Chapitre 35 - Selena

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Nous avons beau être le 18 juin, maintenant que la nuit est tombée, la température s'est rafraîchie en même temps que la pénombre recouvrait le monde. Cependant, lorsque je sors du restaurant au bord du lac la main dans celle de James, j'ai l'impression qu'une douce chaleur s'est immiscée dans mes veines et ne peut en être chassée. Je me sens comme une princesse après cette soirée que je n'aurais jamais osé espérer aussi parfaite. La terrasse au bord de l'eau était d'un romantisme fou, j'ai mangé un magret de canard incroyablement fondant suivi d'une pavlova aux fruits dont j'ai encore la saveur exquise dans la bouche, et surtout, pendant les deux heures qui viennent de s'écouler, j'ai pu profiter de l'homme que j'aime assis en face de moi, aussi charmant et attentionné qu'à son habitude. Avec Bastian, j'avais appris à limiter mes attentes par rapport à ce que je voyais dans les films, mon ex se moquant ouvertement de ceux qui « avaient la naïveté de croire à ce genre de choses ». Là, je savoure de constater une fois de plus que la vie peut être à la hauteur des rêves...

J'avais dit à James qu'il n'avait pas besoin de m'offrir quoi que ce soit d'extravagant pour mon anniversaire, que passer la soirée avec lui suffirait à me combler. Son cadeau m'a prouvé une fois de plus à quel point il sait me comprendre, deviner ce qui me fera le plus plaisir. Non, il n'a pas dépensé aveuglément pour m'offrir quelque chose de tapageur ; mais il a pris le temps de fouiller sur Internet pour me commander plusieurs lots de papier à origami de qualité supérieure tout droit en provenance du Japon – et d'après ce qu'il m'a raconté avec humour, même avec l'aide de Google Translate, se dépêtrer avec les sites asiatiques n'a pas été une mince affaire. Rien qu'à effleurer les feuilles de soie, si douces, j'ai anticipé le plaisir que j'aurai à les plier ; et je penserai à mon petit ami chaque fois que j'en utiliserai une – même si, pour être parfaitement honnête, en ce moment, rares sont les moments où je ne pense pas à lui de toute façon.

Je ne suis pas parfaitement stable sur mes jambes alors que nous nous engageons sur le parking : la faute à mes talons un peu plus hauts que ceux que je porte d'ordinaire, mais aussi aux bulles du champagne dont nous avons pris une coupe en entrée, et qui me sont montées à la tête. C'est agréable, toutefois. Je ne suis pas soûle, pas vraiment, mais juste assez transportée pour que la réalité devienne doucement cotonneuse, comme un nuage qui me porterait. Et puis, je sais que James est à mon côté pour me rattraper si je vacille. Je prends conscience de la confiance que j'en suis venue à lui porter, semaine après semaine de notre relation : quoi qu'il arrive, il est là pour moi. Face à Bastian, je me serais sentie angoissée d'être si vulnérable en sa présence : il en aurait profité, c'est certain. James, lui, ne le fera jamais, dans aucune circonstance.

— Alors, est-ce que tu as apprécié ta soirée d'anniversaire ? s'enquiert-il alors que nous nous engageons sur le parking, en direction de sa voiture.

— Tu en doutais ? je lui renvoie.

— Eh, on ne sait jamais ! Peut-être que tu trouves que les restaurants, c'est ringard, ou que tu as une détestation pour les lacs dont tu ne m'as pas encore parlé.

— Alors qu'on va se promener à celui de Westside au moins une fois par semaine ?

— Il vaut mieux être trop prudent que pas assez.

Je lève les yeux au ciel, amusée, avant de serrer un peu plus fort son bras en lui assurant :

— Je t'accorde ton diplôme de petit ami idéal. Avec les félicitations du jury.

— Parfait.

— Mais l'examinatrice te conseille de continuer à pratiquer, parce qu'elle compte bien te convoquer à de nombreux autres partiels au cours du prochain semestre.

My Breeze of HopeWhere stories live. Discover now