Vingt mille lieues dans tes y...

By ManonSeguin

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Gabriel quitte sa ville métropolitaine pour terminer ses études au calme. Loin des gens peu souriants, de la... More

Prologue
1. Une sensation nouvelle
2. Là où la lumière ne frappe jamais
3. Diviser pour mieux régner
4. Les gens ne sont pas que ce qu'ils montrent
5. Maman, je me suis trompé de destination
6. Chantons sous la pluie
7. Les mots du coeur et les maux du monde
8. Etre ce que l'on attends nous
9. Jacquouille la Fripouille
10. Gaby & Gabriel
11. Discussion polochon
12. Une matinée dans les blés
13. Pic-nique et coups bas
14. Hérisson
16. Vivre sans avoir de regrets
17. Basile
18. Hérisson, chaton & poussin
19. Jouer avec son reflet
20. Quand l'heure viendra...
21. Crise de panique et prise de cœur
22. Aux coups durs de la vie
23. Copain coquin
24. Gaby aux commandes, ça déchire !
25. Les jardins clos de solitude
26. Promets-le-moi
27. Tempête et drame - Partie 1
28. Tempête et drame - Partie 2
29. A ceux qui partent trop tôt
30. Entends-moi, entends ma voix
31. Conséquences à venir et promesse d'avenir
32. L'Exorciste
33. Peser son poids
34. Je t'aime
35. Et demain ?
36. Merci maman
37. Avoir quelqu'un qui nous comprends
38. La grande évasion
39. Séparation
40. Moi je suis prêt, et toi ?
41. Les opposés s'attirent et se complètent
42. L'amour rends aveugle

15. Aux mots que l'on ne pense pas

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By ManonSeguin

Je ne sais pas vraiment ce qui m'a tiré de mon sommeil : cette impression de bouche pâteuse ou la dernière phrase de Basile qui est venue hanter mon sommeil. Quand j'ouvre un œil, je remarque que le jour s'est levé et que quelques rayons passent à travers les rideaux de la chambre pour s'écraser sur le parquet. Je me redresse légèrement et constate que Basile n'est plus là : Ni sur le rebord de mon lit, ni dans son lit tout court. Il a certainement dû partir avec Jacqueline tôt ce matin pour l'aider. Je peux donc présumer que la maison est à moi seul pour une bonne partie de la journée.

Sur la table de la cuisine, il y a une tasse de café et un calepin à côté. Un mot.

"Nous sommes au village, appelle-nous si tu as besoin de quelque chose.

Jacqueline."

Voilà. Mystère qui n'en est pas un, résolu. Ils sont au boulot et moi j'ai fait l'escargot toute la nuit en bavant. Je le sens sur le coin de ma bouche.

- Charme et glamour bonjour.

Je monte dans la salle de bain pour me passer un coup d'eau sur le visage quand je tombe nez à nez sur mon reflet. Doux Jésus ! Autant je connais l'expression "Avoir la tête dans le cul", mais là, il faudrait en inventer une autre rien que pour moi. Je fais peur. Pas le genre "Tu fais peur" dans le sens "T'as mauvaise mine", mais plus dans le sens "Sympa ton maquillage d'Halloween". C'est quoi cette tronche ? Je passe mes mains sur le visage pour m'assurer que ce soit bien le mien et...oui. Juste des yeux rouges exorbités comme si je venais de me défoncer, des lèvres gercées d'un mec déshydraté et une peau pâle que même Blanche-Neige envierait.

Tout ça en conséquence d'une bosse sur le crâne. Génial. Vraiment génial.

Après une bonne douche et un bon café, ça ira forcément mieux.

Mais mise à part traîner dans la cuisine et lire de vieux exemplaires de L'Iliade et L'Odyssée, il n'y a pas grand chose à faire chez ma grand-mère. Je pourrais bosser mes cours, mais je n'ai clairement pas la tête à ça. J'ai besoin de sortir, de prendre l'air et de m'amuser. J'ai besoin de souffler. Et j'ai aussi besoin d'aller au village. Voilà, c'est ce que je vais faire.

Je m'habille en quatrième vitesse et me précipite à l'arrêt de bus tandis que ce dernier approche avant même que je n'ai réussi à arriver.

J'arrive peu de temps avant 11 heures et me rends compte qu'il n'y a déjà plus grand monde dans les rues. L'heure de manger, c'est sacré à la campagne ! On ne rigole pas avec ça. Autant en ville les gens s'achètent un sandwich ou un plat à emporter vite fait bien fait, autant ici, toutes activités se stoppent le temps de se remplir l'estomac. Et je ne peux pas leur en vouloir. Si ça ne tenait qu'à moi, il y aurait une pause même pour le goûter.

- Gabriel ?

Je tombe alors nez à nez sur Cléa qui cette fois, n'est pas accrochée à son vélo et qui semble étonnée de me voir.

- Ah salut ! Tu tombes bien, j'ai une question à te poser.

- Tu vas bien ? Tu ne devrais pas te reposer ?

- Si, si mais j'ai dormi 12 heures là donc ça va. Dis-moi, ta soeur elle bosse aujourd'hui ?

- Ouais, elle est au café comme d'habitude.

- Génial ! Merci !

Je fonce vers le café et à peine ai-je fait un pas à l'intérieur que j'ai le droit à ces mêmes regards inquisiteurs que lors de ma première visite. Je cherche la petite serveuse du coin de l'oeil et la trouve occupée à nettoyer une table tandis que je m'approche.

- Salut !

Elle se retourne et fait exactement la même tête que sa cadette en me voyant. Putain, je ne suis quand même pas mort ! Arrêtez de faire cette tête de surpris comme si j'étais un fantôme.

- Salut. Tu veux quelque chose ?

- On peut parler toi et moi ?

Je devrais moins faire le con et peut-être, je ne sais pas, écouter Basile et me rendre compte qu'ici je ne suis pas chez moi et que tout le monde n'est pas le monde incarné comme j'ai tendance à le voir.

Cléo pose alors son plateau et un torchon sur la table tandis qu'on disparaît dans ce qu'il semble être les cuisines du café. Il n'y a personne. Fait-elle tout toute seule ?

- Écoute, premièrement...

- Je suis désolée, me coupe-t-elle.

Je la vois baisser les yeux et je me demande pourquoi elle s'excuse. D'accord, j'ai agi comme un connard avec elle et la faute me revient. Elle n'a pas été non plus hyper tendre, mais je ne lui ai pas non plus laissé le choix.

- Si tu n'avais pas été là et que tu ne m'avais pas poussé au bon moment...

- Écoute Cléo, je vais être franc : Je n'ai pas envie de jouer au chat et à la souris avec toi, à savoir qui s'excuse en premier, à qui c'est la faute, néanmoins, je suis content que tu n'ai rien. Je pense que l'on a tous les deux nos caractères et que l'on s'emporte très vite. On sera d'ailleurs, sûrement appelés à se chamailler de nouveau, je n'en doute pas, mais pour l'instant, je voudrais...Je voudrais qu'on fasse une trêve, d'accord ? Enfin, si tu le veux bien.

J'aurai dû commencer par hasard au lieu de m'entêter hier.

Soudain, Cléo éclate de rire tandis que ma main reste en suspens devant elle. Bon, tu l'as prend ou pas ? Je veux bien être gentil, mais il n'y aura pas de deuxième appel.

- Tu t'es cogné la tête vraiment fort, hein ?

- Peut-être ! Tout ce que je sais, c'est que je n'ai pas envie de partir d'ici en ayant des regrets.

- Partir ? Mais tu viens d'arriver.

- Je suis seulement de passage, tu te rappelles ? La fac du coin, tout ça tout ça.

- Ah oui, c'est vrai, mais tu as encore du temps, non ?

- Un petit mois pour être large, car j'aimerais me trouver un studio pas loin du campus ou au moins une chambre universitaire.

- Tu ne resteras pas chez Jacqueline ?

- Et passer plus de temps dans les transports qu'en cours ? Non merci.

Tout le monde reprendra sa petite vie bien tranquille. Chacun dans son coin.

- Et Basile, il le sait ça ?

- Basile ? Pourquoi tu me parles de Basile ?

- Bah, vous êtes plutôt proches non ?

- On a sympathisé, oui. On n'est pas comme les deux doigts de la main non plus.

Même si j'aimerais bien, mais je présume que certaines choses prennent du temps, notamment, construire une amitié. Ça ne se fait pas du jour au lendemain et Dieu a beau avoir créé le monde en six jours, il m'en faut plus que six pour construire quelque chose avec Basile. Et honnêtement, je doute qu'en un mois de temps, j'y arriverais. Peut-être que Jacqueline a raison, au lieu de penser qu'à moi, je devrais le compter dans l'équation. Là où je m'apprête à aller, Basile ne peut pas me suivre.

Nos chemins vont inévitablement se séparer à un moment donné.

- La prochaine fois que tu viendras, je t'offrirai un café.

- C'est gentil.

- J'aurai sûrement craché dedans.

- Ça, c'est moins gentil par contre.

On en rit tous les deux. Je crois que ce qui m'énerve le plus chez Cléo, c'est de savoir que c'est sûrement ma version féminine. Même caractère chaud bouillant, même façon de voir le monde sans doute. C'est peut-être pour ça qu'on s'est disputé dès le départ. Mettez deux dragons dans le ciel et vous verrez si ça ne fait pas des étincelles.

- Bon, je dois te laisser. Je dois aller voir ma grand-mère.

- Toujours partant pour une journée à la rivière un de ces quatre Gabriel ?

- Sans rochers, ça me va.

Et puis ça peut être sympa.

Je quitte le café et longe la rue en direction du fleuriste quand j'aperçois juste devant, Basile et cet autre type-là. Manuel ?

- Excusez-moi, je passe !

Je fais bien entendu exprès de m'immiscer entre eux deux pour les séparer tandis que ce poulpe a ses ventouses collées sur Basile. Bas les pattes mon gars !

- Ah salut ! Tu dois être Gabriel, c'est ça ?

- En chair et en os ! Et tu es ?

Bien sûr que je sais qui il est, mais c'est juste pour être sûr.

- Manuel, mais tu peux m'appeler Manu. C'est bizarre ça, car quand Jacqueline parlé d'un petit enfant du nom de Gabriel, j'ai tout de suite pensé à une fille.

Ai-je l'air d'une fille trou d'cul ? Tu vois des seins sur mon torse là ? Hein ?

- Eh bah non, je suis un mec. Moi quand on me parle de "Manuel" j'imaginais un portugais aidant les 3 petits cochons à faire une maison. Tu n'as pas du ciment à poser par hasard ? Non parce que faut que j'emprunte le charmant fleuriste ici présent, ok ? Allez à plus tard porcinet !

J'entraîne Basile avec moi en laissant son amant sur le pas de la porte du magasin.

- Tu exagères ! Manu est un ami.

- Hey, tu devrais être fier de moi, je suis devenu pote avec Cléo.

- Hmm...Et Manu tu en fais quoi ?

- Quoi ? Tu veux pas que je fasse non plus une tournée.

- Ce n'est pas cool la façon que tu as d'agir avec les gens que tu ne connais bien.

- Il vient de me traiter de nana, je n'allais quand même pas me laisser faire !

- Non, mais tu aurais pu faire l'adulte et passer outre. Il faut que tu apprennes à prendre sur toi, Gabriel ! Tu ne peux t'embrouiller avec tous ceux qui vont te taper sur les nerfs.

Pourquoi pas ? Me battre c'est ma passion et "problèmes" c'est mon deuxième prénom. Je les trouve assez facilement en règle général.

- Et d'ailleurs, qu'est-ce que tu fais là ?

Sympa. Je pensais lui faire plaisir en venant le voir et en lui disant que j'avais rayé un nom de plus sur ma liste de sacrifice à faire. Quoique, j'en ai rayé un, mais j'en ai rajouté un autre derrière. Au final, je reviens au point de départ, je crois.

- Je veux que l'on parle.

- De quoi ?

- De ce que tu m'as dit hier soir.

- Ça ne peut pas attendre ce soir ? J'ai du travail là.

- Tu feras une beauté aux bouquets plus tard. J'ai besoin de savoir.

- Gabriel ?

La voix de ma grand-mère vient interrompre notre échange tandis que je sens son regard lourd de questions sur moi. Qu'est-ce que je fous là, c'est ça ? Tout le monde a tendance à me poser la question aujourd'hui.

- Coucou mamie ! Oui, je vais bien. Non, je n'ai besoin de rien. Oui, j'ai pris le bus pour venir jusqu'ici. On est bons ?

- Où est Manuel ? demande-t-elle à Basile. Il devait récupérer une livraison.

- C'est fait, siffle Basile. Malheureusement, je n'ai pas pu finir ma discussion avec lui, une certaine personne est venue nous déranger.

- Oh ! Pardon, je vous dérangeais ? Bah la prochaine fois, allez plus loin pour vous rouler des patins.

- Quoi ? Mais on ne...On n'a même pas ce genre de relation. Ne me dis pas que t'agis comme ça parce que t'es jaloux ?

Moi ? Jaloux du portugais ? Et puis quoi encore ?

- Écoute Gabriel, je t'aime bien, vraiment. Tu as un côté attendrissant, c'est vrai. Touchant, aussi. Mais entre nous, il n'y aura jamais rien, donc inutile de monter sur tes grands chevaux avec les gens qui m'entourent. Ils étaient là bien avant toi et seront là bien après toi.

- Et ce que tu m'as dit hier alors ?

- C'était pour te taquiner voilà ! Tu l'as ta réponse. Satisfait ?

Basile 1 - 0 Gabriel.

Non, je ne suis clairement pas satisfait.

- Tu vois, moi je ne suis pas comme toi, je ne peux pas savoir si tu me mens ou pas. Je n'ai pas ce talent-là, mais ce que tu viens de dire, c'est limite vexant. Il y a des choses qui ne se disent tout simplement pas, Basile, si tu ne veux pas que les gens se fassent des idées. Je pensais que t'en avais conscience.

- Écoute...

- Non, c'est bon, j'ai compris. Tu sais quoi ? Je vais rentrer. On se verra ce soir.

Au final, c'est toujours la même chose. Les gens ne se rendent jamais compte de l'impact que peuvent avoir leurs mots. Pour eux ça leur semble tellement anodin quand pour vous, cela fait toute la différence. Je pensais que Basile faisait la différence. Je pensais qu'il était de ces gars qui réfléchissent et choisissent leurs mots avec précaution.

Je suis trop con. Comme d'habitude. Je m'emballe pour un rien. Je mets les deux pieds dans le plat alors que ce dernier n'a même pas eu le temps de refroidir.

J'ai honte putain. Je dois passer pour le gros débile de service qui espérait que peut-être...Mais non. Ça a le mérite d'être clair au moins maintenant.

Je n'ai pas besoin de m'attarder sur son cas. Je peux passer à autre chose.

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