Late Night Talking

Oleh WrittingFirefly

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Elle cherchait un endroit en marge de cette soirée où elle ne voulait pas venir. Lui voulait juste souffler e... Lebih Banyak

Avant Propos
Tome I • Chapitre 1
Tome I • Chapitre 2
Tome I • Chapitre 3
Tome I • Chapitre 4
Tome I • Chapitre 5
Tome I • Chapitre 6
Tome I • Chapitre 7
Tome I • Chapitre 8
Tome I • Chapitre 9
Tome I • Chapitre 10
Tome I • Chapitre 11
Tome I • Chapitre 12
Tome I • Chapitre 13
Tome I • Chapitre 14
Tome I • Chapitre 15
Tome I • Chapitre 16
Tome I • Chapitre 17
Tome I • Chapitre 18
Tome I • Chapitre 19
Tome I • Chapitre 20
Tome I • Chapitre 21
Tome I • Chapitre 22
Tome I • Chapitre 23
Tome I • Chapitre 24
Tome I • Chapitre 25
Tome I • Chapitre 26
Tome I • Chapitre 27
Tome I • Chapitre 28
Tome I • Chapitre 29
Tome I • Chapitre 30
Tome I • Chapitre 31
Tome I • Chapitre 32
Tome I • Chapitre 33
Tome I • Chapitre 34
Tome I • Chapitre 35
Tome I • Chapitre 36
Tome I • Chapitre 37
Tome I • Chapitre 38
Tome I • Chapitre 39
Tome I • Chapitre 40
Tome I • Chapitre 41
Tome I • Chapitre 42
Tome I • Chapitre 43
Tome I • Chapitre 44
Tome I • Chapitre 45
Tome I • Chapitre 46
Tome I • Chapitre 47
Tome I • Chapitre 48
Tome I • Chapitre 49
Tome I • Chapitre 50
Tome I • Chapitre 51
Tome I • Chapitre 52
Tome I • Chapitre 53
Tome I • Chapitre 54
Tome I • Chapitre 55
Tome I • Chapitre 56
Tome I • Chapitre 57
Tome I • Chapitre 58
Tome I • Chapitre 59
Tome I • Chapitre 60
Tome II • Chapitre 1
Tome II • Chapitre 2
Tome II • Chapitre 3
Tome II • Chapitre 4
Tome II • Chapitre 5
Tome II • Chapitre 6
Tome II • Chapitre 7
Tome II • Chapitre 8
Tome II • Chapitre 9
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Tome II • chapitre 37
Tome II • Chapitre 38
Tome II • Chapitre 39
Tome II • Chapitre 40
Tome II • Chapitre 41
Tome II • Chapitre 42
Tome II • Chapitre 43
Tome II • Chapitre 44
Tome II • Chapitre 45
Tome II • Chapitre 46
Tome II • Chapitre 47
Tome II • Chapitre 48
Tome II • Chapitre 49
Tome II • Chapitre 50
Tome II • Chapitre 51
Tome II • Chapitre 52

Tome II • Chapitre 19

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Oleh WrittingFirefly

31 janvier 2024 - Boucan Canot - La Réunion

Ça fait du bien de dormir d'une traite et sans réveil programmé. Être ici avec mon père, c'est comme si tous mes soucis étaient mis entre parenthèse.

Je m'étire de tout mon long avant de sortir de mon lit. Je passe par la salle de bain pour me débarbouiller le visage puis j'enfile ma tenue de sport. Mes baskets à la main, je descends au rez-de-chaussée sur la pointe des pieds. Le soleil est en train de se lever et il n'y a personne dans la maison. Mon père doit encore être en train de dormir.

Je laisse un mot sur la table de la cuisine pour l'informer que je suis partie courir un peu. Je scratche mon brassard à mon bras et je glisse mon portable dedans. J'enfonce mes écouteurs dans mes oreilles et lasse mes chaussures à mes pieds. Je referme doucement la porte d'entrée et je pars en petites foulées.

Il n'y a pas grand monde dans les rues du village que je traverse pour arriver sur le bord de mer. Je croise quelques personnes âgées qui sont déjà dehors pour faire leurs emplettes. Je quitte rapidement le bitume pour le sable chaud. J'augmente le volume dans mes oreilles quand la chanson d'Alicia Keys débute.

Je fredonne les paroles et me laisse emporter par le tempo. Mes pieds s'enfoncent dans le sable, je sens déjà mes cuisses qui me brûlent mais je ne relâche pas mon effort. C'est une autre ambiance que quand je courrais avec Lando et James, son coach, dans la neige de Finlande. Aujourd'hui, je me retrouve avec moi même.

Je m'effondre dans le sable brûlant quand ma montre vibre pour m'indiquer que j'ai dépassé les dix kilomètres de course à pieds. Je reprends petit à petit ma respiration. Mes poumons sont en fusion et j'ai l'impression que mes jambes ne pourront jamais me ramener à la maison. Je laisse mon regard se perdre dans l'horizon tout en faisant quelques étirements.

La plage où je me suis arrêtée est encore vide de touristes. Sur un coup de tête, je me déshabille pour garder que ma brassière et ma culotte. Je laisse mes vêtements à coté de mes baskets et je cours pour aller à la rencontre des grosses vagues qui se forment devant moi. La température agréable de l'Océan Indien à ce moment de l'année me permet d'entrer dans l'eau sans grande difficulté.

Je laisse mon corps flotter et bouger au gré de la houle. Je tente de ne pas penser à Lewis, mais je dois bien avouer que ce n'est pas une tâche facile. Sa présence à mes côtés me manque, il a toujours été doux et de bons conseils. Mais je me réconforte en me disant que même si nous étions encore ensemble, il n'aurait pas pu venir ici avec moi. Avec le début de la saison qui arrive à grands pas, il serait resté à Brackley pour perfectionner sa préparation, mais je l'aurai eu au téléphone tous les matins et tous les soirs.

Je soupire avant d'immerger totalement ma tête dans l'eau. Ça ne sert à rien de penser à ça maintenant. Ce qui est fait est fait et je pourrai rien y changer. Au bout de quelques temps, je sors de l'eau en essorant mes cheveux et je retourne là où mes affaires m'attendent. Je presse ma brassière pour faire couler l'eau contenu dedans et je me rhabille. Le soleil commence déjà à taper fort, je ne vais pas rester mouillée très longtemps.

C'est en marchant que je rentre à la maison. Je m'arrête en chemin à l'épicerie pour prendre des fruits pour le dessert. Quand j'arrive à la maison, je suis accueillie par l'odeur du café. Mon père est sur la terrasse en train de lire le journal.

- Les nouvelles sont bonnes ? Demandai-je en déposant les fruits sur la table.

- Oarf, j'ai bien l'impression que rien n'a changé comparé à hier. Alors comme ça, tu cours maintenant ?

Je m'installe sur l'une des chaises et j'enlève mes baskets.

- Oui, j'ai pris cette habitude pendant qu'on était en Finlande avec Lando. Je cours, je nage, je vais un peu de renforcement, ça me permet d'évacuer et de me canaliser.

- Il y a quelque chose qui te tracasse ma fille ?

Les larmes me montent immédiatement aux yeux, devant mon père, je suis incapable de faire comme si tout allait bien. Je suis incapable de lui mentir. J'inspire profondément.

- Je ne suis plus avec Lewis...

Mon père referme son journal et le dépose sur la table. Avec son regard, il m'invite à lui raconter ce qu'il s'est passé. Je vide mon sac en lui racontant tout, l'avortement, les tensions et l'engueulade puis la fuite de Lewis. Au fur et à mesure de mon récit, mon père est venu se positionner devant moi, accroupi au niveau de mes genoux, il m'écoute attentivement.

- On s'est écrit hier soir, mais je sais pas, je crois que je suis pas encore prête pour tout ça...

- Je ne sais pas vraiment quoi te dire, j'imagine que ta mère aurait trouvé les mots pour que tu te sente mieux... Mais peut être que je peux te conseiller de prendre ton temps pour digérer tout ça. Je comprends mieux pourquoi tu étais avec Lando et pas Lewis pour ton anniversaire...

- J'ai été bien entouré par Pierre, Kika, Lando et le reste de mes amis.

- Je suis content que tu aies pu trouver du réconfort auprès d'eux. C'est souvent dans les moments comme ceux que tu viens de vivre qu'on réalise vraiment sur qui on peut compter.

- Mhm, tu as sûrement raison. Lui dis-je en essuyant avec ma manche la morve qui commence à couler de mon nez.

- Allez va prendre ta douche, c'est un peu tard pour le petit déjeuner mais je vais nous préparer le repas de midi.

J'acquiesce sans broncher. Le sel qui est resté sur ma peau commence légèrement à me gratter. Lorsque je me relève de ma chaise, mon père me prend dans ses bras. Son étreinte est plus parlante que tous les mots qui pourraient sortir de sa bouche.

Je n'ai jamais été assez proche de mon père pour pouvoir lui confier tous mes états d'âmes. C'était auprès de ma mère que je trouvais du réconfort quand j'avais le coeur brisé quand j'étais plus jeune. C'était la première personne que j'appelais quand j'avais besoin de conseil. Je sens bien que mon père marche sur des oeufs quand il s'agit de mes émotions, mais je suis heureuse d'avoir trouvé une oreille attentive.

Je finis par me détacher de son étreinte. Je récupère mes baskets pour les ranger dans l'entrée puis je monte rapidement dans ma chambre. Je jette ma tenue de sport dans le panier à linge sale et je me glisse sous la douche.

A chaque fois que j'en parle, j'ai l'impression de me délivrer d'un poids supplémentaire. Mais parler de ma rupture avec Lewis, ne fais qu'agrandir la rage que j'ai en vers lui. Comme si, j'alimentais un feu, bûche après bûche. Dès que le feu s'amenuise, je rajoute de quoi le faire reprendre de plus belle.

J'enfile une robe longue et je laisse mes cheveux sécher à l'air libre. Je mets un peu d'ordre dans ma chambre avant de redescendre tenir compagnie à mon père. Je regarde ma montre, mon père avait raison, il est plus d'onze heures passés, ce n'est pas l'heure pour le petit déjeuner. Je le retrouve dans la cuisine.

- Tu as besoin d'aide, Papa ?

- Oui, tiens, on va faire un gâteau au chocolat ! Sors un saladier, je m'occupe des ingrédients.

Je fais le tour de la cuisine pour ouvrir la porte du placard au dessus de l'évier pour en sortir un grand saladier. Depuis qu'on est tout petit, que ça soit mon frère ou ma soeur, mon père a toujours pris du temps pour partager un moment en cuisine avec nous. Après la course automobile, c'est la cuisine sa grande passion. Mon père adore cuisiner et c'est toujours un régal de gouter à ses plats.

Je casse la plaquette de chocolat en petit carré que je mets dans une casserole. A feu doux, je vais fondre le chocolat pendant que mon père casse les oeufs et ajoute le sucre. Petit à petit, le mélange devient mousseux, je l'aide à tamiser la farine puis j'ajoute le chocolat fondu. Quand la pâte devient homogène, nous la transvasons dans un moule à cake. Et ça part au four pour une vingtaine de minutes.

En attendant, j'aide mon père dans la confection de la salade composée que nous mangerons ce midi. J'écaille les oeufs et les découpe en petit morceau, j'administre le même traitement à la boule de mozzarella et aux tomates.

Les rayons de soleil chatouillent mon visage, nous venons de finir de manger. J'entends mon père qui s'affaire en cuisine pour démouler le gâteau qu'on a sorti du four avant de passer à table. Je profites de ce petit temps calme pour écouter les bruits de la nature. C'est vraiment quelque chose qui me manque dans mon quotidien à cent à l'heure, se poser et juste apprécier ce que la nature nous offre.

Lorsque je réouvre les yeux, mon père dispose le gâteau sur la table. Il l'a recouvert d'un nappage au chocolat et quelques bougies sont parsemées dessus. Je lui souris. Nous n'avons pas encore célébrer mon anniversaire. Pendant que je souffle sur les bougies, je refais le même souhait que j'ai fait à ma soirée d'anniversaire. Vaut mieux deux fois qu'une. Mon père reprend place à table, il me tend une petite boite.

- Ça fait déjà quelques temps que ta mère avait ton cadeau pour tes trente ans... Allez ouvre-le !

Je ne me fais pas prier et j'ouvre délicatement la petite boite. J'étouffe un petit hoquet de surprise lorsque je découvre le bijou. C'est le bracelet Vintage Alhambra de la maison Van Cleef & Arpels. Les petits trèfles caractéristiques de cette maison de joaillerie sont en onyx, une pierre noire et élégante. Je passe mes doigts sur la petite chaine en or. J'ai dû mal à y croire.

Dans notre famille, nous avons une tradition qui nous suit en fonction de nos âges et de ce que l'on accomplit. A chaque naissance, mon père a offert une bague à ma mère pour célébrer l'agrandissement de leur amour. Puis ce fut à notre tour, que ce soit Maxendre, Zoé ou moi, à chaque âge important, nous recevions un bijou. Une bague, un collier, des boucles d'oreilles, une montre, peu importe ce que c'était, mais il fallait marquer le coup. Pour ma majorité et l'obtention de mon permis, j'avais eu une paire de boucles d'oreilles en or. Pour avoir majoré mon master à mes vingt trois ans, mes parents m'avaient offert une montre que je porte pour les grandes occasions.

Et aujourd'hui, je recevais ce bracelet d'une valeur inestimable. Mes doigts tremblent quand je prends le bracelet pour le tendre à mon père afin qu'il m'aide à le mettre. Quand il relâche le fermoir, je tourne mon poignet pour admirer le bijou.

- Il est... Magnifique. Vous êtes fou ! C'est hors de prix !

- Les trente ans, c'est pas rien. Ton frère et ta soeur ont aussi eu leur bijou hors de prix quand ils ont eu trente ans, tu sais. Me déclare mon père en me souriant.

- Merci, vraiment. Rien ne pouvait me faire plus plaisir.

Je me lève et fais le tour de la table pour enlacer mon père. Même si j'ai été grandement gâté par mes amis, rien ne peut remplacer un cadeau offert par mes parents. Et je suis d'autant plus touchée de savoir que ma mère avait anticipé mon anniversaire. Je retourne m'assoir à ma place.

- On le regarde sécher ou on le mange ce gâteau d'anniversaire ? Demandai-je en prenant un couteau dans mes mains.

Mon père rigole et me regarde découper les parts. J'en dispose une dans chacune de nos assiettes et nous dégustons sans bruit ce délicieux gâteau au chocolat.

- Bon, qu'est-ce qu'on fait cet après midi ? Repris-je après avoir fini mon assiette.

- On pourrait peut être commencer à vider son bureau, qu'est ce que tu en dis ?

- Ça me parait bien, tu as des cartons ?

- Non, il faut que j'aille en acheter, mais tu pourrai commencer à classer les papiers pendant que je vais en acheter au magasin.

J'hoche la tête en signe d'approbation. J'aide mon père à débarrasser la table. Je laisse les assiettes dans l'évier et me dirige vers le bureau de ma mère pendant que mon père quitte la maison. J'entends le moteur de sa voiture qui vrombit puis qui s'éloigne. Je fais le tour du bureau et caresse le bois avec le bout des doigts. Je prends place sur le fauteuil en cuir et je fais un peu de place sur la surface du bureau.

La pièce est un peu trop silencieuse à mon goût, le silence m'oppresse. Je sors mon téléphone et lance une playlist en aléatoire. Je dodeline de la tête au rythme des musiques qui passent. Je commence par ouvrir le premier tiroir, il contient toutes sortes de stylos et de surligneurs. Je passe rapidement au deuxième tiroir. Je tombe sur toutes une multitude de carnets. Je les sors et les dispose devant moi. Je ne savais pas que ma mère tenait un journal. Je prends celui qui était au dessus de la pile et je l'ouvre à la dernière page.

« 20 septembre,
J'ai eu Amélia au téléphone lundi, elle est au Japon. Son travail la fait voyager partout dans le monde. Elle a vraiment l'air épanouie, je suis vraiment contente pour elle. Maxendre m'a envoyé des photos des petits, j'ai si hâte de les retrouver pour Noël ! Il faut que j'en parle à Jean Marc pour qu'on commence à prévoir les cadeaux, sinon ça va encore être la course en fin d'année.

Je ne vais pas avoir le temps d'écrire beaucoup aujourd'hui, il faut que je me prépare pour aller chez Sylvie. On mange ensemble ce midi et après nous irons faire les magasins pour finir de décorer la salle de bain d'Amélia. »

Je regarde encore une fois la date, le 20 septembre, c'est le matin où ma mère a eu son accident. Ce sont donc les dernières choses qu'elle a écrite dans son journal. Je relis une dernière fois les mots qu'elle a écrit. J'ai sous les yeux ses derniers mots et ses dernières pensées. Je suis tentée de feuilleter un peu plus les pages pour en apprendre plus, mais je me retiens. Je ne suis pas certaine de vouloir savoir tout ce que ma mère a pu écrire dans ce carnet mais également dans tous les autres qui sont disposés devant moi.

Je forme un petit paquet avec tous les carnets et je les mets sur un coin du bureau. Peut-être qu'un jour, j'aurai assez de curiosité pour me plonger dans ses récits de vie. Je continue le tri des tiroirs du bureau. Je tombe sur tout un tas de facture qui attendent d'être rangé, je me tourne vers l'armoire où reposent les pochettes en cartons. Les étiquettes indiquent quel genre de papier se trouve à l'intérieur. Je les prends et je retourne m'assoir, je vais finir le tri que ma mère avait laissé en plan.

Les factures d'eau, d'électricité et de gaz sont maintenant rangés correctement. Faire du rangement m'apaise, c'est comme si je rangeai ma tête en même temps. J'entends les roues qui écrasent les graviers, mon père est de retour avec les cartons. Il me rejoint dans le bureau. En s'avançant vers moi, ses yeux tombent sur le petit paquet de carnets que j'ai mis de côté.

- Oh, tu as trouvé les carnets de ta mère ?

- Oui, tu savais qu'elle avait écrit dedans avant de partir chez Sylvie ?

- Depuis que je la connais, ta mère écrivait le matin, après le petit déjeuner. Tu t'en souviens pas quand vous étiez petits ? Vous aviez interdiction d'entrer dans le bureau, elle vous disait qu'elle faisait la compta, mais elle écrivait dans ses carnets. Il y en a encore plein au grenier. Il faudrait peut-être qu'on s'en débarrasse...

- Si tu n'y vois pas d'inconvénient, j'aimerai qu'on les garde. Je pense que j'aimerai les lire, un jour...

Mon père acquiesce en souriant. Pendant qu'il saisit un carton et commence à mettre les carnets dedans, je continue à faire du tri dans les papiers de ma mère. Nous passons une bonne partie de l'après midi enfermés tous les deux dans cette pièce. Après avoir pris un petit gouter, je suis montée au grenier pour me rendre compte de nombres de carnets que ma mère avait noirci de son écriture.

Il y a surement plus d'une dizaine de petits cartons qui sont rangés dans un coin du grenier. Je n'étais pas montée ici depuis que mes parents avaient posé leur valise ici. Avec les cartons où sont méticuleusement entreposé les carnets d'écriture de ma mère, j'ai trouvé le carton contenant nos albums photos de famille.

Assise à même le sol, je tourne doucement les pages qui me font remonter dans le temps, avant même que je naisse, voir même avant que mon frère et ma soeur pointent le bout de leur nez. Les premières vacances de mes parents, leur premier appartement, toutes sortes de premières fois qu'ils ont pris le soin d'immortaliser en photo. Mes parents puent l'amour à plein nez, sur chacune des photos qui défilent sous mes yeux, je peux clairement voir comment ils se regardent, comment ils se tiennent dans leurs bras.

Le bruit du bois qui craque me tire de ma contemplation. Je referme l'album et me retourne pour découvrir qui vient me rejoindre.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Demandai-je un peu surprise.

-C'est ton père qui m'a dit que tu étais là...

Je ne peux pas m'empêcher de sourire devant le sourire communicatif que m'offre Milo.

- Je peux m'assoir à tes côtés ?

- Bien sûr, viens.

Je décale une pile d'album photo pour lui faire de la place. Milo monte les dernières marches et vient s'assoir à coté de moi. Il pose devant nous un pack de six bières blanches. Son parfum remplit l'espace. Je cale une mèche de cheveux derrière mon oreille.

- J'ai croisé ton père au magasin de bricolage tout à l'heure. Il m'a dit que tu étais là toi aussi.

- Mhm, il faut qu'on vide la maison, elle est bientôt vendue...

- J'ai appris pour ta maman... Je voulais t'envoyer un message ou même t'appeler, mais vu comment on s'est quitté la dernière fois qu'on s'est vu, je me suis abstenu... m'annonce Milo en passant son bras autour de mes épaules.

Il tend son autre bras pour saisir une bière qu'il me donne puis il me prête son trousseau de clef où se trouve un petit décapsuleur. Je nous ouvre deux bières et nous trinquons. Nos bières s'entrechoquent doucement avant qu'on amène le goulot à nos lèvres. Je grimace un peu devant l'amertume de la boisson. Milo fait rouler sa bouteille entre son pouce et son index, il semble un peu pensif, comme si quelque chose le tracassait. Je me décale un peu pour lui faire face.

- Je ne savais pas que tu pouvais être aussi silencieux, toi qui parle tout le temps...

Milo lève les yeux vers moi et étouffe un petite rire.

- T'as toujours eu l'art et la manière de mettre les pieds dans le plat, Williams... Il soupire. J'suis désolé d'avoir mal interprété ce qu'il se passait entre nous. J'assume l'entière responsabilité de ma connerie !

Je ne peux pas m'empêcher de rigoler doucement.

- Ah ça, tu peux le dire ! Tu n'as pas été le plus intelligent dans cette histoire, même si je dois avouer que je mettrai bien Pierre au même niveau que toi sur ce coup !

Milo me bouscule gentiment l'épaule pour me faire perdre mon équilibre. En une fraction de seconde, notre complicité est redevenue comme elle l'était avant qu'il décide de m'embrasser au milieu du paddock de Monza. Je jette un rapide coup d'oeil à ma montre, il est déjà dix huit heures trente, je n'ai vraiment pas vu le temps passé.

- Tu fais quoi ce soir ? Reprend Milo après avoir bu une nouvelle gorgée de bière.

- Rien, je pensais manger avec mon père puis aller me coucher. Pourquoi ?

- Ça te dit qu'on aille manger un bout ensemble ?

- C'est un date que tu me proposes Milo ?

- Oulà, non merci ! Si c'est pour me faire rembarrer comme la dernière fois... Je te propose juste un repas entre ami, alors ?

- Va pour un repas entre ami alors ! Tu m'aides ?

Je tends la main pour que Milo m'aide à me relever. Ses doigts s'enroulent autour de mon poignet et d'un geste assuré, il me tire contre lui. Je remets ma robe en place et je range les albums photos dans les cartons où ils reposaient jusque là. Milo ramasse les bières et commence à descendre l'escalier. Je lui emboite le pas et alors qu'il s'apprête à descendre jusqu'au rez-de-chaussée, j'indique à Milo que je vais passer par ma chambre pour prendre mon sac et une petite veste.

Je fourre mon portable, mon nouveau portefeuille Chanel et mes clefs dans mon sac et je récupère une veste en jeans qui sommeillait sur un cintre dans ma penderie. J'entends mon père et Milo qui discutent sur la terrasse en contrebas, je descends les escaliers, me dirige vers l'entrée et j'enfile mes converses blanches avant de les rejoindre. Je m'appuie contre l'embrasure de la baie vitrée et croise mes bras sur ma poitrine.

- On y va ?

- Vous sortez ? Je t'attends pour manger Amélia ? Demande mon père en posant son verre de vin sur la table.

-Non, ce soir, j'emmène votre fille au restaurant monsieur Williams ! Si elle n'est pas trop insupportable, je vous la ramène avant minuit !

Mon père rigole et se lève, il me prend dans ses bras puis se recule.

-On peut aussi rester ici aussi, Papa, si tu veux. Proposai-je en voyant son sourire se faner.

- Non, non, ça tombe bien que vous sortiez, les voisins m'ont invité à manger mais j'étais pas sûr que tu veuilles venir avec moi. Mais la question ne se pose plus ! Profitez-en les jeunes !

Milo passe à coté de moi et me propose son bras. Je glisse ma main dans le creux de son coude et nous passons par l'extérieur de la maison pour rejoindre sa voiture. Je lève les yeux au ciel quand Milo m'ouvre la portière, mais je me prends au jeu. Je m'installe sur le siège passager et une fois ma portière fermée, je regarde le jeune homme faire le tour de son véhicule. Alors qu'il actionne la marche arrière pour sortir de l'allée, j'appuie mon coude sur la tranche de son siège.

- Ça te va bien, les cheveux court comme ça... Même si tes belles boucles me manquent un peu, je trouve que tu fais plus homme...

- T'es en train de me draguer là ?

-Mais pas du tout ! Je te fais juste un compliment ! Les amis peuvent se faire des compliments tu sais !

- Mhm, mhm

Je pousse gentiment son épaule, Milo ne changera jamais. Il a toujours été taquin mais je crois bien être l'une des seules à ne pas avoir succombé à son charme. La route défile sous mes yeux, le soleil est en train de descendre doucement dans le ciel. Je ne fais pas réellement attention à l'itinéraire d'emprunte Milo, je me laisse bercer par la musique et par le vent qui est en train d'emmêler mes cheveux. Je repense aux mots que j'ai lu un peu plus tôt dans l'après midi, aux photos que j'ai regardé, assise dans ce grenier.

Quand l'heure du décès a été prononcé, je pensais que ma famille allait voler en éclat. Si je n'avais aucun doute sur le soutien de Maxendre, j'avais peur que mon père baisse les bras, qu'il se laisse lentement dépérir en attendant que son heure vienne pour lui aussi. J'avais peur que Zoé devienne encore plus invivable qu'elle ne l'ai déjà, qu'elle nous fasse vivre un enfer. Mais au lieu de ça, cette épreuve difficile a resserré les liens qui nous unissaient depuis que nous formons la famille Williams. Les photos reflètent réellement l'amour qui nous unit.

Je ne sais pas si un jour, j'aurai la force de lire l'intégralité des journaux intimes de ma mère, mais ça me rassure de savoir que tout ce qu'elle a pu écrire ne partira pas bêtement aux ordures. Ses émotions, ses envies, ses pensées, ses rêves...

Milo me sort de mes pensées en posant doucement sa main sur mon genou. A travers le tissus, je sens qu'il me caresse doucement avec son pouce.

- Ça va ? Tu as l'air d'être dans la lune...

- Oui, pardon, désolée, je repensais aux carnets de ma mère. Bref, on va manger ?

Milo m'offre un sourire radieux et retire sa main de mon genou. Je récupère mon sac et je quitte l'habitacle de la voiture. Milo s'est garé à quelques mètres de l'entrée du restaurant. Il marche à quelques pas devant moi, il salut les serveurs et se déplace entre les tables. La terrasse du restaurant donne directement sur le bord de la plage. On s'installe sur une petite table qui se trouve en plein milieu de la terrasse. Pour le moment, l'ambiance est assez chill, il y a du monde mais sans que ça soit trop bruyant.

- Tu veux boire quelque chose ? Me propose Milo en posant ses clefs et son téléphone sur la table.

- Je vais me laisser tenter par un cocktail avec du rhum !

- Quoi ? Tu laisses tomber le Gin ? Mais ce soir, c'est le grand soir ! Rigole Milo en se levant.

Je souris en le regardant rejoindre le bar pour passer notre commande. Je remarque tout de suite que la barmaid lui fait les yeux doux, Milo doit être un habitué de ce bar restaurant. Cette jeune femme est peut-être déjà tombée dans ses filets. Il revient à notre table, les deux verres entre les mains et le sourire triomphant.

- Pourquoi tu souris comme ça ? Demandai-je tout en tendant la main pour prendre mon verre.

- Parce que si je finis pas avec toi, ce soir, je finis avec Becca, la barmaid !

- Tu peux d'ores et déjà lui dire de t'attendre à la fin de son shift...

Milo s'assoit et apporte sa main à son coeur, il grimace un peu.

- Aoutch, je crois que mon coeur vient de se briser en mille morceaux ! Tu aurais au moins pu attendre un peu avant de réduire mes espoirs à néant !

Je ne peux pas me retenir de rire devant l'air théâtral que vient de prendre Milo. Je lève mon verre dans sa direction pour qu'on trinque ensemble.

La terrasse est maintenant bondée, le volume de la musique est plus fort. Je suis obligée de me pencher par dessus la table pour pouvoir parler avec Milo. Je ne sais pas combien de cocktails au rhum j'ai bu, peut-être trois ou quatre. Nous avons commandé de quoi grignoter mais ça n'a pas empêché l'alcool de me faire légèrement tourner la tête.

J'écoute Milo me raconter son dernier voyage au Népal, de temps à autres, mon regard se perd sur ses lèvres. Il passe doucement sa langue dessus pour les humidifier. Il faut que je me concentre sur autre chose.

J'hoche la tête quand il me propose de reprendre une tournée, il quitte la table rapidement. Je jette un coup d'oeil autour de moi. Certaines tables ont été poussé pour permettre à des personnes de danser sur de la musique créole. Je laisse ma tête et mes doigts battre la mesure.

- Ça te dit qu'on aille boire nos verres sur la plage ?

- Allez, pourquoi pas !

Je me lève, mon corps tangue un peu, je prends ma veste en jean et mon sac à main et suis Milo qui est déjà en chemin pour rejoindre la plage qui se trouve à quelques mètres de nous.

Les reflets de la Lune brillent sur la surface de l'océan, plus nous avançons sur cette plage plus les sons provenant de la terrasse deviennent lointain.

- Attends ! Aide-moi, il faut que j'enlève mes baskets, j'ai du sable plein des pieds !

Milo me tend son bras pour que je prenne appuie contre lui, je défais mes lacets, mes chaussures tombent dans le sable puis je retire mes chaussettes que j'enfonce à l'intérieur de mes Converses pour ne pas les perdre. Le sable est frais, je fais bouger mes orteils dedans pour mieux apprécier cette sensation. Puis je finis par m'assoir sous le regard interrogateur de mon ami.

- Allez, viens là, ne fais pas ton timide ! Dis-je en tapotant le sable à coté de moi.

Milo me tend son verre pour que je le tienne pendant qu'il prend place à mes côtés. Une fois son verre rendu, je dépose ma tête sur son épaule. Je soupire lentement.

- Elle me manque, tous les jours. Il n'y a pas un seul matin où je me réveille sans penser à elle...

- Je veux bien le croire Amélia... Le temps finira par apaiser ton chagrin, il patinera les souvenirs mais les rendra encore plus précieux.

- J'ai l'impression que tout est en train de partir en sucette, comme si je ne contrôlais plus rien...

- Mon petit doigt m'a dit que tu pouvais te reposer sur les épaules d'un certain pilote, profites-en pour souffler un peu, reprendre du poil de la bête !

- Je ne suis plus avec lui. Et avant que tu dises quoi que ce soit, je n'ai pas envie d'en parler.

- Je suis désolé, vraiment. Je fanfaronne devant toi, je te sors des disquettes à tout va mais tu sais que j'ai un profond respect pour toi ? Je parle beaucoup, mais je sais aussi écouter si tu as besoin.

- Je sais Milo, t'imagines pas comme ça me fait plaisir que tu sois passé à la maison cet après midi !

D'une traite, je termine mon cocktail. Je pose le verre à coté de mes chaussures et je me lève d'un bond. Milo, qui est toujours assis, me regarde sans trop comprendre ce que je suis en train de faire. Je laisse ma veste en jean tomber à mes pieds puis je fais glisser doucement les bretelles de ma longue robe sur mes bras. Je la sens qui descend petit à petit. Je bouge un peu les hanches pour qu'elle termine sa course sur le sable.

Je m'avance doucement en direction de l'océan. D'un bras, je soutiens ma poitrine nue, mes pieds s'enfoncent doucement dans le sable mouillé par les vagues. La température de l'eau est agréable, je marche tranquillement jusqu'à que mes mollets soient entièrement recouverts. Je me retourne vers Milo.

- Qu'est-ce que tu attends ? Tu ne vas quand même pas laisser les requins me manger !

J'entends que Milo éclate de rire, il se lève et fait tomber un à un ses vêtements et ne tarde pas à venir me rejoindre. Il m'éclabousse en arrivant à mon niveau. Il saisit ma main libre et m'entraine dans sa course. Rapidement, je suis obligée de nager car je ne sens plus le sable sous mes pieds.

Je me sens euphorique ce soir, je n'ai plus envie de calculer ce que je fais ou ce que je dis. Être ici me fait toujours le même effet, j'ai l'impression que la nature qui m'entoure et la gentillesse des personnes que je côtoie font ressortir le meilleur de moi-même. L'Amélia qui agit sur des coups de têtes, qui rigole fort et qui laisse l'alcool lui faire tourner la tête est de retour.

- Je n'ai plus pieds Milo, tu veux m'épuiser avant de me manger toute crue ?

Je suis une très bonne nageuse mais mon taux d'alcoolémie m'empêche de me concentrer pour me maintenir la tête hors de l'eau sans trop m'essouffler. Milo qui n'est pas très loin, se remet à rire. Lui n'a pas ce problème, il ne doit pas être très loin du mètre quatre-vingt quinze voir presque des deux mètres.

- C'est toi qui a voulu te jeter à l'eau ! Me dit-il en m'envoyant un peu d'eau du bout des doigts.

Je commence à geindre pour me plaindre de mon idée mais Milo me coupe dans mon élan en me saisissant. Si dans un premier temps, ce contact rapproché me surprend, je finis par entourer mes jambes autour de son bassin pour me reposer un peu.

- Suffisait de demander, tu sais, si tu voulais te blottir dans mes bras. Me dit Milo en posant ses mains sur ma taille.

Je lève les yeux au ciel, je fais mine de vouloir quitter son emprise mais Milo ressert ses doigts contre ma peau. Je laisse mon corps basculer en arrière, les jambes toujours accrochés à ses hanches. Mon buste flotte au grès de la houle, les bras en croix, je regarde le ciel.

- Dans cette position, j'ai du mal à rester uniquement concentré sur ton visage Amélia...

Sa voix grave tranche dans le silence. Je bats un peu des bras pour me redresser, je colle ma poitrine à son torse en passant mes bras autour de sa nuque. Je sens son souffle sur mon visage, Milo passe sa langue sur ses lèvres, mon regard fait un rapide aller-retour entre ses yeux et sa bouche. Le discours de Susie me revient en tête, je ne dois pas oublier la femme que je suis.

- Et maintenant, c'est mieux ? Dis-je en me rapprochant encore un peu plus.

Milo déglutit difficilement, la tension entre nous vient de monter d'un cran. Je me mords la lèvre inférieure. Qu'est-ce que je suis en train de faire ?


--

Vous étiez focalisé sur Archie, mais vous aviez oublié notre ami Milo ! 😈
Est-ce qu'Amélia est en train de jouer avec le feu ? Absolument !

Je vous souhaite un très bon début de semaine !
A très vite 🥰

Writting Firefly ✨

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