Late Night Talking

De WrittingFirefly

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Elle cherchait un endroit en marge de cette soirée où elle ne voulait pas venir. Lui voulait juste souffler e... Mai multe

Avant Propos
Tome I • Chapitre 1
Tome I • Chapitre 2
Tome I • Chapitre 3
Tome I • Chapitre 4
Tome I • Chapitre 5
Tome I • Chapitre 6
Tome I • Chapitre 7
Tome I • Chapitre 8
Tome I • Chapitre 9
Tome I • Chapitre 10
Tome I • Chapitre 11
Tome I • Chapitre 12
Tome I • Chapitre 13
Tome I • Chapitre 14
Tome I • Chapitre 15
Tome I • Chapitre 16
Tome I • Chapitre 17
Tome I • Chapitre 18
Tome I • Chapitre 19
Tome I • Chapitre 20
Tome I • Chapitre 21
Tome I • Chapitre 22
Tome I • Chapitre 23
Tome I • Chapitre 24
Tome I • Chapitre 25
Tome I • Chapitre 26
Tome I • Chapitre 27
Tome I • Chapitre 28
Tome I • Chapitre 29
Tome I • Chapitre 30
Tome I • Chapitre 31
Tome I • Chapitre 32
Tome I • Chapitre 33
Tome I • Chapitre 34
Tome I • Chapitre 35
Tome I • Chapitre 36
Tome I • Chapitre 37
Tome I • Chapitre 38
Tome I • Chapitre 39
Tome I • Chapitre 40
Tome I • Chapitre 41
Tome I • Chapitre 42
Tome I • Chapitre 43
Tome I • Chapitre 44
Tome I • Chapitre 45
Tome I • Chapitre 46
Tome I • Chapitre 47
Tome I • Chapitre 48
Tome I • Chapitre 49
Tome I • Chapitre 50
Tome I • Chapitre 51
Tome I • Chapitre 52
Tome I • Chapitre 53
Tome I • Chapitre 54
Tome I • Chapitre 55
Tome I • Chapitre 56
Tome I • Chapitre 57
Tome I • Chapitre 58
Tome I • Chapitre 59
Tome I • Chapitre 60
Tome II • Chapitre 1
Tome II • Chapitre 2
Tome II • Chapitre 3
Tome II • Chapitre 4
Tome II • Chapitre 5
Tome II • Chapitre 6
Tome II • Chapitre 7
Tome II • Chapitre 8
Tome II • Chapitre 9
Tome II • Chapitre 10
Tome II • Chapitre 11
Tome II • Chapitre 12
Tome II • Chapitre 13
Tome II • Chapitre 14
Tome II • Chapitre 15
Tome II • Chapitre 16
Tome II • Chapitre 17
Tome II • Chapitre 18
Tome II • Chapitre 19
Tome II • Chapitre 21
Tome II • Chapitre 22
Tome II • Chapitre 23
Tome II • Chapitre 24
Tome II • Chapitre 25
Tome II • Chapitre 26
Tome II • Chapitre 27
Tome II • Chapitre 28
Tome II • Chapitre 29
Tome II • Chapitre 30
Tome II • Chapitre 31
Tome II • Chapitre 32
Tome II • Chapitre 33
Tome II • Chapitre 34
Tome II • Chapitre 35
Tome II • Chapitre 36
Tome II • chapitre 37
Tome II • Chapitre 38
Tome II • Chapitre 39
Tome II • Chapitre 40
Tome II • Chapitre 41
Tome II • Chapitre 42
Tome II • Chapitre 43
Tome II • Chapitre 44
Tome II • Chapitre 45
Tome II • Chapitre 46
Tome II • Chapitre 47
Tome II • Chapitre 48
Tome II • Chapitre 49
Tome II • Chapitre 50
Tome II • Chapitre 51
Tome II • Chapitre 52

Tome II • Chapitre 20

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De WrittingFirefly

1er février 2024 - Saint Gilles les Bains - La Réunion

L'odeur du café chaud me chatouille les narines. J'ouvre un œil difficilement. Je mets quelques secondes à me rappeler où je suis. Milo n'a pas fermé les volets de sa chambre cette nuit quand nous sommes rentrés. Les rayons de soleil entrent par la porte-fenêtre et s'écrasent sur mon visage. Ce trop-plein de luminosité me rappelle combien mon mal de tête me fait souffrir. Je remonte les draps pour me couvrir totalement.

Je baisse les yeux sur mon corps. Je porte un grand t-shirt de l'équipe des Spurs, la préférée de Milo. J'étouffe un hoquet de surprise quand je me rends compte que je ne porte pas ma culotte, mais un caleçon à petits carreaux. Je retire brusquement les draps de par-dessus ma tête.

Je quitte rapidement mon pyjama de fortune pour enfiler ma robe longue. Il faut encore que je mette la main sur ma petite culotte. Je passe par la salle de bain pour me passer un peu d'eau fraîche sur le visage. Et quand je relève la tête, accrochée au porte-serviettes, je vois mon dessus qui pend. Je le saisis d'une main et je l'enfile sans plus attendre. Je pique un élastique à Milo. Quand il avait les cheveux mi-longs, il avait pour habitude de les attacher en chignon vite fait sur le haut de sa tête. Je me penche en avant et fais basculer tous mes cheveux avec moi. Il y a beaucoup trop de nœuds pour que je tente de les démêler maintenant. Je les attache tant bien que mal et je quitte la salle de bain pour rejoindre Milo. Je ne le trouve pas dans la maison, mais la baie vitrée est grande ouverte. Mes pieds foulent la pelouse qui a l'air d'avoir été coupée récemment. Je jette un coup d'œil à ma montre, j'en reviens d'avoir dormi autant, il est presque midi.

Milo est assis dans son hamac, sa tasse de café fumante posée sur la petite table à côté. Un sachet de la boulangerie est lui aussi sur cette petite table. Je prends une chaise et je viens m'installer.

- T'as bien dormi ? Me demande Milo en se redressant un peu.

- Je crois que oui et toi ?

- J'ai bouffé tes cheveux toute la nuit et tu n'as pas arrêté de bouger, mais sinon oui, on peut dire que j'ai bien dormi.

Je sens mes joues devenir écarlates. Les images me reviennent en tête et là, tout de suite, j'aimerais pouvoir m'enfoncer dans cette pelouse et qu'elle me recouvre entièrement.

[ Début du Flashback ]

Et maintenant, c'est mieux ? Dis-je en me rapprochant encore un peu plus.

Mon regard se plonge dans celui de Milo. Il passe sa main sur ma joue et cale une mèche de cheveux derrière mon oreille. Il n'y a plus un bruit autour de nous, seul le clapotis de l'eau s'écrasant sur nos deux corps se fait entendre.

Je sais au plus profond de moi que ce n'est pas avec Milo que j'aimerais me retrouver dans cette situation à l'heure actuelle. Je ne sais même pas ce que je fais collée à lui avec seulement ma culotte pour me couvrir. Je pourrais franchir cette barrière que j'ai toujours mise entre nous deux et je sais que Milo ne serait pas contre.

Est-ce que j'ai envie que notre relation change ? Est-ce que si on s'embrasse, j'arriverai à m'arrêter avant qu'on aille plus loin ? Est-ce que j'aurai envie d'arrêter avant d'aller plus loin ?

Je lève une dernière fois mon regard sur son visage et au fond de moi, j'aimerais que ce soient les traits de Lewis à la place du visage de Milo.

Je recule un peu ma tête. J'éclate de rire, prise d'un fou rire incontrôlable. Je bascule ma tête en arrière afin de rire à gorge déployée. Sous mes avant-bras, je sens les épaules de Milo monter et descendre, son ventre vient s'écraser sur le mien par à-coups. Le son cristallin de son rire me parvient aux oreilles.

- Putain, tu m'as fait peur Amélia ! J'ai bien cru que j'avais réussi à te faire flancher ! Me déclare Milo entre deux éclats de rire.

- Tu étais à ça ! Lui dis-je en positionnant mon index et mon pouce tout proche. Tu nous ramène sur la plage ?

Sans me répondre, Milo s'exécute. Je colle mon corps contre le sien et je le laisse marcher jusqu'à la plage. Je niche ma tête dans le creux de son cou, contre mon front, je sens sa carotide pulser. Quand l'eau ne me porte plus assez, Milo passe ses mains sous mes cuisses et me porte jusqu'à nos affaires.

Je récupère ma robe et l'enfile rapidement, mon corps mouillé collant au tissu. Je jette un coup d'œil à Milo, il est aussi en train de remettre ses vêtements. Je me sens un peu honteuse d'avoir testé mes limites avec lui.

- Tiens ta veste, on rentre ? Me propose Milo 

Je prends ma veste qu'il me tend, je me penche pour saisir mes chaussures et mon sac à main. Je passe mon bras sous celui du jeune homme et nous nous mettons en marche pour rejoindre sa voiture. Nous repassons devant le bar où nous avons commencé la soirée. La terrasse s'est considérablement vidée depuis que nous sommes partis. La musique est plus calme, plus douce, comme annonçant la fin proche de la soirée. La barmaid est toujours là, elle range des verres sur des étagères derrière le bar.

Je jette un coup d'oeil à Milo et d'un coup de tête je lui indique la jeune femme. 

- Tu peux toujours rentrer avec elle, je vais appeler un taxi pour qu'il me ramène chez moi...

- Arrête de dire des bêtises, quand j'ai dit on rentre, je voulais dire, toi et moi, on va au même endroit pour terminer la soirée.

Je relève un peu la tête et je souris à Milo. Nous contournons la terrasse et arrivons sur le petit parking du restaurant. Il déverrouille la fermeture centralisée et je prends place à bord de son véhicule. Nous sortons à peine du village quand Milo quitte la route principale. Je tourne ma tête vers lui, un peu surprise par l'itinéraire qu'il vient de prendre.

- Tu me ramènes pas chez moi ?

- J'ai trop bu pour conduire jusqu'à chez toi, on va dormir chez moi et je te ramène demain. 

- Tu as trop bu pour conduire tout court non ?

- C'est bon, on a fait huit cents mètres pour arriver et j'ai roulé doucement.

Je lève les yeux au ciel, Milo a toujours réponse à tout. Je m'enfonce un peu plus dans le siège et je regarde son portail au bout de l'allée qui se rapproche de plus en plus. J'attends que Milo se gare devant sa petite maison et je descends. Je l'attends devant sa porte d'entrée pendant qu'il referme le portail. Je prends mon téléphone pour envoyer un message à mon père, malgré l'heure tardive, je veux le prévenir que tout va bien et que je rentrerai demain.

Milo déverrouille la porte d'entrée et me laisse passer. Je retire mes chaussures et mes chaussettes, qui sont pleines de sable. Je quitte ma veste, la laisse sur le canapé et me masse doucement les cervicales.

- Tu sais où se trouve la douche, je vais te sortir un pyjama et zou au lit !

- Fais gaffe, je trouve ça très sexy quand on prend soin de moi...

- Ne me tente pas une deuxième fois Amélia. Je suis fort mentalement, mais je reste un homme et toi une très belle femme !

Je pouffe de rire avant de m'enfermer dans la salle de bain. Je me débarrasse rapidement de mes vêtements pour me faufiler sous la douche. Je ne m'éternise pas, l'adrénaline de la promiscuité est en train de retomber pour laisser place à une fatigue écrasante. Je coupe l'eau après m'être savonnée et rincée, puis je m'enroule dans une petite serviette qui recouvre à peine ma poitrine et mes fesses en même temps. Je ramasse mes affaires et je grimace en me rendant compte que ma culotte est pleine de sable et de sel. Je la rince dans le lavabo et l'accroche au crochet où était suspendue la serviette que j'ai autour de moi.

Je passe la tête par l'entrebâillement de la porte, Milo a déposé un maillot de basket sur le lit.

- Milo ? Est-ce que par hasard, l'un de tes conquêtes aurait oublié un sous vêtement ici ? J'ai rien à me mettre en bas...

J'entends les pas de Milo qui se rapprochent, il devait être dehors sur la terrasse.

- Non, je fais toujours en sorte qu'elles ne puissent pas avoir l'occasion de revenir, si tu vois ce que je veux dire. Mais je peux te filer un caleçon, tu verras c'est confortable.

Je lève les yeux au ciel puis finis par accepter. Milo ouvre un tiroir, fouille un peu et jette un caleçon sur le lit, à côté du maillot. Sans attendre une réponse de ma part, il quitte la chambre pour me laisser le champ libre afin que je puisse me changer.

Je me glisse doucement sous les draps. Dans la pièce d'à côté, j'entends du bruit, mais je ne bouge pas, mes paupières commencent à se fermer toutes seules. La porte de la chambre s'ouvre doucement. Je me retourne pour regarder Milo.

- Dors bien Am'...

- Tu ne viens pas te coucher ? Dis-je en prenant appuie sur mon coude.

- Ecoute, on a tous les deux bien bu et j'ai pas envie que tu regrettes de te réveiller dans mes bras demain matin. Je vais dormir sur le canapé.

- D'accord, bonne nuit Milo.

Je laisse mon corps retomber sur le matelas et Milo referme la porte de sa chambre. Je fixe le plafond sans cligner des yeux. Je soupire lourdement. Je n'ai pas envie de dormir toute seule dans ce grand lit. Je voudrais me blottir contre un corps chaud, entendre le cœur battre dans mon oreille. Je me glisse hors du lit de Milo et le contourne pour sortir de la chambre. Quand j'ouvre la porte, Milo relève directement la tête dans ma direction.

- Ça va pas ? Me demande-t-il, l'air inquiet.

Je m'appuie contre l'embrasure et je commence à triturer mes doigts.

- Viens dormir avec moi, s'il te plait...

Je tends le bras dans sa direction. Milo esquisse un petit sourire et se lève du canapé. Je ne manque pas de détailler son corps. En caleçon devant moi, je remarque qu'il a les abdos plus dessinés que d'habitude, ses cuisses sont également plus sculptées. Il a dû reprendre la musculation entre ses différents voyages pour son travail. En quelques enjambées, il me rejoint et saisit la main que je lui tends.

En silence, nous retournons nous coucher, comme si c'était la première fois que nous partagions son lit. Je m'allonge sur le coté droit, face à la porte fenêtre.

- Est-ce que tu pourrais... demandai-je en tournant légèrement mon corps.

- Te prendre dans mes bras ?

J'acquiesce et recule un peu mon corps pour réduire la distance entre nous. Milo vient se coller à moi, son corps chaud entre en contact avec le mien. Il pose sa main sur ma cuisse, mais je l'attrape et la tire pour la positionner sous ma poitrine. Je sens son souffle chaud dans ma nuque. Son autre bras passe sous mon oreiller et se referme contre mes bras.

- Il te manque tant que ça ?

- Bonne nuit Milo...

Milo ressert son étreinte autour de moi et dépose un baiser dans mes cheveux. Je me détends un peu, ma tête commence à tourner mais je ferme les yeux et dans un dernier soupire je m'endors.

[ Fin du Flashback ]

J'ouvre le sachet en papier de la boulangerie et j'amène à ma bouche un pain au chocolat.

- Ça fait longtemps que t'es réveillé ? Je t'ai pas entendu te lever...

- J'avais une réunion en visio à 8h30, du coup je me suis réveillé juste avant, rigole Milo.

- Ah mais tu bosses là ? Ce n'est pas flagrant ! Dis-je en montrant son hamac.

- J'ai pas besoin d'être tout le temps devant mon ordinateur pour dire que je bosse, d'ailleurs, je repars demain pour une dizaine de jours, tu seras encore là à mon retour ?

- Je ne sais pas encore, ça va dépendre de l'avancement des cartons pour la maison. Tu vas me dire où tu vas ou tu vas encore faire le mec mystérieux ?

- Avoue que ça t'attire de ne pas savoir ce que je fais dans la vie. Ça se voit dans tes yeux ! 

Je n'ai jamais su la profession de Milo. Il est toujours resté très large et vague quand il parle de son travail. Tout ce que je sais, c'est qu'il a déjà travailler pour le gouvernement français et qu'il ne met pas sa vie en danger quand il part en mission.

- On mange et je te ramène chez toi ? Me propose Milo en quittant son hamac.

- Beau changement de conversation !

- Tu veux savoir un truc ? Même si on était ensemble, ou même si on se mariait, je ne pourrai rien te dire. Tu sais que je peux pas en parler, alors oui, je change de sujet. Tu veux manger quoi ?

Milo me regarde avec amusement, je décide de ne pas insister. Je sais qu'il ne lâchera rien et je ne suis pas sûre de vraiment savoir finalement. Je termine mon pain au chocolat et je rejoins Milo qui m'attend au milieu de son jardin.

- J'ai envie d'un truc simple, un truc de lendemain de soirée.

- On se laisse tenter par un McDo ?

- Tu m'étonnes qu'elles tombent toutes comme des mouches, tu sais vraiment parler aux femmes !

- Eh mais tu crois quoi ? C'est pas quelque chose que je propose à toutes ! Sens toi privilégiée !

Je passe mon bras sous le sien et appuie ma tête contre son biceps.

- Je me sens privilégiée, vraiment !

On rentre dans la maison et je fais le tour pour récupérer mes affaires. En m'attendant, Milo enfile une chemise légère. Je le retrouve devant sa voiture. 

J'ai engloutis mon menu maxi best-of. L'ambiance est légère. Milo fait tout ce qu'il peut pour me faire rire malgré mon mal de tête persistant. On met le contenu de nos plateaux à la poubelle et on traverse le parking pour récupérer sa voiture. Avant de monter à bord, je m'arrête au niveau de ma portière qui est grande ouverte.

- Est-ce qu'on peut faire un détour avant que tu me ramènes ?

- Tu veux qu'on retourne faire trempette peut-être ?

- Pas vraiment... A vrai dire,  j'aimerais que tu m'amènes sur le lieu de l'accident...

Un silence s'installe dans la voiture. J'ai bien conscience d'avoir jeté un froid, c'est une chose que je veux faire depuis que j'ai posé mes bagages sur l'île. Mais je n'aurai jamais pu le proposer à mon père, vu ce qu'il a vécu, c'est impensable pour moi.

- Tu connais l'île comme ta poche et je sais que tu sais où ça c'est passé. Tu comprends bien que je peux pas demander ça à mon père...

- Si c'est ce que tu veux vraiment. Attache ta ceinture, je t'y emmène. 

Je ne me fais pas prier, j'attache ma ceinture de sécurité et Milo allume le moteur. Nous quittons rapidement le parking de l'enseigne américaine de fast food. Milo conduit d'une main de maitre, nous nous enfonçons dans les terres et nous commençons à emprunter les petites routes. Je sens mon coeur qui commence à battre un peu plus vite au fur et à mesure qu'on approche de l'endroit.

Milo se gare sur le bas coté de la route, quelques mètres avant un virage. Il coupe le contact et appuie sa tête contre l'appuie-tête.

- Je te laisse y aller toute seule, tu verras c'est à une dizaine de mètres après ce virage. Si tu as besoin, tu n'auras qu'à crier mon prénom, je reste ici en t'attendant. 

Je le remercie avant de descendre de la voiture. J'avance doucement sur cette route déserte, je ne sais pas à quoi je m'attendais mais je me sens comme en dehors de mon corps. J'ai l'impression de pouvoir me regarder marcher. Je passe le virage et de loin, je remarque que les glissières de sécurité en bois sont en travaux. Des rubalises rouges et blanches s'envolent au gré des bourrasques de vents. Je continue de m'avancer jusqu'à arriver au niveau de l'impact. Il n'y a plus les traces de la voiture, mais je remarque que certains arbres en contrebas portent encore les traces de l'accident. La nature a repris ses droits, de nouvelles branches sont en train de pousser, mais je n'ai aucun mal à imaginer la scène.

Accroché à un arbre à quelques mètres de l'endroit où a eu lieu la sortie de route, je remarque un bouquet de fleurs. Il y en a d'autres disposés au sol. Je m'approche un peu plus pour lire ce qu'il y a écrit sur les petits cartons qui dépassent. Certains habitants ont voulu laisser des messages attendrissants pour ma mère. Je les lis avec attention, une larme perle sur ma joue. Ma mère était vraiment appréciée de tous, partout où elle allait, elle faisait l'unanimité. Elle avait cette faculté de mettre tout le monde à l'aise.

Je prends quelques minutes pour me recueillir, le bruit des feuilles qui bougent et le doux murmure du ruisseau en contrebas m'apaisent quelque peu. Si je redoutais un peu le moment avant d'y être, finalement, je suis contente d'avoir demandé à Milo de m'emmener ici. Ça me permet de mettre des images sur les mots de Maxendre quand il m'a expliqué l'accident. Même si les circonstances resteront floues sur l'élément qui a déclenché cette sortie de route, je me sens soulagée.

Je remets certains bouquets droits puis je rebrousse chemin. Je prends mon temps pour quitter ce lieu. Je n'y reviendrai sûrement jamais, maintenant que mon père va habiter à Chicago, je n'ai plus de pied à terre ici. Lorsque je passe le virage, Milo m'attend, assis sur le capot de sa voiture. Une cigarette pendue à ses lèvres. Je réduis la distance entre nous, quand son regard croise le mien, je lui souris.

- Depuis quand tu t'es remis à fumer toi ? Demandai-je en prenant place à coté de lui sur son capot.

- Tu t'inquiètes pour ma santé ? T'as peur que mes spermatozoïdes soient moins performant quand tu me demanderas de te faire des enfants ?

J'éclate de rire.

- Jamais tu t'arrête !

- Jamais et c'est pour ça que tu m'aimes autant ! Alors, ça t'a fait du bien ?

- Oui, c'est comme si je m'étais séparée d'un poids. Merci d'avoir accepté de m'emmener ici.

- Je te ramène ?

- S'il te plait, mon père doit penser que tu m'as kidnappé !

Nous descendons du capot de sa voiture et après avoir fait demi-tour, nous reprenons la route jusqu'à chez moi.

Mon père est en train de faire du tri dans le petit cabanon à côté de la maison. Je passe le saluer, puis j'invite Milo à entrer. Pendant que je suis en train de sortir deux verres, Milo va s'installer sur la terrasse. Je le rejoins avec du jus de fruits, des paracétamols et les derniers morceaux du gâteau au chocolat que nous avions fait la veille. Je m'installe face au soleil, je ferme les yeux et je tends mon visage pour mieux capter les rayons qui réchauffent ma peau.

- Ton mec est en train d'affoler les réseaux sociaux. Rigole Milo.

J'ouvre un oeil pour le regarder, qu'est-ce qu'il est en train de me dire ?

- Je te l'ai déjà dit, on est plus ensemble.

- Il t'avait dit qu'il partait chez Ferrari l'an prochain ?

- Mais qu'est-ce que tu racontes ? 

Je me redresse et tend le bras pour prendre le portable que Milo tient entre ses mains. Mon coeur s'arrête. Sous mes yeux, des dizaines de tweets qui parlent du potentiel changement d'écurie de Lewis. 

- Vu la tête que tu fais... Tu n'étais pas au courant.

- Non, il ne m'en avait jamais parlé. Je ne comprends pas vraiment ces rumeurs. Pour moi, il allait finir sa carrière chez Mercedes...

Rien n'est encore officiellement annoncé, mais j'ai besoin de savoir. J'ai besoin de savoir si c'est vrai, parce que si ça l'est vraiment, ça voudrait dire que Lewis ne me faisait pas assez confiance pour m'en parler. Et ça serait un énième coup de couteau qu'il m'assène. Ce genre de transfert ne se décide pas du jour au lendemain, ni en un claquement de doigt. Je prends mon portable et compose le numéro de Charles. Une sonnerie à peine et il décroche.

- Amélia ? Tout va bien ?

- C'est vrai ? Ce qu'on lit sur les réseaux ?

- Amélia, je ne peux pas...

- Charles ! Je dois savoir ! Est-ce que Lewis a signé chez Ferrari pour la saison prochaine ?

Le silence se fait, je pourrai presque entendre Charles réfléchir, peser le pour et le contre de me dire ce qu'il sait. Il soupire, mais ne répond pas à ma question.

- Ton silence en dit long, Charles, si ce n'était pas vrai, tu me l'aurais dit directement...

- Ecoute, si on te pose la question, je ne t'ai rien dit. Mais oui, c'est vrai. Ça va être officiellement annoncé ce soir.

- Tu le savais, avant de me proposer le poste ?

- Je... Oui, je le savais. Mais ça ne change rien à ma proposition, c'est pour travailler avec moi, pas avec Lewis. Ne le prends pas mal, Amélia, je pouvais rien te dire, sinon tu sais très bien que je l'aurai fait.

- Je sais Charles, ce n'est pas à toi que j'en veux... Je vais te laisser, tu dois avoir autre chose à faire. On se voit à Bahrein !

- Prends soin de toi !

Je raccroche sous le regard interrogateur de Milo et de mon père qui nous a rejoint.

- Quoi ? Demandai-je en posant mon téléphone sur la table.

- Ferrari t'a proposé un poste ? Reprend mon père, les yeux écarquillés.

- Oui, fin, non. Rien est officiel, Charles m'en a parlé, mais déjà que j'étais pas très emballée par l'idée... Là je crois que l'affaire va être vite pliée.

- Non mais Amélia, on parle de l'écurie Ferrari là ! On s'en fout que Lewis y soit, c'est quand même une sacrée opportunité qu'on te propose ! S'indigne Milo en tapant du poing sur la table.

- Alors, vous allez vite vous détendre quand même, dis-je en rigolant. Je n'ai rien décidé, il faut que j'en parle avec Lando aussi. On verra bien. 

Je nous sers un verre de jus pour tenter de faire diversion. J'esquive autant que possible le regard des deux hommes en face de moi. Je n'ai pas envie d'en dire plus sur la proposition de Charles, parce que je n'ai pas vraiment pris le temps d'y réfléchir. C'est vrai que c'est une sacrée opportunité, mais travailler dans la même écurie que Lewis dans l'état actuel de notre relation, ce n'est même pas envisageable pour moi.

Milo a passé le reste de l'après-midi avec nous. Nous avons pratiquement terminé de trier et d'emballer tout ce qu'il y avait de stocké dans le petit cabanon. Quand je vois à la vitesse à laquelle nous allons, je pense que nous aurons fini de préparer les cartons pour le déménagement avant la fin de la semaine prochaine. Ce qui pourrait me permettre de rentrer en Europe plus tôt que prévu. Mais je suppose que la tâche sera plus difficile quand nous devrons trier les affaires de ma mère. 

Après le repas que nous a concocté mon père, je raccompagne Milo à sa voiture.

- Merci d'être resté avec nous aujourd'hui, tu sais que mon père t'apprécie beaucoup.

- Tu n'as pas à me remercier Amélia, je le fais avec plaisir.

- Et puis... Désolée encore pour ce qu'il s'est passé dans l'eau hier soir... soufflai-je me sentant encore un peu honteuse.

- Eh, eh, eh ! Regarde moi, me dit Milo en passant ses doigts sous mon menton pour que je relève la tête. Même si j'en mourrais d'envie, je ne pense pas que ça aurait été une bonne idée qu'on franchisse cette limite. Notre amitié est bien plus précieuse que ce qu'on aurait pu s'apprêter à faire. Puis, si ça doit se faire, j'aimerais bien que ça se passe quand on aura un taux d'alcoolémie proche de zéro

- Ah oui ?

- Oui, mais tant qu'il est dans ta tête, il ne pourra rien se passer avec d'autres hommes, dit Milo en me tapotant la tempe avec son index. Tu resteras droite dans tes bottes même si vous n'êtes plus ensemble. Si ce n'est pas une preuve d'amour ça, je me demande ce qu'il lui faut...

Je ne trouve pas les mots pour lui répondre alors je passe mes bras autour de son torse et je me colle à lui. Milo me rend mon étreinte. Il caresse doucement mes cheveux.

- On essaye de se voir avant que tu partes ? Reprend-t-il doucement.

- C'est toi qui pars le premier et c'est moi qui doit faire en sorte d'être là à ton retour ?

- Exactement !

Milo dépose un baiser sur le haut de mon front puis il ouvre sa portière avant de s'installer à bord de son véhicule. Je le regarde remonter en marche arrière notre allée et je lui fais signe pour lui dire au revoir avant qu'il rejoigne la route principale. 

En regardant partir Milo, je me dis que les prochains jours ne seront pas faciles. Je sens bouillir en moi une rage en vers Lewis qui ne cesse de s'agrandir. Est-ce que nous arriverons à nous comporter comme des adultes avant que le point de non-retour soit franchi ? Je ne saurai le dire. Il faut que je reste focus sur ce qu'il me reste à accomplir ici et je sais que je pourrai compter sur le soutien infaillible de mon père. 

-- 
Bonjouuuur la compagnie ! 
Roh là là, qu'est-ce que j'ai aimé lire vos commentaires
sous le dernier chapitre ! Vous m'avez régalé ❤️

Promis, on arrive bientôt à la confrontation Lewis x Amélia.
Mais encore un peu de patience 😈

En attendant, les essais hivernaux commencent aujourd'hui ! 
Nos pilotes préférés reprennent du service et j'espère que j'aurai de quoi me mettre sous la dent pour écrire les prochains chapitres 😉

Des bécots ! 

Writting Firefly ✨

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