Chapitre 13 - Selena

1.9K 238 65
                                    

Assise sur l'un des bancs près du terrain de softball, je regarde le ciel avec un immense sourire. Plaquée contre moi, je tiens la nouvelle lettre de James, que j'ai trouvée dans son casier tout à l'heure et que je viens de lire. Elle est tout aussi belle que la précédente, pleine d'une tendresse qui me réchauffe.

Il me dit que je compte pour lui ; qu'il ne me connaît pas mais qu'il est certain que non, la connexion que je ressens entre nous n'est pas une illusion ; qu'il a hâte de me rencontrer mais qu'il est prêt à attendre que je me sente prête à faire le prochain pas vers lui...

Ses mots sont une source à laquelle j'abreuve les parties de mon cœur qui avaient fini par se dessécher. Il bat, de nouveau prêt à s'envoler hors de sa cage, comme s'il n'avait jamais été blessé. James conclut sa lettre en me parlant de son meeting de natation de ce week-end, et en me disant qu'il aimerait vraiment que je me trouve dans le public, savoir que je suis là pour l'encourager. J'avais déjà l'intention de me glisser dans les gradins afin de profiter de l'anonymat offert par la foule pour l'observer – je n'en ai pas tant d'occasions, alors je m'efforce de les saisir lorsqu'elles se présentent. Cependant, qu'il me veuille à la piscine... C'est encore autre chose. La preuve que ses paroles sont sincères.

Bien sûr que je serai à cette compétition. Maintenant que James m'a demandé de venir, je ne la manquerai pour rien au monde. Et peut-être qu'en le voyant, en me gorgeant de sa présence, je parviendrai à trouver le courage de me dévoiler à lui... Dans ma lettre, ma peur de sa réaction me retenait encore, mais je sens mes défenses s'effriter. Je n'ai même plus envie de les maintenir, me laissant aller à la confiance que James m'inspire. Il ne m'en faudra plus beaucoup pour que je lui cède, et je me surprends moi-même de n'en être presque plus effrayée.

Avec le sentiment de flotter sur un petit nuage, je me lève et prends la direction du parking, où j'ai laissé ma voiture : il est temps pour moi de rentrer à ma résidence universitaire. Je marche sans vraiment faire attention à ce qui m'entoure, composant déjà dans ma tête la réponse que je vais faire à James, et bercée par ses mots que je me répète encore et encore comme la plus harmonieuse des symphonies.

— Tiens, tiens, mais qui voilà ?

Je me fige en reconnaissant cette voix, déglutit. Le froid me glace les membres alors que je pivote, sans l'avoir réellement décidé. À trois mètres sur ma droite, Bastian m'observe, un rictus étirant ses lèvres, sa main dans celle d'Evelyn – qui, elle, pose sur moi des yeux circonspects. Portée par ma bulle de bonheur, j'ai baissé ma garde, et je ne les ai pas vus approcher. J'aurais pourtant dû me méfier, puisque je passais devant le terrain de football américain...

— Salut, Selena, enchaîne mon ex. Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas parlé, dis donc. Tu m'évites, ou quoi ?

— Salut...

Ce mot est le seul que j'ai été capable de couiner. Je me fais l'effet d'un lapin pris dans les phares d'une voiture. Je n'en reviens pas que Bastian s'adresse à moi avec un tel détachement, et en même temps, je n'ai pas le cran de le remettre à sa place. Alors je reste plantée là, attendant que l'orage passe. Comme je l'ai toujours fait.

— Tu devrais donner des nouvelles de temps en temps, continue-t-il. On avait dit qu'on resterait amis, tu t'en souviens ?

— Oui... J'y penserai.

— Qu'est-ce que tu as fait pendant le Spring Break ? Je ne t'ai vue à aucune fête.

Évidemment : personne ne m'y a invitée. Et même si ça avait été le cas, je n'y serais pas allée, pour être certaine de ne pas te croiser.

My Breeze of HopeWhere stories live. Discover now