Wyatt était allongé à côté de moi, accoudé, en train de me regarder somnoler, tout en ma caressant délicatement le bras du bout des doigts.
-Je tiens beaucoup à toi, Léna.
-Moi aussi.
Je remontais instinctivement le drap sur ma poitrine et me blottissait un peu plus dans ses bras. Je n'étais jamais à l'aise dès qu'il s'agissait de montrer les parties intimes de mon corps.
-T'es vraiment une miss pudique. Il va falloir qu'on balaye ce défaut rapidement.
-Je sais, mais ça fait dix-huit ans que je suis comme ça, ça va être plus, que difficile, de me changer.
Je me mis à rire.
-Mouai, mais je vais quand même essayer. Qui ne tente rien, n'a rien.
Il m'embrassa et tenta de tirer sur le drap que je serrais entre mes doigts. Je sentais bien, qu'il ne forçait pas tant que ça. Mais malgré tout, j'avais réussis à garder le drap sur moi.
-Tu es le mec le plus têtu que je connaisse.
Il se pencha au-dessus de moi en m'offrant un large sourire.
- Je te retourne le compliment. Toi aussi tu es une sacrée têtue.
Il eut un court silence. Wyatt se passa la main dans les cheveux. Signe qu'il était embarrassé. Je commençais vraiment à détecter et comprendre ses moindres gestes.
-Je voulais aussi te dire que si tu veux que je ne vois plus Sophia, je le ferai. Je la rayerai de mes contacts. Je ne veux plus que l'on se dispute comme ce matin. Je ne savais pas qu'elle allait se pointer chez moi et qu'elle ferait sa vipère en te voyant. Elle aime être le centre du monde et que tous les yeux se posent uniquement sur elle. Elle voit en toi, une concurrente car tu es plus jeune qu'elle et tout...
-Non, c'est surtout que je sors avec toi. Elle voulait te mettre le grappin dessus et j'ai littéralement foiré ses plans en débarquant.
Il se mit à rire.
- Je dois dépasser ça. C'est vrai que je dois avoir confiance en toi. Comme toi, tu dois avoir aussi confiance en moi. N'est-ce pas ?
- Je vais faire de mon mieux aussi. Mais, j'ai toujours été de nature jaloux et j'ai énormément de mal à ne pas l'être quand un mec te tourne autour. Surtout quand ce dernier te sauve la vie et qu'il a de réels sentiments pour toi. Nolan n'est pas qu'un petit con, je dois l'avouer à contre cœur. Je n'aime pas le lien que vous avez tous les deux.
-Est-ce que tu crois que je serai ici, si j'avais la moindre attirance, ni même, le moindre sentiment à l'égard de Nolan ?
-Ba...
Je lui mis une petite tape sur le ventre. Wyatt se mit à rire.
-Je t'ai quand même offert un voyage à Hawaï. Ce n'est pas rien. N'importe qui serait venu. Avec ou sans sentiment.
-Ah, je suis n'importe qui, peut-être ! N'oublies pas que je suis ta tête de mule préférée.
-Ça c'est certain. Je me vois mal en supporter deux comme toi.
-Hey !
Le ton était à la rigolade et chamaillerie. On était loin de notre discussion plus qu'houleuse de tout à l'heure. L'atmosphère était détendue et revenue à la normale. J'avais retrouvé le Wyatt que j'aimais tant et notre complicité qui m'était si chère. C'est vrai que moi aussi, j'avais des difficultés à ne pas être jalouse. Je devais bien me l'avouer. Si une fille osait poser les yeux sur lui, je dégainais les griffes. Wyatt était avec moi et pas avec une autre. Il aurait pu sortir avec n'importe quelle nana de son âge, super bien fichue. Non, il a préféré une fille de sept ans, sa cadette. Allez savoir pourquoi ?
J'étais allongée sur mon ventre, enroulée dans le drap avec les pieds relevés.
-Parfois, je me demande vraiment ce qu'il peut te plaire chez moi.
Je ne le regardais pas et n'attendais pas de réponse de sa part. Je venais juste de me parler à moi-même mais sans m'en rendre compte je venais de parler à voix haute.
-Pleins de choses me plait chez toi. J'aime tes yeux magnifiques. J'aime entendre ton rire et ton sourire me fait littéralement fondre. J'aime ta façon de m'embrasser, tes tendres baisers dans le cou. J'aime quand tu me regarde si intensément, que j'ai l'impression que tu lis en moi. J'aime quand on discute durant des heures, j'aime quand tu te serres contre moi quand tu dors ou bien que je me réveille à côté de toi le matin.
Il me sourit.
-J'ai bien répondu ?
Il se mit à rire.
-C'est adorable. Un peu trop pour être vrai mais...
Wyatt fronça des yeux.
-Tu doutes de mes sentiments envers toi ?
-Je me dis que ça ne peut pas être possible que quelqu'un me trouve autant de qualités. Tu n'as pas peur que notre différence d'âge ne soit plus forte que le reste et que cela finisse par nous éloigner ? Qui sait, mais tu vas peut être te lasser de moi.
-Non, notre différence n'est qu'une histoire de chiffres. Je suis heureux avec toi. C'est tout ce qui compte. A moins, que ce ne soit toi qui te lasse déjà de moi.
-Non, je n'ai pas encore l'idée de me débarrasser de toi. Peut-être plus tard.
Je me mis à pouffer de rire.
-J'espère bien. Je n'ai, de toute manière, pas envie de penser à ça. Je préfère vivre au jour le jour notre histoire. On a le temps.
-Désolée de te parler de ça mais c'est une chose à laquelle je pense très souvent. Si ça te soul je peux changer de sujet. Mais, notre différence sera toujours là et nos projets respectifs sont bien différents. Moi, j'ai mes études et toi, ta librairie. J'ai toujours voulue voyager, rencontrer du monde, découvrir toutes les richesses qui existent dans chaque pays. Et puis, j'ai toujours dit que je retournerai en France.
Il leva les yeux au ciel.
-Je suis sérieuse. Et ici, je ne peux pas, tout faire, comme les filles de ton âge par rapport à la France. Regarde l'autre fois, quand tu voulais aller dans le Pub avec tes amis. Je ne pouvais pas y entrer. C'est pour ça que je suis partie avant que vous ne décidiez d'y aller. Je ne voulais pas me taper la honte devant tes amis. Cela, aurait été trop humiliant pour moi.
-C'est ça qui te travaille ? Ça te gêne tant que ça de ne pas pouvoir boire ? Je n'ai pas besoin de trainer dans les Pubs de toute manière. Je m'en veux encore que tu m'aies vu dans cet état la dernière fois. Je n'ai jamais beaucoup bu, en plus je ne supporte pas l'alcool. Je suis soul très vite.
-Non, ce n'est pas ça. N'en parlons plus. Je me prends trop la tête. On a le temps pour les projets.
-Cela ne fait pas encore cinq mois que nous sortons ensemble Léna.
-Je sais. Navrée mais c'est ma première vraie relation. Je me sens un peu perdue. Ce n'est rien. Ça va me passer.
- Je sais, que je suis loin d'être le mec parfait mais je crois en notre histoire.
-Oui, moi aussi, malgré des hauts et des bas et pas mal de prises de têtes, notre couple dur toujours. Qui aurait pu le croire, hein ?
- Pas moi-même. Profitons de chaque moment passé ensemble. On est jeune et la vie devant nous. Et on va tirer un trait définitif sur un de nos sujets de conversation épineux. C'est donc la dernière fois, que l'on aborde le sujet « Sophia ». Elle ne me plait pas du tout et il ne se passera jamais rien entre nous. Elle est aguicheuse, je sais. Mais, je la trouve mille fois moins sexy que toi.
- Je suis d'accord pour tirer un trait définitif sur Sophia. Mais, sur le côté sexy t'abuse. Elle est quand même super bien foutue. Ce n'est pas pour rien que je suis jalouse.
-Accepte les compliments. Je te trouve plus sexy qu'elle. C'est comme ça.
-Ça sera, une de mes prochaines résolutions pour les prochaines années.
On se mit à rire, une nouvelle fois. Je m'enroulais dans ses bras et posais ma joue sur son torse. Les battements de son cœur raisonnaient calmement, tel le tic-tac d'une horloge. Un rythme apaisant et réconfortant.
-J'aime aussi ton petit sourire coquin.
Et qu'appelles-tu par-là : un sourire coquin.
-Ce sourire même que tu es en train de me faire.
-Ah bon ? C'est celui-là alors. Je m'en souviendrai.
Je mis à rire et Wyatt m'accompagna puis il m'annonça gentiment :
-On prend notre douche et je t'invite au restaurant ce soir.
-Oh, chouette ! Ce n'est pas que je déteste passer du temps avec toi, rien que nous deux, bien au contraire, mais c'est que je commence, sérieusement, à avoir faim.
Il me sourit tendrement.
-Et bien comme ça, on fera honneur aux plats du chef. On n'en laissera pas une miette dans nos assiettes.
Il me fit un clin d'œil.
On s'activa à prendre notre douche. Une heure plus tard, nous étions fin prêts.
-En route mademoiselle. Je vais te faire découvrir le meilleur restaurant de l'île. Tu m'en diras des nouvelles.
-J'ai hâte !
On montait en voiture.
On ne roula que quelques minutes avant d'atteindre notre destination. Je fus étonnée de me retrouver face à une maison toute simple qui ne ressemblait en rien à un restaurant. Face à la stupéfaction visible sur mon visage, Wyatt ne put s'empêcher de rire.
-Il ne faut jamais se fier aux apparences.
-Oui, je sais mais c'est étrange comme restaurant. Il n'y a pas d'enseigne, pas de parking, rien qui ne laisse penser à un restaurant.
-Oui, c'est bien pour ça que je l'adore ce resto. Allez viens avec moi, fais-moi confiance. C'est la meilleure adresse du coin.
On descendait de la voiture.
Wyatt toqua à la porte. Une dame d'une soixantaine d'année aux cheveux argentés et à la peau dorée typique des habitants d'Hawaï, nous ouvrit, en nous offrant un large sourire amical accompagné d'un petit cri de joie. Elle prit ensuite Wyatt dans ses bras et le serra fort.
Elle semblait visiblement bien se connaitre ou cette femme était bien familière avec les inconnus.
-Te voilà, perdu sur notre île. Je suis tellement heureuse de te revoir mon petit Wyatt.
-Moi aussi, Mamata.
Effectivement ils se connaissent.
-Oh, que je suis impolie, je ne vous ai même pas salué. Elle se tourne vers moi et me serre, à mon tour, dans ses bras.
Je ne pus m'empêcher de rire jaune.
Voyant que j'étais mal à l'aise, suite à cette étreinte, des plus surprenantes, sachant que je ne connaissais pas du tout cette Mamata, Wyatt fit les présentations.
-Léna, je te présente Mamata. L'amie d'enfance de ma mère. Mamata, je te présente Léna, ma petite amie.
-Oh...
- Wyatt est comme mon petit et mon Mattéo aussi. Il a dû tellement grandir depuis la dernière fois que je l'ai vu. Cela remonte à plus d'un an. Pourquoi n'êtes-vous pas venu avant ? Le temps se fait long sans vous voir aussi longtemps.
Mamata semblait si protectrice avec Wyatt et Mattéo. S'en était si touchant et si beau à voir. Wyatt semblait, lui aussi, si heureux, apaisé. Ces yeux pétillaient de joie et son sourire ne pouvait s'ouvrir plus grand, laissant ainsi apercevoir sa dentition dans toute sa splendeur.
-Désolé. Je sais, que cela fait un bon bout de temps qu'on ne t'a pas rendu visite. J'ai été très occupé par l'amélioration de la librairie de maman. Puis j'ai déménagé et enfin pris mon appartement rien qu'à moi.
Il se passa la main dans les cheveux.
-Et j'ai aussi rencontré Léna. Et nous voilà !
-Vous faites un merveilleux petit couple. Je sais pourquoi, tu n'avais pas assez de temps. Il va falloir que tu me raconte tout dans les détails. Je veux tout savoir mon Wyatt. Allez, allez, entrez ! J'ai préparé un délicieux combo. Je pourrai nourrir un régiment. Je n'ai jamais été douée pour les proportions quand je cuisine. J'en fais toujours cent fois trop.
On prit place à une grande table en bois, située en extérieur sur la terrasse du jardin.
-Mamata est une excellente cuisinière, tu vas voir. C'est le cordon numéro un d'Hawaï.
Je repensais à ce qu'il m'avait dit concernant, qu'il était déjà venu ici, à Hawaï. Je comprenais mieux désormais. Moi, qui m'imaginais qu'il était venu ici avec l'une de ses ex. Qu'est ce que je pouvais être tordue quand même.
J'étais assise à côté de lui et Mamata était en face de nous. Je pris la main de Wyatt sous la table et lui chuchota à voix basse.
-Merci de m'avoir amené ici.
Wyatt me sourit si tendrement. Son regard était joyeux mais se cachait une larme de tristesse au fond du regard.
-Tu es la première fille que je présente à Mamata.
-C'est une femme adorable. Ça me touche beaucoup que tu me l'es présenté.
-Oui, elle a toujours été là pour nous. Elle compte énormément pour moi, pour mon père et Mattéo. Même, si elle ne peut pas venir nous voir souvent et sens inverse. Mais, dès que l'on se revoit, c'est le plus grand bonheur. Ma mère et elle, étaient inséparables. Elles se connaissaient depuis l'âge de deux ans. J'ai trouvé cela normal de te la présenter puisque tu comptes énormément pour moi.
Je déposais rapidement un baiser sur sa joue.
-A table !
Mamata arrivait avec le fameux combo. On remarqua qu'elle n'avait pas du tout menti sur la quantité qu'elle avait concoctée. La marmite était énorme. On pouvait y manger à une bonne dizaine de personnes sans le moindre soucis.
Le combo fut un vrai délice pour les papilles. Je fis ma gourmande en reprenant deux fois. Wyatt fit de même. Mamata était si contente de nous voir nous régaler de la sorte.
-Que ça fait plaisir de voir que mon plat connait un tel franc succès. Je ne regrette pas d'en avoir fait de trop. Gardez tout de même, un peu de place, je vais vous faire des beignets de banane pour le dessert.
Elle ria de bon cœur. Un rire communicatif puisque nous l'accompagnions dans un rire général et détendu.
On passa le reste de la soirée chez Mamata. On ne vit pas le temps passer. Cette femme était d'une grande gentillesse, amusante, calme. Il faisait nuit noir quand on décida de rentrer chez nous. Wyatt la prit dans ses bras.
-On va te laisser Mamata.
-Oh, il se fait déjà tard. Je ne vois jamais le temps passer quand je suis en excellente compagnie.
Elle se rapproche de moi et m'offre un merveilleux sourire. De ma propre initiative, je décidais de la serrer dans mes bras, à mon tour.
-Merci pour votre accueil et votre délicieux repas. Je n'ai jamais aussi bien mangé de toute ma vie.
-Merci mon enfant et appelle-moi Mamata et pas de de vouvoiement entre nous, je te prie.
-D'accord, Mamata !
Elle me fit un clin d'œil.
Wyatt lui fit la promesse de revenir avant que nous repartions pour la Nouvelle-Orléans. Ce que j'acceptais sans la moindre hésitation. Sur le trajet du retour régnait un silence. Mais pas un silence de gêne, non, un silence de sérénité et de plénitude.