HOT CHILI - saison 1

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. Quand Dean est accosté par un parfait inconnu, assez généreux pour le conseiller sur un... 更多

AVANT-PROPOS
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S01 - EP 30 ► part VIII
S01 - EP 30 ► part IX
S01 - EP 30 ► part X

S01 - EP 04 ► part II

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EDIT : mise à jour, janvier 2019.

ÉPISODE 04 - (partie 2/3)

La presse à scandale se languissait de lui. Tous les torchons médiatiques qu'il avait sous la main se posaient la même question : « où est passé Red Kellin ? »

— Il court, il court, le furet, comme dit la chanson, murmura Red.

Même s'il préférait la version « il fourre, il fourre, le curé. » Plus fun ! En parlant de « fun » et de la « chanson », il avait cru fuir l'enfer de sa vie en plaquant les Beat'ONE. Verser dans le cliché du musicien camé en quête d'inspiration, qui se raccrochait à son groupe et dopait son esprit aux LSD pour chanter ses expériences de planage, n'était pas son destin. Aujourd'hui, on diffusait légalement sur les ondes son forfait de toxicomanie. Mais Red se coltinait déjà un beau blason de vices personnels pour en rajouter. Il ne donnerait que des armes gratuites à ses anti-fans et aux homophobes.

Red avait tenu trois semaines ; trois semaines loin de tout. L'appel avait été plus fort, pour un junky à la musique. Chanter étant vital, il devait cependant changer les conditions et le mode de consommation de son fix, pour retrouver les mêmes sensations qu'au début. Il savait d'expérience le mécanisme d'une accoutumance.

Mais tourner la page restait une résolution ferme. Il devait se prouver qu'il valait encore quelque chose ; que sa parole pouvait encore être prise au sérieux ; que ses lyrics pouvaient encore être appréciées. Finalement, l'idée de Jeff de prendre des vacances avait payé. Son bassiste avait anticipé cet état de manque, qui lui démangeait les mains et les méninges.

Il avait promis au reste du groupe sa réponse définitive à son retour. Celle qui mettrait fin au stand-by par un arrêt officiel de ses activités de chanteur des Beat'ONE. Il voulait miner l'espoir qu'il dans les yeux de Jay. Maintenant il n'en était plus sûr.

Il existait en chantant. Ses scandales s'oubliaient vite. La presse le réclamait déjà, inquiète de sa « disparition ». Red n'était pas stupide, n'en déplaise à Jeff. Il ne continuerait pas ainsi le restant de sa vie. Mais chanter était d'une absolue certitude. Non qu'il en eût douté. Seulement, la perspective de perdre quelque chose vous révélait son importance.

« Le comble, c'est que tu es peut-être le seul à blâmer... »

Il avait aussi un penchant pour l'auto-flagellation. Inutile de s'encombrer l'esprit. Revoir le reste du groupe ce soir lui ferait du bien. Red remercia Jay pour sa manie d'imposer ses désirs.

— Arrête ton char, dugland ! Tu quitteras les Beat'ONE le jour de ta mort, ou quand t'auras réussi à mettre Jeff dans ton lit.

Son leader avait une façon amusante de formuler des choses impossibles. Red Kellin rentrait enfin. Et il apportait un cadeau à son bébé.

*

— Je ne chanterai plus une seule chanson des cinq albums précédents, en dehors de BLAST ENVY.

— Pardon ? C'est ça la bonne nouvelle pour laquelle tu nous as rassemblés ?! coassa Jay, autant excédé qu'incrédule.

Korgan renchérit avec emphase :

— La bonne nouvelle, Jay, c'est qu'il continue de chanter.

Jay le torpilla du regard. Pourquoi prenait-il parti pour ce benêt ?

— Qu'est-ce qu'il chantera, les vieux tubes des Beat'ONE, ceux de MACULA ? Des reprises de Brent, peut-être ?

Red s'agaça. Il appréciait l'ex-chanteur mais ne supportait pas la comparaison. Brent avait eu sa vision des choses pour les Beat'ONE. Red était persuadé qu'il aurait accompli ses objectifs si sa mort n'entrait pas dans l'équation. Jay devait tourner la page.

— Ça commence à bien faire, ta manie de sous-entendre « la belle époque » du temps de Brent. À croire que je suis l'unique cause de la déchéance du groupe.

Sa vision de la musique Rock était différente. Pas non plus opposée à celle de son prédécesseur, mais d'une autre nature. Il prit sur lui pour ravaler sa colère.

— Déjà, MACULA n'a pas de tubes mais des chansons. Ensuite, je n'ai pas l'intention de me refaire une cure de vieux. Je renouvelle ma panoplie. Si vous êtes toujours entre les mains d'Ethan, ce n'est plus mon cas. Je sais que c'est vache, mais tu ne me feras pas changer d'avis. C'est à ce prix que je poursuis mon contrat avec les Beat'ONE.

— Donc, tu veux reconquérir ton ancien public ? demanda Jeff.

Red s'indigna :

— Tu me prends pour qui ? Red Kellin ne revient jamais vers une conquête qui l'a jeté, dit-il avec dédain. On m'écoute parce qu'on m'aime. S'il a été capable de m'abandonner, même pour des raisons légitimes, je ne me décarcasserai pas à rappeler un tel public à moi.

Le bassiste s'amusa de son outrage. Il oubliait que ce jeune homme était un concentré de narcissisme. Mais quelque chose dans sa façon d'être, ce soir, disait à Jeff que ce n'était que le prélude.

— Tu as recommencé à écrire ? s'enquit-il.

— J'écris toujours. Peut-être pas autant qu'avant mais, en ce moment, j'en ai plein la tête. Je crois que chanter nos « tubes » m'abrutissait. Et si je persiste, je ne donne pas cher de ma fibre artistique et de mon imagination.

— C'est ridicule, grogna Jay. Sois un peu réaliste.

Red se hérissa :

— C'est toi qui fais preuve d'un manque total de réalisme ! Tu vas encore me rabâcher les contrats et les dettes. Mais comment tu veux que ça fonctionne sur le long terme, si on continue dans cette voie ? Le commercial, ça marche le temps de suivre la tendance, qui ne cesse de changer ! Et même si de nombreux artistes donnent dans cette facilité, ce n'est pas au prix de leur intégrité. Soit parce que certains n'en ont pas pour commencer (Korgan roula des yeux. Qu'est-ce qu'il ne fallait pas entendre...), soit parce qu'ils en sont à leurs débuts et jouent la sécurité. Suivre le mouvement, avec notre background, est lamentable.

— Il a raison, appuya Jeff.

— Oh toi parfois, je me demande si tu es le mieux placé pour parler des intérêts du groupe !

Un silence suivit la déclaration du leader, brisé par un sifflement éloquent de Red. Jeff se redressa dans son fauteuil. Il craqua les articulations de son cou, puis, contrairement au feu dans ses yeux, sa voix se fit froide :

— Vas-y, je t'écoute, Jet. Il faut que ça sorte. Je ne vais même pas hausser le ton. Je te promets.

— De quoi ? grommela Jay.

— C'est l'heure des confidences. Dis-moi ce que tu me reproches, l'enjoignit le bassiste en croisant ses longues jambes.

L'autre s'agaça.

— Rien qui ne soit à l'ordre du jour, Jeffrey.

— Putain, Jay ! tu viens de dire qu'il joue la pute dans le dos des Beat', souffla Red.

Jay le dévisagea, irrité par sa métaphore inconvenante. Il n'allait pas lui faire un procès d'intention non plus !

— Ouais bon, tu l'as sous-entendu, rectifia Red. Assume.

— La pute, renifla Jeff. Je n'écarte pas les jambes pour Ethan, moi.

— Minute, papillon ! Tu peux pas aligner « pute » et « consentement ». Je te parie tout ce que tu veux, qu'une pute n'a pas écarté les jambes la première fois de son plein gré. D'ailleurs, la plupart ne les écarteraient pas du tout, si elles avaient le choix. Le reste doit être nympho.

— Qu'est-ce que tu lui trouves, à Ethan ? lança Korgan, ôtant les mots de la bouche de Jeff.

Il était partagé entre dégoût et incrédulité. Jay s'impatienta mais dut avouer sa curiosité. Aussi retint-il son juron. Red haussa une épaule.

— Ma foi, il a un certain charme.

— Juste pour ses yeux bleus ?

Jeff savait qu'il avait un fétichisme pour les blonds aux yeux bleus, mais là, il avait du mal à le concevoir. Ethan avait l'âge d'être leur père ! Red se rencogna dans son siège. Il n'entrerait pas dans le détail de ses motivations.

— Ses cheveux cendrés sont une vieillesse de blondeur. Ça en fait un blond aux yeux bleus. Et c'était un moyen rapide et efficace de l'avoir dans mes filets. Ça a marché.

— J'y crois pas, souffla Jay.

On l'aurait dit répugné. Son indignation irrita Red pour de bon.

— Jay, tu l'as su le jour de mon audition. Je t'ai ouvertement dragué. (Le leader grimaça à ce souvenir.) Et je t'ai prévenu sur mon manque de scrupules pour parvenir à mes fins. Tu as signé. Alors épargne-moi ta morale de grand-frère à deux sous, j'en ai franchement pas besoin !

Sa virulence, son regard mauvais, interloquèrent Jay. Red rentrait en mode « dragon ». Autrement dit, le sujet était un terrain miné. Néanmoins, Jay ressentit de l'injustice. Jeff traitait Red de pute et ce dernier lui donnait la réplique d'un ton salace, à peine vexé. Korgan tenta d'apaiser les tensions.

— C'est bon, Red, il ne le pensait pas.

— Je ne pensais pas quoi, Korgan ? gronda Jay.

— N'envenime pas les choses, le reprit Korgan.

— Ça va, concéda Red après une forte expiration. Mais garde ton dégoût pour toi quand tu commentes ma « décadence », comme tu aimes dire. J'ai eu ma dose avec mon beau-père et mes frères.

Jay arqua les sourcils à cette info qu'il semblait le seul à ignorer, vu les expressions graves des deux autres. Il remua la tête, désabusé et blessé.

— Ça fait mal, hein, quand on ne te juge pas digne de confiance, dit Jeff.

Jay se resservit un verre de scotch et quitta son fauteuil. Il se félicita d'avoir laissé sa fille un week-end de plus chez sa mère. Vu la tournure de leur « réunion pour de bonnes nouvelles », il était indéniable que le ton monterait. Jeff décréta qu'il était temps de jouer cartes sur table. Les non-dits pouvaient aller au diable.

— Écoute, Jet. Tu as l'impression d'être le seul à te dépêtrer pour sortir le groupe de l'impasse, mais c'est normal. Tu ne serais pas le leader du groupe, si tu ne ressentais pas ce poids plus que nous. Je n'ai pas l'intention de laisser tomber le cinéma. Dans tes interviews, quand on te demande quel métier tu aurais fait si tu n'avais pas été rockstar, tu réponds « enseignant ». Et ça se voit au plaisir tu as d'enseigner une notion à Penny et sa sœur. Supposons que se présente l'occasion de faire de la musique et d'enseigner, tu la laisserais filer ?

— En toute objectivité...

— Oublie toute objectivité, bordel ! gueula Jeff. Acteur est un job qui me plaît et c'est compatible avec la musique. Mais inutile de nous voiler la face, la musique ne nous mène nulle part en ce moment, avec les conneries qu'on met sur le marché, sous prétexte de se faire un capital pour se sortir des griffes de ce type ! Alors tu m'excuseras de m'épanouir ailleurs.

— C'est bien ce que je dis, les intérêts des Beat'ONE...

— On les porte tous ! s'énerva Korgan. Si tu y tiens tant, impose tes compositions, merde ! Ethan a le bras trop long pour quelque chose qui ne lui appartient pas. The Beat'ONE est à nous quatre. On a tous notre part de responsabilité. Rejeter la faute sur quelqu'un ne changera pas l'impasse dans laquelle on se trouve.

— Voilà pourquoi je refuse de chanter ces daubes, lança Red. Enfin, ça relève de l'évidence. (Ayant retrouvé sa bonhomie, il continua d'un ton égal :) Tu veux qu'on vende, Jay ? C'est légitime. Mais pour qu'ils achètent, téléchargent et en aient encore envie après, faut changer tout notre répertoire. Donc, inutile d'entretenir de l'inutile. Inutile de rechanter les horreurs depuis LAST HOPE. On travaillera toujours pour ce con, même s'il ne peut plus me voir en peinture. Je m'en porte d'ailleurs mieux, j'ai horreur qu'un coup de trois soirs me colle aux basques.

D'agacement, Jeff lui jeta un coussin du canapé, esquivé avec un sourire espiègle.

— On récupère Beat'ONE, artistiquement. Envoie se faire mettre ses collaborateurs, au risque qu'il nous hypothèque je ne sais quoi. Sauf ma voiture. Parce que je te promets qu'on les récupérera. Tu parles souvent de Brent – paix à son âme –, mais vous répétiez à l'époque dans le garage des Scott, et vous faisiez salle comble plusieurs nuits d'affilées ! T'as vu le succès de BLAST ENVY. Certes, écrit avec l'énergie du désespoir, mais c'est un C.Q.F.D. !*

— Tu...

Jay ne sut quoi répondre à un tel discours. Venant de Red... Ils l'avaient changé ? Que s'était-il passé durant ses vacances ? Il sortit finalement une boutade.

— C'est vrai que tu étais une groupie des Beat'ONE, à tes débuts.

— Je t'emmerde.

— Je ne savais pas que tu pouvais employer « C.Q.F.D. », railla Jeff. Et il s'y croit !

— Jeffrey chéri, susurra Red tel un amant cajoleur, toi qui as fait des études élitistes, dis-moi ce qu'est un gamin pauvre, issu des bas-fonds de Barney Hall, un des quartiers mal famés de la capitale, qui a interrompu ses études en freshman year (3ème) et est devenu chanteur d'un groupe de rock célèbre, qui vend de la daube certes, mais qui rassemble toujours de la groupie, sinon un exemple de réussite sociale ? Et un petit bourge snobinard, diplômé en sciences-politiques, qui finit bassiste d'un groupe ayant connu la gloire, avant de vendre de la daube et se contenter de la groupie, sinon une déchéance de haut vol ?

— Pourquoi ai-je l'impression qu'il n'a pas décrit le même groupe ? fit Jay.

Korgan explosa de rire aux dépens du bassiste. Jeff ne fut pas le moins du monde offensé.

— Tu sais, Red, avec ce genre d'envolée lyrique, tu ferais des malheurs si tu utilisais tes autres fonctions cognitives. Celles qui sont dites encéphaliques et non phalliques.

Red pouffa.

— Je compte bien utiliser les deux. Figure-toi que l'homme de mes fantasmes existe pour de vrai et a eu l'audace de se dupliquer !

Jeff faillit recracher sa gorgée de martini.

— Pardon ? Ta résolution de ne plus toucher à qui que ce soit, avant un an, était rhétorique en fin de compte.

De leur côté, Korgan et Jay tenaient une autre discussion portant sur les délires de Sacha et les aventures de Peneloppe, femme et fille respectives des deux amis. Il semblait que l'affaire ait été réglée d'un accord tacite. Le commentaire de Jeff attira leur attention.

— Je suis toujours étonné qu'ils se jettent des mots à la tête, depuis des années, dans cette bonne humeur, confia Jay. N'importe qui se serait déjà mis en colère.

— L'alchimie, Jet, l'alchimie.

— Me la joue pas à la Brent.

Korgan lui sourit. C'était l'une des phrases fétiches de leur ancien leader.

— Quand je regarde en arrière, je me demande comment on s'est débrouillés pour en arriver là.

— Je crois que Red essaye de nous dire, à sa façon, qu'on n'a plus rien à perdre. On a perdu le plus important en cours de route. Notre intégrité, comme il dit. Les fans sont volages, vont et viennent. Il y en aura toujours.

— À nous de faire l'unanimité en retrouvant le « beat », déclara Red, qui suivait leur discussion d'une oreille. À nous d'en faire quelque chose d'éponyme.

— Laisse-moi deviner, du genre The Beat'ONE ? fit Jeff.

Korgan leva son verre. Les autres l'imitèrent.

— Aux Beat'ONE, dit-il.

— D'ailleurs, j'ai déjà écrit la chanson du premier single de notre renouveau.

— Sans composition ? s'étonna Jay.

Red avait toujours avancé que les compositions du batteur lui servaient de base.

— Ouaip. Il le fallait, pour ne pas oublier mon fantasme vivant.

— Red, on en a déjà parlé ! le houspilla Jeff.

Red lui tira la langue.

— Je n'accepte pas les remontrances d'un queutard. Si ça peut te rassurer, c'est surtout un mets délicieux qui m'a inspiré. Je l'ai intitulé HOT CHILI.

Korgan s'esclaffa. Son chanteur adorait le chili con carne comme personne. Parce que c'était jour de fête quand sa mère en cuisinait à l'époque. Le jeune homme ravissait les yeux et les papilles, aux fourneaux. Red avait la main culinaire. Dans cette humeur légère, il s'activa pour le dîner en leur racontant son « aventure » avec son beau blond aux yeux bleus et une boîte de chili con carne.

— Vous ne voyez pas là un signe du Ciel ?

— C'était une coïncidence, Red.

— Juste de quoi faire une anecdote, Red.

— Tais-toi et mange, Red.


*o*o*

TBC ► EPISODE 04 - part 2

*C.Q.F.D. : abréviation de « Ce Qu'il Fallait Démontrer », utilisé généralement en conclusion d'un raisonnement, souvent mathématique.

*MEDIA*
Intro vidéo : Here Comes The Hotstepper - Ini Kamoze.

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