• Cheikh Bilal •|
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- Arrêtes de pleurer, ça ne sers absolument à rien ! Je veux pas te voir comme ça ! Dis je en lui caressant l'épaule.
- Lâche moi ! Élève t'elle légèrement la voix. Ne me touches pas. Comment ça tu ne veux pas me voir comme ça ? C'est toi la raison de toutes ses larmes que tu vois et tu me dis que tu n'aimes pas me voir comme ça ? En fait, je vais te dire quelque chose Bilal, tu ne m'aimes pas et tu ne m'as jamais aimé.
- Dis pas des choses dont tu n'as aucune connaissances Ihsane ! La pointais je du doigt.
- Comment peux-tu prétendre m'aimer si à chaque difficulté, ta première solution c'est de me divorcer ?
- Mais enfin c'est pour ton bien !
- C'est faux, mon bien ne se trouve qu'à tes côtés et tu le sais. Alors pourquoi veux-tu jouer avec moi sachant que pour chaque chose je suis sincère avec toi ! Bilal si je me suis marié avec toi, ce n'est pas à cause de cette bêtise que l'on a commis tous les deux mais bien parce que je t'aime.
- Ihsane t'aime la mauvaise personne ! Tu merites quelqu'un de mieux que moi.
- Je m'en fou. Je m'en fou des hommes qui me méritent, c'est toi que je veux Bilal. C'est toi que je veux. Est-ce difficile à comprendre ?
Me regarde t'elle alors que ses larmes coulaient le long de son visage.
- Tu sais parfois ce que tu aimes peut s'avérer être la pire chose pour toi. Demande à l'alcoolique qui ne vit que pour sa bouteille de bière.
Elle continua ses pleurs sans me répondre.
- Crois moi c'est une décision très difficile pour moi.
- C'est pas vrai. Sinon t'aurais pas eu autant de facilité à me quitter en me regardant droit dans le blanc des yeux. Rétorque t'elle aussitôt.
- Ihsane est-ce que tu peux me dire si tout va bien dans ta tête ? T'en as pas vu assez comme ça avec moi ? Regarde, je suis ton mari et pourtant je suis la source de toutes tes ennuis, cela ne te suffit pas pour ouvrir les yeux sur notre incompatibilité ? Et arrête de me regarder comme ça, t'as rien écouté de ce que je dis depuis le début ? T'as rien compris c'est ça ? Pour comprendre ce que je dis, fait taire ton coeur et use un peu de ta raison.
Comment dois je te le dire pour que ça se comprenne dans ta tête ? Écoute, je suis pas quelqu'un de bien, je suis pas une belle personne, je suis un connard, je suis un lâche, un moins que rien. Je suis comparé à une bouteille de gaz dans une cheminée et je vais finir par te sauter au visage si tu t'approches trop. Comme ça a fait avec tous les autres !
Elle me regarde, pleurant en silence, suffoquant de temps en temps.
- Tu sais pas de quoi je parles encore une fois ? Ihsane je vais plus te mentir, aujourd'hui, je vais tout te dire. J'ai essayé mais ça sert à rien on change pas, on change jamais et quand bien même de toute façon ici y a pas de deuxième chance on efface pas les ardoises. Ce rumeur qui circule comme quoi je suis un assassin et bah c'est vrai, j'ai tué mon tueur. Ta bague ? C'est moi qui l'ai volé.
Elle écarquille les yeux.
- Oui oui c'est moi et tu souviens, j'avais juré et pourtant c'était faux. Pour 25francs, je serais capable de jurer sur la Mecque, sur Dieu ou sur le Coran. Ça ne me dérange pas. Haussais je les épaules. Je suis cléptomane Ihsane, je ne peux pas m'empêcher de voler que ce soit des objets dont j'ai besoin ou pas. Je suis un menteur, un voyou, un trafiquant comme tu l'as découverte récemment. Je suis un aggresseur, oui quand les gens biens comme toi sont endormies, moi je traque les personnes sans aucune culpabilité. Je suis un hors la loie Ihsane, je suis dirigeant du gang qui fait régner l'insécurité dans le quartier . Et tu vois, je suis bien pire que ce que je viens de dire. Si j'en cite, je vais en oublié. Je respecte pas ''ma mère'', je n'ai aucun esprit de famille. Je ne sais pas ce qu'est l'amour, je ne sais pas ce qu'est la paix.
En parlant de tout ça, j'avais la tête baissée pendant certains instants. Je ne voulais pas, par fierté, que ma femme lise de la tristesse dans mes yeux.
- Tu vois Ihsane, en somme : je suis un délinquant. C'est imprimé partout, dans les journaux, sur les écrans, dans le regard des gens, dans la bouche des comméres. Je suis née comme ça, je n'ai connu que ça et je ne sais pas vivre autrement. Je vais mourrir comme ça Ihsane. Je pourrais te donner un millions de bonnes raisons pour que tu me quittes et pour que je finisse ma vie en prison. C'est le Karma, c'est la conséquence de mes actes. Il parait que tout a été écrit avant notre naissance et benh faut croire que je suis destiné à aller en enfer. Regarde ma famille comment ils sont, il a fallut que moi je grandisse loin d'eux, dans une vie où ne règne que la violence. Et Ihsane tu sais mieux que moi, qu'un mari violent et insulent, ne peut être un bon père. Et tu n'as pas le droit de condamner tes enfants ! Tu sais aussi, récemment, j'ai une petite dépendance vis à vis de la drogue. Je ne change pas, je ne peux changer, je suis qu'un damné et c'est de pire en pire. Je ne sais pas prier, je ne connais aucune sourate du Coran pourtant je pourrais te chanter tous les disques de mes rappeurs. Je ne sais pas comment on fait les ablutions, je ne connais absolument rien de cette religion qu'est l'Islam. Je ne saurais te dire qui est mon homonyme. Souris je tristement. Ah si, je..je me rappelle qu'en étant petit, ma mère me disait que Bilal c'était un compagnon du Messager d'Allah SWT. Le Messager D'Allah, que sais-je de lui ? Absolument rien du tout si ce n'est son nom. Ihsane, sérieusement, tu ne t'es jamais demandé si tu n'étais pas marié à un mécréant ?
Elle efface ses larmes du revers de la main puis reprend son souffle. Je pensais qu'elle était sur le point de répondre mais rien !
Ce qui voulait dire que oui.
- Pour toutes ses raisons et pour d'autres que tu ignores, ce serait mieux que je t'accordes le divorce.
- Bilal je veux pas divorcer de toi. Je veux être là pour toi, je t'aime et je veux que tu saches que contre vents et marées, moi je ne te laisserais jamais.
- Mais enfin t'es idiote ou quoi ? T'as pas entendu tout ce que je viens de te dire ?
- Je ne suis pas idiote, je suis amoureuse. J'ai entendu tout ce que tu m'as dit mais rien ne peut changer mes intentions pour toi. Je suis ta femme pour le meilleur et pour le pire, je ne te quitterais pas. Et même si tu me divorces, je continuerais à remuer ciel et terre pour venir te voir. Saches le aujourd'hui, je n'ai aucunement l'envie ni le desir de retourner chez moi et je ne le ferais pas. Certes ce n'est pas la vie de couple que je m'étais imaginer, ça je te l'accorde mais je préfère venir te voir en prison que de vivre dans un palais avec un autre homme. D'ailleurs d'autres hommes, moi je n'en veux pas, pour moi t'es le seul et l'unique. Et si ce n'est pas toi, ce sera personne d'autre.
Ce sont des paroles que je n'avais jamais osé rêver d'entendre. Faut avouer que ça me fait très plaisir quand même.
- Non mais ça va pas la tête Ihsane ?
- Bilal oublie pas que contre tout le monde, je t'ai toujours soutenu. Mon père ne me parles plus et....
- Attends, comment ça ton père ne te parles plus ?
- Il m'a dit de revenir à la maison parce que tu ne me respectes pas et lui encore moins. Les rumeurs lui sont arrivés. Il m'a alors fait un dilemne comme quoi en un nombre de jours, je devais décider soit de rester avec toi et il allait couper tout contact avec moi ou soit de divorcer et de venir le rejoindre.
- Et tu as pris la décision de rester ? Mais tu es complètement folle. Ihsane ton père, c'est toute ta vie enfin !
- Ouais. Sourit-elle tristement, une larme coula sur sa joue. Il...il...répond plus à mes appels.
- Je suis désolée. Bafouais je de honte. Et ta mère ?
- D'après elle, je lui fais vivre la honte car tout le monde à Saint-Louis parle de ton incarceration....
Ne sachant pas quoi dire, je me tus.
- Ta mère me suggère de rentrer chez moi et tes frères sont aussi daccord avec ça. Ils disent qu'ils viendront t'en parler. Je leur ai clairement dit que je voulais pas te quitter et que je ne voulais pas qu'ils s'immiscent entre nous deux.... Tu sais Bilal, je me suis mis le monde à dos, et en retour, je te demande juste d'être loyale avec moi. Je peux pas me mettre le monde à dos pour qu'au final toi tu me tournes le dos. Je me retrouverais dans une situation solitaire, je n'arriverais plus à me reconstruire. Dit elle d'une voix très douce. J'ai besoin de toi autant que tu as besoin de moi Bilal. Nous deux, ensemble, on peut y arriver.
- Je ne comprends pas pourquoi tu es toujours là, pourquoi tu restes? Je ne sais pas quelle genre de créatures es-tu !
- Je suis juste ta femme et ma place c'est de me battre à tes côtés
- Ihsane, j'ai pris 10 ans de prison en fait. Tu oublies ça ?
- Je sais ! Je ne l'ai pas oublié mais je m'en fou de ça.
- C'est pas 10mn, ni 10 jours. L'informais je.
- Ce n'est pas non plus 10 mois ni une année. Rétorque t'elle. Je le sais.
- Ihsane je suis désolée mais....
- Non non bébé s'il te plait dis rien ! Met t'elle un doigt devant ma bouche. Je veux juste que tu m'accordes la permission d'être ton psy.
- Mon psy ! Riais je. Dis plutôt que je suis fou.
- Mais non mon coeur, je veux juste que tu te dévoiles avec moi. Parfois oublie que je suis ta femme, oublies ta fierté et ton égo, comportes toi comme si j'étais ton pote.
- Maintenant, tu parles comme le font les gens du ghetto, c'est bien, ta culture saint-louisienne te quitte. Voilà la principale conséquence de sortir avec un voyou. Ris je.
- Je t'interdis de parler comme ça de mon homme ! Me pointe t'elle du doigt.
- Ok. Ok. Je suis désolée ! Souris je. Mais...tu...tu..sais, je n'ai jamais pu être assez fort pour oublier la violence de mon enfance. Maintenant c'est malheureusement cette violence qui me fait vivre. Je n'ai connu que la violence et je ne sais pas vivre autrement. Je serai certainement retrouvé mort assassiné dans la rue ou dans la cour de la prison. Tôt ou tard.
- Le passé ne peut déterminer ton futur, tu as parfaitement tord. Tu as encore le pouvoir d'arrêter la machine. Tant qu'il y a encore de la vie, il y a de l'espoir !
- Malgré tout ce que j'ai fait ? J'ai tué une personne Ihsane. Questionnais je.
- Bien-sûr, malgré tous les péchés que tu as commis.
- Comment ?
- En protègeant ton cœur. Arrête de détruire ce qu'il reste de ton cœur en repensant sans cesse aux choses qui t'ont brisé. Concentre-toi uniquement sur Al-Jabbar, Celui qui restaure, Celui qui répare, Celui qui reconstitue ce qui est morcelé. Concentre-toi sur As-Salām, Celui Qui procure la paix, le calme et la sérénité. Peu importe la profondeur des brisures et à quel point cela te semble impossible, Il a non seulement le pouvoir de reconstruire ton cœur mais également de le rendre beaucoup plus beau et fort, qu'il ne l'était auparavant.
- Qui est-ce ?
- C'est le Tout-Puissant ! Dit elle.
- Tu es sûr ?
- Certaine, la miséricorde d'Allah dépasse Sa colère.
- Hum ! J'arrive pas à avoir l'image de moi différent de ce que je suis maintenant.
- Les gens que tu as connus t'ont fait croire que t'étais pas une bonne personne et que tu ne changeras jamais. En fait bébé, le responsable de ta contrariété, c'est toujours toi car l'attachement à l'idée que tu as de toi est ce qui te fait souffrir réellement. C'est pourquoi tu n'arrives pas à t'aimer et que te faire du mal, te fait du bien tout simplement parce-que tu ne t'aimes pas.
- Hum !
- Je sais que tu as énormément souffert et que ce que tu es aujourd'hui n'est que le résultat de ce que tu as vécu et que tu continues à vivre. Mais ça va aller mon amour, je suis là.
Sa voix était si douce, si rassurante que je n'avais qu'une seule envie c'est de tout lui raconter, de lui confier toute ma souffrance, de tout ce que je garde depuis des années au fond de moi. J'ai envie de lui avouer que sous ce carapace de ''rien ne m'atteint'' se cache ma peur de l'abandon, ma recherche frénétique d'attention, mon besoin de reconnaissance, mes regrets, mes erreurs, mes névroses, mes obsessions, mes méta-obsessions, ma phobie de la douleur, de la perte, du suicide, de la dépression. J'aimerais lui avouer que tout ce que je montre aux gens n'est qu'un masque pour pas montrer mes faiblesses. Que je ne suis pas aussi fort que je le montre, au contraire.
J'aimerais aussi lui avouer qu'à côté de tout cela, je ne demande qu'à être aimé pour ce que je suis, ce que je montre. Je ne demande rien d'autre qu'une personne accepte mon passé, ne me témoigne d'aucun jugement et que je sois aimé d'un amour inconditionnel. Que malgré que je lui hurle de me laisser, de partir, que cette personne là reste quand même.
C'est une chose que je pensais perdu d'avance, un rêve d'enfant qui ne se réalisera jamais mais voilà qu'aujourd'hui hsane vient de l'exaucer sans rien me demander en retour.
Touché par ses paroles, son dévouement et son amour sans faille, des larmes coulérent de mes joues et cette fois-ci je n'essayais pas de les cacher parce que désormais j'avais l'ultime conviction que ma femme ne me laissera pour rien au monde et qu'elle sera toujours là pour moi.
Je n'ai donc plus besoin d'user de tout ces masques avec elle, car elle a le droit de me voir dans tout mes états. C'est ma femme et dorénavant toute ma confiance lui est accordé.
Lorsqu'elle vit mes larmes, sans rien dire, elle approcha ses mains de mon visage pour me les effacer tendrement.
- Tu verras que c'est fini maintenant, nous commencerons tous les deux une nouvelle vie malgré cette épreuve de la prison. Je suis tienne et je t'appartiens. Tant que je serais en vie, tu m'auras à tes côtés. Tu n'es plus seule dorénavant, saches le. Parle t'elle de sa douce voix. Tu m'en parleras quand tu voudras d'accord ?
Je fis signe de oui avec la tête avant de déposer un baiser sur sa main, ce qui lui fit sourire amoureusement.
- Fais moi confiance et laisse moi par la grâce d'Allah te diriger vers la voie qui mène au paradis. Me tends t'elle sa main.
- J'en doute qu'une personne comme moi soit sur la voie droite mais je t'accordes le bénéfice du doute et je te laisses être mon psy sur tout ce que tu veux. Serrais je sa main.
Heureuse, elle se leva pour me faire un câlin que je lui rendis volontier. Et à sa grande surprise, je la retiens par la taille pour l'embrasser.
Je la sentis sourire avant d'y répondre.
(Normalement, on avait pas le droit de s'approcher mais vu que c'est Cheikh seul qui nous surveille devant la porte, je sais qu'il nous couvrira.)
- Je t'aime ! Dis je à la fin de notre baiser.
- Pardon ? S'enquit-elle en mettant ses mains devant sa bouche.
- Je t'aime ! Répétais je en déposant un baiser sur son front. Tu es toute ma vie Ihsane, saches le ! Ajoutais-je.
- Tu me croirais pas mais depuis que l'on est marié, c'est le plus beau jour de ma vie.
-Moi aussi ma princesse !
Des larmes de joies coulérent sur ses joues.
En fait ma femme, n'a jamais rien demander. Juste de l'attention, du respect et de l'amour. Elle me demande pas de décrocher la lune, elle me demande juste de la loyauté à son compte.
Et je me jure qu'au fond de moi, désormais je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour mettre toutes les chances de mon côté afin d'être un homme pieux. Car c'est en étant pieux, que je réaliserais le rêve d'être un bon mari pour elle.
Certes, un nouveau monde s'ouvre à moi et je n'en connais pas les codes mais Ihsane sera mon guide.
Comme quoi les anciens disaient que celui qui a une bonne femme a déja réussi sa vie.
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