Chap.1 : Des croissants pour Lala

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C'est quand tu retardes ton réveil de deux petites minutes, et que t'es contente, que tu sais que t'as touché le fond. On peut donc dire que j'ai touché le fond pendant un bon mois... Je vous explique.

En ce joli matin de printemps, il était 6h45 pile, et, comme tous les jours, j'ai appuyé avec délectation sur snooze, replongeant immédiatement dans un sommeil profond. Mais j'ai tellement ronflé que Miguel, mon mec, m'a donné un coup de pied. Entre-temps, j'avais réussi à faire un rêve. Oui, en moins de deux minutes. Je sais, je fais pitié.

Bref, dans mon rêve, ma BFF ( Note pour les plus de 30 ans : Best Friend Forever), la truculente Laura, alias Lala, m'ordonnait d'aller lui acheter des croissants. Ce qui, je dois l'avouer, m'est déjà arrivé dans la vraie vie : son énième mec l'ayant larguée, elle m'avait supplié d'aller lui chercher une boite de macarons de chez Ladurée. "Ya que ça pour me remonter, Alix, s'il-te-plaiiiiiit !". J'avais dû troquer en urgence mon pyjama en pilou pour un slim et un pull, faire 45 minutes de métro et me taper ses six étages à pied pour lui livrer en mains propres ses pâtisseries préférées. C'était ça ou elle menaçait de se foutre en l'air, quel que soit le sens qu'elle donne à cette expression.

Après ce qui m'a semblé une éternité à chercher des croissants pour Lala dans mon rêve et dans une ville visiblement dévastée par une horde de fashionistas en furie (montagnes de cintres jonchant le bitume, sacs plastiques blancs de chez H&M virevoltant aux branches des arbres, mannequins de cire démembrés sur les trottoirs), je me suis réveillée en sursaut : fin du rêve et surtout de mes deux petites minutes de sommeil supplémentaires. Le réveil sonnait pour de bon cette fois-ci, je ne pouvais vraiment plus me permettre de flemmarder.

J'aimerais dire que j'ai sauté de mon lit, en pleine forme, le pied alerte, le cheveu brillant, l'haleine fraîche. Mais, c'est le genre de trucs  qui ne m'arrivait plus vraiment. Car, un an auparavant, Marlène Brunn, la boss parmi les boss, m'avait convoquée dans son bureau pour me faire monter en grade. J'allais désormais me voir confier la gestion d'un gros, d'un très gros portefeuille de clients. 

- Vous êtes sûre que vous êtes prête pour ce challenge, Alix ? Il va falloir vous remonter les manches... fini les pauses café avec les collègues ou les déjeuners de deux heures. Ce que je vous confie là, me dit-elle en se penchant vers moi, par-dessus son bureau impeccablement rangé - une vraie psychorigide, rien qu'à ça, j'aurais dû m'en douter-  "c'est une mission de premier ordre. Bref, je mise sur vous, ne me décevez pas.

J'étais sortie de son bureau complètement euphorique. Mon coeur battait si fort que mes collègues auraient pu danser en rythme sur sa petite musique. Bim, bam. Bim, bam.Bim, bam. BIM, BAM.  

Je dansais presque en traversant l'open space du cabinet d'architecture pour lequel je travaillais depuis cinq ans. Mon sourire...n'en parlons même pas. Il était à l'image de la joie immense que j'éprouvais : enfin, on allait me donner ma chance. Youp, youpiiiiii ! Et ils allaient voir ce qu'ils allaient voir. 

Malheureusement, après ça, j'ai vécu un enfer.

J.F cherche bonheur, désespérémentWhere stories live. Discover now