Chap.6 : Fantômes

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J'ai sombré dans un sommeil peuplé de fantômes. J'y ai vu Miguel, lors de notre première rencontre, chez moi. C'était il y a trois ans. Je venais juste d'arriver chez Bravo & Associés et j'avais organisé une petite fête à la maison pour fêter l'évènement : mon premier CDI ! Au départ, ce devait être une petite soirée sans prétention. J'avais acheté quelques bouteilles de vin et de bières, des pizzas surgelées et installé un petit coin buffet dans le salon. J'avais prévu une dizaine d'invités, mais très vite, ça a dégénéré. Mes copines et potes étaient tous venus accompagnés et, vers minuit, mon petit T2 contenait difficilement les trente personnes qui dansaient en rythme sur le dernier tube de Katy Perry.

La voisine du dessous, une vieille chouette, était venue frapper à ma porte et avait menacé d'appeler les flics. Tout le monde s'était tû face aux cris de la mégère et, seul, Miguel était venu à ma rescousse. Il l'avait complètement embobinée avec son sourire de latino sûr de lui. Elle était repartie radoucie, nous autorisant encore une heure de bringue et, impressionnée, j'avais remercié Miguel très chaleureusement (j'étais saoule) en le serrant très fort dans mes bras. Je ne savais même pas qui c'était...il faisait partie de cette dizaine de personnes qui s'étaient invitées ce soir-là chez moi, sans que je les connaisse. Et c'est comme ça qu'on a commencé à se voir.

Contrairement aux autres types que j'avais connus, il m'avait rappelée dès le lendemain pour m'inviter à déjeuner. Un vrai gentleman. A l'époque, il portait les cheveux courts, affichait un visage parfaitement rasé et c'est en costume qu'il est arrivé au restaurant où nous nous étions donnés rendez-vous. Il bossait comme commercial dans la téléphonie mobile et ça se voyait. Tout le contraire du Miguel d'aujourd'hui : les cheveux mi-longs, la barbe qui masque le visage, les fringues d'un autre siècle. Quitter son boulot avait été une libération, disait-il, et ça aussi, ça se voyait.

Je me réveillai en sursaut d'un rêve où Miguel m'était apparu comme dans les premiers mois de notre histoire...aimant, attentif...et là, dans cette chambre d'hôpital, j'étais seule. Pourquoi était-il parti ? La pièce était restée faiblement éclairée par le néon. Je voyais qu'il faisait nuit, dehors, mais je n'avais aucune idée de l'heure qu'il pouvait être, ni du jour, d'ailleurs. J'ai réussi à tourner la tête vers la table de chevet. Mon portable, il fallait que j'arrive à attraper mon téléphone portable. Ma main gauche s'est levée de quelques centimètres avant de retomber mollement sur le drap. J'étais toujours immobilisée, mais je ne savais pas pourquoi.

J.F cherche bonheur, désespérémentWhere stories live. Discover now