Chap. 21 : Ce mec-là

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Là, debout, grelottante, le corps encore moite et glacé, je me suis jetée sur mon lit, le téléphone à la main. Sans faire attention à ce que je salissais, je me suis glissée sous les draps, telle quelle, avec une question en tête : qu'est-ce que j'allais bien pouvoir répondre au texto de Jonathan ? J'avoue que j'avais été surprise de son message. Après tout, il avait été mon médecin - et quel médecin ! - pendant un bon mois et nous avions tissé des relations que j'aurais qualifiées de presque amicales.

"Presque" car, alors que j'étais immobilisée dans cette chambre triste et froide, tétanisée par un burn-out fulgurant, il avait été bien plus qu'un ami. Car comment qualifie-t-on quelqu'un qui veille sur vous jour et nuit, prête une oreille attentive à vos pensées les plus secrètes et vous révèle à vous-même, vous faisant  renaître après un black-out complet durant lequel plus rien n'avait d'importance ? 

C'est dans cet état d'esprit que je tentais de trouver une formulation assez chaleureuse pour montrer mon enthousiasme mais assez distanciée pour le tempérer un peu.  Les draps collaient à ma peau humide et commençaient à la sécher. Elle tirait maintenant, à cause du sel de l'eau de mer, et de mon lit s''échappait une douce odeur de drap de plage, fraîche et iodée.

On frappa. La tête de Rico s'était glissée à travers l'entrabaillement de la porte.

- Eu hum ...Ta grand-mère te demande. 

Il se racla la gorge, avant de mettre un pied dans la chambre et de continuer :

- Avec des amis, hum, on organise ce soir un barbecue chez un pote, et euh, je me demandais, si tu ne fais rien...si tu voulais venir ? 

Il avait eu le temps de prendre sa douche et de se changer. Il portait une toute autre tenue, sûrement motivée par le changement brutal de température qui s'était abattu sur la ville. En survet' ample et baskets, il faisait plus mature, plus sérieux.

- Euh oui, pourquoi pas ? Eh, tant que t'es là, tu veux pas m'aider ? Approche ! Regarde", dis-je en lui montrant le texto de Jonathan, "ce type m'invite à passer lui faire une visite dans les prochains jours. J'ai envie de lui répondre oui mais je ne voudrais pas en faire trop. Genre pour pas avoir l'air trop interessée. Je suis trop nulle pour ça, t'as pas une idée, toi ?

-Fais voir...mmmm...et tu lui veux quoi à ce type ? Il te plait, c'est ça ?

- Je sais pas...Enfin, peut-être... 

- Ouais bon, on va pas dire que je suis un expert en la matière, mais moi je dirai simplement, attends passe moi ton téléphone..mmm...voilà, j'écris  "ok, avec grand plaisir", avec cinq, six, sept, huit points d'exclamation !

- C'est cash, quand même !

- Ben oui, mais en même temps, c'est ce que tu veux dire, non ?

- Oui, c'est vrai.

- Alors, c'est bon, je l'envoie.

- Non, attends !

- Ah trop tard, désolé !

- Non, mais tu rigoles ? C'était vraiment trop cash ! Il va croire que j'attendais que ça !

- C'est pas le cas ? C'est qui alors ce mec ? Raconte.

J'ai réfléchi quelques secondes avant de lâcher: 

- C'est peut-être le mec de mes rêves.

J.F cherche bonheur, désespérémentWhere stories live. Discover now