Nous voilà tous rassemblés dans ce que Karla appelle l'hôtel de ville. Méléna et Allan se tiennent à mes côtés, Karla et Ayden également. Face à moi, droit comme des piquets, Nashoba et Jolan attendent que la séance commence. Josh et Giana nous rejoignent enfin, au pas de course, ils sont accompagnés de Léon.
— Désolé pour le retard, s'excuse Joshua.
Je lui pardonne rapidement d'un signe de tête. Mes trois amis se rapproche de la table de pierre orange, sculpté dans la roche, où nous sommes rassemblés. La pièce est en fait un trou creusé à la main dans la paroi de la falaise, et la table est un morceau de pierre que les ancien habitant n'ont pas détruit. Le pied est lié au sol, et ne fait qu'un avec lui. Sur cette table, nous observons une carte immense, que les Iclahomas ont réalisé. Le papier est jauni, et poussiéreux, mais ne nous empêche pas de voir les informations. Je lance un regard à Nashoba, qui commence alors la réunion.
— Bien, dit-il en s'éclaircissant la voix. Nous sommes ici.
Il pointe sur la carte, une chaine de montagne, noyé parmi d'autres. Un cercle bleu entour le pic d'une montagne, et représente notre village.
— Et ici, ce sont les Coahomas.
Un énorme cercle rouge désigne leur vaisseau, qui prend presque un tier de la ville.
— Et ici, intervient Josh, ce sont les souterrains.
Je me trouve face à la carte, la ville en est le centre. A l'Est se trouvent les montagnes où nous sommes, à l'Ouest, un peu plus dans le désert, se trouve les Souterrain. La ville est entourée des montagnes sur le flanc Nord-Est, et d'un désert aride sur le Flanc Sud-Ouest.
— Très bien, tranché-je. Maintenant que nous nous sommes repérés, commençons par parler des choses sérieuses.
Je regarde Joshua.
— Oui, nous venons de terminer le compte de la population actuelle, d'où notre retard. Nous sommes sept-cent-cinquante-huit personnes.
— Wow, s'étouffe Ayden. Ça fait un paquet de monde...
— Continu Josh, coupé-je Ayden.
Il me lance un regard, mais je n'ai pas le temps pour ça.
— Nous avons deux-cent-treize maisons disponibles, et c'est là que les problèmes arrivent.
Je soupire. C'est beaucoup trop peu. Et si nous voulons libérer les autres castes, ça va être encore pire.
— Comment ça se présente au niveau des gens ? Demande Karla.
— La plupart des Iclahomas ont préféré rester entre eux dans le Hall et ont laissé les maisons aux Cultivateurs.
C'est bien gentil, mais combien de temps cela va-t-il durer ?
— Majesté ? Intervient Jolan. Puis-je ?
D'un hochement de tête je l'invite à parler.
— Je vois que vous êtes tous inquiet. La première chose à savoir est que les Coahomas ne viendront pas ici, ils sont trop faibles pour le moment pour s'éloigner du vaisseau. Nous sommes donc en sécurité, et non pressé par le temps. Ensuite, nous autres Iclahomas pouvons nous passer de nourriture, elle ne nous sert à rien. Si nous en mangeons c'est par pure plaisir. Nous n'avons pas le même métabolisme que vous, nous n'avons pas besoin des protéines et vitamines qu'elle contient.
— Ça réduit le nombre de bouche à nourrir, répond machinalement Léon. Mais les demis ?
Jolan hoche la tête.
— Ils ont besoins, tout comme notre reine, de manger, j'en suis désolé.
— Ne t'excuse pas Jolan, le rassuré-je. C'est déjà une bien que les Iclahomas ne mangent pas.
Même si il reste beaucoup de gens à nourrir.
— Ensuite, continué-je. Venons-en aux postes de travail.
Cette phrase me donne un frisson, mon regard croise celui de Méléna, et nous pensons exactement la même chose, je le sens. L'Expérience. Nous revivons le même scénario, en beaucoup plus grand.
— Il va nous falloir des fermiers, me répond Giana. Des maçons, des tailleurs de pierre, des cuisiniers, et j'en passe.
— Mhh, maugréé-je Commençons par le plus urgent, la nourriture.
— Je peux faire venir Ethan, propose Joshua.
Je ne sais pas de qui il parle mais j'acquiesce, et vois mon ami s'enfuir à toute allure hors de la pièce. Lorsqu'il revient, il est accompagné d'un homme plutôt petit, à la moustache grisonnante, taillée en brosse. Ses gros sourcils surplombent de grands yeux ronds et malicieux. Il a le ventre rond, ce qui fait tendre sa chemise rouge à carreau sur celui-ci. De ses petites jambes il s'avance jusqu'à nous, d'un sourire radieux.
— Madame, me dit-il avec une courbette. Je me présente, je m'appelle Ethan.
— Ravis de vous rencontrer, comment pouvez-vous nous aider, répondis-je.
L'homme s'avance, et hôte le berret qu'il portait, laissant apparaître le peu de cheveux gris qui lui reste.
— Dans les Souterrain je m'occupais des champs. C'est-à-dire que j'avais à charge plusieurs personnes, et que je supervisais du mieux que je pouvais la pousse du blé, du maïs, et également des légumes et des fruits.
Je parcours l'assemblé d'un regard. Nous sommes tous d'accord. Ethan est un homme qui inspire confiance et qui regorge de bonne humeur. Il a une aura si pure que s'en est troublant.
— Très bien, dans ce cas, voilà ce que nous aimerions : Il nous faudrait un champ de blé et un de Maïs. Pour les arbres fruitiers j'imagine que ça va être beaucoup plus long... Et pour les légumes il nous faudrait des jardins. Pensez-vous que ce serait possible ?
L'homme semble tout à coup mal à l'aise.
— Madame, dit-il timidement. C'est que c'est compliqué de faire poussez des plantes dans ce désert, et ça va prendre encore plus de temps que la normal... Je ferais de mon mieux, mais il faudrait penser à faire des réserves...
Je soupire, je m'en doutais.
— Peut-être puis-je intervenir ? Demande à nouveau Jolan. Je ne sais pas si c'est pertinent, mais nous pouvons, grâce à notre énergie vitale, faire pousser les plantes plus rapidement...
L'assemblée manque de s'étouffer.
— Vous ne pouviez pas dire ça avant papi ?! S'énerve Léon.
Ethan semble émerveillé par cette nouvelle.
— Dans ce cas, dit-il tout guilleret, il nous faut simplement des graines et nous pourrons commencer. J'ai repéré plusieurs parcelles intéressantes.
— Très bien, souris-je. Aller recruter vos meilleurs cultivateur, et nous vous apporterons ce dont vous avez besoin.
L'homme effectue une courbette maladroite, remet son béret et s'en va.
— On les trouve où ces graines ? Intervient Allan. On n'a rien emporté des souterrains...
Karla se tourne alors vers moi, et je sais ce qu'elle pense.
— Ils vont accepter ? Demandé-je à son attention.
Elle n'est même pas surprise que j'ai deviné avant qu'elle ne parle.
— Seulement si c'est nous deux qui y allons. Ils ne laisseront entrer personne d'autre.
— On peut savoir de quoi vous parlez ? S'impatiente Ayden.
— Je vais retourner dans mon village un peu plus au Sud de notre position, et ensuite je leur demanderais quelques vivres.
— Et ils vont accepter ? Demande Méléna.
Karla hausse les épaules.
— J'irais avec elle, ils accepteront, je vais négocier. Je les connais un peu.
Ayden pose sa main sur mon bras.
— Et c'est décidé, on part demain, continué-je. Josh, Nash, je vous laisse le soin de vous occuper du village.
Ayden baisse les yeux, et sors de la pièce. Je regrette un peu mon air froid, mais je ne peux pas simplement rester collée à lui, j'ai des responsabilités. J'aimerais qu'il comprenne. Karla quant a elle s'approche de moi un sourire aux lèvres, et j'aperçois à nouveau cette aura blanche.
— Bien, allons préparer nos affaires, lui dis-je tandis que les autres quitte la pièce.
Elle hoche la tête, et nous partons faire nos sacs.