Chapitre 39 : Rico

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J'ai repoussé Jonathan et j'ai vu dans ses yeux qu'il ne comprenait pas. Moi, non plus, d'ailleurs. Mais je n'avais plus rien à lui dire. Tout à coup, mon coeur et mon esprit n'étaient plus tournés que vers un point fixe, le seul, finalement, depuis que j'avais quitté mon travail, Miguel et Paris.

- Alix, ma petit Alix, qu'est-ce qu'il se passe ?

Jonathan avait posé sa main sur ma joue et me la caressait doucement, essayant de m'attirer à lui pour m'embrasser. La pression de sa main sur mon visage se fit plus forte et je finis par me dégager.

- Je crois que ce n'est pas une bonne idée, en fait...

- Quoi, mais enfin...je croyais...

Il avait l'air déçu. Mais ce n'était pas la déception de l'homme qu'on repousse alors qu'il vous aime. Plus celle du petit garçon à qui l'on refuse un énième jouet.

- Moi aussi, je croyais. Mais finalement...non.

Sa main se détacha mollement de ma joue. Ses yeux, si beaux, si clairs, s'écarquillèrent, comme s'il n'en revenait pas d'être rejeté. Il s'éloigna de moi pour aller prendre ses affaires, un short, une serviette de plage, une bouteille d'eau. Apparemment, il avait prévu d'aller se baigner, et sûrement avec moi. 

- Eh bien, Alix, je suppose que c'est la dernière fois que nous nous voyons, alors ...J'espère juste très sincèrement que tu trouveras ce que tu cherches. Le bonheur, un homme qui t'aime...Quelle ambition ! Je ne dis pas que j'aurais pu t'aimer, je n'oserai jamais m'avancer ainsi. Mais il y avait quelque chose chez toi qui me plaisait vraiment. Cette fragilité...Cette quête du bonheur parfait que tu sembles avoir entamée.

Il se dirigea vers la porte d'entrée. Je le raccompagnai en silence, les larmes aux yeux, parce que ça fait toujours mal de laisser filer un beau mec comme ça. Et puis, surtout, je suis du genre à pleurer pour rien. Devant les infos du jt ou même devant la bande-annonce d'un film qui s'annonce poignant, hop, les larmes aux yeux. Alors, là, dire adieu au plus beau mec qui ait jamais voulu m'embrasser, forcément, j'en avais la gorge serrée.

- Et puis laisse-moi te dire, avant de partir, que tout le monde cherche le bonheur, à sa façon. Tu n'es pas unique, ni exceptionnelle, comme tu le crois. Moi, le bonheur, je l'ai touché du doigt, une fois, mais, finalement, ça n'a pas marché. 

Ses yeux s'étaient assombris, le ton de sa voix était monté d'un cran.

-Alors si tu peux le trouver sans moi, bonne chance !

Il claqua la porte derrière lui. Je m'adossai contre le mur, à bout de souffle, en larmes. Il ne s'était rien passé entre nous, mais la rupture avait été violente, blessante. Je ne l'en aurais jamais cru capable, mais il s'était servi de ce que je lui avait confié à l'hôpital en tant que patiente pour me faire du mal. Pour me remettre en question. Je m'assis par terre.

- Eh, ça va ? 

Je levai les yeux. A travers mes larmes, je vis la silhouette de Rico se détacher dans l'encadrement de la porte du salon. Il s'approcha doucement de moi, s'assit par terre à côté de moi et me prit dans ses bras.

C'était si inattendu, si tendre et si gentil de sa part, que mes larmes, au lieu de s'arrêter de couler, redoublèrent. Je ne pouvais plus m'arrêter. 

- Je ne sais plus où j'en suis...je suis complètement paumée en fait !

- Je sais, je sais...

Sa voix était douce et apaisante. Il se dégageait de lui une odeur chaude et boisée, que je n'avais jamais remarquée. Je posai ma tête sur son épaule et fermai les yeux.

- Oh Rico, peut-être que je t'ai mal jugé, je ne te voyais pas, je suis tellement désolée !

Je levai les yeux vers lui et à travers mes propres larmes, j'aperçus les siennes.

-Viens là, me dit-il

Et il m'embrassa.

J.F cherche bonheur, désespérémentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant