Vingt mille lieues dans tes y...

By ManonSeguin

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Gabriel quitte sa ville métropolitaine pour terminer ses études au calme. Loin des gens peu souriants, de la... More

Prologue
2. Là où la lumière ne frappe jamais
3. Diviser pour mieux régner
4. Les gens ne sont pas que ce qu'ils montrent
5. Maman, je me suis trompé de destination
6. Chantons sous la pluie
7. Les mots du coeur et les maux du monde
8. Etre ce que l'on attends nous
9. Jacquouille la Fripouille
10. Gaby & Gabriel
11. Discussion polochon
12. Une matinée dans les blés
13. Pic-nique et coups bas
14. Hérisson
15. Aux mots que l'on ne pense pas
16. Vivre sans avoir de regrets
17. Basile
18. Hérisson, chaton & poussin
19. Jouer avec son reflet
20. Quand l'heure viendra...
21. Crise de panique et prise de cœur
22. Aux coups durs de la vie
23. Copain coquin
24. Gaby aux commandes, ça déchire !
25. Les jardins clos de solitude
26. Promets-le-moi
27. Tempête et drame - Partie 1
28. Tempête et drame - Partie 2
29. A ceux qui partent trop tôt
30. Entends-moi, entends ma voix
31. Conséquences à venir et promesse d'avenir
32. L'Exorciste
33. Peser son poids
34. Je t'aime
35. Et demain ?
36. Merci maman
37. Avoir quelqu'un qui nous comprends
38. La grande évasion
39. Séparation
40. Moi je suis prêt, et toi ?
41. Les opposés s'attirent et se complètent
42. L'amour rends aveugle

1. Une sensation nouvelle

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By ManonSeguin

Je me demande comment on en arrive à vouloir tout quitter. Comment peut-on se dire que l'on veut tout laisser derrière soi, tiré un trait de manière radicale, oublier cette vie emplie de souvenirs, d'images, de bons moments. Est-ce par un coup de tête ? Ou est-ce mûrement réfléchi ?

- Tu es sûr que tu n'as rien oublié ? Tu as tout ce qu'il te faut ? Oh et ton gilet en laine, tu l'as pris ?

- Maman, je pars à la campagne pas en Alaska non plus.

- Mais si tu as froid ?

- Je suis certain que tout ira bien, tu t'en fais trop pour moi.

Ma mère s'en est toujours trop fait pour moi. Même maintenant, alors que je m'apprête à souffler mes 24 printemps, elle est aux petits soins, veillant au grain. Quelque part, ça me fait mal de la laisser là, toute seule, mais ça fait déjà trois ans qu'elle est toute seule. On ne peut pas dire que j'ai été réellement présent pour elle avec mes études qui m'ont noyé mes seuls jours de liberté.

- Tu m'envoies un message quand tu arrives, d'accord ? s'inquiète-t-elle

- Je t'envoie même un petit mot à chaque gare si tu veux.

- C'est vrai ? Tu n'oublieras pas, hein ?

- Mais non ! Bon, je dois y aller, sinon je vais rater mon train et au prix du billet, ça m'embêterait.

J'ai pratiquement dû vendre un rein pour l'avoir ce fichu billet. On ne peut pas dire que les bourses permettent de rouler sur l'or, mais je n'ai pas à me plaindre non plus, je ne suis pas pauvre, ni à la rue, ni affamé et je suis même en pleine santé.

- Tes amis ne sont pas venus...

Elle paraît déçue, mais pas moi. Je suis plutôt content que personne ne soit venu me dire au revoir, non pas que cela ne m'aurait pas fait plaisir, mais si je pars, c'est bien pour m'éloigner d'eux. C'est malheureux à dire, mais je sais reconnaître un entourage toxique quand il gravite autour de moi. Ces amis qui t'empruntent constamment 10 balles par ci et par là. Ces amis qui te disent "Tu peux me filer ça ? Promis je saurais me rattraper" ou "Tu n'as pas ça par hasard?". Mais jamais un "Comment tu vas aujourd'hui?"

- Ce n'est pas très grave, tu sais.

- C'est vrai, vous les jeunes vous avez la technologie...Facebook, Snapcat et Amstramgram !

- Snapchat et Instagram, maman.

- C'est du pareil au même pour moi !

Et puis je doute de toute façon qu'il y ait le wi-fi chez mamie. Tant mieux d'un certain côté ! J'ai besoin d'une vraie coupure avec cette vie là. Je l'ai aimé pendant 24 ans, maintenant, je veux en découvrir une autre.

- Bon, j'y vais !

- Attends ! Mon bisou ! Tu ne m'as pas fait un bisou avant de partir !

- Pardon, j'oubliais.

Je me rapproche d'elle et l'embrasse tendrement sur la joue tandis qu'elle me saute au cou, tentant tant bien que mal de cacher ses larmes de crocodile.

- Tu sais que ce n'est pas un départ définitif ? Je vais revenir et puis tu pourras descendre chez mamie toi aussi.

- Je sais, mais bon. Mon poussin s'en va ! C'est comme si on m'arrachait une aile. Allez, file avant que je ne te retienne davantage.

- A vos ordres mon général ! Prend soin de toi maman, je t'aime.

- Moi aussi mon Gabriel.

Je monte dans le train et me précipite vers la première vitre que je trouve pour lui faire de grands signes de la main avant de la voir disparaître petit à petit.

Me voilà parti vers une nouvelle vie.

J'en ai pour approximativement 4 heures de train avant d'atteindre ma gare pour changer de train, je pourrais en profiter pour dormir ou bouquiner, mais les seuls bouquins que j'ai pris la peine de prendre sont des bouquins de cours et je n'ai pas la tête à me plonger dans ça maintenant.

Quelque part, je suis tout excité d'arriver comme j'ai une peur immense. Plutôt une appréhension je dirais. Cela fait des années que je n'ai pas vue ma grand-mère et je ne sais toujours pas ce qu'elle me réserve quand elle m'a parlé de "surprise" la dernière fois que je l'ai eu au téléphone. J'espère qu'elle ne va pas faire de mon arrivée tout un fromage, la connaissant, elle en serait bien capable. Je la vois inviter tout le village chez elle en disant "C'est mon Gabriel !" avec son petit sourire tout fier. De toute façon, elle sait pertinemment que je ne suis pas spécialement friand des surprises. Alors, je n'ai rien à craindre de sa part.

Je m'amuse à griffonner des lignes dans un carnet avec les premières idées que j'ai en tête pour m'occuper et aussi parce que je n'ai que ça à faire et puis une pensée en entraînant une autre, je ne m'aperçois plus du temps qui passe, du paysage qui défile à grande vitesse à côté de moi. J'oublie. J'oublie le monde et ses problèmes pour me concentrer sur le mien. J'ai longtemps oublié ô combien j'aime écrire, ça a un je-ne-sais-quoi qui me détends et qui m'amuse profondément. J'ai l'impression de donner naissance à de véritables personnes, de leur créer tout un monde bien à eux, plein de soucis divers et variés, pleins d'épreuves à traverser. Je crois que j'aime cette sensation de "contrôle" ou bien de "puissance" que l'on ressent. J'ai toujours aimé avoir le contrôle sur ce que je faisais ou bien même entreprenais. C'est sans doute pour ça que les surprises ne me font jamais un bon effet.

Puis le train s'arrête, on arrive à la gare. Je descends et je monte dans le train suivant, qui pour une fois, est à l'heure. Pile poil. Avant le départ, j'envoie un petit SMS à ma maman pour lui dire que tout va bien, que je suis encore vivant et que je me débrouille comme un grand garçon. À 23 ans, il est temps !

Là encore, je repars pour au moins 3 heures de voyage. C'est qu'elle n'habite pas la porte à côté la grand-mère. Comme ça, je suis certain que personne ne viendra me trouver là-bas. Personne ne me connait mis à part les habitants de ce village paumé dans les blés.

Après mes sept heures de voyages, une dizaine de pages griffonnées et un ou deux ronflements échangés avec ma voisine de devant, j'arrive enfin à destination.

J'attrape ma valise, repars avec mon sac en bandoulière et sors de la gare dans laquelle j'aperçois ma grand-mère agitant une pancarte comme si elle attendait un V.I.P. Je me sens touché par son geste, mais un peu moins par tous les petits cœurs un peu difformes se trouvant autour de mon nom.

- Gaby mon chéri !!

À côté d'elle se tient un jeune homme auquel je ne prête absolument pas attention. Sans doute attend-il quelqu'un lui aussi. Par contre, porter des lunettes de soleil dans un bâtiment, je ne sais pas si ça se fait. Gueule de bois de lendemain de soirée non assumée, je présume ?

- Mamie !

À peine me suis-je approché pour l'embrasser qu'elle me frappe.

- Aïe ! Pourquoi tant de violence alors que ça fait au moins 6 ans que tu ne m'as pas vu ?

- Je t'ai déjà dit de m'appeler Jacqueline !

- Tu ne peux pas m'enlacer d'abord et me frapper après ? Oserais-tu frapper ton petit fils préféré ?

- Heureusement que tu es le seul que j'ai. Penche-toi vers moi. Tu es trop grand pour que je puisse te voir comme il faut.

Ça me fait rire. Elle semble toute petite à côté. Je sais d'où maman tient sa taille minuscule du haut de son mètre soixante et encore. On dirait une petite chose fragile et délicate.

- Tiens Gabriel, je te présente Basile !

Le jeune homme à côté enlève donc ses lunettes de soleil et me tend une main maladroite.

- Enchanté ! Jacqueline m'a beaucoup parlé de toi.

- Ah oui ?

Elle ne m'a pas du tout parlé de toi par contre.

- Basile m'aide à la boutique depuis trois ans maintenant. Quel jeune homme incroyable, si tu savais !

- Tu m'en diras tant.

- Il vit aussi avec moi.

Pardon ?

- Il vit...Avec toi ? fis-je surpris

- Oui ! Ça m'aide à rester dans le coup, tu comprends ? Et puis c'est plus pratique comme ça.

- Pratique ? Tu as des soucis de santé ? demandé-je soudainement paniqué par la nouvelle

- Non, moi ça va.

Si elle ça va alors...

- C'est Basile, il est aveugle, m'annonce-t-elle de but en blanc

Pourtant, il se tient là tout fièrement, me souriant à pleine dent comme s'il me voyait correctement.

- A..Aveugle ?

- Oui de naissance, mais ne t'en fait pas, je ne mords pas, dit ce dernier en riant

- Surprise ! me crie ma grand-mère en levant les bras en l'air.

Ah. Donc c'était de lui dont il s'agissait ? Génial. Vraiment génial.

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