Late Night Talking

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Elle cherchait un endroit en marge de cette soirée où elle ne voulait pas venir. Lui voulait juste souffler e... עוד

Avant Propos
Tome I • Chapitre 1
Tome I • Chapitre 2
Tome I • Chapitre 3
Tome I • Chapitre 4
Tome I • Chapitre 5
Tome I • Chapitre 6
Tome I • Chapitre 7
Tome I • Chapitre 8
Tome I • Chapitre 9
Tome I • Chapitre 10
Tome I • Chapitre 11
Tome I • Chapitre 12
Tome I • Chapitre 13
Tome I • Chapitre 14
Tome I • Chapitre 15
Tome I • Chapitre 16
Tome I • Chapitre 17
Tome I • Chapitre 18
Tome I • Chapitre 19
Tome I • Chapitre 20
Tome I • Chapitre 21
Tome I • Chapitre 22
Tome I • Chapitre 23
Tome I • Chapitre 24
Tome I • Chapitre 25
Tome I • Chapitre 26
Tome I • Chapitre 27
Tome I • Chapitre 28
Tome I • Chapitre 29
Tome I • Chapitre 30
Tome I • Chapitre 31
Tome I • Chapitre 32
Tome I • Chapitre 33
Tome I • Chapitre 34
Tome I • Chapitre 35
Tome I • Chapitre 36
Tome I • Chapitre 37
Tome I • Chapitre 38
Tome I • Chapitre 39
Tome I • Chapitre 40
Tome I • Chapitre 41
Tome I • Chapitre 42
Tome I • Chapitre 43
Tome I • Chapitre 44
Tome I • Chapitre 45
Tome I • Chapitre 46
Tome I • Chapitre 47
Tome I • Chapitre 48
Tome I • Chapitre 49
Tome I • Chapitre 50
Tome I • Chapitre 51
Tome I • Chapitre 52
Tome I • Chapitre 53
Tome I • Chapitre 54
Tome I • Chapitre 55
Tome I • Chapitre 56
Tome I • Chapitre 57
Tome I • Chapitre 58
Tome I • Chapitre 59
Tome I • Chapitre 60
Tome II • Chapitre 1
Tome II • Chapitre 2
Tome II • Chapitre 3
Tome II • Chapitre 4
Tome II • Chapitre 5
Tome II • Chapitre 6
Tome II • Chapitre 7
Tome II • Chapitre 8
Tome II • Chapitre 9
Tome II • Chapitre 10
Tome II • Chapitre 11
Tome II • Chapitre 12
Tome II • Chapitre 13
Tome II • Chapitre 14
Tome II • Chapitre 15
Tome II • Chapitre 16
Tome II • Chapitre 17
Tome II • Chapitre 18
Tome II • Chapitre 19
Tome II • Chapitre 20
Tome II • Chapitre 21
Tome II • Chapitre 22
Tome II • Chapitre 23
Tome II • Chapitre 24
Tome II • Chapitre 25
Tome II • Chapitre 26
Tome II • Chapitre 27
Tome II • Chapitre 28
Tome II • Chapitre 29
Tome II • Chapitre 30
Tome II • Chapitre 31
Tome II • Chapitre 32
Tome II • Chapitre 33
Tome II • Chapitre 34
Tome II • Chapitre 35
Tome II • Chapitre 36
Tome II • chapitre 37
Tome II • Chapitre 38
Tome II • Chapitre 39
Tome II • Chapitre 40
Tome II • Chapitre 41
Tome II • Chapitre 42
Tome II • Chapitre 43
Tome II • Chapitre 45
Tome II • Chapitre 46
Tome II • Chapitre 47
Tome II • Chapitre 48
Tome II • Chapitre 49
Tome II • Chapitre 50
Tome II • Chapitre 51

Tome II • Chapitre 44

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1ᵉʳ avril 2024 - Dans les airs en direction du Japon

Je referme mon ordinateur et m'étire un peu sur mon siège. J'ai fini le travail qui me restait à faire pour être prête pour cette nouvelle semaine de Grand Prix. Je jette un coup d'œil à Lando qui est endormi à côté de moi. Nous avons décollé depuis plusieurs heures déjà. Le réveil n'a pas été évident ce matin. Ni lui, ni moi avions envie de quitter ce cocon réconfortant qu'offre la maison de ses parents. Nous avons passé la journée à Woking au MTC afin de rejoindre l'équipe qui a pris l'avion avec nous en fin d'après midi. C'est presque à reculons que j'ai pris place dans l'avion même si j'ai très envie de retrouver les bras protecteurs de Lewis. Nous passons une nuit à Tokyo et après avec Lando, nous prendrons la direction du Suzuka où le pilote britannique m'attend.

Hier soir, après la dernière photo dénudée que je lui ai envoyé, Lewis m'a appelé en FaceTime. Si au début, j'ai eu un peu de mal à me prêter au jeu, je me suis rapidement laissé tenter. Il a dicté chacun de mes mouvements pour que je décroche un orgasme étouffé dans mon oreiller. J'ai les joues qui rougissent quand je repense à ce que nous avons fait hier soir. C'était tout nouveau pour moi. Fin, je veux dire, je n'ai aucun problème pour me toucher quand je suis seule, mais je n'avais jamais suivi les ordres de quelqu'un d'autre pour atteindre l'extase. Voir Lewis sourire à travers l'écran après avoir rouvert les yeux, c'est plaisant, même si j'aurais préféré qu'il soit physiquement avec moi.

Depuis quelque temps, je me réveille en étant toujours fatiguée. Comme si ma nuit de sommeil ne s'était jamais passée. Si au début, je n'arrivais pas à comprendre pourquoi j'avais cette sensation de poids dans l'estomac et que mes rêves devenaient de plus en plus étranges, maintenant je sais. Le Japon, même s'il n'est pas au même moment dans le calendrier que l'an dernier, reste une destination que j'appréhende.

J'ai tenté de ne pas y penser jusque-là, parce que je ne veux pas nourrir des angoisses inutiles. Mais plus le petit avion sur l'écran devant moi se déplace vers l'archipel nippon, plus je me sens tendue. Je déplie la couverture fournie par la compagnie aérienne puis j'incline un peu mon siège avant de poser ma tête sur l'épaule de Lando. Sa respiration lente fait monter et descendre ma tête au même rythme. Si j'en crois ce qu'il y a écrit à l'écran, il nous reste un peu moins de six heures de vols sur les quatorze prévues.

Alors que je suis en train de me concentrer sur ma respiration pour tenter de m'endormir, Lando bouge un peu. Je me redresse et ouvre un œil. Il m'adresse un sourire puis relève l'accoudoir entre nous avant d'incliner encore plus nos sièges. Nous ne sommes pas seuls dans ce jet, mais à en croire le silence qui règne dans la cabine, le reste de l'équipe s'est assoupi.

Lando ouvre son bras en grand et m'invite à me blottir contre lui.

- Allez viens là... En attendant que Lewis prenne le relai, je suis là. Tu le sais ?

J'hoche doucement la tête de haut en bas et je me blottis contre Lando. Je tire la capuche de mon sweat sur ma tête et la pose sur son torse. Il entoure mes épaules avec son bras et me serre un peu plus contre lui.

- Ça ne sera sûrement pas des jours faciles, mais tu n'es pas toute seule.

Je ne suis pas vraiment surprise parce qu'il vient de me dire, Lando a toujours été très observateur. Sans aborder le sujet, il a toujours su se montrer présent dans les différentes étapes que ma vie depuis que je le connais. Il a cette sensibilité, que certains ont, comme s'il pouvait lire dans les pensées et trouver les bons mots pour apporter son soutien sans rien demander en retour.

J'étais sur un petit nuage depuis trop longtemps, il fallait bien qu'une ombre vienne ternir le tableau idyllique sur lequel j'étais en train d'évoluer. Je soupire lentement puis je ferme les yeux pour tenter de dormir un peu. Avec les nuits agitées et le décalage horaire, ce voyage s'annonce déjà compliqué.

Je me réveille en sursaut lorsque les trains d'atterrissages heurtent de tarmac de l'aéroport. Je mets du temps à réaliser où je me trouve. Les rires de Lando et Will, son ingénieur, me ramènent rapidement à la réalité. Je leur jette un regard noir avant de recouvrir ma tête avec ma couverture.

- Si tu avais vu ta tête, me lance Lando en rigolant ! Ça, c'est pour m'avoir réveillé à huit heures hier !

- Ta vengeance n'est absolument proportionnelle ! J'ai été douce avec toi et toi, tu choisis la violence ?

Je laisse la couverture retomber sur mes genoux et j'enlève ma capuche. Je déteste être réveillée de la sorte. Je fais la moue tout en lassant mes baskets à mes pieds. Tout le monde est en train de s'affairer pour rassembler leur affaire avant d'avoir le feu vert pour quitter l'avion. Lando me bouscule un peu pour me taquiner et devant sa tête enfantine, je n'arrive pas à lui faire la gueule très longtemps. Je le laisse prendre mon sac à dos sur son épaule puis nous faisons la queue dans l'allée principale pour quitter l'appareil.

Peut-être que j'ai profité de la situation pour que Lando pousse le chariot sur lequel se trouvent nos valises, je marche devant lui à quelques centimètres. Quand nous passons les portes de la zone d'arrivée, je remarque tout de suite le chauffeur qui tient dans ses mains une tablette portant le nom de Lando dessus. Pas peu fière d'avoir trouvé notre chauffeur, je me retourne vers le pilote et lui fait un signe de tête en direction du chauffeur. Arrivés à son niveau, Lando dépose ma valise à mes pieds et me salue. Je fronce les sourcils, pourquoi est-ce qu'il me salue alors que nous allons au même hôtel ?

- Mais attends, Lando ! Et moi alors ? Demandai-je en le suivant.

- Bah, t'as ton chauffeur toi aussi ! Je pensais que tu l'avais vu...

Je me retourne pour regarder là où Lando regarde et je découvre une jeune femme en costard qui tient, à son tour, une tablette avec écrit mon nom et mon prénom dessus. Elle m'offre un grand sourire et m'invite à la suivre en prenant la poignée de ma valise dans sa main. J'hausse les épaules, c'est bien la première fois que j'ai le droit à ce traitement. D'habitude, je suis comprise dans les déplacements de Lando. Je profite du court trajet entre le hall de l'aéroport et de la berline qui m'attend pour envoyer un message à Lewis afin de lui communiquer mon arrivée sur les terres japonaises.

Je ne retiens pas mon hoquet de surprise quand je le découvre adossé à la banquette sur laquelle je m'apprête à prendre place. Je m'empresse de refermer la portière derrière moi et je me jette dans ses bras.

- Mais qu'est-ce que tu fais là ? Demandai-je en me reculant un peu.

J'ai un peu de mal à croire qu'il est là, devant moi, alors que nous devions nous retrouver que demain en fin d'après midi. Je saisis son visage entre mes mains et l'attire vers moi pour l'embrasser. Mon cœur bat la chamade dans ma cage thoracique. Ses lèvres chaudes viennent s'écraser contre les miennes à mon plus grand plaisir.

- Après notre appel de dimanche soir, j'ai un peu chamboulé mes plans...

- Je vois ça... murmurai-je en caressant son nez avec le mien.

Nous restons enlacés quand la conductrice finit par quitter sa place de parking. La nuit est déjà en train de tomber sur la ville. Avec le vol et le décalage horaire, nous arrivons presque vingt-quatre heures après avoir décollé. Heureusement que j'ai pu travailler dans l'avion, sinon j'aurai vraiment eu l'impression d'avoir perdu ma journée.

La tête posée sur le torse de Lewis, je regarde les lumières défiler. Il glisse ses doigts entre les miens et les caressent avec son pouce.

- Puis... J'ai déjà été trop absent en ce début d'année... Je n'allais pas te laisser toute seule pour ton retour au Japon. Me dit-il avant de déposer un baiser dans mes cheveux.

- Je n'étais pas toute seule, il y avait Lando avec moi...

- Je sais, mais je veux être là, tout le temps.

Je m'appuie un peu plus contre lui. Il resserre son bras autour de ma taille. Je respire profondément son parfum qui me parvient, ce qui calme un temps mes angoisses qui pensaient prendre le dessus.

Avant que nous arrivions devant l'hôtel, je me redresse un peu.

- Si je comprends bien, Lando est de mèche avec toi depuis mon départ de Monaco ?

- Absolument ! Quand il s'agit de toi, on arrive à être assez sérieux...

C'était donc de ça qu'ils parlaient quand je les ai interrompus en revenant dans ma chambre quelques jours plus tôt. Je m'étais doutée que j'étais le sujet de leur conversation, mais je ne savais pas de quoi il en retournait. Je suis touchée qu'ils s'inquiètent pour moi, même si je ne ressens pas forcément le besoin d'être couvée en ce moment.

Ma portière s'ouvre sur un Lando tout sourire. Il me tend une main pour m'aider à quitter l'habitacle confortable de mon taxi. Lewis sort de son côté et vient nous rejoindre en prenant ma valise. En quelques enjambées, nous nous retrouvons dans le hall de l'hôtel. Je tends mon passeport à Lando pour qu'il puisse récupérer la carte de ma chambre en même temps que la sienne. Nous l'attendons avec Lewis vers les ascenseurs. Je remarque que Lewis n'a rien d'autre qu'un petit sac à dos qu'il porte sur une épaule.

- Où sont tes affaires ? Tu ne voyages jamais aussi léger d'habitude !

- J'étais déjà à Suzuka quand on s'est appelé hier soir... Tu étais peut-être trop occupée pour te rendre compte que je n'étais pas à la maison...

Mes joues s'empourprent instantanément. Je pince mes lèvres entre elles, rien que le souvenir d'hier soir me suffit pour réveiller les papillons qui sommeillent dans mon bas ventre. Ma réaction fait sourire Lewis qui finir par se mordiller la lèvre inférieure.

Lando nous rejoint, un sourire triomphant aux lèvres.

- Tiens, ça, c'est votre chambre. Me dit-il en me tendant la carte magnétique de ma chambre. J'ai dû demander à ce qu'on me change de chambre, ils nous avaient mis à côté ces fous !

- Ça tombe bien, je comptais casser la tête de lit ce soir ! rigole Lewis en s'engouffrant dans l'ascenseur.

Je laisse échapper un ricanement devant l'air de dégout de Lando. Il lève les yeux au ciel et prend place dans l'ascenseur à son tour. Je regarde les chiffres inscrits sur la carte de la chambre avant d'appuyer sur le bouton « 8 » alors que Lando appuie sur le « 10 ».

- Ah ouais, tu as demandé une chambre très loin !

- On est jamais trop prudent avec lui, déclare Lando en jetant un regard à Lewis.

Je tourne ma tête pour regarder Lewis, qui fait mine de ne pas entendre en pianotant sur son téléphone. Quand les portes de l'ascenseur s'ouvrent, nous souhaitons une bonne nuit à Lando avant de partir en direction de notre chambre. Je me retourne en direction du pilote McLaren avant que les portes ne se referment, il rigole en faisant des allers-retours avec son index dans un trou matérialisé par son autre main. Il n'en rate pas une pour me faire rire.

- Tu viens ? Me lance Lewis un peu plus loin dans le couloir.

Je fais un clin d'œil à Lando avant de me retourner pour poursuivre ma route. Lewis déverrouille la porte de la chambre et allume la lumière principale. Je me faufile entre lui et la commode à l'entrée pour aller faire le tour de la chambre.

C'est une chambre assez simple. Un grand lit, un petit bureau et une salle de bain. De toute façon, nous n'avons pas besoin de plus puisque nous repartirons demain pour Suzuka. Les bras de Lewis viennent m'enlacer, nous sommes face au lit et je décale ma tête pour le regarder.

- Dommage pour tes plans, il n'y a pas de tête de lit...

Au même moment, mon portable vibre dans la poche arrière de mon jean. Je le saisis et souris en voyant la notification.

Landodo : 20h57
Même si Lewis est venu te rejoindre,
On fait toujours le trajet jusqu'à Suzuka ensemble demain ?
Bonne nuit !

Moi : 20h57
Tu ne vas pas te débarrasser de moi aussi facilement !
Dors bien, à demain 🫶🏻

Je jette mon téléphone sur le couvre-lit et me retourne dans les bras de Lewis. Son souffle s'écrase sur mon visage. Ses mains en bas de mon dos m'attirent un peu plus contre lui.

- Tu veux aller prendre une douche et après, on se met au lit ? Me propose-t-il d'une voix calme.

- Ça me semble être une très bonne idée...

Lewis dépose un baiser sur mon front puis desserre son étreinte pour que je puisse aller prendre ma douche. Je prends ma valise et la dépose sur le bureau afin de l'ouvrir pour y prendre de quoi me changer. Pendant que Lewis se déshabille pour se mettre au fil, je file dans la salle de bain.

Je ne m'éternise pas sous la douche, je n'ai pas besoin de me laver les cheveux, puis Lewis m'attend à côté. Je me savonne en express et me rince tout aussi rapidement. Je frictionne ma peau à l'aide de la serviette éponge puis j'enfile une culotte et le t-shirt oversize aux couleurs de Mercedes qui appartient à Lewis.

Avant de me glisser sous les draps, mon portable vibre une seconde fois. Je le mets à charger puis je consulte la notification. Cette fois-ci, ce n'est pas Lando mais Pierre qui m'écrit. Je suis contente d'avoir enfin de ses nouvelles. Après le Grand Prix d'Australie, ils sont restés avec Kika pour profiter d'une petite semaine rien que tous les deux avant qu'elle ne s'envole pour le Brésil.

Pierrot 🂡 : 21h12
Je viens de récupérer mes parents à l'aéroport,
On mange tous ensemble demain midi ?
Comment tu vas ? Ta petite tête me manque !

Je traduis le message à Lewis qui a sa tête posée sur mon épaule, puis j'envoie un message à Lando pour lui proposer de se joindre à nous. Après avoir reçu sa réponse positive, j'écris ma réponse à Pierre.

Moi : 21h16
Pour le moment, ça va pas trop mal.
Pas de problème pour demain midi, y'aura Lewis et Lando avec moi.
Toi aussi, tu me manques 🙈

Je mets mon téléphone en vibreur et le pose sur la table de nuit. Seule la lampe de chevet du côté de Lewis nous éclaire. Nous nous retrouvons l'un en face de l'autre, la tête soutenue par nos mains. Lewis passe son autre main sous mon t-shirt et attrape mes hanches pour me rapprocher de lui.

- Hier soir, tu n'as pas eu le temps de me raconter ton weekend... Alors ? Vous avez fait quoi ?

Je m'installe un peu plus confortablement et je lui raconte dans les moindres détails mon weekend chez les parents de Lando. Je commence par le vol en hélicoptère pour finir par notre passage à Woking avant de prendre l'avion.

J'aime la façon dont ses sourcils bougent en fonction de ce que je lui raconte. Je trouve toujours une oreille attentive chez Lewis. Que je lui raconte mes journées ou que je lui explique la recette de mes ramens préférés. Il a cette étincelle dans les yeux qui vous invite à toujours plus vous livrer.

Je retiens un bâillement, puis un deuxième lorsqu'il me raconte comment il a occupé son weekend. Non pas que je ne sois pas intéressée par ce qu'il me raconte, mais toute la fatigue accumulée ces derniers jours est en train de m'achever. Je lutte un peu puis je finis par déposer les armes quand Lewis termine son récit. Tout ce que j'ai retenu, c'est qu'il n'avait pas arrêté de travailler pour rattraper les jours qu'il avait passés avec moi.

Blottie dans ses bras, j'ai comme l'impression que la boule dans mes entrailles est devenue presque insignifiante. Après l'enterrement de ma mère et mon retour au travail, il n'y avait que dans les bras de Lewis que j'arrivais à m'endormir presque paisiblement. Cette sensation de sécurité, de protection est la même qu'avant.

Le nez dans son cou, je respire doucement pour ne pas lui faire de chatouilles. Avec une main, il me caresse les cheveux et avec l'autre, il dessine des formes aléatoires sur la peau de ma cuisse dénudée. Je recule un peu la tête pour l'embrasser tendrement avant de lui souffler une bonne nuit et je me remets dans la même position que j'étais afin de tenter de dormir.

Une sensation de bien-être m'envahie, je me rends rapidement compte que je suis en train de rêver. Je revivais une scène que nous avions vécu cet été, quand je suis allée me ressourcer à la Réunion. Avant de prendre l'avion pour rejoindre Lando afin de faire plus connaissance avec lui, nous avions passé deux jours sur un bateau avec mes parents pour faire de la plongée.

Je peux encore ressentir la joie que j'avais éprouvée à ce moment-là. Même si ma mère était moins friande des excursions au cœur des épaves qui étaient profondes, elle venait quand même avec nous pour explorer les récifs bourrés de poissons de toutes les couleurs. Nous avons posé l'appareil photo étanche contre un rocher pour prendre une photo de tous les trois. Cette photo est toujours encadrée dans mon appartement. Je sens mon cœur battre un peu plus fort quand ma mère me prend la main pour m'inviter à la suivre.

Si dans un premier temps, mon rêve semblait idyllique, il s'est rapidement transformé en cauchemar. Après avoir visité une grotte un peu plus profonde, nous entreprenons la remontée. Au-dessus de ma tête, je peux voir les palmes de mon père, il est déjà à la surface. Mais mon attention est attirée par la main de ma mère qui attrape ma cheville. Je détourne directement mon regard dans sa direction. Ses yeux paniqués me fixent à travers son masque pendant qu'elle agite son nanomètre. Je jette un rapide coup d'œil à l'aiguille qui indique le volume d'air présent dans sa bouteille. L'aiguille est presque à zéro.

Je stoppe tout de suite ma remontée en évacuant l'air présent dans mon gilet. Je me retrouve au niveau de ma mère, je saisis mon octopus sous mon coude droit pour lui donner. Nous sommes allées trop profondément pour pouvoir remonter directement. Une remontée trop rapide pourrait provoquer la formation de bulle d'azote dans le sang et risquer nos vies à toutes les deux. Je vérifie que j'ai assez d'air dans ma bouteille puis je tends le détendeur à ma mère.

C'est une procédure que je connais par cœur. Nous l'avons répété mainte et mainte fois. Mais je ne comprends pas, l'air ne semble pas arriver dans la bouche de ma mère. Mon rythme cardiaque s'accélère. Il me reste encore dix-huit mètres pour atteindre la surface avant de pouvoir demander de l'aide. J'inspire une grande bouffée d'air avant de retenir ma respiration pour échanger de détendeur avec ma mère. Je saisis le détendeur qu'elle avait et respire avec. Tout fonctionne parfaitement avec moi.

Sa main vient caresser ma joue, j'échange une nouvelle fois mon détendeur avec le sien. Mais rien ne parait fonctionner avec elle. Je suis prise de panique, les yeux de ma mère commencent à se fermer. Sa bouche s'ouvre et laisse échapper un petit filet de bulles qui remontent à la surface. J'attrape son gilet avec mes deux mains et je la secoue de toutes mes forces. Je pleure de rage dans mon masque, je retente encore une fois d'insuffler de l'air à l'aide de mon détendeur de secours.

Tout son corps se détend, sa tête bascule en arrière. Je tiens le corps inanimé de ma mère dans mes mains. Je hurle de toutes mes forces.

Cette fois-ci, c'est mon corps qui est secoué. Une voix lointaine est en train d'appeler mon prénom. Je n'arrive pas à savoir d'où ça vient. Je me débats pour remonter le corps à la surface, mais une force extérieure continue de me secouer. Je commence à manquer d'air à mon tour. Puis d'un seul coup, l'eau autour de moi et le corps sans vie de ma mère disparaissent dans une volute de fumée.

J'ouvre les yeux, mes joues sont inondées de mes larmes. Même si la lumière est faible, elle m'aveugle quand même. Je ne suis plus dans l'eau, je ne porte plus mon équipement de plongée.

- Amélia, regarde-moi. C'est fini.

Je reconnais la voix de Lewis qui me parvient au loin. Je continue de crier pour trouver ma mère, je n'arrive pas à déceler le vrai du rêve. Mais une énième secousse me ramène à l'instant présent.

- C'est qu'un cauchemar, je suis là. Tout va bien.

Je cligne doucement des yeux quand le visage de Lewis apparait enfin. Je me jette dans ses bras et le serre le plus fort que je puisse. Mes larmes redoublent quand je comprends ce qu'il vient de se passer. Elle était là dans mes bras. Ce rêve paraissait si réel. Je l'ai senti me toucher la joue. Elle était là, si près de moi.

Lewis me berce doucement de droite à gauche. J'étouffe quelques sanglots. Les nuits précédentes, je n'arrivais pas à me souvenir des rêves agités que je pouvais faire. En me réveillant, j'étais souvent en sueur, mais sans souvenir et heureusement. Ce rêve paraissait beaucoup trop réel, je ressentais chacune des sensations. Même celle de l'air frais qui arrivait de ma bouteille dans mon dos. Je pouvais sentir le corps de ma mère devenir plus lourd.

Je desserre doucement mes doigts qui s'enfonçaient dans le dos de Lewis. Ses mouvements réguliers ont fini par me calmer. Je reprends une respiration plus lente, plus profonde.

- Je suis désolée, articulai-je doucement.

Lewis se décale un peu et passe sa main sur mon visage pour dégager mes mèches de cheveux qui me cachait les yeux.

- Tu veux m'en parler ? Tu étais avec ta mère ? Tu as hurlé plusieurs fois « Maman » avant que je réussisse à te réveiller...

Je souris doucement quand j'entends Lewis prononcer le mot Maman en français. Je me blottis un peu plus dans ses bras et je lui raconte mon rêve, ou du moins ce dont je me souviens. Plus les minutes passent et plus, j'ai l'impression d'oublier ce qu'il s'est passé. Seule la sensation très perturbante de ne pas réussir à venir en aide à ma mère persiste. À chaque fois que je ferme les yeux, je revois son regard apeuré à travers son masque de plongée.

Je finis par quitter le lit pour aller me passer un peu d'eau fraiche sur le visage et les bras. Je répète plusieurs fois l'opération avant de prendre appui sur le rebord du lavabo et laisser mes larmes couler sur mes joues. La silhouette de Lewis apparait dans l'encadrement de la porte. Il n'a qu'à faire un pas pour me rejoindre. Ses mains chaudes remontent le long de ma colonne vertébrale.

- On va aller faire un tour dehors, ça te fera du bien.

Je glisse mes doigts entre les siens et le suis dans la chambre. Je récupère un pantalon de jogging et l'un des pulls que j'avais pris à Lewis puis je les enfile. Après avoir mis mes chaussettes, je saute dans mes baskets. Lewis m'attend, déjà prêt, devant la porte. Avant que nous quittions le hall d'entrée de l'hôtel, il place sa capuche sur sa tête et en fait de même pour la mienne. Je n'ai pas regardé l'heure avant de partir, mais les rues autour de l'hôtel sont calmes. Nous croisons très peu de personnes, mais plusieurs chats viennent nous saluer sur notre chemin.

Je ne sais pas vraiment où nous allons, mais je laisse Lewis me guider sans dire un mot. Nous arrivons au pied d'une tour ressemblant à la tour Eiffel, son sommet est entouré d'une brume assez épaisse. Lewis s'adosse à une barrière et m'attire contre lui. Ses bras entourent mon corps

- Peut-être que la première partie de mon rêve, c'était pour me rappeler tous ces bons moments que j'ai passés avec elle, et qu'elle continue à être auprès de moi... Après mon cerveau s'est rappelé qu'elle était décédée et a tenu me le rappeler... D'une façon un peu brutale... Dis-je en tentant d'offrir un petit sourire à Lewis.

- Tu peux donner le sens que tu veux. Il est assez difficile de comprendre la signification exacte des rêves. Mais c'est sûr qu'elle est avec toi à n'importe quel moment. Peut-être que tu referas des rêves comme celui de ce soir ou peut-être que ça ne se reproduira jamais. Dans tous les cas, je serai là, à chaque fois que tu te réveilleras.

Mon cœur fond. Littéralement, j'ai l'impression de le sentir s'écouler entre mes côtes. Sa dernière phrase sonne à mes oreilles comme une promesse. Une promesse à laquelle je veux m'accrocher. Dans quelques années, sera-t-il toujours auprès de moi à chacun de mes réveils ? Je passe mes mains à l'intérieur de sa capuche et attire son visage tout près du mien.

- Ne profite pas de mes moments de faiblesses pour me faire de belles déclarations. Ce n'est pas parce que je suis toute chamboulée que je ne me souviendrai pas de ce que tu viens de me dire.

- Tu peux t'en souvenir et te le répéter à longueurs de journées si tu veux, mon discours ne changera pas. Me répond Lewis avant d'attraper mes lèvres entre les siennes.

Je ferme les yeux et je me laisse enivrer par ce baiser plein de promesses. Au bout de quelques secondes, je mets fin à cette étreinte et prends la main de Lewis pour qu'on rentre à l'hôtel. L'atmosphère semble plus légère. Je respire à pleins poumons, le poids qui me comprimait la poitrine depuis quelques jours est moins lourd. Je sais que le reste de la nuit sera compliqué, mais je serai dans les bras de Lewis. C'est dans le creux de ses bras que je me sens en sécurité.

3 avril 2024 - Tokyo - Japon

Point de vue de Lewis Hamilton

Je quitte la chambre sur la pointe des pieds. Amélia dort encore profondément. Je l'ai regardé dormir plusieurs minutes avant d'aller prendre ma douche.

Quand nous sommes rentrés après notre petite balade nocturne, Amélia s'est immédiatement glissée sous les draps. Je l'ai bercé et fredonné des musiques sur lesquels je suis en train de travailler pour l'aider à s'endormir. Comme je le faisais après son retour précipité au Qatar après l'enterrement de sa mère. Si en journée Amélia est une femme forte qui ne laisse rien paraitre, c'est la nuit qu'elle laisse tomber ses barrières.

Elle a lutté un peu, elle devait sûrement avoir peur de refaire son cauchemar. Puis petit à petit, j'ai senti son corps se détendre sous mes caresses. Je n'ai dormi que d'un œil, je voulais être là si jamais elle recommençait à s'agiter dans son sommeil. Si elle a eu plusieurs spasmes qui m'ont fait sursauter, elle a fini par adopter une respiration lente et profonde pour le reste de la nuit.

Je me sens un peu impuissant face à la situation. Je n'ai jamais eu à faire le deuil d'une personne aussi chère à mes yeux qu'une maman. Je ne sais pas trop vers qui me tourner, puis je me souviens que Charles a perdu son père quand il était plus jeune. Amélia et lui se connaissent depuis longtemps, il pourra peut-être lui venir en aide. Alors que je sors dans la rue pour aller chercher le petit déjeuner, je prends mon téléphone et commence à écrire au monégasque.

Moi : 9h43
Mec, t'es à Tokyo ou t'es déjà à Suzuka ?
Le retour d'Amélia ici a été plus difficile que prévu...
On mange ce midi avec les parents de Pierre,
Ça lui ferait surement plaisir si tu étais là toi aussi.
PS : si tu as des conseils pour m'aider à l'épauler, je suis preneur.

J'entre dans une petite échoppe et commande deux formules petit déjeuner. Je sirote mon expresso en regardant la ville qui fourmille déjà. Une fois prête, je récupère ma commande et je fais le chemin retour pour aller rejoindre Amélia. Dans l'ascenseur, l'odeur des pancakes me remplit les narines, je sens mon ventre qui se serre. Je n'ai pas pris le temps de manger hier soir. Je meurs de faim.

Avant d'arriver devant la porte de notre chambre, mon portable vibre dans ma poche. Je déverrouille rapidement la porte à l'aide de la carte puis je dépose mon butin sur le bureau à côté de la valise ouverte d'Amélia. Je jette un coup d'œil à la jeune femme, elle dort encore paisiblement. Elle n'a pas changé de position depuis que je suis parti. Je saisis mon téléphone dans mes mains pour consulter le message que je viens de recevoir.

Leclerc : 10h17
Pierre a eu la même idée que toi.
Je serai avec vous pour le repas de midi !
Le seul conseil que je peux te donner c'est d'être auprès d'elle.
Mais ça, tu n'as pas besoin de moi pour le savoir.
À tout à l'heure !

Je ne suis pas surpris que Pierre ait eu la même idée que moi. Ce n'est pas pour rien qu'il occupe la place de meilleur ami dans la vie d'Amélia. Leur relation est discrète, mais belle et bien présente. Même si elle passe le plus clair de son temps avec Lando, Pierre est toujours là pour veiller sur elle. Comme un grand frère alors qu'il est plus jeune qu'elle.

Je récupère le sac en papier kraft dans lequel nous attend notre premier repas de la journée et je vais rejoindre Amélia dans le lit. L'odeur alléchante des pancakes encore chauds devrait la tirer de son sommeil de plomb. Je reprends ma place auprès d'elle et délicatement, j'écarte une mèche de ses cheveux de son visage. Elle fronce un peu les sourcils puis se détend.

Je prends le temps de détailler son visage. Les petites taches de rousseurs qui parsemaient son nez commencent à disparaitre, tout comme son bronzage. Ses yeux bougent sous ses paupières fermées. Je n'avais jamais remarqué, mais la pointe de ses longs cils sont blonds. Amélia n'en a peut-être pas conscience, mais c'est une très belle femme. C'est assez drôle d'ailleurs, puisque personne, à part notre groupe d'amis proches, n'est au courant de notre relation. Je peux observer certains regards appuyés qu'elle provoque sur son passage dans les allées du paddock. Et c'est avec une certaine fierté que je me dis qu'elle partage mon lit et ma vie.

Je dépose délicatement mes lèvres sur le haut de son front. Je commence sérieusement à avoir faim. J'aimerais bien qu'elle se réveille pour qu'on puisse partager le petit dej' ensemble, sinon je risque de manger sa part également.

- Sweetie-B, le petit dej' est servi... chuchotai-je à son oreille.

- Je me disais bien que ce n'était pas toi qui sentais l'odeur des pancakes, me répond-elle en ouvrant un œil.

Un sourire vient étirer ses lèvres, les tourments de la nuit ont laissé la place à la bonne humeur. Amélia se redresse dans le lit et saisit le sachet qui nous attend. En l'ouvrant, la vapeur s'est échappée, embaumant toute la pièce de la bonne odeur. Avec ses deux mains, elle déchire le sachet. Je l'aide à partager ce que j'ai pris pour qu'on puisse manger. Des pancakes, un chocolat chaud ainsi qu'un bol de fromage blanc avec des fruits frais pour elle. Et pour moi, j'ai pris des pancakes aussi et un smoothie multivitaminés. Je rigole doucement quand elle plante ses dents dans le premier pancake. Comme à chaque fois, qu'Amélia goutte quelque chose, elle ferme les yeux et laisse ses papilles explorer le met qu'elle vient d'ingérer.

Amélia se rallonge dans le lit et remonte mon t-shirt qu'elle porte en pyjama pour dévoiler son ventre. Il est légèrement plus bombé que d'habitude. Elle prend une inspiration et le gonfle un peu plus. Je me redresse sur mon coude et la regarde faire, amusé.

- Regarde ! J'ai ce qu'on peut appeler le ventre bien plein ! C'était trop bon, merci !

Son rire cristallin retentit dans la chambre. Je passe ma main sous son nombril et rigole à mon tour. Mon cœur se pince un peu, si nous n'avions pas mis fin à sa grossesse en fin d'année, son ventre serait bien plus gros. Après un rapide calcul, j'en déduis qu'elle entamerait son sixième mois. Comme le temps est passé vite.

Elle saisit ma main qui caresse son ventre et l'amène à ses lèvres. Méticuleusement, elle embrasse mes phalanges. Une par une. Je ne la lâche pas du regard, mes yeux se posent sur ses lèvres charnues. Mon sang est en train de pulser en direction de mon sexe. Mais je chasse vite l'idée de lui sauter dessus. Après la nuit qu'elle vient de passer, ses envies passeront largement avant les miennes. J'attendrai qu'elle fasse le premier pas vers moi si elle souhaite un rapprochement plus charnel.

J'inspire profondément pour calmer le feu qui est en train de prendre en moi.

- Qu'est-ce que tu veux faire avant de rejoindre Pierre au resto ?

- Mhm, je sais pas... On pourrait rester au lit et regarder des animés ? 

J'acquiesce avant de me relever pour débarrasser le lit des déchets. Amélia replace les coussins contre le mur pour qu'on puisse s'installer plus confortablement. Je récupère mon ordinateur, que je place à côté de moi. Il faut quand même que je garde un œil sur les différents mails que je reçois.

Amélia se blottit contre mon flan et passe sa main sous mon sweat. Sa main froide me fait contracter un peu mon ventre. Avec son autre main, elle allume la télé et connecte son téléphone à l'écran. Rapidement, elle parcourt le catalogue Netflix et sélectionne « Spy x Family ». Je suis d'une oreille attentive le premier épisode qui est lancé. L'histoire d'un espion qui doit former une famille avec une fillette aux cheveux roses et une maman encore inconnue pour se rapprocher de sa cible. Je me laisse prendre au jeu et m'enfonce un peu plus dans le lit. De temps à autre, je passe ma main dans les cheveux de ma petite amie.

Je me demande à quoi ressembleront nos journées quand j'aurai décidé de prendre ma retraite. Amélia continuera sûrement à travailler dans le monde de la Formule 1, elle sera peut-être arrivée au poste le plus haut que peut lui permettre sa profession. En tout cas, je l'espère. Que ça soit avec moi à Ferrari ou avec Lando chez McLaren, je serai toujours derrière elle pour qu'elle puisse s'épanouir pleinement.

Probablement que d'ici ma retraite, nous aurons mis le projet bébé en route. Si au début de ma carrière, je ne me voyais absolument pas être père au foyer. Je dois avouer que cette idée pourrait me charmer un peu plus à l'heure actuelle. Passer du temps loin des circuits et de la vie effrénée du paddock pour m'occuper de mes enfants ne semble plus si utopiste quand je baisse les yeux sur Amélia.

Je crois qu'elle s'est rendormie. Si j'en crois ce qu'elle m'a dit hier, elle n'a pas beaucoup dormi d'un sommeil réparateur ces derniers temps. Je laisse les épisodes s'enchainer pour garder un bruit de fond. Je place mon ordinateur sur mes cuisses, je n'ai qu'une main de libre, mais c'est suffisant pour taper sur le clavier. J'ai pas mal de choses à gérer en dehors de mon métier de pilote. Je sors dans quelques jours un nouveau produit pour ma marque Almave et je dois finaliser la validation des visuels pour la collection +44 qui va sortir prochainement.

Je ne fais pas vraiment attention à l'heure, mais c'est quand le portable d'Amélia vibre sur la table de nuit que je tilte que nous sommes attendus. Amélia, encore endormie, tend son bras, saisit son téléphone et l'amène à son oreille. Elle décroche et parle en français, j'adore quand elle parle français. Je ne comprends pas grand-chose, mais sa voix est plus grave, plus posée que quand elle parle anglais. Son accent français s'est effacé petit à petit, elle ne doit plus parler français aussi souvent maintenant qu'elle travaille chez McLaren.

Elle raccroche et lâche son portable qui rebondit sur le matelas.

- C'était Pierre, on est en retard pour le resto... Tu peux commander un taxi, je vais me préparer rapidement.

Elle dépose un baiser sur ma joue et quitte le lit. Je la regarde refermer la porte de la salle de bain et j'entends l'eau de la douche couler. Je termine d'écrire mon dernier mail et je referme mon ordinateur. Je range mes affaires dans mon sac à dos et je commande un taxi.

Quand elle ressort de la salle de bain, son corps est enveloppé dans un drap de bain. Le pendentif que je lui ai offert au Brésil est toujours autour au creux de ses seins. Je la laisse choisir sa tenue pour la journée puis je l'aide à boucler sa valise.

Mes yeux se posent sur ses hanches qui ondulent dans son pantalon fluide beige, alors qu'elle marche devant moi pour quitter l'hôtel. Tout chez cette femme m'attire, c'est quand même dingue. J'en deviens presque gaga. Quand est-ce que la période de lune de miel entre nous va prendre fin ?

Je donne la valise d'Amélia au chauffeur du taxi et ouvre la portière pour permettre à la jeune femme de prendre place sur la banquette arrière. Durant le trajet, Amélia n'a pas décroché les yeux du paysage qui défilait sous nos yeux. J'ai toujours beaucoup aimé Tokyo. Avec son style architectural mêlant l'ancien et le nouveau, cette ville a toujours eu une place particulière dans mon cœur. En moins d'une trentaine de minutes, nous arrivons dans le quartier de Shibuya. Amélia attrape ma main et la serre assez fort. Elle tourne sa tête et je découvre ses yeux pleins de larmes. Tout de suite, je me détache et me rapproche d'elle.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- C'est ici que je l'ai eu au téléphone pour la dernière fois...

Je lève les yeux pour voir où nous sommes. À l'arrêt, attendant que le feu passe au vert, je reconnais le carrefour le plus connu du quartier. Celui qu'on voit dans tous les films se déroulant dans la capitale japonaise. Mon cœur se serre un peu plus quand une larme dévale la joue d'Amélia pour venir s'écraser sur ma main.

- Je me baladais en attendant de te rejoindre pour ton shooting photo. Et j'en avais profité pour leur passer un petit coup de fil. Si tu avais vu la tête de ma maman quand elle s'est rendu compte que j'étais au Japon... Elle voulait venir visiter le pays un jour et j'avais prévu qu'ils viennent avec moi cette année pour voir les cerisiers en fleurs...

Sa phrase se termine dans un murmure presque imperceptible. Je ne sais pas quoi lui répondre, je reste sans voix. Alors, je fais ce que je fais toujours quand je suis avec elle, je la serre un peu plus fort dans mes bras et j'essuie ses larmes. Le taxi s'immobilise et le chauffeur nous indique que nous sommes arrivés à destination. Je le remercie et mets ma casquette sur ma tête. Même si le soleil est un peu timide, je pose mes lunettes de soleil sur mon nez. Je n'ai pas envie d'être reconnu, encore moins avec Amélia en pleure à mes côtés.

Amélia demande au chauffeur de patienter un peu puis elle sort un mouchoir de son sac à main. Elle éponge les dernières larmes et se mouche bruyamment avant de remettre ses cheveux en place sous sa capuche. Je la regarde jeter un dernier coup d'œil au carrefour qui est maintenant derrière nous. Un grand soupire s'échappe de sa bouche. Puis un sourire étire ses lèvres. Son nez est encore tout rouge, mais Amélia essaye de faire bonne figure.

- C'est bon, je suis prête. On y va ? Ils vont vraiment commencer à se poser des questions. On a déjà trente minutes de retard... 

J'hoche la tête de haut en bas et ouvre la portière. Je récupère sa valise ainsi que mon sac à dos et nous nous présentons à l'accueil du restaurant choisi par Pierre. J'ai encore un peu la gorge nouée de ce qu'il s'est passé dans la voiture. Je suis si impuissant devant sa souffrance. Nous laissons nos affaires au vestiaire et nous suivons l'hôtesse qui nous guide jusqu'à la table à laquelle nous attendent les parents de Pierre, Lando, Pierre et Charles. Je pose ma main sur le bas de son dos pendant que nous avançons entre les tables.

Elle marque un temps d'arrêt quand elle découvre les personnes qui nous attendent. La mère de Pierre se lève et vient à notre rencontre. Elle prend Amélia dans ses bras en déposant un baiser sur sa joue. Puis, elle agit de la même manière avec moi. Je suis un peu surpris par cette familiarité, mais je sais que les français sont très tactiles alors je me laisse prendre au jeu. Je serre la main du père de Pierre pendant qu'on prend place à table.

- On a failli manger sans vous, lance Lando qui est à ma droite. Un peu plus et l'hôtel allait vous mettre dehors !

Le jeune homme rigole, mais je lui jette un regard noir. Il n'a aucune idée de la nuit que nous avons passée, mais ce n'était certainement pas ce qu'il a pu imaginer après que je lui ai dit que je comptais casser la tête de lit. Il se penche vers moi alors que le serveur nous distribue les cartes pour qu'on puisse passer commande.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Je te dirai après.

J'hausse les épaules, je lui donnerai plus d'explications quand Amélia sera plongée dans une discussion avec quelqu'un autour de la table. Mais pour le moment, elle a les yeux rivés sur le menu. Nous faisons rapidement notre choix pour rattraper notre retard. Les plats ne tardent pas arriver. Les parents de Pierre nous racontent leur périple pour arriver ici. Je souris devant leur récit.

L'atmosphère se tend quand la mère de Pierre qui est à côté d'Amélia pose sa main sur la sienne.

-Et toi ? Comment tu vas, Minette ?

Mon français n'est pas très bon, mais je comprends très bien ce qu'elle vient de lui demander. Je ne connaissais juste pas le dernier mot qu'elle a prononcé. Minette, ça doit être un surnom affectueux qu'elle lui a donné. Pascale connait Amélia depuis qu'elle est toute petite.

- Eh bien écoute, ça v-

La voix d'Amélia se brise. Tous les regards se posent sur elle. Il n'y a plus un bruit autour de la table. Je pose lentement ma fourchette et passe ma main dans le dos d'Amélia. La jeune femme recule brusquement sa chaise et se lève. D'un même mouvement, Pierre et Charles font de même. Tous les trois, ils quittent la table pour aller s'isoler un peu plus loin. J'assiste à cette scène sans savoir que faire.

Je garde un œil sur elle, au moindre signe des garçons, j'irai les rejoindre. Mais pour le moment, je décide de rester à table. Lando s'apprête à se lever, mais je le retiens.

- Laisse-les tous les trois. Lui dis-je en le forçant à se rassoir.

- Mais...

- Si elle a besoin de nous, elle nous le fera savoir.

Lando soupire à côté de moi. Puis, il reprend ses couverts dans ses mains. La mère de Pierre se retourne pour jeter un œil aux deux jeunes hommes qui accompagnent Amélia.

- J'ai dit quelque chose qui n'allait pas ?

- Non, non, tentai-je de rassurer Pascale. Elle a eu une nuit difficile et quand nous sommes arrivés ici, des souvenirs sont remontés.

- Ma pauvre petite... L'annonce du décès de sa mère nous à tous secoués, je n'ose même pas imaginer la peine qu'elle doit être en train de ressentir...

- Ne t'inquiète pas Pascale, elle est bien entourée, répond Lando.

Je jette un dernier coup d'œil en direction d'Amélia. Elle est dans les bras de Pierre, ses épaules montent et descendent rapidement pendant que Charles lui chuchote des choses à l'oreille. Je croise le regard du normand, il m'adresse un petit sourire un peu triste puis il ramène son attention sur son amie.

Je tente de continuer à manger, mais je n'ai plus vraiment faim. La peine d'Amélia me tord les entrailles. Au bout de longues minutes, les trois amis reviennent à notre table. Les yeux d'Amélia sont tout rouges, mais elle tente de faire bonne figure. Elle m'adresse un sourire timide et reprend sa place à mes côtés. Elle pose sa main sur ma cuisse.

- Excusez-moi, c'est juste un trop-plein d'émotion qui avait besoin de sortir. On peut reprendre comme si de rien était s'il vous plait ?

Je prends sa main dans la mienne et je me penche pour déposer un baiser sur sa joue. La trace salée que ses larmes ont laissée se dépose également sur mes lèvres. Je n'ai pas beaucoup de gestes affectifs en vers Amélia quand nous sommes en public, mais à l'heure actuelle, je m'en fous un peu si notre relation éclate au grand jour. Je ne vais pas me priver d'un geste réconfortant en vers elle, surtout en ce moment.

Pierre se racle la gorge et comme l'a demandé Amélia, il nous raconte la semaine qu'il a passée avec sa petite amie Kika dans sur l'île d'Hamilton dans le nord de l'Australie. La fin du repas se déroule dans le calme. J'ai très envie de savoir ce que lui ont dit Pierre et Charles, mais je ne veux pas brusquer Amélia, alors j'attendrai qu'elle m'en parle, si elle le souhaite. Je pourrai toujours demander à Charles quand nous serons un peu plus à l'écart.

Pour le moment, nous nous dirigeons tous ensemble à bord d'un van pour aller à l'aéroport de Tokyo. Un avion nous attend pour nous emmener à Nagoya où nous prenons un train pour rejoindre la ville de Suzuka. Amélia rigole avec Lando, je reste attentif au moindre changement d'humeur de sa part. Les prochains jours ne seront pas évidents, mais je serai là pour elle. Comme je lui ai promis hier soir.

--
Fiouf ! Chapitre pas évident à écrire.
Un peu moins de rigolade et de parties de jambes en l'air pour aborder un sujet plus sensible.

Le retour au Japon pour Amélia ne sera clairement pas facile...

Je vous souhaite un beau weekend et on se retrouve lundi ❤️❤️

Des bécots !

Writting Firefly ✨

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