My Breeze of Hope

Chapitre 36 - Selena

— Selena, viens m'aider à râper les carottes pour la salade, s'il te plaît !

— J'arrive tout de suite.

Quittant mon poste d'observation près de la fenêtre de l'entrée, je rejoins ma mère à la cuisine. James doit arriver chez nous sous peu pour le repas dominical, et j'étais en train de l'attendre. Je ne sais pas trop si j'ai hâte qu'il soit là – parce que mon monde s'illumine toujours lorsqu'il est à mes côtés – ou si l'appréhension prend le dessus. Ce sont mes parents qui ont insisté pour le rencontrer, mais moi, cette perspective ne me met pas très à l'aise. J'ai peur qu'ils ne lui fassent pas un aussi bon accueil qu'ils le devraient : lorsqu'ils ont compris que j'ai un petit ami, leur première réaction n'a pas été l'enthousiasme, mais la méfiance. Je sais qu'ils sont encore nostalgiques de Bastian, même après tout ce temps : que James ne soit pas lui est déjà un handicap à leurs yeux.

J'aurais voulu leur assurer qu'il est celui dont je rêvais, que leur réserve était mal placée. Mais j'ai gardé le silence, comme d'habitude. Argumenter n'en valait pas la peine : ils ont leur idée, et je n'aurais pas été en mesure de la faire changer. Alors advienne que pourra tout à l'heure. James est naturellement charmant : cela devrait suffire à ce qu'ils l'apprécient.

Mon poignet me fait mal à force de râper les carottes lorsque la sonnette retentit. Un sourire incontrôlable étire mes lèvres, mais avec des épluchures orange collées aux doigts, je ne peux pas vraiment me précipiter dans l'entrée afin d'aller ouvrir. C'est ma mère qui pose la vinaigrette qu'elle était en train de mélanger pour s'en charger. Le cœur battant, j'ignore la douleur dans mon bras pour accélérer la cadence, histoire de me débarrasser de ma tâche au plus vite.

— Bonjour, madame Myers, j'entends, reconnaissant la voix si solaire de mon petit ami.

— Bonjour ! Tu dois être James. Entre donc.

Elle s'écarte pour le laisser passer. Un instant de plus, et il entre dans mon champ de vision. Nos regards se croisent ; je me sens plus légère.

— Salut, je lui lance en soulevant ma râpe avec moue désolée pour qu'il comprenne pourquoi je n'accours pas vers lui.

— Salut, me répond-il, les yeux pétillants, en amorçant un pas dans ma direction.

Il a un bouquet à la main ; mon cœur s'emballe en reconnaissant des violettes. J'ai envie de me précipiter vers lui pour le remercier d'un baiser. Je ne sais pas comment mes parents réagiront si la première chose que nous faisons en nous retrouvant devant eux est de nous embrasser, mais à cet instant, je n'ai pas envie de m'en préoccuper. Même si nous nous sommes vus hier, ses lèvres contre les miennes me manquent déjà. J'anticipe déjà de retrouver leur chaleur ; cependant, le mouvement de James est interrompu par mon père, qui a surgi dans l'entrée depuis le couloir.

— Bonjour, jeune homme. Bienvenue chez nous.

— Bonjour, monsieur Myers. C'est un plaisir de vous rencontrer.

— Le repas sera bientôt prêt, Selena et mon épouse sont en train de mettre la dernière main à la pâte. En attendant, que dirais-tu que nous discutions un peu tous les deux au salon ?

— Eh bien...

James cherche mon regard, hésitant. Il préférerait me rejoindre en cuisine, je le sens. Cependant, il n'aura qu'une seule occasion de faire la meilleure impression possible à mes parents : il faut qu'il la saisisse. D'un discret mouvement de tête, je l'encourage à suivre mon père. J'en aurai fini avec cette salade bien assez tôt, ce n'est l'affaire que de quelques minutes. D'ici là, s'il peut en profiter pour marquer quelques points, c'est tant mieux.