24 février 2024 - Sakhir - Bahreïn.
Point de vue d'Amélia Williams
Je relève mon masque de nuit sur mon front quand j'entends la porte de ma chambre s'ouvrir avec fracas. Qu'est-ce qu'il se passe pour qu'on me réveille de la sorte ? Sans trop tarder, la tête de Pierre apparait au bout de mon lit.
- Mais bon sang Amélia ! Pourquoi tu ne réponds pas à ton téléphone !
- Euh... Bonjour Pierre. Pourquoi toute cette excitation de bon matin ? Demandai-je en remontant mon draps sur moi.
- Ça fait des heures qu'on te cherche partout !
- Mais je suis là et je dormais bien tranquillement avant que tu demandes à ce qu'on ouvre la porte de ma chambre.
Pierre fait le tour du lit et vient s'assoir à coté de moi.
- Désolé, mais on était inquiets avec Lando. Tu l'as pas rejoins après avoir téléphoné à ton père et on tombe sur ta messagerie dès qu'on essaye de te joindre...
Je fronce les sourcils et saisis mon portable, j'appuie sur l'écran pour l'allumer, mais celui-ci reste noir. Je tire un peu sur le cordon auquel il était branché pour charger, mais je me rends compte que je n'ai pas branché le chargeur à la prise. Je lève les yeux vers Pierre qui n'a rien raté de l'action.
- Oupsi, j'ai dû oublier de brancher le chargeur, dis-je avant d'éclater de rire.
Je me calme rapidement en voyant que Pierre est resté impassible.
- Allez Pierre, arrête de faire cette tête. Je suis désolée...
- La dernière fois que tu as disparu comme ça, c'est quand tu as dû rentrer en urgence en France... me confie mon meilleur ami, le sourire un peu triste.
- Je suis vraiment désolée, mais faut pas vous inquiéter comme ça. Mais t'as pas envie de savoir ce qu'il s'est passé hier soir ?
Pierre s'installe un peu plus confortablement, il prend un coussin et le serre dans ses bras.
- Attends, qu'est-ce qu'il s'est passé hier ? Ton père va bien ?
- Oui, oui, toute la famille va bien. C'est juste qu'après avoir appelé mon père, j'ai...
- Allez crache le morceau, il faut que je sois dans une heure à l'aéroport pour aller à Dubai !
- J'ai vu Lewis et on a eu une petite discussion...
- QUOI ?! Mais attends !
Pierre enlève ses chaussures et s'assoit en tailleur en face de moi. Il croise ses mains sous son menton et dépose sa tête dessus. Son regard vient de s'éclairer d'une certaine malice et un sourire en coin s'étire sur ses lèvres.
- Vas-y raconte ! Je veux tout savoir ! Reprend Pierre avec une pointe d'excitation dans sa voix.
Je roule mes yeux dans mes orbites, Pierre a toujours été friand de ce genre d'informations, je ne suis même plus étonnée par son comportement. Je rigole doucement. Je m'enfonce dans les coussins derrière moi et je débute mon récit. Je raconte tout à Pierre, du début à la fin, sans oublier de commenter comment je me suis sentie quand Lewis m'a prise dans ses bras pour que ma colère explose enfin.
Pierre boit mes paroles comme s'il était assoiffé, ses yeux s'agrandissent et ses sourcils se haussent au fur et à mesure de mes révélations. Pierre occupe beaucoup de place dans ma vie, il est à la fois mon pote de soirée, mon meilleur ami, un frère qui veille sur moi, mais ce que je préfère par dessus tout c'est quand il se comporte comme il est en train de le faire. Un savant mélange entre les trois rôles que je viens d'énoncer plus tôt.
- Et du coup ? Lewis et toi ? Vous êtes de nouveau ensemble ?
- Non, fin, pour moi non. Ce n'est qu'un début, mais il a pas mal de choses à me prouver pour que je puisse envisager de lui redonner ma confiance.
- Qu'est-ce que j'aime quand t'es déterminée comme ça ! A sa place, je quitterai la Formule 1 et je me mettrai à l'aviron, j'ai comme l'impression que tu vas le faire ramer à mort, me répond Pierre en explosant de rire.
- Tu me connais, je n'abuserai pas, même si j'ai hâte de le voir à l'oeuvre.
Je le rejoins dans son rire si communicatif.
- Bon, il faut que j'y aille, m'annonce Pierre en regardant sa montre. J'ai tellement hâte de raconter tout ça à Kika, elle va jamais me croire !
Je le regarde se lever et j'en fais de même, alors que je le raccompagne jusqu'à la porte, Pierre se retourne.
- Et mets ton portable à charger, Lando est parti faire du golf, mais je pense qu'il attend avec impatience d'avoir de tes nouvelles !
- Oui, papa, promis papa. Lui dis-je en ouvrant la porte de ma chambre.
- Prends soin de toi et ne fais pas de bêtises pendant que je suis à Dubai.
Pierre s'avance, me prend dans ses bras puis il se recule un peu et dépose un baiser sur le haut de mon front. Je lui souris et je le regarde partir. Je referme la porte de ma chambre et je me précipite vers ma table de nuit pour brancher correctement mon chargeur et je mets mon portable à charger.
J'en profites pour aller prendre une douche, de toute façon avec les iPhones, quand ils n'ont plus de batteries, ils mettent leur vie à se rallumer. Je me déshabille et je me glisse sous l'eau chaude.
Depuis que je me suis réveillée, un peu brutalement il faut le dire, je me sens comme plus légère. La discussion que nous avons eu avec Lewis a commencé à apaiser la tornade qui faisait rage en moi depuis le soir du réveillon du jour de l'An. Je ne sais pas si Lewis reste ici à Bahreïn pour le weekend, peut-être que nous aurons l'occasion de nous croiser en dehors du paddock.
Je prends mon temps et profites de ce moment de calme pour prendre soin de moi. Gommage, soin du visage, masque pour les cheveux, tout y passe. Je ferme l'eau et je m'emmitoufle dans le peignoir duveteux de l'hôtel. Je sors les bandes d'épilations de ma trousse de toilettes et je les utilise pour mes jambes et mes aisselles. Ce n'est pas parce que j'évolue dans un monde essentiellement constitué d'hommes que je dois me laisser aller. Je me sèche les cheveux et je les lisse.
En passant dans ma chambre, je constate que mon téléphone s'est enfin allumé. J'entre mon code pin et une cascade de notifications viennent s'afficher sur mon écran. J'étais loin d'imaginer l'inquiétude que pouvait causer le fait que mon portable n'ait plus de batteries. J'envoie un message à Lando pour lui dire que je vais le rejoindre sur le parcours de golf qu'il garde son téléphone avec lui pour que je puisse l'appeler. Puis je reprends le message de Milo et je compose son numéro.
- Ça y est, la belle au bois dormant s'est enfin réveillée ?
- Oh, ça va, il n'est que neuf heures ! Comment ça se fait que tu sois en Arabie saoudite ?
- Et allez, on recommence avec les questions qui resteront sans réponse... C'est quoi le programme pour aujourd'hui ?
- Je dois aller rejoindre Lando pour jouer au golf et après je pensais chiller au bord de la piscine. Ça te dit de m'accompagner ?
- On se rejoint où ?
- T'as qu'à venir me chercher à mon hôtel, je t'envoie l'adresse dès qu'on raccroche !
- Pas de soucis, je me mets en route !
Je raccroche et j'envoie ma géolocalisation à Milo. Il me reste une petite heure pour finir de me préparer. J'ouvre ma penderie et j'en sors un t-shirt noir ainsi qu'une jupe longue légère à motif léopard. Je prépare mon sac pour la journée en y mettant une casquette noire, mon livre, mes lunettes de soleil et un peu de crème solaire. Je fais rapidement le tour de ma chambre pour ranger un peu, je n'aime pas laisser une chambre en bazar, le personnel de l'hôtel a déjà un travail bien assez usant, pas la peine d'en rajouter. Je rajoute mon chargeur dans mon sac, et je quitte ma chambre pour aller prendre le petit déjeuner.
Je pose ma tasse brûlante et le bol qui contient du yaourt et des fruits frais sur une table un peu à l'écart des autres, puis je retourne chercher un verre de jus de fruits au buffet du restaurant. Il n'y a pas beaucoup de monde ce matin, quelques tables sont occupés par-ci, par-là. Je me sers et je retourne là où je me suis installée. Je sors mon livre de mon sac et je l'ouvre à coté de mon bol, tout en lisant, j'enfourne ma cuillère dans ma bouche.
- Déjà debout ? Vu l'heure à laquelle on s'est couché, je m'attendais pas à te voir ici, me glisse Lewis en se matérialisant devant ma table.
-Oh Lewis, je ne t'ai pas entendu arriver. Oui, c'est Pierre qui m'a tiré du lit... Tu ne reste pas ici ce weekend ? Demandai-je en baissant mes yeux sur ses mains.
Lewis fait tourner sa valise cabine dans sa main et m'offre un petit sourire en coin.
- Non, avec George et Toto on rentre à Brackley, il faut qu'on travaille sur le simulateur. On apporte pas mal de nouveautés pour la semaine prochaine. Tu voulais qu'on se voit ?
- Non, pas du tout, fin c'était pas dans mes projets en tout cas.
- Je peux rester si tu insistes, me propose Lewis en rigolant doucement.
- Je ne compte pas insister, tu peux prendre ton avion l'esprit léger.
Je lève les yeux au ciel, s'il pense que je vais lui faciliter les choses, il se trompe. Je me reconcentre sur la page que j'étais en train de lire avant d'être interrompue. Je l'entends soupirer puis le bruit des roulettes de sa valise me font relever la tête. Je le regarde partir, George l'attend dans l'embrasure de la porte du restaurant. Lewis se retourne sans que je m'y attende, nos regards se croisent et je sens mes joues devenir rose. Prise en flagrant délit de matage de ses fesses... Au loin, Lewis bouge ses lèvres et articule un « bon weekend Amélia » puis il rejoint George, celui-ci me salut d'un mouvement de tête et ils disparaissent dans le hall de l'hôtel. Il faut que je respire calmement sinon je vais fondre sur ma chaise.
Je branche mon portable à une prise qui se trouve non loin de la table où je suis installée puis je prends le temps d'apprécier mon petit déjeuner. Le temps passe plus vite que ce que je pensais, je reçois un message de Milo qui m'indique qu'il m'attend devant l'hôtel. Je débarrasse rapidement ma table, récupère mes affaires pour les ranger dans mon sac et je quitte le restaurant.
En traversant le hall de l'hôtel, je salue les têtes que je connais, puis je franchis les portes coulissantes. Milo m'attend, les bras croisés sur son torse et appuyé contre le capot de sa voiture. On pourrait vraiment le prendre pour un mannequin, je rigole en remarquant comment certaines femmes qui passent devant lui le regardent. Je presse un peu le pas pour le rejoindre. Mon ami m'accueille en ouvrant ses bras en grand.
- C'est tellement bizarre qu'on se voit en dehors de l'Île !
- Ça tu l'as dit ! On y va ? Lando va commencer à s'impatienter ! Dis-je en me reculant.
Milo acquiesce et fait le tour de la voiture pour m'ouvrir la portière, je le remercie et je m'installe à bord du SUV. Tout l'intérieur est en cuir de couleur noire, les quatre anneaux en argent sur le tableau de bord brillent avec le soleil. Je me demande vraiment ce que fait Milo comme travail pour rouler avec une voiture comme ça. Peut-être qu'un jour, j'arriverai à le faire parler. Mais en attendant je le regarde prendre place derrière le volant et nous quittons le parvis de l'hôtel.
Je tape l'adresse du club de golf dans le GPS de la voiture et je laisse Milo me conduire à destination. Le trajet se fait presque dans le silence, de temps à autres, Milo chantonne les musiques qui passent à la radio. Je le regarde avec amusement, l'atmosphère est légère.
- Tu repars quand ? Demandai-je en prenant appuie sur l'accoudoir central.
- Tu étais en manque de moi ou je rêve ? Rigole Milo
- Mais pas du tout ! Je me faisais juste la réflexion qu'en fonction du temps que tu restais ici, je pourrai te faire découvrir un peu plus mon métier, puisque tu ne veux rien me dire au sujet du tien.
- Si tu m'invites, je peux rester avec toi jusqu'à que mon ordre de mission arrive.
- Donc tu reçois des ordres de missions ! T'es un genre d'agent secret ?
- Amélia... Si je te réponds, je vais devoir te tuer.
Milo se penche vers moi et souffle d'un coup sec sur mon visage. Je recule instantanément et secoue la tête.
- Mais ! Ça va pas la tête ! Pourquoi autant de mystère autour de toi, Milo ? Ça fait quoi ? Six ou sept ans qu'on se connait ? Tu ne me fais toujours pas confiance ?
- Ce n'est pas une question de confiance, c'est juste que si je te dis ce que je fais dans la vie, tu vas me poser beaucoup trop de questions auxquelles je ne pourrai vraiment pas répondre. Imagine que je suis un super-héros, c'est bien ça, les super-héros.
Je croise les bras sur ma poitrine et souffle bruyamment pour extériorisé mon mécontentement. Il m'attrape le poignet pour que je décroise les bras. Son regard s'arrête instantanément sur mon poignet nu.
- Tu ne portes plus le bracelet de tes trente ans ?
- M'en parles pas... Je l'ai perdu en arrivant ici, soupirai-je. J'ai cherché de partout, je suis même retournée sur la terrasse où je pensais l'avoir perdu mais rien, impossible de le retrouver.
- C'est dommage, je trouvais qu'il t'allait bien... En fin bon...Tu sais s'il reste des chambres dans ton hôtel ? Ça m'évitera de faire la route tous les jours.
Je prends quelques secondes avant de répondre, je suis censée être un peu fâchée contre lui.
- Je pense que oui, il y a pas mal de monde qui est parti ce matin, mais si tu veux, tu peux prendre la mienne et moi j'irai dormir avec Lando. Nos chambres sont côte à côte.
- On verra comment on s'organise le moment venu, mais j'accepte ton invitation !
Je tourne la tête et nos regards se croisent, je lui souris. Si j'en crois le GPS, nous allons pas tarder à arriver à destination. Je me repositionne dans mon siège. J'aurai pu proposer à Milo de partager ma chambre et mon lit. Ça n'aurait pas été la première fois qu'on aurait dormi ensemble. Mais si je veux donner une chance à un possible nouveau départ avec Lewis, je préfère éviter ce genre de situation qui pourrait être cocasse.
Milo se gare devant le bâtiment principal, nous descendons de la voiture et nous nous dirigeons vers l'entrée. Après avoir donné mon nom et mon prénom, on nous tend la clef d'un caddie de golf pour pouvoir rejoindre Lando. Je laisse Milo conduire pendant que j'appelle Lando pour qu'il me dise où le rejoindre. Quand nous arrivons à son niveau, Lando laisse son club de golf tomber à terre et vient nous accueillir.
- Tu m'étonnes que tu répondais pas ce matin ! Me dit Lando en jetant un coup d'oeil à Milo.
- Pas du tout, j'avais juste plus de batteries, tu te souviens de Milo ? Tu l'as croisé à -
- Monza ! Me coupe Lando en tendant sa main vers mon ami. Bien sûr que je m'en souviens. Le mec qui a mis un bordel pas possible dans la vie de ma responsable presse favorite ! Un plaisir de faire ta connaissance, mec ! Prends un club et une balle, on a un parcours à terminer !
J'assiste, avec un peu surprise, à la facilité que Milo et Lando échangent sur leur connaissance en golf. Je salue les autres personnes qui accompagnent le jeune pilote de McLaren puis je m'installe sur la banquette arrière de notre caddie de golf tout en regardant les garçons s'échauffer pour se remettre à jouer.
L'ambiance enjouée sur ce parcours de golf est annonciatrice d'un beau weekend en perspective.
27 février 2024 - Dans les airs entre l'Angleterre et le Bahreïn.
Point de vue de Lewis Hamilton.
Si j'avais imaginé une seule seconde que la discussion que j'ai demandé à Amélia se serait déroulée vendredi soir, j'aurai fait des pieds et des mains pour qu'elle vienne avec moi ce weekend. Elle a fait un pas vers moi sur ce rooftop. Sa colère et ses larmes sont encrées dans ma mémoire, comment oublier les paroles enragées de la femme qui fait battre mon coeur un peu plus fort quand elle est dans les parages ?
À peine elle me laisse revenir doucement dans sa vie que je me suis envolé à des milliers de kilomètres d'elle. Quand je l'ai vu samedi matin, assise toute seule à cette table, je n'ai pas pu m'empêcher d'aller lui parler. Si elle m'avait demandé de rester avec elle ce weekend, je ne sais pas comment j'aurai réagi.
Si cette année, notre nouvelle monoplace ne se montrait pas aussi prometteuse, je n'aurai pas perdu de temps à tenter de l'améliorer en passant des heures et des heures dans le simulateur à l'usine de Brackley. Comparé à la W14, la conception de la W15 a été faite en prenant en compte les avis et les besoins des pilotes qui vont passer vingt-quatre grands prix à bord. Même si c'est ma dernière année avec l'écurie qui m'a vu grandir, je me dois de m'impliquer dans le développement de ma monoplace.
Nous apportons pas mal de modifications pour ce premier Grand Prix de la saison, j'espère vraiment que tous les efforts que nous produisons vont porter leurs fruits une fois en piste. Je veux retrouver l'agréable sensation de terminer une course là où je suis censé être, c'est à dire sur une marche de podium, la plus haute si possible.
Je détache mes yeux du hublot à côté du quel je suis assis et tourne ma tête vers George. Il doit être en train de regarder un film, son casque sur les oreilles. Je lui fais signe pour qu'il mette sur pause ce qu'il était en train de faire.
- T'as eu des nouvelles de Lando ? Demandai-je en tentant de cacher l'intérêt que va m'apporter sa réponse.
- Ouais, on doit se retrouver ce soir pour faire du kart avec Alex, tu veux venir avec nous ?
- Mhm, non, je pense que je vais rester à l'hôtel... Tu sais ce qu'ils ont fait ce weekend ?
- Qui ça ? Lando et Alex ? Il observe une pause en arquant un sourcil. Ou c'est plutôt ce qu'a fait Amélia qui t'intéresse ?
Je ne peux pas m'empêcher de sourire à la question de George, je m'en contrefous de savoir comment Lando ou encore Alex ont occupé leur weekend et ça, George l'a très vite compris. Je le soupçonne même d'avoir compris où je voulais en venir dès que j'ai demandé des nouvelles du pilote de McLaren.
- Tu lui parle souvent ?
- Non, pas quotidiennement si tu veux tout savoir. Mais Lando m'a dit qu'ils avaient passé tout le weekend ensemble. Ils sont vraiment devenus inséparable depuis... Fin tu vois, quoi. Si on a tous été là pour elle, Lando ne l'a pas lâché d'une semelle. Je lui ai même fait juré qu'il ne s'était rien passé entre eux deux. Ricane doucement mon co-équipier.
- Mhm...
Je baisse la tête, toujours honteux de mon comportement en vers Amélia. Même si j'ai pu lui dire ce que j'avais sur le coeur, ça n'a pas effacé mon sentiment de honte quand je repense à ce que j'ai fait.
- Il me semble pas qu'elle vienne avec nous ce soir, c'est peut-être l'occasion pour toi de la voir avant que la semaine de course commence vraiment.
Je relève mes yeux sur le visage de George. Ses traits sont détendus et son sourire se veut amical. Nous nous entendons bien avec George, mais nous n'avons jamais été proche au point de parler de nos histoires de coeur. Amélia est amie avec la plus part des pilotes de la nouvelle génération sur la grille, et si Lando m'a clairement fait comprendre que je ne devais pas m'approcher de sa responsable média, je suis content d'apprendre que George ne se montre pas aussi catégorique que notre compatriote. Peut-être que je pourrai trouver en lui un allié de taille, quand j'en aurai besoin.
- Si j'étais à ta place, une femme comme Amélia, t'en croises pas souvent dans une vie. Ne joue pas au con une deuxième fois avec elle... me conseille Gorge en me souriant.
Je lui rends son sourire et George clôt notre conversation en appuyant sur la barre espace de son ordinateur, remettant en lecture ce qu'il était en train de regarder avant que je l'interrompe. Je suis bien conscient de ce qu'il vient de me dire, ce n'est pas le premier à le faire d'ailleurs.
Maintenant que je sais qu'elle sera sûrement à l'hôtel ce soir, je n'ai qu'une hâte, aller la rejoindre. J'ai tellement envie de la voir, de la faire sourire, de lui dire tout ce que j'ai sur le coeur la concernant. Je sais que tout ne va pas se régler en claquant des doigts, que je vais devoir me montrer patient, mais je sais que ça vaut le coup. Notre histoire vaut le coup de faire les choses correctement.
Je me ré-installe un peu plus confortablement dans mon siège, par le hublot je contemple les grandes étendues de sable, nous sommes en train de survoler l'Irak. Dans moins de deux heures, nous arriverons à destination. Je profites du temps qu'il nous reste pour me reposer un peu.
Je foule rapidement le tarmac avant de pénétrer dans le van qui nous attend. La météo, ici, est bien plus chaude qu'en Angleterre. George est nettement moins pressé que moi, je peste intérieurement pour qu'il se dépêche. Il est en train de prendre son temps pour récupérer sa valise au pied de l'avion et discute tranquillement avec l'équipage. Pourquoi il fait toujours ça quand je suis pressé ? Je tousse bruyamment pour qu'il relève la tête et quand il le fait, je lui fais signe de se bouger un peu.
Après avoir passé la fin de l'après midi à signer des goodies et produire un peu de contenu pour les réseaux sociaux de mon écurie, je repose enfin ma valise dans ma chambre. Je retrouve les affaires que j'avais laissé samedi matin. Je défais ma valise et je range mes vêtements, je constate avec plaisir que les tenues que je vais porter les prochains jours dans le paddock ont été monté dans mon dressing. Je passe en revu les tenues puis je retourne à ma valise. Je prends le petit boitier qui m'attend, je l'ai récupéré hier. Il contient le bracelet d'Amélia qui était resté dans mes doigts quand nous nous sommes revus la semaine dernière. Son fermoir a été changé.
J'ai tellement hâte de lui rendre. Je glisse la petite boite dans la poche de mon pantalon et je remets mes chaussures. Il est bientôt l'heure de manger, je vais saisir l'opportunité pour peut-être passer un peu de temps avec Amélia avant que la frénésie de la semaine de course débute.
Je referme la porte de ma chambre. Je sens mon coeur qui bat lourdement dans ma poitrine, j'imagine déjà son visage quand elle va ouvrir la porte de sa chambre. J'entre dans l'ascenseur et appuie sur le bouton qui indique son étage. Mes mains commencent à devenir moite, j'ai l'impression de redevenir un adolescent qui va inviter son amoureuse à partager son goûter.
Je quitte l'ascenseur alors que les portes n'ont pas fini de s'ouvrir. D'un pas léger, je m'avance dans le couloir, les quatre jours qui viennent de s'écouler ont été bien trop long à mon goût. Lorsque j'arrive devant sa porte, je prends mon téléphone et je vérifie une dernière fois le numéro de chambre que m'a envoyé Pierre dans l'après midi.
Je frappe deux coups, comme je le fais tout le temps et je recule d'un pas. J'inspire profondément, j'entends des pas se rapprocher de l'autre coté de la porte. Je bloque ma respiration quand la porte commence à s'ouvrir et je me mords la lèvre inférieure. Je sais que quand je fais ça, j'arrive à la faire craquer et ses joues se colorent d'une teinte un peu plus rosée.
Je fronce les sourcils quand je me rends compte que ce n'est pas Amélia qui m'a ouvert la porte. Mais un homme. Il se tient devant moi, un bras appuyé contre la porte et son autre main qui maintient la serviette qu'il a autour de la taille. Quelques gouttes ruissèlent sur son torse. Sa tête me dit quelque chose, mais je n'arrive pas vraiment à le remettre. Mon sourire disparait immédiatement. Qu'est-ce qu'un homme, qui visiblement vient de sortir de la douche, fait dans la chambre d'Amélia ?
- J'ai dû me tromper de chambre, je cherche Amélia Williams, dis-je en frottant mon index contre ma tempe.
- T'es au bon endroit, Amélia est sous la douche. Tu veux l'attendre ou lui laisser un message peut-être ?
Comment ça, Amélia prend sa douche alors qu'il y a un homme dans sa chambre ? Et surtout pourquoi elle est encore sous la douche alors que lui semble en sortir ? Ils ont pris leur douche ensemble ? Je secoue légèrement la tête pour me reconnecter à la réalité.
- Non, ça ira.
Je commence à partir puis finalement je fais demi-tour avant que l'homme à moitié nu referme la porte de la chambre.
- En fait, si. Dis lui que Lewis Hamilton est passé la voir. Bonne soirée.
Et je repars en direction de l'ascenseur. Je ne suis même pas en colère contre Amélia, elle a parfaitement le droit de faire ce qu'elle veut, avec qui elle veut, surtout vu comment je me suis comporté avec elle. Je suis terriblement en colère contre moi-même à vrai dire.
Comment est-ce que je peux être aussi stupide ? Ce mec, je l'ai déjà vu et je me rappelle très bien d'où. Il avait juste les cheveux plus long quand il a embrassé Amélia dans le paddock à Monza. Forcément, maintenant que la place est libre, il n'allait certainement pas se gêner pour en profiter.
Je n'attends pas que l'ascenseur arrive, j'ouvre la porte qui mène aux escaliers. Je monte les marches quatre à quatre et je retourne dans ma chambre. Qu'est-ce que j'aurai pu faire de plus ? Entrer comme un enragé dans cette chambre ? Casser le joli minois de ce type alors que le fautif dans l'histoire c'est moi ? Elle m'avait pourtant dit qu'elle ne pouvait pas passer à autre chose... Qu'est-ce qui a pu changer dans le weekend ?
Je déverrouille rapidement la porte de ma chambre, je jette mon portable et la petite boite sur mon lit puis je passe dans mon dressing pour me changer. Quand je suis énervé comme ça, le meilleur moyen pour que je retrouve mon calme est d'aller faire une séance intensive de sport. Sans plus tarder, je prends le chemin de la salle de sport de l'hôtel.
A chaque fois que quelqu'un passe les portes battantes de la salle, j'espère secrètement voir le visage d'Amélia apparaitre. Mais en vain, ce soir je ne reverrai pas les traits si doux de son visage. Une fois que je suis à bout de force, je récupère mes affaires et je remonte dans ma chambre. Malgré les propositions des différentes personnes de mon équipe, je préfère manger seul ce soir. Je fais monter mon repas et je me couche en espérant pouvoir trouver le sommeil assez facilement.
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Est-ce qu'au dernier moment, j'ai été tenté que ça ne soit pas Milo qui ouvre la porte ? Oui, absolument. Puis après je me suis dit qu'il fallait bien le torturer un peu ce Lewis. 😈
Je vous souhaite un beau début de semaine !
On se retrouve mercredi pour la suite 🔥
Des bécots ❤️
Writting Firefly ✨