Chapitre 27 - James

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La fin de ce chapitre a été difficile à écrire ; elle peut également être difficile à lire. Prenez soin de vous et ne vous lancez qu'à un moment où vous sentez que c'est OK pour vous émotionnellement. Si besoin, n'hésitez pas à me contacter en privé pour plus de détails.

***

Mes parents habitent à Bethel, la ville voisine de Danbury ; j'aurais très bien pu continuer de loger chez eux pour la durée de mes études. Si j'ai choisi de prendre une chambre sur le campus, c'est uniquement parce que je voulais prendre mon indépendance, et vivre mon expérience de ces années-là à fond – surtout que la perspective de me mettre en colocation avec Caliban était plus qu'enthousiasmante. Nous avons pu nous le permettre parce que mon père gagne très bien sa vie, et aussi parce qu'étant donné que je suis fils unique, je suis le seul pour qui ma mère et lui ont dû mettre de l'argent de côté. Pour autant, même si je l'ai quittée à la rentrée dernière, j'aime beaucoup la maison de mon enfance, que j'ai emplie de bons souvenirs année après année – j'y retourne d'ailleurs régulièrement le week-end. Aujourd'hui, la perspective de la faire découvrir à Selena me réjouit.

Je la trouve bien silencieuse alors que nous remontons ma rue dans ma voiture. Je suppose qu'elle est intimidée, même si elle n'a pas à l'être : nous ne serons que tous les deux, il n'y a aucune chance que mes parents se pointent par surprise étant donné que ma tante habite à trois heures de route. D'ailleurs, même si ça arrivait, ce ne serait pas un drame : je n'ai aucun doute quant au fait qu'ils l'adoreraient. Et puis, c'est du sérieux entre nous, alors je la leur présenterai un jour, c'est certain. J'attends juste de la sentir prête, ce qui n'est pas encore le cas.

— Là, c'est la maison des Blomsfeld, je lui explique alors que nous passons devant un charmant pavillon blanc aux volets peints en bleu ciel. Ils sont tous les deux à la retraite. Ils me gardaient parfois quand mes parents voulaient sortir tous les deux. Madame Blomsfeld me faisait toujours des cookies incroyables... Bon, maintenant, ils sont pas mal âgés, lui a de plus en plus de mal à marcher. Mais ils sont toujours super contents quand je viens les voir.

Selena hoche doucement la tête. Nous roulons encore quelques instants, puis je m'exclame :

— Et... c'est ici !

Gris clair, sur deux niveaux, la maison de mes parents se dresse devant son carré de pelouse bien entretenu. Sur l'un des côtés, la véranda prend le soleil paisiblement. Je me gare le long du trottoir, prend la main de Selena lorsqu'elle sort de la voiture puis l'entraîne avec moi sur l'allée pavée qui mène au porche. Je sors mes clés de ma poche tandis que nous montons les trois marches en bois devant la porte. Je la déverrouille, et le battant pivote dans un grincement.

Il ne me faut qu'un pas à l'intérieur pour que je laisse mes poumons s'emplir de l'odeur familière qui règne ici. Chaque lieu a son empreinte olfactive, et le parfum que je sens entre ces murs sera pour toujours associé au confort d'un foyer et à l'amour de ma famille dans mon esprit. C'est un mélange de cire à bois, du produit ménager utilisé par ma mère, des herbes aromatiques dont elle adore saupoudrer ses plats et qui embaument la maison lorsqu'elle les sert... et puis il y a en plus quelque chose d'indéfinissable, une fragrance ténue qui est celle des gens qui vivent ici, tout simplement.

Je m'efface pour laisser passer Selena. Elle avance doucement vers le salon, ses beaux yeux verts balayant tout ce qui l'entoure avec curiosité. Une bouffée de tendresse me saisit en la voyant ainsi, debout sur le tapis persan que je connais si bien, ses cheveux blonds illuminés par la lumière qui filtre à travers la baie vitrée.

— C'est très joli, commente-t-elle, le regard posé sur la peinture d'océan que mes parents ont accrochée là en souvenir de leur voyage de noces en Italie, il y a plus d'une vingtaine d'année.

My Breeze of HopeWhere stories live. Discover now