Chap.44 : Gossip Girl

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Contre toute attente, j'ai très rapidement obtenu un rendez-vous avec mon ancienne boss. Pour le préparer, j'avais passé des heures à peaufiner mon discours, qui, j'en étais persuadée, allait lui clouer le bec une fois pour toutes. En fait, je n'agissais pas seulement pour moi, mais pour toutes les futures jeunes Alix, pleines de vie et de bonne volonté, qu'elle aller vider de leurs forces, comme elle l'avait fait avec moi.

Assise en tailleur sur mon canapé, j'ai passé une soirée entière à taper ce fameux discours sur mon ordinateur : j'avais tellement de choses à lui reprocher... A commencer par ses méchancetés concernant mon surpoids et mon manque d'enthousiasme au travail. En fond, Gossip Girl passait à la télé, et les humeurs lycéennes des héroïnes de la série m'inspiraient des phrases assassines.

J'ai fini par me coucher l'esprit en paix et le ventre rempli de galettes bretonnes dont je m'étais gavée toute la soirée.

Le surlendemain, j'ai enfilé une robe noire, élégante et discrète, des ballerines camel et un blazer et, sans savoir vraiment pourquoi, peut-être par réflexe, j'ai emporté ma sacoche de travail et mon ordinateur. On aurait dit que je partais travailler !

En arrivant au bureau où j'avais vécu, je m'en suis rendue compte à ce moment-là, de beaux moments professionnels (comme la signature du contrat avec la Ville de Paris pour la Maison des Cultures ), je me suis mise à trembler comme une feuille. J'étais terrorisée à l'idée de me retrouver dans le même endroit que celle qui m'avait envoyée à l'hôpital. Mais il était évidemment trop tard pour reculer et quand je l'ai entendue m'appeler par mon prénom pour m'inviter à entrer dans son bureau, j'ai su que j'allais être incapable de lui réciter mon petit discours dont j'étais si fière.


- Alix, quelle bonne surprise, qu'est-ce qui t'amène parmi nous ? Tu vas mieux j'espère ? Tu veux un café ? Oui ? Attends, je te le fais préparer par Charlotte...Chaaaaaarlotte, un café pour Alix !


Ma copine Charlotte pointa le bout de son nez dans le bureau et fit les gros yeux en m'apercevant. J'ai baissé les yeux, j'avais honte.


- Alors ça ! Corinne m'avait dit qu'elle t'avait vu trainer dans le coin mais je lui ai juré que si tu étais là, tu serais venue me voir ! Mais pourquoi t'as pas donné de nouvelles ? Je me suis inquiétée moi et...


-Charlotte, je suis consciente que vous avez plein de choses à vous raconter toutes les deux mais vous le ferez ailleurs que dans mon bureau, allez, les deux cafés s'il-vous plait !


Charlotte a levé les yeux au ciel puis m'a jeté un regard qui signifiait "tu vois, rien n'a changé". Elle est sortie du bureau en claquant la porte, ce qui a fait sursauter Marlène.


Elle avait changé, Marlène. Elle avait toujours ce regard dur, mais ses traits s'étaient arrondis. Sa bouche, que j'avais toujours trouvé fine et sévère, s'ourlait d'un soupçon de gloss. Ses joues, d'habitudes si ternes (elle fumait comme un pompier) s'ornaient d'un joli rose. A y regarder de plus près, même sa tenue et sa façon de se mouvoir étaient différentes. Et elle semblait avec moi plus ...maternelle, même si ce mot m'écorche la bouche en parlant d'elle.


-Alors Alix, quelles sont les nouvelles ? Bonnes, j'espère ? Tu vas mieux ?


J'ai pris une grande respiration et j'ai tout déballé.



J.F cherche bonheur, désespérémentWhere stories live. Discover now