Projets

By OenixAkaru

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De l'idée d'une amie qui a fait la même chose, au diable mon envie de ne faire que des fanfictions sur Wattpa... More

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Le Lac de Carcès (exercice cours d'écriture S4)
Centons (exercice cours d'écriture S4)
Journal (exercice cours d'écriture S4)
Sherlock (exercice cours d'écriture S4)
Loups (exercice cours d'écriture S4)
Paysages (exercice cours d'écriture S4)

Kafka (exercice cours d'écriture S3)

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By OenixAkaru

Celui-là, je l'ai commencé avec mon premier prof en faisant quelque chose d'assez moyen, puis quand la seconde prof est arrivée, elle a voulu qu'on retravaille celui-là. 

Pour le texte de base, c'est la Loi, de Kafka. C'est un texte assez compliqué, un peu triste (alors qu'il ne fait quoi, qu'une page ?) mais intéressant.

Il est bien plus long que les autres puisque mieux travaillé. Je vous mets aussi ma note d'intention et le synopsis (oui oui, bien plus de travail qu'avec le premier prof, vraiment XD)



Note d'intention

L'attente interminable et l'objectif à atteindre que nous n'atteignons jamais sont des sujets que je trouve intéressant, car ils permettent de développer, tout le long de cette attente, la personnalité du personnage et le changement qui peut se produire entre les débuts de l'attente et la fin, la réalisation que toute cette attente a été inutile. La psychologie est un sujet intéressant à développer, et dans ces cas de figure, je pense qu'il y a pleins de façons différentes de réagir et d'agir.

Cependant, le sujet de la loi est un peu trop complexe, et le dénouement du texte de Kafka ne me convient pas dans le sens où le pessimisme est omniprésent. Ce n'est pourtant pas le cas dans notre monde, qui est loin d'être tout blanc mais loin d'être tout noir non plus, tout est question de nuances. Je voulais donc aborder dans mon adaptation un sujet un peu plus léger et un dénouement qui laisse place à l'espoir, qui nous laisse entendre que rien n'est perdu d'avance et que tout est possible, dans la mesure du possible.

J'ai donc gardé deux éléments du texte de Kafka : l'attente, mais aussi la vision, l'observation, la curiosité de voir des choses car nous n'avons que ça à faire. Chez Kafka, l'homme observe le gardien ; dans mon texte, mon personnage principal regardera les autres, regardera autour de lui pour comprendre où il est, avec qui, et pour découvrir ce qui l'entoure.

J'ai pris l'exemple d'un personnage atteint d'Alzheimer. C'est un exemple parfait en ce qui concerne l'observation, car quelqu'un qui oublie peut découvrir à nouveau ; parfois redécouvrir exactement la même chose, parfois voir les mêmes éléments d'une façon complètement différente. J'aimerais jouer avec ce principe ; que mon Arthur découvre une coccinelle sur le manteau d'une vieille dame et la trouve magnifique, tandis que dix minutes plus tard cette même coccinelle le répugne. Qu'il s'émerveille devant la fresque sur le mur gauche, puis qu'il oublie et la redécouvre en s'émerveillant à nouveau.

La vision des choses varie en fonction d'un nombre infini d'éléments, et jouer sur une même personne qui change constamment de vision ou, au contraire, qui a parfois exactement le même avis sur une chose qu'il va redécouvrir une centaine de fois peut être, je pense, intéressant à travailler.



Synopsis

Arthur est un vieil homme atteint d'Alzheimer. Logeant dans un ehpad depuis plusieurs mois, son infirmière vient lui rendre visite afin de l'accompagner à son rendez-vous médical qu'il a déjà raté la semaine précédente. Mais l'un des médecins est malade, et l'attente est plus longue que prévue...



SÉQUENCE I


Intérieur, jour

Dans une petite chambre d'ehpad, en pleine journée ensoleillée. Il y a un lit simple, les draps en laine sont orange clair. D'un côté du lit, la fenêtre donne sur un jardin, fleuri et bien entretenu, traversé par des chemins de gravier. Les rideaux de la fenêtre sont oranges, d'une teinte un peu plus foncée. En face du lit, une armoire en bois clair, entrouverte car les deux portes ne s'emboîtent plus correctement. De l'autre côté du lit, une table de chevet blanche, sur laquelle est posée une lampe rouge et un vieux livre abîmé par le temps, "La bête humaine" de Zola, et juste à côté un verre d'eau à moitié plein. Le sol est fait de parquet, en bois, il est propre et luisant. De l'autre côté de la pièce, une table ronde en bois et trois chaises, dont l'une a le dossier recouvert de deux vestes. Sur la table, un vase rempli de Lys, une carafe remplie d'eau, quelques journaux empilés maladroitement dont le premier est ouvert sur la page des mots fléchés à moitié résolus, un téléphone filaire jaune pale et un bol rempli de chocolats. Au-dessus, sur le mur, est accrochée une horloge à aiguilles. A côté, la porte qui mène vers la salle de bain, composée d'une douche à l'italienne et d'un lavabo qui n'est décoré que d'une savonnette de Marseille. Le miroir est sale, on peut y voir des marques de doigts.

Dans le salon, de l'autre côté, un fauteuil à bascule, avec des coussins confortables et rembourrés. Un vieil homme (ARTHUR), dans ses soixante-douze ans, lit le journal dans le fauteuil. Il est habillé d'un peignoir beige, des chaussons tout doux aux pieds. Sur son visage, une paire de lunettes rectangulaires entourant ses yeux bleus clairs, presque gris, qui glisse sur son nez. Il a une barbe mal rasée et des cheveux mi-longs non coiffés et emmêlés, dans des nuances de gris et de blanc. Son visage est ridé sans être flasque, et ses sourcils sont épais et expressifs.

Arthur s'humecte les lèvres et se redresse, respirant un grand coup. Il tente de tourner la page, ses doigts glissent sur le coin du journal, il fronce les sourcils et s'énerve un peu. Ses doigts s'emmêlent, abîmant le papier. Il réussit finalement à attraper le coin de la page et se réinstalle dans son fauteuil, un petit sourire satisfait sur le visage. Il se replonge dans sa lecture, lorsqu'un toquement à la porte survient et lui fait relever les yeux.

La porte fermée s'ouvre doucement. Une jeune femme (MELODY) apparaît dans l'entrebâillement. Elle est habillée en tenue d'infirmière, des cheveux blonds longs et lisses attachés en queue de cheval. Elle sourit en entrant dans la pièce et s'approche de l'homme.

MELODY : Bonjour, Arthur. Comment allez-vous aujourd'hui ?

Arthur plisse les yeux et referme son journal, sur son visage on peut y lire de l'incompréhension.

ARTHUR : Eh bien oui, c'est moi Arthur, et je vais bien. Mais vous, vous êtes qui ?

Melody lui tend un papier. Arthur hésite un instant puis le prend, ses yeux parcourent rapidement les lignes.

MELODY : Je suis Melody, votre infirmière attitrée.

Arthur relève les yeux vers elle, trois secondes s'écoulent, puis les baisse vers le sol en fronçant les sourcils.

ARTHUR : Je ne me souviens pas de vous, je suis désolé.

MELODY : Ne le soyez pas, vous oubliez mon nom si rapidement que vous le répéter sans cesse a fini par m'amuser.

Melody se dirige vers la table ronde, range les chaises correctement et vérifie le niveau d'eau dans le vase. Arthur reporte son attention sur le papier que son infirmière lui avait tendu. Sa tête penche sur le côté et il se gratte distraitement le crâne.

ARTHUR : Qu'est-ce que c'est ?

Sans le regarder, Melody inspecte les Lys avec attention.

MELODY : Votre convocation pour votre rendez-vous semestriel. Vous avez déjà râté celui de jeudi dernier, alors il n'est pas question que vous manquiez celui-ci.

ARTHUR : J'avais un rendez-vous jeudi dernier ? C'était quand, jeudi dernier ?

Melody se retourne face à lui avec un sourire bienveillant.

MELODY : Il y a tout juste une semaine, Arthur. Est-ce que vous êtes prêt à y aller ?

Arthur hoche la tête et se lève tranquillement. Il pose son journal sur sa table de chevet, époussette son peignoir et réajuste ses lunettes sur son nez. Il regarde ensuite Melody, se tenant fièrement tout droit.

ARTHUR : Je suis prêt maintenant.

Melody sort de la chambre, Arthur la suit.



SÉQUENCE II


Intérieur, jour

Les couloirs sont grands, peints en jaune-beige. Certains pensionnaires marchent en sens inverse, deux femmes sont loin devant eux et papotent vivement. Une vieille dame courbée marche lentement, aidée par son infirmier qui la soutient. Un vieil homme sourit lorsqu'il croise Melody et Arthur et salue ce dernier, Arthur le regarde un instant mais ne le reconnait pas, donc il baisse la tête, renfrogné, et poursuit son chemin. Melody jette un œil à Arthur et pose doucement sa main sur son épaule de façon conciliante.

MELODY : Je comprends que de votre côté, oublier les autres peut être frustrant. Mais rassurez-vous, la plupart ne le prennent pas mal car ils sont avertis de votre situation.

ARTHUR : J'ai l'impression de perdre la tête.

MELODY : Seulement votre mémoire, Arthur.

ARTHUR, en haussant le ton, énervé : Ce n'est pas vraiment mieux !

Quelques têtes se retournent vers lui avec étonnement, Arthur s'en rend compte et s'excuse à voix basse. Melody secoue la tête, l'air de dire "ce n'est rien" et ils continuent leur route. Ils descendent des escaliers, blancs et bien éclairés, avec des rambardes à côté et des bandes antidérapantes. Ils descendent un étage et arrivent au rez-de-chaussée, reprennent le couloir des mêmes couleurs sur une dizaine de mètres puis arrivent dans la salle de vie commune.

Arthur s'arrête de marcher et tourne la tête pour observer les lieux. Plusieurs personnes sont présentes. Un groupe de six est assis autour d'une table et joue aux cartes en rigolant. Dans le coin bibliothèque, un peu à l'écart du centre de la pièce, deux hommes et une femme lisent respectivement un journal hebdomadaire, un vieux roman et un magazine de mode. Sur un grand canapé en cuir, une vieille femme en fauteuil roulant discute avec un vieil homme aveugle, qui fait tourner sa canne entre ses doigts, alors que leurs deux infirmières respectives bavardent en se montrant des documents. Dans un coin de la pièce, un homme joue du piano, il s'arrête un instant pour réajuster ses prothèses auditives puis reprend sa mélodie. Une femme et un homme en fauteuil dont les jambes ne fonctionnent plus jouent ensemble au Rummikub. Un vieil homme joue aux échecs avec son petit-fils, accompagné de sa mère qui lui chuchote à l'oreille les meilleurs mouvements à faire, et son père discute avec l'infirmier.

MELODY : Arthur ? Vous venez ?

ARTHUR, en l'interrogeant du regard : Pourquoi ? Venir où ?

MELODY : Au cabinet médical.

ARTHUR : Ah ! Oui, c'est vrai.

Arthur s'empresse de rejoindre Melody.

ARTHUR : Il a l'air chouette, cet endroit. J'aimerais bien y aller.

Melody sourit, ses yeux parcourent rapidement la salle de vie commune.

MELODY : Une fois votre rendez-vous médical terminé, je vous y accompagnerai si vous le souhaitez toujours.

Arthur et Melody continuent de longer le mur et arrivent devant une porte blanche avec les inscriptions "Cabinet Médical". Melody entre en premier et invite Arthur à la suivre.



SÉQUENCE III


Intérieur, jour

Ils se retrouvent dans une salle d'attente, dont les murs sont colorés de multiples dessins enfantins. Plusieurs sièges sont occupés, certaines personnes sont seules et d'autres accompagnées. Certains saluent les deux arrivants, d'autres non. Melody s'étonne du monde, ils sont une dizaine dans la salle. Elle se tourne vers une de ses collègues (ANNA).

MELODY : Est-ce que nous sommes en avance, ou bien les médecins sont en retard ?

ANNA : Matthéo est malade et Joseph n'est pas disponible pour le remplacer, donc il n'y a que Chloé qui travaille aujourd'hui. L'attente risque d'être un peu longue.

Melody hoche la tête et se tourne vers Arthur, qui observe la pièce autour de lui.

MELODY : Arthur, est-ce que vous préférez attendre ici ou dans la salle de vie commune ?

Arthur réfléchit un instant puis hausse les épaules.

ARTHUR : Je veux bien attendre ici, puisque vous avez dit que nous irons dans l'autre salle après mon rendez-vous. (un temps) J'aime bien les dessins sur les murs. Est-ce qu'ils sont nouveaux ou bien est-ce moi qui les ai encore oubliés ?

Melody lui sourit gentiment.

MELODY : Est-ce que c'est vraiment important de connaître la réponse ? L'avantage de la nouveauté, c'est qu'on peut la découvrir, et ce qui est beau quand on perd la mémoire, c'est qu'on peut redécouvrir les choses plusieurs fois.

Arthur observe quelques secondes Melody, puis lui sourit en retour, content de son explication et de meilleure humeur. Il part s'asseoir sur une chaise libre, tenant toujours entre ses mains le papier qui lui a été donné, puis décide de le relire. Son regard s'attarde sur ses chaussons, puis sur son peignoir. Melody s'assoit à côté de lui et il lui tapote l'épaule.

ARTHUR : Melody, j'ai oublié de m'habiller et de me chausser.

MELODY : Ce n'est pas bien grave, vous savez. Nous ne sommes pas très pointilleux sur les tenues vestimentaires, ici. Mais si vous avez froid, je peux aller vous chercher de quoi vous couvrir.

ARTHUR : Non, ça ira, merci.

Arthur observe le mur en face de lui. Quelques personnes assises lui cachent une partie des dessins, mais il ne s'en préoccupe pas. Tout en haut, des nuages blancs et un ciel bleu clair qui se dégrade de plusieurs teintes. Le bleu se fade à mesure que son regard redescend, et le fond finit par être blanc à hauteur d'un mètre. Plusieurs animaux sont peints, fidèlement colorés. Quelques papillons sont éparpillés, un chat roux se lèche la patte, un éléphant arrose son enfant avec sa trompe, deux tigres jouent ensemble. Un arbre planté au milieu accueille trois singes qui se balancent sur les branches à l'aide de leur queue. Au pied de l'arbre, un serpent les observe, et plus haut, un aigle voltige.

Le regard d'Arthur bascule sur une des personnes assises qui vient de bouger. C'est une dame seule (LUCILE), dont les cheveux blancs et lisses retombent sur ses épaules. Elle lit sur une liseuse, dont la luminosité éclaire son visage et fait ressortir une cicatrice qui traverse son front. Ses lèvres sont sèches, et ses iris marrons bougent rapidement. Elle porte un pull épais, en laine violette, mais une maille est décousue et forme un défaut. Arthur s'attarde un instant sur ce défaut, et commence à se lever dans l'intention d'aller le voir de plus près, mais la porte du médecin s'ouvre et le coupe dans son élan.

Une jeune femme (CHLOÉ) en sort, les cheveux bruns au carré, légèrement ondulés, et des yeux verts intenses. A sa suite, un homme avec sa canne, et son infirmier qui le soutient. Ils saluent tous les deux la médecin et s'en vont tranquillement. Chloé sort de la poche de sa blouse un téléphone et le manipule deux secondes.

CHLOÉ : Alors... C'est le tour de Lucile Londulat.

La femme au pull violet lève les yeux de sa liseuse et lève doucement la main.

LUCILE : Oui, c'est moi.

La médecin lui sourit et lui fait signe de la rejoindre. Lucile se lève et entre dans la pièce, puis la porte se referme. Arthur se triture les doigts nerveusement. Melody le remarque et fronce les sourcils.

MELODY : Il y a un problème ?

ARTHUR : Elle avait un défaut sur son pull. Je n'ai pas eu le temps de le lui faire remarquer.

Mélody retient un rire.

MELODY : Vous êtes plutôt attentif aux détails, on ne peut pas le nier. Vous aurez une autre occasion, ne vous inquiétez pas.

Arthur hoche la tête. Au même moment, la personne assise à côté de lui éternue. Arthur se retourne, c'est un vieil homme barbu (CAMILLE) emmitouflé dans une grosse écharpe blanche. Il est un peu rondouillet, et recourbé sur lui-même.

ARTHUR, poliment : À vos souhaits, monsieur.

CAMILLE, en riant : Oh, ben merci bien ! Ça va faire une semaine que j'ai attrapé un rhume, je te dis pas combien c'est désagréable.

ARTHUR : Parfois, je bois des tisanes pour faire passer le rhume, il y en a une qui est efficace mais j'en ai oublié le parfum. (se tournant vers Melody) Est-ce que vous savez quel est son parfum ?

MELODY : De la camomille, peut-être ? J'en vois parfois des boîtes dans votre placard.

ARTHUR, joyeusement : Oui, c'est tout à fait ça, merci ! (se tournant vers Camille) Ce sont des tisanes à la camomille. Vous devriez essayer.

CAMILLE : Eh bah, c'est bien gentil, merci l'ami ! Je vais en prendre une dès que possible. C'est quoi, ton nom ?

ARTHUR : Je m'appelle Arthur.

CAMILLE : Ben Arthur, moi c'est Camille, et je suis enchanté de te rencontrer. Si t'as d'autres conseils à me donner, faut pas hésiter, hein ! Je prends tout ce qu'il y a à prendre. Oh, puis tu peux me tutoyer, entre vieux, on fait plus de différence !

Melody sourit en observant Arthur et son voisin discuter joyeusement. Arthur sourit, content d'avoir trouvé quelqu'un avec qui passer le temps. Il observe le papier qu'il tient toujours entre ses mains et le montre à Camille.

ARTHUR : Je suis ici pour une convocation. Regarde, c'est écrit sur ce papier.

CAMILLE, lisant rapidement la feuille : Bah tiens, c'est que t'as l'Alzheimer paraît-il ! C'est une vraie plaie cette maladie, mon ami Jean-Pierre il a la même. Même qu'il m'a complètement oublié ! Alors quand je vais le voir, je dois lui dire que je suis Camille, son ami de la ferme, non, pas celle de ses parents, celle d'à côté, et que s'il avait encore toute sa tête, il rigolerait bien avec moi du bon vieux temps ! M'enfin, que voulez-vous, c'est comme ça, on peut pas faire grand chose. (pointant du menton Arthur) Et toi, t'as encore toute ta tête ?

Arthur ouvre la bouche puis la referme aussitôt. Il fronce les sourcils et observe ses chaussons, son visage se renfrogne. Le sourire sur le visage de Camille s'efface et il se gratte le nez, l'air embêté, observant ailleurs. La salle d'attente reste silencieuse. Melody observe Arthur avec attention.

CAMILLE, avec un ton désolé : Pardon Arthur, je voulais pas te faire de la peine. C'est parce que je vieillis, tu vois, ça me fait dire des trucs avant que mon cerveau réfléchisse. (il pose une main compatissante sur l'épaule d'Arthur) Mais tu sais, c'est pas bien grave si t'as plus toute ta tête. Regarde mon ami Jean-Pierre, c'est toujours mon ami, même si lui s'en rappelle pas !

Arthur relève les yeux vers Camille, qui lui sourit. Il sourit en retour et acquiesce.

ARTHUR : J'arrive encore à me souvenir de quelques choses, de temps en temps, mais en ce moment j'ai l'impression de tout oublier. (il pointe du doigt Melody) J'oublie même le prénom de mon infirmière attitrée !

Melody sourit et hausse les épaules.

ARTHUR : T'as bien raison, elle est nulle cette maladie. Mais je crois que je préfère encore oublier que d'être mort.

CAMILLE, en riant : Ha ! Ça c'est bien dit !

Les deux hommes se taisent et le silence s'installe à nouveau. Arthur observe à nouveau le mur en face de lui. A l'endroit où se trouvait Lucile, il y a un loup et un lapin qui dorment, l'un contre l'autre. Arthur observe avec attention cette peinture, puis se tourne brusquement vers Melody.

ARTHUR : Melody, le loup et le lapin, ils ne devraient pas être ennemis ?

Melody penche la tête sur le côté, sans comprendre. Arthur lui pointe alors du doigt le dessin, et Melody suit le mouvement. Sa bouche forme un "oh".

MELODY : Parfois, les ennemis finissent par devenir amis. (léger rire) Mais je ne pense pas que ce dessin soit très réaliste. Le loup mangerait probablement le lapin.

ARTHUR : Ou peut-être que ce serait le lapin qui mangerait le loup.

MELODY, en riant : Peut-être, oui.

La porte du médecin s'ouvre à nouveau. Chloé en sort, suivie de Lucile. Arthur l'observe un instant, et son regard se porte sur un défaut de son pull. Il fronce les sourcils et se rapproche de Melody.

ARTHUR, en chuchotant : Melody, le pull violet de la dame, juste là. Il y a un défaut, une des mailles est défaite.

Melody sourit et lui chuchote en retour.

MELODY : Est-ce que vous avez envie de le lui faire remarquer ? C'est le moment, avant qu'elle ne s'en aille.

ARTHUR, étonné : Qui ça, moi ? Oh, non, je ne vais pas la déranger. Elle le remarquera bien elle-même.

Melody hoche la tête, amusée. Les yeux d'Arthur restent fixés sur le défaut, et il suit Lucile des yeux jusqu'à ce qu'elle franchisse la porte du cabinet.

ARTHUR : J'aurai peut-être mieux fait de lui dire. Et si elle ne s'en aperçoit jamais ?

MELODY : Vous pourrez le lui faire remarquer la prochaine fois que vous la verrez avec ce pull. Aujourd'hui ne sera pas la dernière fois qu'elle le portera devant vous. (davantage pour elle-même, avec un ton amusé) Et ce n'était pas la première non plus.

Arthur entreprend d'observer le plafond. Les lumières qui y sont accrochées sont douces et n'agressent pas les yeux. Quelques arabesques dorées zigzaguent entre les deux lustres. D'autres arabesques s'échappent des principales et formes des sortes de branches, au bout desquelles sont dessinées des feuilles et des fleurs, rouges et argentées. A quelques endroits, des petites bulles noires entourent les arabesques. Arthur reste perplexe devant ce dessin, essayant de comprendre ce qu'il représente. Il finit par abandonner, se frottant les yeux. Ses lunettes glissent sur son nez, il les replace distraitement.

Un mouvement attire son attention. Sur l'une des fenêtres, une coccinelle se promène lentement. Intrigué, Arthur se lève et s'approche. Melody reste à sa place, le surveillant de loin. Arthur approche sa tête de la vitre, la coccinelle et lui ne sont séparés que de quelques centimètres. Un homme à côté de la fenêtre (ROBERT), l'air grincheux, le regarde d'un mauvais œil. La coccinelle continue son périple, elle se dirige en hauteur. Arthur hésite, approche sa main de la poignée de la fenêtre, puis renonce. Il continue son observation. La coccinelle est rouge, et elle a exactement sept points noirs. Parfois elle s'arrête, secoue ses ailes puis reprend sa marche. Arthur ne bouge pas, fasciné par l'insecte. La coccinelle finit par s'arrêter et ne bouge plus. Arthur approche son doigt.

ROBERT, méchamment : Ça va pas bien, de la toucher comme ça ? Vous voulez l'écraser et la tuer ?

Arthur sursaute et s'arrête en plein mouvement. Il tourne la tête. Robert le fusille du regard. A ses côtés, son infirmier (LYSANDRE) lui tapote le bras, les sourcils froncés ; Robert se retourne, l'infirmier le réprimande gentiment en secouant la tête. Robert souffle et croise ses bras, mécontent, et l'infirmier s'excuse silencieusement auprès d'Arthur.

ARTHUR, vexé : Je n'allais pas tuer la coccinelle.

ROBERT, le regard mauvais et la voix hautaine : Avec vos gros doigts sales, vous l'auriez fait quand bien même vous ne l'auriez pas voulu. On ne touche pas les insectes, c'est quand même pas compliqué.

LYSANDRE, doucement mais sévèrement : Robert, qu'est-ce que je vous ai déjà dit ? Vous n'avez pas besoin d'être méchant et désagréable quand vous expliquez quelque chose à quelqu'un.

ROBERT : Je n'aurais rien eu besoin d'expliquer si ce monsieur avait de bonnes manières.

LYSANDRE, en soupirant : Et c'est vous qui parlez de bonnes manières...

ARTHUR, toujours vexé : Et bien ! Pour votre gouverne, j'ai probablement de bonnes manières, mais puisque j'ai l'Alzheimer, je les ai oubliées !

ROBERT, haussant un sourcil : Et qu'est-ce que j'en ai à faire, de vos problèmes ?

LYSANDRE, mécontent : Robert !

ROBERT, révolté : Quoi, qu'est-ce que j'ai fait ? C'est lui, là, qui me parle de sa vie comme si nous étions amis !

Lysandre soupire à nouveau et porte son attention sur Arthur, visiblement en colère contre Robert. Lysandre se lève et s'approche de lui, posant une main compatissante sur son bras, un air désolé sur son visage.

LYSANDRE : Je m'excuse, Robert n'est pas de la meilleure des humeurs aujourd'hui... S'il vous plait, est-ce que ça vous embêterait de retourner à votre place avant qu'il ne commence à vous embrouiller davantage ?

Arthur réfléchit un instant et finit par acquiescer. Lysandre lui sourit gentiment, et une mèche de ses cheveux blond lui tombe devant les yeux. Il s'empresse de la caler à nouveau derrière son oreille et remercie Arthur.

ARTHUR, chuchotant à Lysandre : Vous avez l'air bien gentil, je vous souhaite beaucoup de courage avec votre Robert.

Lysandre retient un rire et se rassoit à sa place. Robert fusille Arthur du regard, mais ce dernier ne le regarde plus. Il observe une dernière fois la coccinelle de près, puis se retourne et s'assoit à sa place. Ses yeux se posent sur le papier qu'il tient toujours entre ses mains, désormais froissé. Melody le remarque également et cache mal son amusement.

CAMILLE, à voix basse : Eh bah, il n'y a pas que des gens agréables ici !

Arthur sourit.

CAMILLE : C'est peut-être l'attente qui rend les gens grognons.

ARTHUR : Tu attends depuis longtemps, toi ?

CAMILLE : Oh, ça oui ! Avant que tu ne me parles, je commençais à m'endormir !

La porte du médecin s'ouvre à ce moment. Chloé en sort, suivie d'un homme chauve et de son infirmière. L'infirmière discute un instant avec Chloé alors que l'homme se dirige vers la sortie, puis elle finit par le rejoindre.

CHLOÉ : Et c'est au tour de... Camille Delcroit.

CAMILLE, content, en se levant : Ah ! C'est à mon tour, quand on parle du loup !

ARTHUR : Lequel ? Celui ami ou ennemi avec le lapin ?

Camille reste interdit, ne sachant décidément pas quoi répondre, tandis que Melody rigole à côté. Arthur observe Camille, amusé, et ce dernier secoue la tête.

CAMILLE : Mon ami, j'ai pas bien compris ce que tu veux dire, mais c'est mon moment de gloire, alors on verra ça la prochaine fois ! (en se dirigeant vers la porte du médecin) Tu pourras me rejoindre dans la salle de vie commune, après ton rendez-vous !

Arthur hoche la tête et observe son voisin disparaître derrière la porte. Quelques secondes s'écoulent, puis il finit par soupirer. Melody le regarde.

ARTHUR : Combien de temps va-t-on devoir attendre encore ?

MELODY, avec un sourire triste : Encore un bon moment, j'en ai bien peur.

Arthur parcourt une nouvelle fois le mur d'en face des yeux, mais il se rappelle déjà les avoir observés. Son regard vire sur les murs d'à côté, mais en découvrant qu'il s'agit également d'animaux, il perd l'intérêt. Une ampoule grésille, attirant son attention quelques secondes, puis il se met à regarder dans le vide, un air ennuyé.

Arthur remarque que le sol est recouvert de carreaux. Les carreaux sont blancs, réguliers, posés minutieusement et de façon ordonnée. Arthur commence à les compter dans sa tête, tête qui bouge en rythme. Une fois arrivé au bout, il sourit fièrement et se tourne vers Melody.

ARTHUR : Il y a quatre-vingt-douze carreaux. (rire bas) Au moins, je sais encore compter.

Melody lui sourit. Arthur a une mine satisfaite; Quelques secondes passent, pendant lesquelles il observe le vide, puis il commence à bouger sa jambe, la faisant trembler. Il observe ses chaussons, puis son peignoir, puis se décide à observer quelqu'un d'autre. Son regard se dirige vers Robert, qui a toujours les bras croisés. Ses sourcils sont froncés si intensément qu'on voit à peine ses yeux. Il a une veste marron, en faux cuir abîmé, un jean simple et des chaussures en mauvais état. A côté de lui, Lysandre est patiemment assis, et jette des regards à Robert, inquiet de ce qui pourrait arriver. Ses cheveux blonds lui tombent sur le visage, et il replace constamment ses mèches derrière ses oreilles.

Arthur observe à nouveau la fenêtre. La coccinelle n'a pas bougé. Il a un élan qui le pousse à se relever, mais décide de se rasseoir. Au travers de la fenêtre, on voit le paysage extérieur. Les branches des arbres se balancent doucement, certaines feuilles tombent. Au loin, les montagnes découpent la brume légère. Un corbeau croasse et traverse le ciel, dans lequel les nuages bougent lentement.

La jambe d'Arthur tremble à nouveau. Melody le regarde d'un air inquiet, et Arthur le remarque. Il lui sourit d'un air rassurant.

ARTHUR : Ce doit être l'ennui, rien de plus, ne vous en faites pas.

Melody hoche la tête, mais le garde à l'œil. La porte du cabinet s'ouvre sur une nouvelle arrivante, en fauteuil roulant, suivie de son infirmière. Les deux discutent joyeusement et vont s'installer à l'opposé. Au même moment, la porte du médecin s'ouvre et Camille en ressort. Il salue Arthur d'un mouvement de la main, mouvement qu'Arthur lui rend, puis sort de la salle d'attente. Arthur se renfrogne.

MELODY : Vous le rejoindrez juste après, ne vous inquiétez pas.

Arthur observe à nouveau les murs. C'est toujours le même arbre avec les mêmes singes, le même serpent, le même loup avec le même lapin, les mêmes papillons, les mêmes tigres, le même éléphant qui arrose son enfant. Arthur remarque finalement une horloge, dans un coin de son champ de vision. Il est quinze heures, cinquante trois minutes et douze secondes. Treize secondes. Quatorze secondes. Quinze. Seize. Dix-sept. Dix-huit.

A mesure que l'aiguille des secondes avance, l'image se floute, puis devient de plus en plus sombre jusqu'au noir. Quelques secondes, puis retour à l'horloge. Il est seize heures, vingt-cinq minutes et trente-huit secondes. Trente-neuf. Quarante. Quarante-et-un.

Arthur cligne violemment des paupières plusieurs fois, puis se frotte les yeux. Il baille en se couvrant la bouche, puis englobe la salle du regard. Robert et Lysandre ne sont plus là, mais d'autres personnes sont assises à leurs places.

Arthur fronce les sourcils en observant autour de lui. Sur les murs, des dessins enfantins d'animaux, avec un ciel bleu et des nuages. Au plafond, des sortes de lianes dorées. Au travers de la fenêtre, les arbres se balancent. Il regarde à côté de lui, il n'y a personne. De l'autre côté, Melody. Il la fixe un instant du regard, songeur. Elle remarque son insistance, le regarde en retour et sourit.

MELODY : Qu'y a-t-il, Arthur ?

Arthur hésite, ouvre la bouche, la referme, puis l'ouvre à nouveau.

ARTHUR : Vous êtes Melody ?

Le visage de Melody resta étonné, puis s'illumina. Elle lui sourit franchement.

MELODY, enjouée : Oui, c'est moi ! Je suis ravie que vous vous en souveniez.

ARTHUR : Où sommes-nous ?

Melody expire doucement.

MELODY : Dans le cabinet médical, pour votre rendez-vous semestriel.

ARTHUR : Oh, d'accord. Et ça fait longtemps que nous attendons ?

MELODY : Une bonne demi-heure.

ARTHUR : Et nous devons encore attendre longtemps ?

Melody soupire de fatigue.

MELODY : Je ne sais pas exactement, mais j'ai peur que ce soit encore un peu long.

Arthur acquiesce et reporte son attention sur la pièce. Il remarque que le sol est fait d'un joli carrelage clair, et commence à compter les carreaux en bougeant sa tête en rythme. Une fois arrivé au bout, il se redresse sur son siège, satisfait.

ARTHUR : Il y a quatre-vingt-douze carreaux. C'est bien, c'est un chiffre pair.

MELODY : Vous aimez bien les chiffres pair ?

ARTHUR, en hochant vivement la tête : Oui. Comme ça, quand on les sépare, il n'y en a jamais un qui est tout seul.

Melody lui sourit avec attendrissement. La porte du médecin s'ouvre et Chloé en sort. Elle a des cheveux foncés, dont quelques mèches sont légèrement plus claires, coupés au-dessus des épaules mais de façon assez brouillonne, et des yeux clairs, plutôt verts mais pas homogènes. Sa blouse blanche est longue, et ses manches sont retroussées. L'un des revers est plus court que l'autre, et Arthur s'attarde sur ce détail. Deux autres personnes sortent de la pièce et se dirigent vers la porte du cabinet. Chloé sort de la poche de sa blouse un téléphone, dont la coque noire est usée et raturée, et plisse les yeux en le consultant.

CHLOÉ : Et c'est au tour de Lucas Bonduant.

Le visage de Chloé se redresse et ses yeux examinent les patients. L'un se lève difficilement en toussant et la rejoint lentement. Chloé l'observe attentivement, ses mains guettant le moindre souci pour aider Lucas. Elle l'accompagne dans la pièce, puis revient dans la salle d'attente pour refermer la porte.

Arthur observe la fenêtre. Il plisse les yeux et cherche plus intensément, parcourant la vitre du regard pendant de longues secondes, un visage très sérieux. Melody le remarque, observe la fenêtre, puis Arthur, plisse les yeux, observe à nouveau la fenêtre, puis de nouveau Arthur.

MELODY : Vous cherchez quelque chose, Arthur ?

Arthur soupire en niant.

ARTHUR : Non, non. J'avais l'impression qu'il y avait quelque chose à voir, mais puisque je ne vois rien, j'ai dû me tromper.

Melody reste muette deux secondes, plongée en pleine réflexion, puis ses sourcils se réhaussent.

MELODY : Oh ! Vous parlez peut-être de la-

Le téléphone de Melody se met à vibrer, la coupant dans sa parole. Elle baisse les yeux sur son écran, qui affiche MAMAN♥. Elle sourit mais raccroche, va dans ses messages et commence à écrire à MAMAN♥ "Je suis au travail", mais avant d'avoir pu envoyer le message le téléphone sonne à nouveau sur MAMAN♥. Son visage se renferme et de l'inquiétude s'y lit. Elle se tourne vers Arthur.

MELODY : Je suis désolée, j'aimerais prendre cet appel. Ma mère ne m'appelle jamais deux fois d'affilée, c'est peut-être grave. Est-ce que ça vous dérange d'attendre seul ici quelques minutes ?

Arthur secoue la tête.

ARTHUR : Non, allez-y.

Melody lui sourit et se lève rapidement. Elle ouvre la porte du cabinet, jette un dernier coup d'œil à Arthur puis sort en collant son téléphone à son oreille. Arthur observe la porte quelques secondes, puis se met à jouer avec ses doigts en observant l'extérieur par la fenêtre. Au bout de quelques secondes, il change de position, au bout de quelques secondes encore il change à nouveau. Il se gratte la tête avec un visage embarrassé, puis se tourne vers son voisin (JULES), qui lit un magazine sur les automobiles.

ARTHUR, à voix basse : Excusez-moi, où sont les toilettes déjà ?

L'homme ne relève même pas la tête mais donne un coup de tête vers la porte du cabinet.

JULES : Dehors, juste à droite.

Arthur le remercie en souriant puis se lève. Il se rend compte qu'il tient un papier dans sa main, mais n'y fait pas plus attention et le pose sur sa chaise, avant de sortir de la salle d'attente.



SÉQUENCE IV


Intérieur, jour

Arthur referme la porte du cabinet derrière lui. Il observe à gauche, deux vieilles dames marchent ensemble en discutant. A droite, il aperçoit du mouvement et peut entendre du bruit. Il commence à s'y rendre, mais la porte des toilettes attire son attention et il y entre. Quatre secondes de silence.

ARTHUR, derrière la porte : Je n'avais pas envie en fait.

Il ressort, prenant soin de fermer la porte derrière lui, et s'apprête à retourner dans la salle d'attente quand un bruit un peu plus fort attire à nouveau son attention. Il penche la tête sur le côté en plissant des yeux, puis décide de s'approcher.

Lorsqu'il arrive au niveau de la salle de vie commune, un groupe est assis autour d'une table et joue à un jeu constitué de diverses cartes avec des chiffres. Arthur s'approche doucement, la mine curieuse, puis une tête barbue se redresse et croise son regard. Camille sourit en voyant Arthur et se lève.

CAMILLE, tout joyeux : Oh, ben tiens, si ce n'est pas l'ami Arthur ! Si t'as fini, viens donc jouer avec nous !

Arthur hésite, son regard alterne entre Camille et le jeu. Les autres autour de la table le regardent.

ARTHUR, d'une voix hésitante : Je ne pense pas savoir jouer... Et puis, qui êtes-vous déjà ?

CAMILLE, en riant, vers ses camarades : Roh, ben voilà, ça commence ! (ils rient, puis Camille à Arthur) Moi c'est Camille, et tu as Jean-Eude, Louise, Annabelle sa cousine, et Gérard.

Camille sort de table et va chercher une chaise qu'il vient poser à côté de lui. Puis il se rassoit et tapote la place à côté avec sa main.

CAMILLE : Maintenant, viens donc poser tes fesses ici et t'amuser avec nous ! On va t'apprendre, tu verras, ce n'est pas bien compliqué.

Arthur s'approche en hésitant, puis finit par s'asseoir. Gérard distribue des cartes à tout le monde pendant que d'autres discutent entre eux. Arthur les observe sans comprendre, puis Camille se penche vers lui en montrant les cartes du doigt.

CAMILLE, voix de plus en plus lointaine, alors que la caméra s'éloigne d'eux : Alors, je t'explique. Là, t'as des cartes de couleur, tu vois, t'as du rouge, du jaune, du vert ou du bleu. jusque là, tu suis ? Bon, alors sur ces cartes, tu as des chiffres. Tu sais encore compter, oui ? Donc en fait, le but, c'est de te débarrasser de...



SÉQUENCE V


Intérieur, jour

Dans la salle d'attente. La porte du médecin s'ouvre et Lucas en sort, suivi de Chloé. Ils se saluent puis Lucas sort, alors que Chloé ressort son téléphone de la poche de sa blouse et le manipule un instant.

CHLOÉ : Bon, alors c'est au tour d'Arthur Lerroy.

Silence dans la salle. Chloé relève les yeux, mais personne ne bouge.

CHLOÉ : Arthur Lerroy ?

Les patients se regardent les uns les autres, mais personne ne se lève. Quelques chuchotements se font entendre. Puis la porte du cabinet s'ouvre, et tout le monde se tourne vers elle. Melody entre dans la pièce, puis se fige en voyant tout le monde l'observer.

MELODY, d'une voix hésitante, à Chloé : Il y a un problème ?

CHLOÉ : Je cherche Arthur Lerroy, c'est le prochain à passer.

MELODY, en allant s'asseoir à sa place : Oh, oui, il est juste-

Melody s'interrompt en observant la place vide d'Arthur, sur laquelle est posée le papier. Elle soupire en prenant sa tête dans ses mains, puis se redresse et fait face à Chloé, un sourire peiné et désolé sur son visage.

MELODY : Je m'excuse, j'ai été absente quelques minutes et elles lui ont suffi à s'en aller... Fais passer les autres, je lui fixerai un autre rendez-vous.

Chloé acquiesce en souriant.

CHLOÉ : Bah, ce n'est pas la première fois... Je te note pour jeudi prochain, même heure. (Melody approuve et Chloé pianote à nouveau son téléphone) Bon, et bien c'est au tour de Cindy Alberti.

Melody sort de la salle d'attente. Elle traverse le couloir, passe devant la salle de vie commune, sourit en entendant de loin un "haha, t'as perdu !" puis continue sa route. Retour sur la table, qui joue joyeusement et bruyamment, et sur Arthur qui rigole en déposant une carte +4.


Fin

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