Chap.4 : Dans la pénombre

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Ma main retomba comme une chiffe molle sur le bureau, dont le bois et ses aspérités m'hypnotisèrent pendant quelques secondes. Il restait des miettes de mon déjeuner de la veille, un jambon-beurre-emmental qui allait à l'encontre de toutes les règles diététiques que je m'imposais. D'ailleurs, en me voyant l'engloutir, Marlène Brunn, ma chef, m'avait lancée un regard désapprobateur. Alors que nous nous apprêtions à recevoir des clients importants, quelques semaines auparavant, la grande gigue m'avait fait quelques remarques plutôt désagréables sur mon look et, a fortiori, sur mon poids.

- A l'avenir, mieux vaut ne plus venir avec ce genre de pantalon, Alix. Vraiment, ça vous boudine. Et puis, tous ces petits bourrelets... comment arrivez-vous à vous supporter ? 

Je n'avais rien dit. J'étais tellement stressée par la présentation que je devais faire un quart d'heure plus tard, que ses paroles avaient glissé sur moi. Pour mieux me rattraper une fois que j'étais rentrée chez moi. Depuis, j'essayais de suivre un régime alimentaire strict : galettes de riz au petit déjeuner, salade à midi, soupe le soir. Sauf hier, où, épuisée par mes dossiers en retard, j'ai pointé mon sandwich préféré du doigt à la boulangère qui prenait ma commande.

Il fallait que je me mette au travail, mais je n'arrivais bizarrement plus à décoller mes mainsdu bureau. Et je ne parvenais pas non plus à bouger la tête, qui restait bloquée, contre ma volonté, les yeux tournés vers le bas et le regard fasciné par toutes ces miettes de pain. J'ai entendu des voix, lointaines. J'ai encore essayé de relever le visage. Et enfin, j'ai réussi. Mais je n'étais plus assise à mon bureau.

J'ai mis quelques secondes à réaliser que la pénombre qui m'entourait était celle d'une chambre  d'hopital, éclairée faiblement par un néon allumé au-dessus de ma tête.

J.F cherche bonheur, désespérémentWhere stories live. Discover now