me barre le flanc droit. Je garderais sans doute une cicatrice.

Je passe un deuxième jour à l'infirmerie. Pour me reposer d'après Clint, mais je me demande plutôt si ce n'est pas pour pouvoir me laisser un peu seule. Alby passe me voir en fin de soirée. Je suis convoquée par le conseil le lendemain pour avoir pénétrée dans le labyrinthe. Clint pense que je suis assez rétablit pour ça. Je m'en fiche, je risque d'être bannis, j'en ai conscience, mais ça ne me fait pas peur. J'ai l'impression d'être à des années lumière de ce qui se passe autour de moi, je suis comme détachée du monde, sous anesthésie.

Je n'ai pas réussir à dormir depuis mon réveille après la Transformation. Dès que je ferme les yeux, je revois ma mère franchir cette porte sans se retourner pour disparaître à jamais et mon père, hurlant, apparaître devant moi, les yeux injectés de sang.

Quand Newt vient me chercher, je suis déjà réveillée et prête à le suivre. Je me lève difficilement, mon flanc droit m'élance et m'empêche de me redresser complètement. Nous nous dirigeons vers la ferme. Tous les membres du conseil sont déjà présent. Je vais m'installer sur la chaise qui m'est réservée. Tous les regards sont tournés vers moi.

Le Conseil commence. Alby rappelle ce que j'ai fait et pourquoi nous somme tous là. Tout le monde donne son avis à tour de rôle, je les écoute à peine. J'ai tout juste conscience d'entendre Gally m'enfoncer et demander mon bannissement. Je ne réagis même pas. Tout ça n'a pas d'importance, plus rien n'a d'importance. La vérité c'est que, depuis que je suis ici, je me suis raccrochée aux rêves que je faisais la nuit, à ma mère, j'espérais la revoir en sortant du labyrinthe. Maintenant, je sais que c'est impossible. Alors peu importe ce qu'ils vont décider pour moi.

«Harley ? Harley !

Je prends seulement conscience que Alby m'appelle.

- Oui ?

- Est-ce que tu as quelque chose à ajouter ?

- Non.

C'est la vérité, et pas seulement parce que je n'ai pas fais attention à ce qu'il s'est passé.

- Dans ce cas, Harley... Tu passeras la journée de demain au gnouf.»

Je hoche la tête d'un air absent. Le Conseil finit, tout le monde retourne à son travail. Je regagne l'infirmerie.

Au petit matin, Newt vient à nouveau me chercher et me trouve encore une fois réveillée. Il me conduit jusqu'au gnouf. Je me souviens de mon premier jour où Newt m'avait souhaité de ne jamais y aller. Ça me paraît tellement loin, et pourtant c'était il y a seulement cinq mois.

Le gnouf est petit et sombre, la pièce est meublée en tout et pour tout d'une chaise. Le seul point de lumière provient d'une petite fenêtre à barreau. Je m'installe dos à un mur et fixe celui qui me fait face.

Je passe la journée ainsi, ne bougeant que lorsque Clint m'apporte mon repas à midi. Le soir venu, j'entends la porte se déverrouiller. Alby m'ouvre la porte. Je n'ai pas faim et vais directement me coucher.

Encore une fois, le sommeil ne veut pas de moi. Je me tourne et retourne en essayant de me faire le moins mal possible durant toute la nuit. Dès que le jour commence à se lever, je sors de ma couchette et me dirige vers la salle de bain.

Je referme la porte derrière moi et m'appuie sur le lavabo en faisant face à mon reflet. Je le regarde dans les yeux, mes yeux... ses yeux. En me regardant comme ça, je revois la petite fille, terrorisée d'entendre les cris de son père, en larmes de voir partir sa mère. Et je déteste cette petite fille, elle est faible.

 Alors je sors et me dirige vers la cabane à outils. J'y récupère une machette qui serre aux sarcleurs pour déraciner les arbres, et retourne dans la salle de bain. Je me regarde à nouveau dans la glace, les larmes aux yeux.D'une main tremblante, j'empoigne la machette, de l'autre mes cheveux. Je les coupe d'un geste net et regarde mes cheveux se répandre sur le sol. Désormais, je ne serais plus jamais cette petite fille effrayée.