Les larmes du Phoenix d'argent

By DunyaYang

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(Ceci est un crossover mêlant le monde d'Eldarya et l'histoire originale de mon OC Denara. J'y fait apparaîtr... More

Remerciements aux dessinateurs
Listes des personnages
Intro
Prologue
Partie 1: Chapitre 1 - Une vraie Absynthes!
Partie 1: Chapitre 2 - Memories
Partie 1: Chapitre 3 - Seule?
Partie 1: Chapitre 4 - Le lien
Partie 1: Chapitre 5 - Naissance
Partie 1: Chapitre 6 - Energie magique
Partie 1: Chapitre 7 - Le sondeur d'esprit
Partie 1: Chapitre 8 - Une nuit sans détour
Partie 1: Chapitre 9 - La réunion du Conseil
Partie 1 : Chapitre 10 - Rencontre en pleine nuit
Partie 1: Chapitre 11 - Départ précipité
Partie 1: Chapitre 12 - Perturbations
Partie 1: Chapitre 13 - Inyë
Partie 1: Chapitre 14 - Teyra
Partie 1: Chapitre 16 - En route vers les Terres Bleues
Partie 1 - Chapitre 17 : Le cercle de champignons
Petit message rapide "La transparence est de mise"
Partie 1 - Chapitre 18: La barrière qui nous sépare
Partie 1: Chapitre 19 - Lianaë
Partie 1: Chapitre 20
Partie 1: Chapitre 21

Partie 1: Chapitre 15 - Jeux dangereux?

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By DunyaYang


Nous étions revenus la veille au soir après presque deux jours de marche. Nous avions pris notre temps pour rentrer, après tout nous ne pouvions rien faire puisque Sirul, ou devais-je le nommer Inyë, avait quitté la citadelle.

Avec Ezarel, nous avions discuté de choses et d'autres. Nous nous demandions ce qui avait bien pu se produire dans la tête de l'ancien conseiller pour qu'il décide de se tourner vers l'ennemi de tout Eldarya, le même ennemi qui avait détruit de nombreuses cités des années, voir des siècles, auparavant. Malgré moi je ressentais le goût amer de la déception, et quelque chose de plus intense encore. Comme si un proche parent m'avait brisé le cœur. D'une certaine manière cela se comprenait. Je m'étais accrochée à l'idée qu'il était le seul lien avec ma famille, et en fin de compte il n'était rien de plus qu'un traître. Je voulais comprendre mais comment y parviendrais-je ? L'Esprit de la Terre m'avait dit que l'ombre de Dranbalt s'était insinué en Inyë et qu'il l'avait modelé à sa manière. Je me demandais si cela signifiait qu'il était manipulé tel un pantin ou si la noirceur de Dranbalt l'avait réellement atteint.

En attendant, les paroles de Teyra se bousculaient, elles aussi, dans ma tête. Je devais rejoindre les Terres bleues, et retrouver ma famille par la même occasion. Je doutais fort que Miiko me laisse quitter la Citadelle, mais l'Esprit avait dit que c'était essentiel. Je devais trouver un moyen de la convaincre. J'espérais qu'Ezarel me soutiendrait dans cette démarche.

Il se pouvait que ce soit encore un leurre mais je devais tenter de trouver mes parents. J'avais besoin de comprendre. Et puis je ne pensais pas qu'un des grands Esprits eldaryens se tournerait du côté du mal. Qu'aurait-il à gagner ? Et Inyë qu'avait-il à gagner dans cette histoire ? Rien n'était jamais certain.

Je sortis de ma chambre pour aller toquer à la porte d'Ezarel. Le couloir des Absynthes était désert. Au vu de l'heure, ils devaient tous être dans au labo ou dans les serres. Eza y serait lui aussi.

*

*              *

Miiko était sur les nerfs. Elle faisait les cent pas dans la salle et ne cessait de souffler et de pousser des grognements. Lorsque je m'étais rendue au labo, Ezarel m'avait fait savoir que Miiko désirait me voir. J'étais là depuis que l'horloge avait sonné onze heures, cela faisait dix minutes que j'attendais qu'elle se lance.

« Ecoute Denara, nous ne savons pas quoi faire avec Sirul, ou Inyë, appelle-le comme tu veux. Nevra et quelques membres de la garde de l'ombre se sont lancés à la poursuite de cette personne que nous pensions bienveillante. Ce matin j'ai reçu une missive de Nevra et nous avons de très mauvaises nouvelles. Sirul s'est réfugié à Galil et d'après les descriptions de Nevra, la forteresse se prépare à la guerre.

— Contre nous ? Galil est une garde spécialisé dans le combat...Nous avons du souci à nous faire ?

— Ezarel m'a rapporté les paroles d'un megednin. Il semblerait que Galil ne soit plus de notre côté depuis longtemps. Et puis je ne m'avance pas en te disant qu'ils s'apprêtent à passer à l'attaque. Nevra m'a parlé d'armes lourdes, de catapultes, de balistes, de trébuchets, de nouvelles armes de haute qualité,... Et lorsqu'il a demandé d'accéder à la cité, les gardiens de Galil ne l'ont pas laissé entrer.

— Oui, mais s'ils veulent atteindre la citadelle, il leur faudra traverser la grande forêt eldaryenne et passe devant Osina ou Brelissa, et devant ou derrière la cité du Conseil. Il leur sera impossible de nous atteindre. Le Conseil ne restera pas sans rien faire n'est-ce pas ?

— Les effectifs de Brelissa et Osina en matière de combattants ne sont pas énormes. Tu peux compter un maximum de cinquante combattants par citadelle. Ce ne sont pas des cités de grandes envergures. Et la cité du Conseil est construite de manière à protéger la population des assauts, mais elle ne tiendra pas longtemps si elle est assiégée. Compte tenu de ces données, j'ignore si le Conseil se rangera de notre côté mais je l'espère très sincèrement.

— Qu'est-ce qu'on peut faire nous ?

-— Nous devons nous préparer à l'éventualité d'une guerre et nous devons prévenir les autres gardes. Akaan, Montem et Castellum disposent de nombreux combattants et ils pourront aider Osina et Brelissa à renforcer leurs murs. J'ai demandé à Valkyon de constituer des équipes pour se rendre dans les villes qui pourraient être touchées. Il est essentiel de contacter le Conseil pour qu'il raisonne le chef de Galil.

— C'est tout de même impensable qu'une cité entière s'allie à Inyë, qui est lui-même sous la coupe de Dranbalt. Comment est-ce possible ?

— J'imagine que la proximité de la cité avec le repère de Dranbalt en est l'une des raisons principales.

— Vous n'avez jamais tenté de mettre fin au règne de terreur de cet elfe ?

— Le Conseil a bien trop peur de Dranbalt pour nous autoriser à agir. »

Je me mis à rire malgré moi. Je riais parce que je trouvais le Conseil pitoyable.

« Sérieusement, il sert à quoi ce Conseil s'il est incapable de prendre de bonnes décisions ?

— Je t'avoue que je rêve de pouvoir défaire l'engagement de la garde d'Eel envers le Conseil, mais les conséquences pourraient être désastreuses.

— Elles le seraient sans doute si la garde d'Eel était la seule à être en opposition avec eux. Mais si les autres Citadelles nous suivent, le Conseil se retrouvera seul et ne pourra obliger personne à s'attaquer à nous. D'après Ezarel, les cités de l'ouest seraient susceptibles de se désengager du Conseil. Si Akaan, Castellum et Montem le font nous n'aurons rien à craindre puisque Galil est déjà sur la mauvaise pente.

— C'est possible....mais ne prenons pas de risques inutiles pour l'instant. »

Je quittai la salle du Cristal pour me rendre à la dryade exaltée dans le verger. En l'espace de quelques mois, ma vie dans la cité avait changé. Je comprenais de mieux en mieux la société des eldaryens de ce continent, mais j'étais tout de même choquée par la tournure des évènements. J'imaginais qu'il me fallait remettre mon désir d'expédition vers les Terres bleues à plus tard.

*

*            *

J'étais en colère. Chrome avait perdu la trace d'Aiolia. Apparemment il était parti en trombe le lendemain de mon départ. Je me demandais s'il ne s'était pas mis à ma recherche. Chrome l'a cherché trois jours sans succès. D'un côté je lui en voulais, de l'autre je savais que ce n'était pas de sa faute.

« Où es-tu Aiolia ? »

*

*           *

Les jours passaient et mon désir de quitter la cité s'accroissait. C'est comme si on m'appelait de l'autre côté de l'océan. Tous les jours je volais jusque la tour du QG et m'asseyait sur son toit. Les yeux rivés à l'est, j'espérai pouvoir rejoindre les côtes de ce continent méconnu. Une part de moi m'attendait là, quelque chose que j'ignorais et que je devais savoir. Je me sentais comme une demi-personne qui avait besoin de connaître son histoire pour se retrouver. J'étais incomplète et je le sentais au plus profond de mon être.

Des jours durant je me concentrais sur mon maana, espérant comprendre mes pouvoirs. Je sentais la magie couler dans mes veines. Elle se déversait depuis mon cœur et ma tête. Une énorme quantité de magie dans la tête, une énorme quantité de magie dans le cœur, je ne comprenais pas tout mais je voulais apprendre. Je plaçais ma main droit devant moi, la paume face au ciel. Je me concentrais sur la magie qui coulait dans mes veines. Je la sentais au fond de mon cœur, c'était puissant. Je tentais de m'en saisir et de la diriger vers mes mains. Elle descendait le long de mes bras jusqu'à atteindre ma paume. Je forçais un peu, espérant en voir jaillir quelque chose, des flammes peut être. Je sentais une chaleur agréable réchauffer mon bras puis ma main mais rien n'en sortit.

Je ramenai mes jambes contre moi et posai ma tête sur mes genoux.

— Qui es-tu Denara ? me demandai-je.

J'observais le soleil se coucher sur l'océan. Les couleurs me rendaient mélancolique.

Je pensais à mon père. Je me demandais ce qu'il pouvait bien faire. Malgré ses fiançailles, je me demandais s'il pensait encore à maman, s'il allait encore se recueillir sur sa tombe et celle de mon frère. M'avait-il oublié ? Je savais que je devais cesser de penser à ça, mais malgré moi je le faisais. Chaque fois que je voulais aller de l'avant, j'étais tirée en arrière. Ça faisait partie de ma personnalité, je ne pouvais faire autrement. Mon passé me rattrapait toujours. Jamais il ne me serait possible de faire une croix sur celui-ci. Je pouvais tenter d'oublier tant que je voulais ça revenait toujours car c'était une partie de moi et que je ne pouvais pas l'effacer.

Une larme se mit à couler sur ma joue. Cela m'énervait au plus haut point, comme si je me découvrais une sensibilité inconnue. Depuis que j'étais à Eldarya, j'étais à fleur de peau. J'avais envie de crier tant cela m'exaspérait.

J'attendis que le soleil soit complètement couché pour redescendre de mon perchoir. Je retournai au QG comme si de rien n'était. Il fallait que je parle à Ezarel.

Je me rendis à la cantine, pensant l'y retrouver, mais il n'y était pas. Je mangeais donc avec Opal et d'autres absynthes puis décidais d'aller dormir.

Le lendemain je retournerai encore à la recherche d'Aiolia. Chrome s'en occupait de son côté mais je voulais retrouver mon petit lion ailé moi-même.

Depuis sa disparition Chrome semblait m'éviter. Je ne lui en voulais plus mais il continuait de le faire, par honte sans doute.

*

*            *

Mes recherches étaient infructueuses. Je me demandai ce qui était advenu d'Aiolia. S'il lui était arrivé quelque chose je m'en voudrais complètement.

Je retournai au QG. Après un bon repas, j'allais m'occuper à la forge auprès des enchanteurs d'armes. Depuis peu, Valkyon nous avait fait une petite place au bastion pour que nous puissions enchanter directement leurs créations. En ce moment, le bastion n'était pas très animé. La veille, Valkyon avait envoyé des troupes vers Osina et Brelissa pour les préparer à une éventuelle attaque.

Lorsque j'avais intégré la garde absynthe, Ezarel m'avait fait remplir un document qui servait de base à mon travail dans la garde. Avant tout, j'avais dû choisir une affinité alchimique. Sans trop y réfléchir j'avais coché la case « guérisseuse de maux ». A présent je me demandais si ce choix me convenait vraiment. Après tout, les potions de guérisons ne m'intéressaient pas plus que ça. Il n'y avait jamais aucune prise de risque. C'était utile mais ça ne me plaisait pas réellement. Incantateurs de catastrophes ou marionnettistes m'auraient plu davantage. Heureusement ce n'était pas ma fonction principale, du moins dans les faits, puisqu'Ezarel m'envoyait souvent au labo. Si je devais passer le plus clair de mon temps dans le labo, autant que ce fusse pour quelques chose d'intéressant.

« Je me renseignerai auprès des absynthes », dis-je à moi-même.

*

*             *

C'était la folie au labo ! Nous nous retrouvions, une nouvelle fois, obligé de concocter des potions par milliers. Le rythme de travail était soutenu. Ezarel avait envoyé les collectionneurs d'arcanes et quelques semeurs de trouble vers les Terres de Jade. Nos stocks se vidaient à la vitesse de la lumière alors il fallait sans cesse les renouveler. Pendant que d'autres partaient en forêt pour alimenter davantage notre inventaire, j'étais coincée au labo avec une vingtaine d'autre absynthes.

Les équipes avaient été divisées équitablement, sans distinction entre les affinités alchimiques cette fois-ci. Je me retrouvais avec Onyx et trois autres absynthes.

Nous rigolions de la situation, mais intérieurement je ne riais pas vraiment car je savais ce qui se tramait. Je me demandais si c'était de ma faute.

La journée arrivait à son terme. Je levai les yeux vers le bureau d'Ezarel. Il n'en était pas sorti de toute la journée. C'était l'occasion ou jamais.

« Hey Denara. »

Je me tournais vers l'elfe qui venait de m'interpeler.

« Oui Onyx ?

— Tu te souviens de mon petit mot avant que tu quittes la garde ?

— Je m'en souviens oui. D'ailleurs j'imagine que tu as reçu ma réponse ?

— Oui... oui c'est vrai. »

Il semblait un peu gêné.

« Du coup ça te dirait qu'on fasse ça aujourd'hui ? »

Je le regardais un moment. Je me disais que je devais parler à Ezarel et que je ne voulais pas perdre ma chance. Il était urgent que je regagne les Terres Bleues.

« Je comprendrais que tu ne veuilles pas...tu sais je....

— Pourquoi ne le voudrais-je pas ?

— Alors c'est d'accord ?

— Si ça ne te dérange pas d'attendre un peu, ça serait avec plaisir, lui dis-je en souriant. Je dois parler à Ezarel.

— Je peux attendre !», s'exclama-t-il.

— Je reviens dans ce cas. Ça ne prendra pas longtemps.

Je me dépêchai d'aller voir Ezarel. Arrivée devant son labo personnel, je l'observai derrière les vitraux qui encadraient la porte. Vu sa mine renfrognée, je sentais qu'il était au bord de la crise de nerf. Je l'entendis pester, ce qui me fit sourire.

Je m'apprêtais à toquer quand il leva les yeux vers moi. Je lui souris tandis qu'il se levait de sa chaise. Je poussais la porte de son bureau et entrais sans qu'il m'y invite.

« Ça n'a pas l'air d'aller, m'exprimais-je.

— Je travaille sur une nouvelle formule. Elle me donne beaucoup de fil à retordre.

— C'est quoi cette formule ?

— Ne t'en occupe pas. De toute façon on sait tous les deux que tu n'es pas la meilleure dans ce domaine.

— Merci pour le compliment, lui répondis-je en lui faisant un clin d'œil.

— Alors qu'est-ce qui t'amène ?

— Et bien maintenant que je suis là, je me dis que ce n'est peut-être pas le bon moment. Je ferai mieux de partir. »

J'ouvris la porte et Ezarel la referma. Nous étions bien trop proches pour le coup. Son bras me bloquait le passage. Je levai les yeux vers lui.

« Je t'écoute, parle. »

Je lui expliquais la raison de ma venue. Je lui parlais de mon désir de regagner les Terres Bleues. Je me perdais en explication en lui livrant le fond de ma pensée.

« J'ai le sentiment que je dois y aller. Tu ne me comprends sans doute pas mais je le sens au fond de moi. Il faut que j'y aille et j'ai besoin de ton appui pour que Miiko m'autorise à quitter la garde.

— Dena en ce moment Miiko a d'autres jipinkus à fouetter. Tu devrais attendre que tout ça se calme et ensuite nous aviserons. Là je t'avoue que je ne suis pas trop pour. On a besoin de tout le monde ici.

— Ce n'est pas comme si je demandais qu'on m'accompagne. J'ai juste besoin d'une autorisation et d'un bateau. Si on ne peut pas me fournir de bateau, tant pis j'irai en volant. Je dois y aller tu comprends ?

— En volant ? Tu penses vraiment pouvoir le faire en volant ? Le continent est à plus de huit jours de bateau d'ici. Quand bien même, tu crois vraiment que je te laisserais y aller seule ?

— Tu n'es pas mon père et je ne t'appartiens pas pour que tu décides à ma place.

— Mais tu es sous ma responsabilité.

— Je ne suis pas une enfant Ezarel. Tu as beau être le chef de ma garde, tu n'en restes pas moins mon égal, lui dis-je en haussant le ton. Tu n'es pas responsable de ce que je fais ou non.

— Dena tu ne comprends pas. Ce n'est pas ce que je veux dire...

— C'est toi qui ne comprends pas. Je veux juste ton soutien mais si tu ne veux pas m'aider, ce n'est pas grave, je me débrouillerai.

Je le bousculai un peu pour ouvrir la porte et je sortis de son bureau.

« Attend Dena. »

Je l'entendai me suivre mais je ne me retournais pas pour autant.

Onyx m'attendais.

« Je n'ai pas été trop longue ? lui demandai-je.

— Non, j'étais simplement sur le point de m'endormir, ria-t-il.

— Je ne pensais pas avoir pris autant de temps que ça.

— Ce n'était pas le cas. Et puis...ça vaut le coup de t'attendre. »

Alors que c'était lui qui était gêné plus tôt, je l'étais à mon tour.

« On y va ? m'enthousiasmai-je.

— Allons-y. »

La soirée se passait vraiment bien. Nous partagions un bon repas à la dryade alors que des absynthes jouaient de leurs instruments.

Onyx était un elfe vraiment intéressant. Il m'expliqua que son nom provenait des pierres qu'utilisaient son peuple pour maîtriser une magie rare, qui se nommait la magie des ombres. Cette magie avait été interdite par le Conseil plusieurs dizaines d'années après sa naissance. Il me fit deviner son âge, et je fis mine d'être surprise quand il me dit qu'il en avait soixante-sept. Bien évidemment je savais que les elfes paraissaient plus jeunes qu'ils ne l'étaient vraiment.

Quant à moi je lui expliquai pourquoi j'avais quitté la garde quelques semaines plus tôt. Je lui racontai ce que je savais sur mes parents biologiques puis je lui parlais de ma vie sur terre. Nous nous racontions des anecdotes, parfois gênantes, et ça nous faisait bien rire. Il fut intéressé par les technologies terriennes dont je lui parlais et les comparais à certaines inventions eldaryennes.

Il finit par me raccompagner jusqu'à ma chambre. Je le remercie pour cette soirée et allait me coucher.

Du moins je pensais aller dormir mais en entrant dans ma chambre je vis qu'Ezarel s'y trouvait déjà.

« Ezarel ? Qu'est-ce que tu fais-là ?

— Je...je m'en veux de t'avoir laissé penser que j'en avais rien à faire et ... je m'excuse de...

— ...d'avoir été un peu con ?

— On peut dire ça...je ne veux pas que tu penses que je crois que tu m'appartiens et que je te traite comme une enfant parce que ce n'est pas le cas. Et puis ça se voit que tu n'es pas ...

Il s'apprêtait à miner un geste et s'arrêta net. Il pointa son index vers moi en ajoutant :

« Enfin tu me comprend. »

Je me mis à rire.

« Ezarel c'est moi qui devrais m'excuser. Je veux tellement regagner les Terres Bleues que je me suis un peu emballée. Cette idée tourne en boucle dans ma tête alors je me suis énervé. En réalité, j'étais certaine que tu le ferais, du coup j'ai été un peu déçue, c'est tout.

— En fait j'y ai réfléchis et je te soutiendrai. J'en parlerai demain à Miiko. J'essaierai de te défendre du mieux que je le pourrais.

— Vraiment ? lui dis-je, littéralement aux anges.

— Si je te le dis.

— Merci.» dis-je en déposant un baiser sur sa joue.

Je l'observais se reculer en grattant l'arrière de sa tête.

« Bon je vais y aller. »

Il s'apprêtait à ouvrir la porte quand je lui lançais un

« Tu ne veux pas savoir ?

— Savoir quoi ?

— Comment ça s'est passé avec Onyx ? Avoue que cette question te brûle les lèvres ?

— J'avoue que je me suis demandé ce que t'allais faire avec Onyx mais je me suis rappelé du petit mot qu'il t'avait laissé avant qu'on fuit à travers la nuit.

— C'est tout ? Curieux comme tu es, je m'attendais à mieux de ta part, me moquais-je. Je pensais que tu serais plus imaginatif. »

Je le titillais pour tester ses réactions. Je voulais savoir si je lui plaisais.

— Je ne suis pas responsable de ce que tu fais, se moqua-t-il. Ce n'est pas moi qui l'ai dit mais bien toi.

— A oui ? Tu veux jouer, alors jouons, riais-je.

Je le tirais vers mon lit et lui demandais de s'asseoir.

« On va jouer aux jeux des vérités.

— On n'est pas des enfants.

— On s'en fout, on peut s'amuser un peu même si on n'est pas des enfants non ?

— Ok je commence alors.

Il s'installa confortablement en redressant mon coussin et en s'y adossant. Il tapota la petite place à côté de lui alors je le rejoignis.

« On va commencer par quelque chose de simple et de pas trop intime. Je compte sur toi pour en faire de même.

— Je ne te promets pas de tenir parole, dis-je en lui adressant un clin d'œil.

— C'est évident, ria-t-il. Alors dis-moi Dena, c'est quoi ta couleur préférée ?

— Selon toi quelle est ma couleur préférée Ezarel ?

— Difficile à dire vu que tu ne portes que du noir et du marron. On va dire le noir.

— Je devrais penser à porter un peu de couleur d'après toi ? Parce que c'est vrai que je m'habille toujours pareil.

— Le noir ça a l'avantage de s'accorder avec tes cheveux et tes yeux.

— Tu as raison, lui dis-je en esquissant un petit sourire.

En réalité, j'aime le bordeaux, ou encore le vert foncé comme celui de la forêt qui s'étend derrière chez moi. Ça me rappelle plein de souvenirs.

— Ou comme la vieille forêt eldaryenne à mon avis.

— Oui. Des arbres, c'est des arbres.

Bon, c'est à moi de te poser une question. Tu es sortie avec combien de femmes dans ta vie...ou homme, ou elfe, ou n'importe quel être vivant ?

— On n'avait dit une question simple.

— Ne me dis pas que tu es du genre à avoir un tableau de chasse aussi grand qu'une maison et que tu as du mal à compter ?

— Sérieusement ? Tu me prends pour qui ?

— Désolée. Je change de question. Tu as déjà voulu renoncer à ton rôle de chef de garde?

— Ça a des avantages d'être chef mais j'avoue que parfois j'aimerai être un simple gardien qui n'a pas son mot à dire.

— C'est le moins qu'on puisse dire. Avec un chef comme toi, on n'a pas intérêt à la ramener.

— Et c'est toi qui dis ça ? Tu me rappelles comment te nomme Chrome et Alajéa ?

— Pour ma défense, tu leur en as donné l'idée.

— Si tu n'essayais pas de tout diriger avec moi, je n'aurais jamais dit une chose pareille. Tu ne t'en rends pas compte mais il t'arrivait de jouer les reines....ou plutôt les princesses pourries gâtées à qui on ne pouvait rien refuser. En même temps c'est de notre faute vu qu'on te servait tout sur un plateau d'argent : une chambre individuelle alors que d'autres partagent leur chambre, des vêtements, notre protection, de la nourriture, etc.

— Bon j'avoue que j'exagérais à l'époque. Ça ne remonte pas à si loin que ça mais je me suis améliorée depuis.

— Sauf avec moi.

— Ah oui ?

— Tu essaies toujours de m'amadouer pour obtenir ce que tu veux. La preuve j'ai cédé pour ton escapade dans les Terres Bleues et pour ce jeu aussi.

— Je suis irrésistible, plaisantai-je.

— Peut-être bien. »

J'émis un petit rire, parce que ça me faisait plaisir d'entendre cela de sa bouche.

« On va poursuivre alors. Onyx te plait vraiment ?

— J'aurai dû m'y attendre. Il est intéressant. C'est un bon ami. Après c'est vrai que ça me fait quelque chose qu'il me complimente, mais ça c'est pareil avec tout le monde. Si ta question est de savoir si je veux sortir avec lui, la réponse est non.

— Pourquoi ?

— Une seule question. »

J'avais titillé sa curiosité vraisemblablement. Ezarel était la seule personne qui me plaisait vraiment à Eldarya. Bien sûr je ne voulais pas être aussi directe avec lui, je préférais attendre de savoir si je lui plaisais en retour.

« Maintenant c'est à moi de te poser une question.

— Est-ce qu'il y a une fille de notre garde qui te plait ?

— Pourquoi tu t'évertues à te concentrer sur ma vie amoureuse ?

— Tu as fait pareil alors j'attends ta réponse.

— Si tu veux savoir, c'est le cas. »

J'espérais que cette personne soit moi.

*

*             *

Je me réveillai en sursaut. Sans doute à cause des mains d'Ezarel qui essayait de se défaire de moi. Nous nous étions endormis et j'avais la tête posé sur son torse. Eza n'était pas friand de ces contacts, c'est pourquoi je me levais instantanément.

« Désolé », lui dis-je en baissant la tête un peu gêné.

Il ne dit rien avant de se diriger vers la porte.

« J'y vais. J'ai beaucoup de choses à faire et il faut que je parle de ta demande à Miiko.

— D'accord. Moi je vais me préparer et aller au labo. »

Je commençais à me demander si ce n'était pas mon contact qui le dérangeait.

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